Les adeptes de Scary Movie 1 et 2, réalisés par Keenen Ivory Wayans, connaissent déjà le principe : se moquer ouvertement et sans subtilité des derniers films d'horreur et d'épouvante sortis sur grand écran.
Et ce, en ne suivant qu'une seule règle : « n'épargner rien ni personne».
Soit des gamins polissons se prosternant devant la série des « Y a-t-il» (Y a-t-il un pilote dans l'avion ? Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? Y a-t-il un flic pour sauver le président) et s'amusant à dénicher dans les scénarios de récents blockbusters des ressorts de frisson qu'ils tournent en dérision.
N'est-il pas tentant de s'imaginer expédier une tarte à la crème dans la figure brûlée de «Freddy les griffes de la nuit»? (D'abord pour calmer sa frime ensuite pour le rendre moins effrayant.) Et n'est-il pas délicieux de se gausser des films cultes et de la dévotion trop sage de leurs disciples (Matrix, Le Seigneur des Anneaux)?
« On s'est tout de suite senti en décalage avec Hollywood, où tout le monde se prenait très au sérieux. On a alors décidé de se moquer de tous ceux qui avaient la prétention de faire des œuvres d'art.
On ne savait pas encore qu'on venait de créer un genre». a déclaré Keenen Ivory Wayans au Journal du Dimanche du 21 janvier.
« Cela a commencé lorsque j'ai réalisé que la plupart des films d'horreur et des thrillers d'aujourd'hui étaient en réalité juste des remises au goût du jour des films d'horreur classiques des années 70 avec lesquels j'ai grandi : Halloween, Vendredi 13, La fin de Freddy, L'ultime cauchemar, etc. Même si les visages ont changé, les films sont toujours pleins de ces passages comiques auxquels nous nous attendons, passages qui ne demandent qu'à être parodiés». avait-il expliqué à la sortie de Scary Movie.
Le premier épisode avait franchement séduit pour son côté « délirant et sans limite», assumant pleinement (voire revendiquant) son côté régressif, hasardeux et potache. Recette repoussante ? Pas du tout, Scary Movie 1 faisait rire, on en redemandait. Le deuxième épisode, franchement scatologique, avait déclenché nettement moins de crampes abdominales. Restait le dernier volet de la trilogie avec un nouveau venu à la réalisation: David Zucker, un des papas des « Y a-t-il». Presque une consécration.
Dans l'œil du géant
Cibles choisies cette fois : Le Cercle (The Ring de Gore Verbinski), Signes (de M. Night Shyamalan avec Mel Gibson), Matrix Reloaded (des frères Wachowski), Les Autres (The Others de Alejandro Amenabar avec Nicole Kidman), 8 miles (de Curtis Hanson avec Eminem et Kim Basinger) et enfin Le Seigneur des Anneaux (de Peter Jackson).
Inutile de préciser que ceux qui n'auront pas révisé leurs classiques risquent de se sentir comme catapultés dans un goûter d'anniversaire auquel ils n'avaient pas été invités. Car le premier effet comique réside dans la citation et la reconnaissance du film cité : « je connais cette scène, ah oui, oui, c'est dans, c'est dans…».
Le deuxième consiste à retrouver des figures croisées ailleurs : Anna Faris, bien sûr, déjà l'héroïne Cindy des deux premiers épisodes. Mais aussi Eddie Griffin, star du burlesque, dans le rôle de Orpheus et la chanteuse Queen Latifah dans celui de L'Oracle (cf : Matrix), Leslie Nielsen dans la peau du président (cf : Y a t-il un flic…) et même Pamela Anderson dans l'uniforme trop serré d'une collégienne siliconée. Sans compter de nombreuses stars du rap : Wu Tang Clan, Master P., Method Man et Redman… Les plus célèbres n'étant pas forcément les meilleurs, la palme pourrait être attribuée à Charlie Sheen pour son pastiche de Mel Gibson dans Signes et à Simon Rex pour son imitation de Eminem dans 8 Miles.
L'histoire, on l'aura compris, n'a pas grande importance, ni cohérence : Cindy, devenue reporter spécialiste du paranormal, a déjà visionné la cassette qui tue. Son compte à rebours a commencé. Elle n'a que sept jours pour découvrir le secret de la prophétie. Mais pendant qu'elle enquête, d'étranges phénomènes se produisent : des extraterrestres ont laissé un message géant dans un champ, le Président des Etats-Unis est en train de perdre la boule.
Le plus insolite dans Scary Movie, c'est la construction de passerelles entre des films qui n'ont rien à voir entre eux, au risque de se mélanger les pinceaux. Mais faisant fi des cinéphiles, c'est surtout aux ados que sont destinés les clins d'œil, dans un grand déferlement de mauvais goût libérateur.
Les délicats qui se pincent le nez à l'écoute de blagues « caca-prout» risquent de préférer leur paquet de pop-corn. Car Scary Movie distribue sans compter des farces gratuites dont l'unique but est de mesurer l'écartement des mâchoires.
On trouve quand même de bonne idées comme celle d'avoir fait converser au téléphone Cindy et son assassin sur un portable qui capte mal. Avant que la jeune fille, censée hurler de trouille en entendant cette voix qui glace le sang, se transforme en parfaite secrétaire : « Je vais mourir dans sept jours ? Mais sept jours à partir de quand ? Vous comptez le week-end ?
Vous voulez parler au petit ? Je peux peut-être prendre un message ?» Ou cette mère qui parle à sa fille comme l'affreux Gollum du Seigneur des Anneaux en lui susurrant «My precious…»dans le creux de l'oreille. Et enfin quelques critiques salées à l'encontre des Etats-Unis, de Michael Jackson en dévoreur de petites filles jusqu'aux gangs de jeunes armés jusqu'aux dents, en passant par une allusion polémique au Klu Klux Klan.
Hormis quelques scènes désopilantes, on se prend à regretter l'humour d'un John Waters (Cécile B Demented, Cry Baby, Hairspray) ou des Nuls (La Cité de la peur) qui parviennent, eux, à donner du sens à leurs pastiches sans se contenter de démolir les modèles. La trilogie est terminée, mais David Zucker a déjà annoncé qu'il travaillait sur un numéro quatre (pour lequel il attend impatiemment la sotie de The Village, le dernier Night Shyamalan, sa « mine d'or»). En espérant qu'il résistera à la facilité pour mieux soigner son jeu de massacres. Car la dérision peut susciter un regard critique («Dans ces films, quelles étaient les scènes les plus faibles, les plus approximatives, les moins crédibles ?»). C'est d'ailleurs ce qui marque la différence entre la parodie et la farce.
Scary Movie 3, film américain de David Zucker avec Anna Faris, Anthony Anderson, Leslie Nielsen, Camryn Manheim, Simon Rex.
Et ce, en ne suivant qu'une seule règle : « n'épargner rien ni personne».
Soit des gamins polissons se prosternant devant la série des « Y a-t-il» (Y a-t-il un pilote dans l'avion ? Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? Y a-t-il un flic pour sauver le président) et s'amusant à dénicher dans les scénarios de récents blockbusters des ressorts de frisson qu'ils tournent en dérision.
N'est-il pas tentant de s'imaginer expédier une tarte à la crème dans la figure brûlée de «Freddy les griffes de la nuit»? (D'abord pour calmer sa frime ensuite pour le rendre moins effrayant.) Et n'est-il pas délicieux de se gausser des films cultes et de la dévotion trop sage de leurs disciples (Matrix, Le Seigneur des Anneaux)?
« On s'est tout de suite senti en décalage avec Hollywood, où tout le monde se prenait très au sérieux. On a alors décidé de se moquer de tous ceux qui avaient la prétention de faire des œuvres d'art.
On ne savait pas encore qu'on venait de créer un genre». a déclaré Keenen Ivory Wayans au Journal du Dimanche du 21 janvier.
« Cela a commencé lorsque j'ai réalisé que la plupart des films d'horreur et des thrillers d'aujourd'hui étaient en réalité juste des remises au goût du jour des films d'horreur classiques des années 70 avec lesquels j'ai grandi : Halloween, Vendredi 13, La fin de Freddy, L'ultime cauchemar, etc. Même si les visages ont changé, les films sont toujours pleins de ces passages comiques auxquels nous nous attendons, passages qui ne demandent qu'à être parodiés». avait-il expliqué à la sortie de Scary Movie.
Le premier épisode avait franchement séduit pour son côté « délirant et sans limite», assumant pleinement (voire revendiquant) son côté régressif, hasardeux et potache. Recette repoussante ? Pas du tout, Scary Movie 1 faisait rire, on en redemandait. Le deuxième épisode, franchement scatologique, avait déclenché nettement moins de crampes abdominales. Restait le dernier volet de la trilogie avec un nouveau venu à la réalisation: David Zucker, un des papas des « Y a-t-il». Presque une consécration.
Dans l'œil du géant
Cibles choisies cette fois : Le Cercle (The Ring de Gore Verbinski), Signes (de M. Night Shyamalan avec Mel Gibson), Matrix Reloaded (des frères Wachowski), Les Autres (The Others de Alejandro Amenabar avec Nicole Kidman), 8 miles (de Curtis Hanson avec Eminem et Kim Basinger) et enfin Le Seigneur des Anneaux (de Peter Jackson).
Inutile de préciser que ceux qui n'auront pas révisé leurs classiques risquent de se sentir comme catapultés dans un goûter d'anniversaire auquel ils n'avaient pas été invités. Car le premier effet comique réside dans la citation et la reconnaissance du film cité : « je connais cette scène, ah oui, oui, c'est dans, c'est dans…».
Le deuxième consiste à retrouver des figures croisées ailleurs : Anna Faris, bien sûr, déjà l'héroïne Cindy des deux premiers épisodes. Mais aussi Eddie Griffin, star du burlesque, dans le rôle de Orpheus et la chanteuse Queen Latifah dans celui de L'Oracle (cf : Matrix), Leslie Nielsen dans la peau du président (cf : Y a t-il un flic…) et même Pamela Anderson dans l'uniforme trop serré d'une collégienne siliconée. Sans compter de nombreuses stars du rap : Wu Tang Clan, Master P., Method Man et Redman… Les plus célèbres n'étant pas forcément les meilleurs, la palme pourrait être attribuée à Charlie Sheen pour son pastiche de Mel Gibson dans Signes et à Simon Rex pour son imitation de Eminem dans 8 Miles.
L'histoire, on l'aura compris, n'a pas grande importance, ni cohérence : Cindy, devenue reporter spécialiste du paranormal, a déjà visionné la cassette qui tue. Son compte à rebours a commencé. Elle n'a que sept jours pour découvrir le secret de la prophétie. Mais pendant qu'elle enquête, d'étranges phénomènes se produisent : des extraterrestres ont laissé un message géant dans un champ, le Président des Etats-Unis est en train de perdre la boule.
Le plus insolite dans Scary Movie, c'est la construction de passerelles entre des films qui n'ont rien à voir entre eux, au risque de se mélanger les pinceaux. Mais faisant fi des cinéphiles, c'est surtout aux ados que sont destinés les clins d'œil, dans un grand déferlement de mauvais goût libérateur.
Les délicats qui se pincent le nez à l'écoute de blagues « caca-prout» risquent de préférer leur paquet de pop-corn. Car Scary Movie distribue sans compter des farces gratuites dont l'unique but est de mesurer l'écartement des mâchoires.
On trouve quand même de bonne idées comme celle d'avoir fait converser au téléphone Cindy et son assassin sur un portable qui capte mal. Avant que la jeune fille, censée hurler de trouille en entendant cette voix qui glace le sang, se transforme en parfaite secrétaire : « Je vais mourir dans sept jours ? Mais sept jours à partir de quand ? Vous comptez le week-end ?
Vous voulez parler au petit ? Je peux peut-être prendre un message ?» Ou cette mère qui parle à sa fille comme l'affreux Gollum du Seigneur des Anneaux en lui susurrant «My precious…»dans le creux de l'oreille. Et enfin quelques critiques salées à l'encontre des Etats-Unis, de Michael Jackson en dévoreur de petites filles jusqu'aux gangs de jeunes armés jusqu'aux dents, en passant par une allusion polémique au Klu Klux Klan.
Hormis quelques scènes désopilantes, on se prend à regretter l'humour d'un John Waters (Cécile B Demented, Cry Baby, Hairspray) ou des Nuls (La Cité de la peur) qui parviennent, eux, à donner du sens à leurs pastiches sans se contenter de démolir les modèles. La trilogie est terminée, mais David Zucker a déjà annoncé qu'il travaillait sur un numéro quatre (pour lequel il attend impatiemment la sotie de The Village, le dernier Night Shyamalan, sa « mine d'or»). En espérant qu'il résistera à la facilité pour mieux soigner son jeu de massacres. Car la dérision peut susciter un regard critique («Dans ces films, quelles étaient les scènes les plus faibles, les plus approximatives, les moins crédibles ?»). C'est d'ailleurs ce qui marque la différence entre la parodie et la farce.
Scary Movie 3, film américain de David Zucker avec Anna Faris, Anthony Anderson, Leslie Nielsen, Camryn Manheim, Simon Rex.
