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Comédie familiale - Moi César, 10 ans1/2, 1,39 m de Richard Berry : du côté de l’enfance

Entre les tout-petits et les pré-adolescents, la génération des dix ans est souvent délaissée. Richard Berry leur a consacré son deuxième film en tant que réalisateur. Une comédie ni bête ni méchante, parfois maladroite, qui brasse avec humour des questio

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1,39 mètre : c’est la taille de César, personnage titre du deuxième film de Richard Berry en tant que réalisateur. 1,39 mètre, c’est aussi la hauteur à laquelle a été placée la caméra. Objectif : adopter le point de vue d’un enfant de dix ans, aux sens propre et figuré, pour retrouver les découvertes et expériences fondatrices. Confrontations avec les parents, premiers émois amoureux, première escapade-fugue avec les copains : du côté de l’enfance Richard Berry n’invente rien. Sa trouvaille, c’est César (Jules Sitruk), un petit bonhomme bien sympathique en qui chacun pourra se reconnaître. Bonne bouille mais un peu enrobé, ni sportif ni bon élève, César sait seulement réciter de mémoire «L’Albatros» de Baudelaire après l’avoir entendu pour la première fois. Plutôt timide et effacé, César aime les gâteaux («le salé c’est pour se nourrir, le sucré c’est pour le plaisir») et Sarah Delgado, la plus belle fille de l’école. C’est l’année de ses dix ans, période de grand chambardement. Tout commence par un enterrement. Sous terre, c’est l’associé de son père. César est loin de s’en émouvoir, mais cet événement déclenche dans sa tête une fantasmagorie digne des polars qu’il regarde à la télé (une des meilleures idées du film). Si l’associé est mort, c’est que son père trempe dans des affaires troubles. En plus, à la maison, la tension, généralement haute, ne cesse de grimper. Alors quand les flics débarquent et que son père annonce un soudain voyage, César est persuadé qu’ils l’emmènent en prison. A l’école où il était des plus transparents, il se trouve catapulté «star de la récré».
D’habitude, le « roi », c’est plutôt Morgan (Mabo Kouyaté), le métis beau comme un mannequin en culotte courte, l’élève brillant qui vit seul comme un grand (sa mère infirmière n’est à la maison que via des post-it collés partout). Morgan connaît tout mieux que César mais lui fait l’honneur d’être son meilleur ami. Seule pomme de discorde : l’adorable et malicieuse Sarah (Joséphine Berry), trop contente de s’offrir deux admirateurs. Lors d’une improbable escapade Outre-Manche à la recherche du père de Morgan, les trois compères vont mettre à l’épreuve leurs sentiments naissants. En toute innocence car, pour César, «l’amour à dix ans, c’est avant tout regarder, sourire, regarder, sourire...»
On est plus près de la génération Titeuf (personnage de BD qui a succédé à Harry Potter dans les palmarès juvéniles) que de celle de la Star Académie. C’est plutôt rassurant de voir des pré-ados qui sont encore à l’heure des biscuits « p’tit Prince » plutôt que des adolescents précoces qui se déguisent en adultes. Alors bien-sûr César et ses camarades sont assez débrouillards pour réserver des billets par Internet et s’engouffrer dans le Thalys (TGV Paris-Londres) munis de l’incontournable téléphone portable. Rejetons «bo-bo» (bourgeois-bohème) issus d’un Montmartre de carte-postale, petits parisiens boostés à l’Internet et au numérique, sous bien des aspects, ils font un peu plus que dix ans.
Oeil dubitatif donc sur le trio, mais amusé, car les jeunes interprètes composent avec suffisamment de naturel ce mélange de candeur éberluée et d’humour sarcastique impitoyable pour les adultes. En dépit de détails assez bien vus, la copie de Richard Berry est pleine de pâtés : décors publicitaires, «grandes personnes» qui se noient dans leurs ridicules, et une voix off criante de mauvais goût. Jules Sitruk (découvert dans Monsieur Batignole), manifestement meilleur acteur que lecteur, y ânonne naïvement une leçon trop bien apprise. Richard Berry a finalement préféré la satire chocolatée à la chronique enfantine. Mais dans sa comédie familiale, les enfants restent au premier plan. Un bon point.
Film français de Richard Berry avec Jules Sitruk, Mabo Kouyate, Joséphine Berry, Maria de Medeiros, Jean-Philippe Ecoffey.
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