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Décès de Mohamed Hajji: le Maroc perd un érudit hors du commun

L'érudit, historien et homme de lettres marocain, Mohamed Hajji, dont la dépouille a été inhumée vendredi au mausolée de son ancêtre, Sidi Ahmed Hajji à Salé, aura marqué l'histoire de la culture marocaine grâce à son abondante production et à ses actions

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Dans une oraison funèbre, en présence d'une foule massive de professeurs, de chercheurs et d'étudiants qui ont tenu à accompagner le defunt à sa dernière demeure, M. Aboubakr Kadiri, compagnon de parcours du défunt, a exalté les qualités humaines du disparu, son talent et son érudition.
Le défunt a légué un riche patrimoine et a instauré de louables traditions dans le domaine de l'action collective en supervisant l'imposante encyclopédie «Maâlamat Al-Maghrib», où il avait fait montre d'une grande minutie dans le recoupement des faits et événements.
Il veillait à ce que l'équipe qui préparait cette encyclopédie travaille en harmonie et respecte ses échéanciers. Grâce à cette rigueur et à cette organisation, seize volumes composant l'encyclopédie ont vu le jour.
Le défunt a fait de cette œuvre la cause de sa vie en y consacrant la plupart de son temps à tel point que, désormais, son nom restera intimement lié à la «Maâlama».
Pour Mme Najat Lamrini, enseignante à la Faculté des lettres de Rabat et l'une des proches du défunt, a souligné que cette encyclopédie est un travail colossal, «censé être mené par des institutions et non par des personnes», en emettant le souhait que la réalisation de cette œuvre se poursuive avec le même esprit, la même persévérance et le même élan qui animaient le défunt.
Toutefois, l'apport de Mohamed Hajji ne peut pas être réduit à cette encyclopédie, car il s'étend aux champs de la mise à jour des sources, de la traduction et de l'édition. Mme Lamrini a rappelé à ce titre que M. Hajji, qui avait d'autres projets scientifiques, s'intéressait aux manuscrits arabes et andalous et exhortait les étudiants à s'y intéresser.
La contribution du défunt à la consécration des fondements de la recherche universitaire au Maroc, notamment dans le domaine de l'histoire, a fait de lui l'un des hommes de sciences les plus en vue au Maroc et dans le Monde arabe. Il jouissait du respect et de l'affection de ceux qui ont opté pour la recherche scientifique, car il incarnait à leurs yeux le professeur encadrant et le conseiller éclairé.
M. Hajji est l'une des figures emblématiques de Salé et dont les Marocains peuvent être fiers au vu des divers services qu'il a rendus à la recherche scientifique, en étant «toujours accueillant, serein et jovial» pour Kacem Zhiri, un ami de longue date du défunt, «avec le décès de M. Hajji, le Maroc a perdu une figure culturelle de proue et l'un des précurseurs de la recherche en histoire».
Les qualités humaines auront marqué plus d'une génération. Il ne cherchait pas les feux de la rampe, «car toutes les familles de Salé garderont en mémoire l'image de M. Hajji qui apportait discrètement du soutien aux démunis», témoigne Mme. Lamrini.
Historien et homme de lettres

L'érudit, historien et homme de lettres marocain, M. Mohamed Hajji, dont la dépouille a été inhumée vendredi au mausolée de son ancêtre, Sidi Ahmed Hajji à Salé, est né le 31 janvier en 1923.
Après avoir fait des cours privés dispensés par les ouléma de Rabat-Salé, Mohamed Hajji a suivi un cursus régulier au sein de l'Institut des Hautes études marocaines en 1958, sanctionné par un diplôme d'arabe classique et de Traduction. Parallèlement, il a enseigné dans l'école privée Mohamed Guessous à Rabat (1943-1944) et a été directeur fondateur de l'école privée de la Jeune fille slaouie (1945-1948). Instituteur de l'enseignement public au collège d'Azrou puis à l'Ecole régionale des instituteurs de Rabat (1949-1956), professeur au lycée Moulay Youssef à Rabat (1956-1957), M. Hajji a été aussi directeur de l'école régionale d'instituteurs de Marrakech (1957-1959), instituteur de l'enseignement de l'arabe puis inspecteur régional de l'enseignement primaire à Rabat (1959-1961).
De 1961 à 1962, il occupe le poste d'inspecteur principal au ministère de l'Education nationale (MEN). Il a également assuré les fonctions de délégué du ministère à Casablanca (1961-1964). Il obtient une licence en langue et littérature arabes de la même faculté (1961) et un diplôme d'études supérieures en histoire de la Faculté de Rabat (1963), avant d'occuper le poste de chef de la division de la recherche et de l'action pédagogique au MEN (1964-1967).
En 1976, il obtient un doctorat d'Etat en lettres et sciences humaines de la Sorbonne à Paris et occupe le poste de doyen de la Faculté des lettres de Rabat de 1979 à 1981, avant d'être directeur du Collège Royal de 1982 à 1984
Auteur d'une quarantaine d'ouvrages dont des manuels scolaires, M. Hajji, titulaire de l'Ordre du Grand Mérite du Livre décerné par le ministère des Affaires culturelles (Rabat,1998), a écrit «La Zaouia de Dila et son triple rôle religieux, scientifique et politique» (1964), «L'activité intellectuelle au Maroc sous la dynastie saâdienne» publiée en versions arabe et française (1976) et «Le Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Sbihi à Salé» (1985) et co-écrit «Le patrimoine andalou: découverte et estimation» (1993). Il a également authentifié et mis à jour plus d'une douzaine de livres anciens tels «Al Fahris» d'Ahmed Al Manjour (décédé en 995 H), «Al Mohadatat» de Hassan El Youssi (mort en 1102 H), «Fath Ach chakour fi maârifati aayan oulema du Takrour» de Ahmed Abou Bakr Seddiq el Berti (décédé en 1219 H), «Al Moukadimat Al Moumahhidate» d'Ibn Rochd (mort en 520 H), «Silat Al khalaf bi maousol As Salaf» de Mohamed Ben Slimane Arroudani (mort en 1094 H) et «L'Encyclopédie des célébrités marocaines».
M. Hajji, président de l'Association des auteurs marocains pour la publication à Rabat, a traduit entre autres «Wasf Ifriquia» (Description de l'Afrique) de Al Hassan Ben Mohamed Al Wazzane Al Fassi (Léon l'Africain), «Ifriquia» (L'Afrique) de Marmol Carbajal, «Fès avant le protectorat» de Roger Le Tourneau, «Histoire Ach Chorafa» de Degude Tres, «Rihlat Al Assir» (Mémoires d'un prisonnier) de l'explorateur français Mouette et «Abd El Kader Jilani» de Mohamed Ali Ayni Tourki.
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