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Enquête sur les attentats meurtriers du 16 mai : ouverture aujourd’hui à Casablanca du procès des terroristes

Aujourd’hui s’ouvre à Casablanca le procès de 52 membres de la Salafia Jihadia impliqués dans les odieux attentats du 16 mai 2003 qui avaient fait plus d’une quarantaine de morts. C’est la Chambre criminelle près la Cour d’ap

Enquête sur les attentats meurtriers du 16 mai : ouverture aujourd’hui à Casablanca du procès des terroristes
Rappelons que dans la nuit du 16 mai 2003, un groupe de kamikazes a visé cinq sites à Casablanca. Douze ont trouvé la mort le jour des attentats à la bombe, un terroriste a été intercepté le soir même et les services de sécurité ont procédé à l’arrestation du 14e terroriste le lundi 19 mai 2003.

L’enquête menée avec diligence dans le cadre des investigations minutieuses et continues par la police judiciaire pour identifier tous les éléments impliqués, de manière directe ou ceux ayant un lien quelconque avec les événements sanglants de Casablanca, a permis l’arrestation de dizaines de personnes. A ce jour, plus de 100 individus ont été déférés devant le Parquet et présentés au juge d’instruction.

C’est le 26 mai 2003, dix jours exactement après les actes barbares qui ont été condamnés avec force par l’ensemble du peuple marocain, que trois personnes : Mohamed El Omari, alias Abou Anas Zoubeir, gardien de nuit de son état, Rachid Jalil, alias Abou Anas, soudeur, et Yassine Lahnech, alias Abou Ibrahim, marchand ambulant ont été déférées par le Parquet devant le juge d’instruction. Trois jours après, un groupe de six personnes impliquées dans les attentats ont comparu devant le juge d’instruction. Il s’agit de Mokhtar Baoud, tôlier, Khalid Mourassile Ben Lhoussaïne, herboriste, Abdessamad El Oueld Ben Mohamed, chômeur, Abderrazak R’tioui Ben Omar, épicier, Abdelghani Chafii Ben Kaddour, marchand ambulant et Brahim El Achiri Ben Ahmed, poissonnier.

Plus l’enquête avançait plus de personnes sont arrêtées et présentées à la justice. Elles sont toutes convaincues des idées extrémistes et sont pratiquement toutes adeptes du courant de la Salafia Jihadia ou d’autres groupuscules ayant la même idéologie sanglante et rétrograde.
La Salafia prend sa source du wahhabisme (d’Abdel Wahab 1703-1787), né dans la Péninsule arabique au XVIIIe siècle et s’opposait à l’époque aux innovations modernistes et aux apports culturels de l’Occident.

Au XIXe siècle, le réformisme salafi qui propose un retour aux pieux anciens (salaf), aux compagnons du Prophète Sidna Mohamed et aux califs les plus respectés, milite pour le panarabisme et le panislamisme et fait la guerre à l’athéisme, à l’immoralité et au matérialisme. Avec les Frères musulmans de Hassan Al-Banna (1906-1949), la Salafia passe au second plan, mais c’est la structure de ce mouvement qui sera plus tard adoptée par les groupes intégristes.

En effet, un «Frère» doit faire «le serment de suivre, de propager et d’obéir jusqu’à la mort au guide et à ses représentants». La charte des Frères musulmans dit que «Dieu est notre but, le Prophète est notre seul guide, le Coran notre Constitution, la guerre sainte notre voie, la mort à la guerre sainte notre désir suprême». C’était l’époque coloniale et le mouvement des Frères musulmans jouera un grand rôle dans la lutte contre l’occupation britannique de l’Egypte.

Le wahhabisme et son corollaire la Salafia veut réoccuper, à partir des années 70, le devant de la scène. L’Arabie saoudite, notamment par le biais de la Ligue islamique mondiale, va contribuer grandement à la propagation d’un Islam conservateur et intolérant que les événements au Proche-Orient, en Afghanistan ou dans les Balkans veut ériger en intégrisme meurtrier, en idéologie de libération sociale et de conquête politique.

C’est justement en Afghanistan qu’un certain nombre d’adeptes de la Salafia Jihadia vont s’aguérir, en prenant part aux combats, en assistant à des sessions d’endoctrinement , en s’entraînant au maniement des armes et des explosifs, en acquérant une certaine «aura» et en renforçant leurs convictions, violentes et macabres.Alors que dans le Saint Coran , Dieu Le Tout Puissant dit : «Si leur différence t’est insupportable, essaie donc, si tu le peux, de te faire un tunnel sous la terre, ou une échelle vers le ciel, pour leur ramener un signe.

Si Dieu l’avait voulu, il les aurait tous rassemblés sur le droit chemin. Ne te conduis pas comme un ignorant ! », les adeptes de la Salafia estiment qu’il faut recourir à la violence pour «recommander le bien et redresser les torts». La Salafia Jihadia est née. Selon le ministre de la Justice, M. Mohamed Bouzoubâa, «Le Maroc a commencé à avoir affaire au terrorisme depuis 2002 lorsque des groupes extrémistes se sont signalés par des agissements visant à terroriser les citoyens. Certaines villes telles Fès, Casablanca et autres ont été le théâtre de telles pratiques».

Justement, plusieurs affaires dans lesquelles sont impliqués des membres de la Salafia Jihadia ont été examinées par différentes Cours d’appel du Royaume. On citera celle du groupe de Youssef Fikri, soit 31 individus qui ont été condamnés pour constitution de bande de malfaiteurs, meurtres, agressions, vols, recel et faux et usage de faux. D’autres juridictions ont condamné des membres de la Salafia Jihadia à la réclusion, soit pour les mêmes motifs, soit pour d’autres crimes. Ce lundi donc, c’est une affaire d’une autre dimension qui sera examinée par la justice. C’est une affaire d’ostracisme, de fanatisme et de discorde qui sera jugée.

Ce sont des gens, des terroristes, qui ont usé de tous les moyens, notamment l’utilisation de bombes, pour semer l’horreur, ébranler la stabilité des citoyens et attenter à leur droit à la sécurité, et qui ignorent la tolérance qui caractérise notre religion. Seront-ils en mesure d’expliquer leurs actes ? Vont-ils se repentir ? Vont-ils nous mener vers les véritables commanditaires de cette barbarie ? Autant de questions que la Cour tentera d’élucider. Et, en tout état de cause, le sectarisme, l’intégrisme, l’intransigeance et la violence sont condamnables quelle que soit leur justification.

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