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Entretien avec Latif Lahlou : le cinéma marocain a de l’avenir

Latif Lahlou est un réalisateur doublé d'un producteur. Il compte à son actif des années d’expérience et un nombre intéressant de réalisations. Optimiste dans l'ensemble pour l'avenir du cinéma marocain, il ne manque pas, cependant, de mettre le doi

Entretien avec Latif Lahlou : le cinéma marocain a de l’avenir
Pouvez-vous nous dire un mot sur votre parcours en tant que réalisateur et producteur ?

J’ai entamé ma carrière cinématographique en faisant des montages de courts métrages (une vingtaine), avant de me lancer dans les grands films pour le compte du CCM (Centre cinématographique marocain) en 1960.
Lorsque je suis devenu directeur des programmes à la télévision marocaine (1965), j’ai commencé à réaliser deux séries documentaires, en parallèle de quelques shows en direct.
Ayant ensuite renoué avec le CCM dès 1967, j’ai pu réaliser trois courts métrages et le film «Soleil de printemps», un long-métrage, le premier dans le genre qui est, sans doute, ma vraie première expérience dans le cinéma proprement dit.
Entretemps, j’ai créé ma société de production (Cinétéléma) que j’ai structurée avec du matériel ultramoderne. Ce qui m’a permis de devenir aussi producteur-exécutif de plusieurs longs métrages internationaux, tournés au Maroc, entre autres «Phédre», «Le mari de l’ambassadeur», «La marche sur l’Europe», «Saint-Exupery» «Le café de la plage» et «L’adieu».
Actuellement, je suis en train de terminer un téléfilm pour 2M, intitulé «Mur de sable» en deux épisodes, une production de cinétéléma réalisée par moi-même, scénario et dialogue Ali Ismaïli, sur une musique de Younès Megri.

Quel regard portez-vous sur le cinéma marocain ?

Le cinéma marocain par les temps actuels passe du stade artisanal au stade préindustriel, grâce à quelques structures de production, au fond d’aide cinématographique et à la programmation (malheureusement minime) des films marocains au niveau des salles de cinéma au Maroc.
Il est vrai que le film marocain est assez apprécié par le public. Il enregistre de bonnes recettes, des fois plus que les films étrangers d’après les statistiques recueillies localement.
Ce qui doit nous pousser à produire beaucoup plus pour notre public, avant de penser aux autres. C’est-à-dire des films ayant trait à la société et la culture marocaines. En un mot des films qui nous identifient.

Quel est le secret d’un film qui marche, qui a du succès ?

Pour moi, le film est, avant tout, une idée mise en exergue par un très bon scénario bien ficelé, basé sur une trame et une écriture cinématographique. Par contre, il n’y a pas de recette miracle : si le film est fait avec conviction, honnêteté et d’une manière intellectuelle, il est certain qu’il récoltera les résultats voulus.

Que pensez-vous de la distribution ?

Concernant la distribution du film marocain, celle-ci se limite à deux distributeurs fondamentaux qui s’évertuent à s’engager dans cette opération à la fois facile et difficile à maîtriser. Nous pensons qu’il est important qu’il y ait un quota pour communiquer avec les pays industrialisés et défendre ainsi notre marché.
Ce n’est que dans cette optique que nous allons rendre justice à notre cinéma.

Quel est l’intérêt des festivals ?

Sur le plan national, les festivals sont une opportunité pour instaurer chez le public marocain une culture cinématographique, afin qu’il puisse se familiariser avec le film marocain. Sur le plan international, c’est aussi important que nous puissions nous exprimer à côté et en face des autres, afin d’entrer dans le marché international; ce qui n’est pas facile, vu les conditions matérielles, techniques, artistiques et scéniques dans lesquelles nous évoluons.
Ainsi, le Festival international de Marrakech est une bonne initiative qui permet au cinéaste marocain de se situer dans le contexte du cinéma mondial.

A votre avis, quel est l’avenir du cinéma marocain ?

Il faut croire que le cinéma marocain est encore vierge et qu’il y a énormément à faire dans ce domaine.
Nous avons besoin d’une infrastructure cinématographique. Il y a, sans doute, des risques selon les dires de certains investisseurs, mais je leur répondrai : «qui ne risque rien n’a rien».
Les risques sont là, mais il faut savoir les prendre. Le Maroc est un pays d’accueil et de stabilité qui permet aux cinéastes étrangers d’utiliser nos paysages naturels, nos studios qui existent déjà, nos techniciens expérimentés, nos artistes dont le talent s’est démontré dans certains films internationaux, ce qui créera, de toute évidence, un climat favorable au développement et à l’épanouissement d’un cinéma marocain d’avenir.
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