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Entretien avec Marian Rybicki, directeur artistique du Concours international de musique du Maroc

Marian Rybicki, pianiste, concertiste et pédagogue dirige depuis 1979 une des plus importantes classes de piano à l’Ecole normal supérieure de musique
A. Cortot à Paris. Membre du jury de grands concours internationaux à Pékin, Moskou, Montecarlo

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Cette année encore, vous avez parcouru le monde pour repérer les jeunes pianistes qui viendraient s’affronter au Maroc. Comment les avez-vous choisis ?

En tant que directeur artistique du Concours du Maroc et président de l’Association Animato en France, j’ai l’occasion dans ma vie d’assister aux plus grands concours internationaux de piano, soit comme membre du jury, soit comme invité. C’est là que je repère des musiciens. Selon le feeling, je les contacte. Pour le concours du Maroc, j’en sélectionne une quarantaine. Au cours de l’année, certaines relations se renforcent. Je les invite à Paris pour être auditionnés, et pour confirmer mes choix. Certains sont très attirés par le Maroc : l’un des jeunes pianistes ici présents m’a appelé spécialement pour participer à cette compétition. Pour déterminer ceux qui vont s’affronter au Maroc, énormément de paramètres rentrent en ligne de compte, en dehors de leur disponibilité. D’abord, la nationalité : nous avons décidé qu’il fallait un musicien par pays et pas plus. Pour des pays comme le Japon ou la Russie qui en produisent beaucoup, ce peut être un peu restrictif. Ensuite, nous sélectionnons directement des pianistes de niveau de finale, contrairement aux autres concours, qui en auditionnent cinquante ou cent. Le vote du public et l’accompagnement de l’orchestre philharmonique sont des éléments qui valorisent ce concours et m’aident à convaincre les musiciens. La plupart sont connus dans le monde entier et pourvus de prix prestigieux. Ils n’ont pas vraiment intérêt à venir mettre en jeu leurs titres, mais le Maroc est un pays qui fait rêver les musiciens.
Le programme des récitals était libre, celui de la finale sera imposé. Quels commentaires pouvez-vous faire sur le répertoire ?`
La seule contrainte que nous avons imposé lors des programmes libres, était une limite de durée. Sinon, les pianistes ont choisi leurs pièces en concertation avec moi. Nous discutons longuement chaque répertoire. Il faut qu’il mette sufisemment le pianiste en valeur. Un morceau ne peut apparaître plusieurs fois, mais le répertoire de piano est tellement étendu que cela n’est pas un problème. Cette année, les programmes libres étaient très variés : du classique du XVIIIème avec Mozart, Haendel, Haydn. Du XIXème avec Schumann, Chopin, ou Liszt, et du moderne avec Messiaen ou Prokofiev.
Le romantisme dominait quand même largement. Les trois concertos de la finale, nous les avons sélectionnés avec Farid Bensaid, directeur et premier violon de l’orchestre philharmonique du Maroc. Nous les choisissons pour leur beauté bien-sûr, mais il faut aussi qu’ils conviennent à l’orchestre, un ensemble plein de bonne volonté, meilleur d’année en année. Et puis nous veillons à un certain équilibre entre les concertos. Nous évitons des compositeurs comme Tchaïkovsky, qui produit beaucoup d’effets. Les trois concertos doivent pouvoir donner la même chance aux candidats.
Vous êtes le directeur artistique de ce concours qui existe depuis trois ans mais vous avez soutenu sa création pendant dix ans. Qu’est-ce qui a motivé votre engagement au Maroc?
J’aime le Maroc et ça me grise d’organiser un concours dans un pays qui est en développement musical rapide. Quand je suis arrivé il y a treize ans, je voulais découvrir ce pays mais pas en tant que touriste, en apportant quelque chose.
Comme la seule chose que je connaisse, c’est la musique, j’ai eu l’idée d’organiser un concours. J’en ai créé un petit, qui n’a rien à voir avec celui là, les choses commençaient. Il n’y avait pas grande chose du point de vue de la musique classique au Maroc.
Il était impensable, à l’époque, qu’un musicien marocain puisse participer à un concours de niveau international comme celui-là. Mais aujourd’hui, cela devient envisageable. On compte de plus en plus de bons musiciens qui sont stimulés par la présence de ces musiciens internationaux, l’orchestre philharmonique ou l’Ecole Internationale de musique de Casablanca. Je pense que d’ici trois, quatre ans, il pourrait bien, dans le cadre de ce concours, y avoir un Marocain sur le tabouret de ce piano.
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