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Escales : les villes impériales du Royaume

Elles respirent sous le même soleil, elles s’élèvent sur la même terre, ni différentes ni semblables, Rabat, Meknès, Fès, Marrakech : quatre villes impériales, quatre villes suprêmes. Quatre villes éblouissantes. Eblouir, justement, ce fut leur rais

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Le mieux est de toutes les voir. En traversant le Maroc et son histoire. En parcourant les 1047 km qui les relient. Un voyage inoubliable pour découvrir quatre villes fascinantes, où le passé se mêle au présent pour nous offrir un feu d’artifice de sensations.

A peine les a-t-on quittées qu’on rêve d’y retourner. C’est l’appel impérieux des quatre villes impériales.

Partout du bleu, bleu intense de la mer et du ciel, et blottie dans l’écrin ocre de ses remparts, une ville blanche avec un minaret qui joue avec les nuages : voici Rabat, la capitale du Royaume.

Rabat a une longue vocation de ville phare. Au XIIème siècle, Yacoub el Mansour, le grand conquérant almohade, l’avait élue pour symboliser sa splendeur. Mais l’histoire était déjà passée par Rabat. Les Mérinides (XIII et XIVème siècle) lui rendaient hommage en bâtissant la nécropole de Chellah sur l’antique cité romaine de Sala.

L’histoire passe par Rabat et ne la quitte plus. Elle resurgit au détour d’une ruelle, devant une échoppe de babouches et de poufs qui embaument le cuir, dans une vente de tapis à la criée. Elle imprègne chaque pierre de la casbah des Oudayas, forteresse d’indomptables corsaires andalous du XVIIème siècle. Rien de plus exaltant que d’imaginer leurs vies trépidantes, délicieusement installé au café maure en dégustant cornes de gazelle et thé à la menthe, et de laisser son regard se perdre, au loin, sur les barques qui dansent dans l’Oued Bou Regreg au pied des remparts de Salé.

L’histoire est restée à Rabat et Rabat célèbre ceux qui la font. Yacoub el-Mansour avec la tour Hassan, dominant ce qui aurait dû être l’une des plus grandes mosquées du monde musulman ; le mausolée de feu Mohamed V, artisan de l’indépendance en 1956 ; l’imposant Palais Royal, résidence du Roi et siège du gouvernement depuis 1912.

Au cœur de la campagne marocaine, coup de cœur ! C’est Meknès, la ville impériale de Moulay Ismaïl. Avec une ardeur inlassable, une volonté inébranlable, il entreprit de faire de cette ville une capitale à son image. Palais, mosquées, fontaines, terrasses, jardins, écuries, magasins, greniers s’édifièrent sans discontinuer pendant 50 ans pour combler le gigantesque périmètre dessiné par les murailles. Rêve inachevé de Moulay Ismaïl, Meknès n’achèvera jamais de faire rêver.

Meknès, la capitale de Moulay Ismaïl

Par ses portes monumentales qui percent les remparts pour livrer accès aux merveilles de la ville. La principale, Bab-el-Mansour, la plus belle du Maroc, mène à l’immense méchouar où s’élèvent l’émouvant mausolée de Moulay Ismaïl.
Par ses monuments, par la somptuosité de ses palais.

Celui du Jamaï, ancienne demeure d’un vizir, abrite le musée des Arts Marocains, et ses fastueuses collections de faïence, broderies, tapis, boiseries, bijoux... Par l’incroyable théâtre de son quotidien. Observer, dans les kissarias, un marchand déplier une pièce de drap bleu; assister, dans le bab Jdid, à un long et sirupeux marchandage ; contempler, dans les souks, le visage concentré d’un artisan qui grave un bracelet d’argent ou les mains habiles d’un peintre sur bois...

Et puis la ville de Meknès nous fait rêver par sa campagne, verte et apaisante, mollement vallonnée, plantée d’oliviers, où se prélasse depuis plus de vingt siècles l’antique cité romaine de Volubilis. Campagne qui s’offre généreusement à la vue du mont Zerhoun où est accrochée la ville sainte de Moulay Idriss, la ville aux toits verts.

Depuis la nécropole des Mérinides, Fès est un calme océan de toits plats hérissés de minarets, une douce cascade de terrasses qui glisse sur les deux versants de l’oued Fès. Mais dès qu’on y entre, quelle activité!

Une multitude de passages, d’escaliers, de courettes débouchent dans un enchevêtrement de ruelles percées d’échoppes où s’achètent continuellement bijoux en argent, plateaux en cuivre, poteries peintes au bleu de Fès, djellabas multicolores, gâteaux de miel, brochettes d’agneau, amandes grillées, thé à la menthe... Car ici tout est profusion. Jusqu’à Fès qui est multiple. Outre la ville européenne aux larges avenues construite après la première guerre mondiale, Fès se dédouble en Fès el Jédid et Fès el Bali.

Fès el Bali elle-même se compose de deux quartiers. Au VIIIe siècle, 8000 familles arabes, chassées d’Andalousie par les armées chrétiennes, s’installèrent sur la rive droite de l’oued Fès. Cent ans plus tard, 2000 familles kérouanaises s’établirent sur l’autre rive.

Fès, la plus impériale des villes impériales

Les Arabes d’Andalousie apportèrent dans leurs bagages l’art et le savoir d’une civilisation à l’apogée de sa gloire comme en témoignent les superbes zelliges, stucs et mosaïques de la mosquée des Andalous et de la médersa Es-Sahrij.

Aux Kérouanais, on doit l’imposante et splendide mosquée al Qaraouiyyîn, la première université du monde occidental avant Oxford et la Sorbonne. Aujourd’hui encore, elle reste l’un des principaux centres intellectuels du Maghreb.
Quand les Mérinides prirent le pouvoir au XIIIème siècle, ils trouvèrent Fès el Bali trop petite pour contenir les palais que méritait leur magnificence. Ils les construisirent hors des murs et ajoutèrent jardins, mosquées, écoles coraniques, souks... C’est ainsi que naquit Fès la nouvelle ou Fès El Jédid.

Première capitale du royaume en 809 avec Idriss II, puis deux fois encore, au XIIIe siècle sous le règne de Moulay Abdallah, centre spirituel et culturel du Maroc traditionnel : Fès est la plus impériale des villes impériales.

Marrakech émerveille toujours

Ville phare des Almoravides au XIème siècle, elle a jadis prêté son nom au Maroc, elle en perpétue la magie. Oasis aux portes du désert, joyau au pied de l’Atlas, c’est Marrakech, l’éblouissante et superbe capitale du Sud Marocain.

Tout converge vers la place Jemaa el Fna. Musiciens, danseurs, guérisseurs, écrivains publics, conteurs, vendeurs d’oranges pressées ou de graines grillées, offrent un spectacle hallucinant. Puis les gargotiers s’installent. Alors les quinquets et les étoiles s’allument et les fumets des viandes rôties, du couscous, de la harira, des beignets emplissent l’air de la nuit. Dans la médina, le spectacle continue avec ses souks, labyrinthe d’ombre et de lumière, ramifié à l’infini sous des treillages de roseaux, festival marocain de couleurs, de sons, de parfums qui invitent à suivre le rythme de la foule, à pénétrer plus avant dans le dédale.

Et soudain, au détour d’une étroite ruelle, par une porte entrebaîllée, se révèle un palais au vaste patio où chante une fontaine : Palais de la Bahia qui s’ouvre sur des jardins embaumant le jasmin et l’oranger ou Dar Si Saïd, aujourd’hui musée des arts marocains.

Tout est à voir à Marrakech : la beauté froide et muette des tombeaux saâdiens, la médersa Ben Youssef, les majestueux vestiges du palais el Badii, construit par Ahmed el Mansour avec les matériaux les plus précieux, or, onyx, marbre d’Italie, troqués contre leur poids en sucre...

La visite des jardins fournit une occasion rêvée de parcourir Marrakech en calèche. Jardin de la villa Majorelle où pépient joyeusement des oiseaux de toutes espèces. La Ménara et son pavillon qui mire ses proportions parfaites dans les eaux languissantes de son bassin, tableau inoubliable sous le soleil couchant. La Palmeraie et ses 13 000 hectares de palmiers, d’orangers, d’oliviers, de pommiers...

Défendue par ses immenses remparts ocres, veillée depuis 800 ans par sa fière Koutoubia, Marrakech conserve intacte la faculté d’émerveiller.
Déambuler dans les souks est une merveilleuse fête des sens. Mais le plaisir se décuple dès que l’on donne comme but à sa promenade le choix d’une bague, d’une canne épée, d’un tapis, d’une paire de babouches, d’un panier tressé, d’épices rares et odorantes... Car pour vraiment participer à la vie du souk, il faut sacrifier aux trois rituels : convoiter, marchander, acquérir.

L’art du marchandage se pratique le sourire aux lèvres autour d’un thé à la menthe. Discuter un prix débouche fréquemment sur une conversation cordiale, voire amicale. D’ailleurs un long marchandage ne manquera pas d’ajouter une plus-value de souvenir à votre achat. Dans chacune des villes impériales, l’artisanat traditionnel est très vivant, très dynamique et d’une excellente qualité. Rabat est réputée pour ses broderies, tapis et poteries fabriquées à Salé.

Meknès pour son travail du bois, ses animaux en métal incrustés de fils d’argent et ses mosaïques. Fès est la capitale de l’artisanat. Spécialités : les fameuses poteries au bleu de Fès, les plateaux en cuivre, le travail du cuir. A Marrakech, le travail du cuir est extrêmement soigné.

On peut voir les cordonniers coudre les babouches selon des méthodes ancestrales. La région est aussi connue pour l’incroyable variété de ses épices et la qualité de ses tapis berbères.

(Sources : Office marocain du tourisme)
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