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Faisant une centaine de morts : un avion libanais s'écrase au Bénin

Torse nu et ruisselant d'eau de mer, un sapeur-pompier béninois émerge de l'eau en direction de la plage de Cotonou, éclairée par trois projecteurs montés à la hâte parmi les centaines de débris du Boeing à destination de Beyrouth qui s'est écrasé en débu

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Il est 22h00 (21h00 GMT) et l'avion de la compagnie de charters libanaise UTA, qui transportait plus de 150 personnes selon des sources gouvernementales béninoises, s'est écrasé sur la plage située en bout de piste voici sept heures environ, mais une partie de la carlingue est toujours à moitié immergée.

Et les secours continuent d'en sortir des cadavres, alourdissant chaque fois un peu plus le bilan donné par les autorités. Derniers chiffres font état de 111 morts.
Quatre des personnes qui avaient survécu à la catastrophe ont succombé à leurs blessures dans la nuit, a indiqué une source médicale. Selon le ministre béninois des Transports, Hamed Akobi, 22 d'entre eux étaient encore en vie vendredi matin.

Le nouveau bilan officiel a été communiqué par M. Akobi à une délégation libanaise conduite par le ministre des Affaires étrangères Jean Obeid, arrivée dans la matinée du vendredi à Cotonou pour y organiser le rapatriement des victimes libanaises. Une équipe médicale et des plongeurs devaient également se trouver à bord du vol de la Middle East Airlines (MEA) qui a quitté Beyrouth dans la nuit.
Après une nuit de recherches, quelques dizaines de pompiers continuaient d'explorer au petit matin la zone située en bout de piste de l'aéroport de Cotonou, où l'avion disloqué s'est partiellement abîmé après avoir heurté un petit bâtiment. Certains des sauveteurs encore présents estimaient peu probable que des survivants se trouvent encore dans la carlingue.
Déjà, quatre, puis encore quatre nouveaux corps s'alignent sur le sable, sous les yeux d'un millier de curieux, très choqués.

«Nous tentons depuis de faire sortir le reste (de la carlingue) mais nous sommes confrontés à d'énormes difficultés (...) Il y a des débris tranchants et c'est très difficile de fixer les cordes», soupire le pompier interrogé par l'AFP.
Ses collègues aidés de pêcheurs locaux, une vingtaine au total, s'affairent à une dizaine de mètres de la berge autour du morceau d'épave, qui renferme encore probablement de nombreuses victimes. Un correspondant de l'AFP a aperçu un corps flottant à la surface, qui a disparu dans les flots.

Un peu plus tôt, les militaires béninois ont pu extraire la cabine à l'aide d'un camion-grue, mais le câble n'est pas assez long pour atteindre le reste du fuselage, et les centaines de mètres de sable menant à la mer empêchent les véhicules de secours d'approcher.

La plupart des sauveteurs estiment que les restes de l'avion ne renferment plus que des morts, mais ils ne l'avouent qu'à voix basse.

A quelque distance de là, au milieu des pompiers et des gendarmes béninois silencieux, plusieurs dizaines de ressortissants libanais sont rassemblés. En état de choc, ils refusent de parler. Certains arpentent la plage à la recherche de leurs proches, tentant de les identifier parmi les corps ramenés au fur et à mesure sur la plage.

Selon le vice-président de la communauté libanaise au Bénin, Nemer Talj, interrogé en début de soirée, 58 Libanais dont deux enfants avaient péri dans l'accident. La plupart d'entre eux rentraient dans leur pays pour y passer les fêtes de fin d'année.

Certains des passagers ont eu plus de chance et ont survécu à la catastrophe. Ils sont au nombre de 22, selon le ministère béninois de la Santé. Harab Bambo, commerçant libanais de 37 ans installé à Cotonou, est de ceux-là. «On était à peine assis pour le décollage qu'on a commencé à nous dire les mesures de sécurité, puis on a entendu un grand bruit. On n'a rien compris, l'avion a semblé rebondir et je me suis retrouvé dans l'eau», raconte-t-il.

«Je n'avais plus de ceinture, j'ai pu me libérer et récupérer ma femme et mon enfant qui a trois ans», qui sont tous les deux en réanimation, poursuit Harab Bambo, dans la salle des urgences de l'hôpital de Cotonou.

Le rescapé s'est en tiré avec quelques fractures, mais reste sans nouvelle du second de ses enfants qui voyageait avec lui.

Le commandant de bord, de nationalité libyenne comme les autres membres d'équipage, a lui aussi survécu, tout comme le mécanicien, la tête enveloppée dans des bandages.

Selon des témoins qui ont porté les premiers secours aux victimes, le pilote a été éjecté lors du crash et s'est retrouvé assis au bord de la mer, assis en état de choc.

Il sort à peine d'une opération et est encore groggy de l'anesthésie. Ne parlant qu'arabe et anglais, il parle difficilement. «Grâce à Dieu, ça va», lâche-t-il par moments.

Les boîtes noires
Les "boîtes noires" du Boeing à destination de Beyrouth ont été retrouvées, a déclaré à l'AFP une source aéronautique béninoise vendredi.
"Cela devrait permettre de connaître rapidement les causes de l'accident", a indiqué cette source, selon laquelle l'ouverture d'une enquête est "automatique" en pareil cas.

L'enquête n'avait pas été encore officiellement annoncée vendredi matin mais une commission d'experts devrait rapidement être nommée, a poursuivi cette source.
"Des éléments techniques sont déjà connus (...) Une chose est certaine: il y a eu un problème de poids car l'avion n'a pas pu décoller" de la piste, heurtant un bâtiment technique situé au bout du tarmac avec son train d'atterrissage arrière, a-t-elle conclu.

Selon le dernier bilan officiel communiqué par les autorités béninoises, 111 corps ont été retrouvés après le crash, auquel 22 personnes ont survécu. Une source gouvernementale a indiqué que 163 personnes - 156 passagers et 7 membres d'équipage - en majorité libanaises se trouvaient à bord.
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