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Fatiha Layadi, directrice de la communication au ministère de la Communication : les habits journalistiques d’une officielle

Sa première prise de parole publique lui ressemble, sans détours, franche et directe. Dans son tailleur bc bg et du haut de ses talons aiguilles, Fatiha Layadi a quelque part été l’événement de la table ronde maroco-allemande consacrée au couple inf

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Si une telle prise de parole en a désarçonné quelques-uns - trop longtemps habitués à des officiels consensuels et amateurs d’angles arrondis et polis - elle ressemble au personnage. La toute nouvelle directrice de la communication au ministère du même nom est d’abord et avant tout, passionnément et éperdument une journaliste. Une professionnelle jusqu’au bout de ses ongles - toujours vernis - et qui n’a jamais été complaisante. Ni avec elle-même, ni avec le microcosme politique dont elle s’était fait la spécialiste redoutable d’abord au Temps du Maroc - premier news magazine marocain, aujourd’hui disparu - puis à Al Bayane et à La Vérité .

Se destinait-elle au journalisme ? Pas vraiment. Fraîchement lauréate d’une maîtrise de civilisation américaine décrochée brillamment à Toulouse, Fatiha Layadi intègre le ministère des Affaires étrangères où elle se fait traductrice interprète. La jeune femme, Marrakchie et pince-sans-rire, aurait pu y faire carrière et s’installer confortablement dans le long fleuve tranquille et aseptisé de la diplomatie. Elle ne l’a pas fait et c’est tant mieux pour la profession. En 1985, la voici à la télévision marocaine du temps lointain où elle bougeait.

Elle y est journaliste-reporter, et y apprend toutes les règles et ficelles, entre montage et mixage. L’aventure cathodique dure une année avant que la journaliste ne soit tentée par de nouveaux horizons professionnels : l’agence de presse. De la MAP et en six ans, elle gardera deux souvenirs forts : sa couverture des activités du contingent marocain en Somalie et celle de la session de l’Assemblée générale de l’ONU effectuée dans le cadre de la Bourse Dag Hmmerskojld. Exploratrice du monde des médias et de la communication, cette quadra, mère de Aysha, s’en va de nouveau en expédition en 1993 quand elle devient l’attachée de presse de Mohamed Allal Sinaceur, alors ministre de la Culture.

Cette jeune femme née un certain 8 février de l’an de grâce 1960 à Casablanca, ne collectionne pas les aventures professionnelles comme d’autres des scarabées. Elle a plutôt choisi d’être à l’aise dans ses habits professionnels dans un milieu où la vocation se fait rare et l’alimentaire une manière d’exercer. Et si on la retrouve plus tard à 2M, d’abord en chef de la rubrique politique puis sur le fauteuil de la rédactrice en chef, elle aura aussi son lectorat sur le papier glacé de « Femmes du Maroc » mais aussi sur les colonnes de l’hebdomadaire français « L’Express », où officia l’immense Françoise Giroud et que Fatiha Layadi aime à citer volontiers.

D’aventure en aventure, comme dans la chanson, la journaliste trouvera le temps d’écrire, en tandem ou en équipe, deux ouvrages. Le premier est consacré à Fès, la ville de son ancêtre le Vizir Jamaï et le second aux années réformes du Maroc, une sorte de journal d’une transition annoncée.

Question : nommée directrice de la communication, Fatiha Layadi est-elle passée de « l’autre côté » ? De l’autre côté de cette ligne et de ce mur imaginaires érigés dans les consciences collectives et les mémoires rétives pour marquer des frontières entre journalistes et officiels, entre médias et pouvoir ? La question fait sourire tous ceux qui connaissent réellement la directrice de la communication, entrée en journalisme comme en religion. Mais qu’il nous soit permis de penser et d’écrire que si le département de la Communication vient de gagner une hirondelle, la profession, elle, a perdu une bien belle plume.
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