Menu
Search
Samedi 27 Décembre 2025
S'abonner
close
Samedi 27 Décembre 2025
Menu
Search

«Frida de Julie Taymor» : le papillon et l’éléphant

La vie orageuse d’un légendaire couple de peintres engagés dans le Mexique de la première moitié du XXe siècle : le film de Julie Taymor met l’accent sur la relation tumultueuse de l’artiste mexicaine Frida Kahlo avec son non moins célèb

«Frida de Julie Taymor» : le papillon et l’éléphant
On les appelait l’Eléphant et le Papillon. Lui, grand, gros, massif et célèbre : le muraliste mexicain Diego Rivera, trotskiste engagé et séducteur inguérissable. Elle petite, estropiée mais d’une vivacité étonnante, révolutionnaire et talentueuse, la peintre mexicaine Frida Kahlo qui a tant séduit les surréalistes.
Le film s’ouvre en 1922 à Mexico.
Frida (Salma Hayek) a quinze ans, une personnalité déjà bien affirmée, une énergie virevoltante, des projets plein la tête, des convictions naissantes, et un effroyable manque de chance : lors d’un gravissime accident de bus, une barre en fer lui perfore le corps. Elle reste plâtrée des pieds à la tête de longs mois jusqu’à ce qu’elle puisse, péniblement, se remettre sur ses jambes. Mais cet événement la condamne à une vie d’handicaps et d’opérations successives.
Alitée, Frida peint pour le plaisir, pour s’occuper. Mais dès qu’elle peut remarcher, elle se met en tête de peindre pour gagner sa vie et venir en aide à ses parents.
Elle va donc montrer ses tableaux au célèbre muraliste Diego Rivera (Alfred Molina).

De l’illustratif au portrait poignant

Qui tombe sous le charme, de la jeune femme comme de son pinceau. Il la prend sous son aile et l’introduit dans les milieux artistiques et communistes de Mexico où se côtoient David Siqueiros (Antonio Banderas) ou la photographe italienne Tina Modotti (Ashley Judd). Frida s’épanouit, affirmant sa liberté de femme moderne. Assez rapidement, Diego, réputé volage et de vingt ans son aîné, l’épouse. Commence alors une vie d’engagements picturaux et politiques assombris par les infidélités de Diego et les maux de Frida. Cantinas y tequila, patios, cactus et robes fleuries, voyages à New York et Paris, la réalisatrice Julie Taymor s’est laissée aller à un décorum assez convenu entre tableau populaire et clichés touristiques rétros.
D’autre part, certains épisodes du film sont directement reliés à des toiles de Frida selon des procédés très académiques, pas laids au demeurant. Ce qui permet de mettre en lumière l’œuvre de l’artiste mais finit par devenir pesant dans la dernière partie du film. Enfin, le volet politique -dispute entre Diego Rivera et David Siqueiros, brève liaison de Frida avec Léon Trotski en exil au Mexique- est traité de façon quasi anecdotique.
Ce point de vue très illustratif du film estompe l’intérêt porté à la création et au militantisme pour faire rejaillir les tumultes de la relation Diego-Frida. Soit deux peintres «nés l’un pour l’autre» mais incapables de vivre ensemble au point d’habiter dans deux maisons distinctes réunies par un pont, ou de collectionner les maîtresses, parfois les mêmes. Alfred Molina et Salma Hayek insufflent à leurs personnages une densité souvent poignante. «Acide et tendre» disait Diego de l’œuvre de Frida. Telle apparaît leur relation.
Il est dommage que l’œuvre de Frida y tienne une place si réduite, en tout cas pendant la période de sa vie commune avec Diego.
L’artiste, c’est lui. Elle reste cantonnée au rôle d’épouse dévouée, ne peignant qu’à l’occasion, pour «passer le temps» ou exorciser ses souffrances. En réalité, Frida Kahlo avait commencé à percer avant son divorce avec Diego. Dans le film, c’est à Paris, et seule, qu’elle explose enfin.
Mais un des traits majeurs de l’œuvre de Frida Kahlo est quand même bien mis en évidence : son expression de la souffrance.
Chaque événement de sa vie, son accident, une fausse-couche, donne lieu à un tableau, coloré et torturé. Elle qui se disait «réaliste» a séduit les surréalistes avec les visions cauchemardesques qu’elle tirait de ses expériences.
Elle ne s’apitoyait pas sur son sort. «Au bout du compte, on peut endurer bien plus qu’on ne croit» confie-t-elle dans le film à Trotski, qui lui répond : «Ce que j’aime dans vos tableaux, c’est qu’ils montrent à quel point on est seul dans la souffrance». «Jamais une femme n’a peint la souffrance de façon si poétique» résume Diego Rivera.
Le respectueux portrait que dresse Julie Taymor brode autour de cette assertion. Salma Hayek, éclatante et sombre frappe par sa ressemblance avec la peintre mexicaine. Même si elle campe une Frida exaltée, sûrement moins dérangeante que ne devait l’être l’originale, «le Papillon», «L’icone aztèque», ou encore «L’Estropiée».

Frida, film américain de Julie Taymor avec Salma Hayek, Alfred Molina, Diego Luna, Geoffrey Rush, Ashley Judd.

___________________________________________________


C’est la fête du cinéma

La chambre marocaine des distributeurs de films et la chambre marocaine des salles de cinéma ont organisé, mardi dernier une conférence de presse pour annoncer la fête du cinéma qui aura lieu du 29 juin au 1er juillet dans la plupart des salles du Royaume. Durant trois jours, le septième art s’offre au plus grand nombre pour un prix modique. Cet événement important qui connaît un succès dans plusieurs pays se réalise cette année dans notre pays suite aux événements du 16 mai. En effet, les salles de cinéma connaissent moins d’affluence depuis cette date. A titre d’exemple, les salles de Mégarama qui ont enregistré plus de 5000 entrées le samedi qui précédait les attentats ont enregistré 400 le samedi suivant. «Nous organisons cette fête parce que, d’une part, nous ne voulons pas subir les intimidations des attentats et d’autre part, parce que nous voulons redonner aux spectateurs marocains le souffle et l’envie de fréquenter les salles de cinéma», ont affirmé les intervenants de cette conférence. Au programme de cette fête du cinéma, 50 films seront en circulation pour permettre aux spectateurs marocains de découvrir ou revoir les meilleurs films (romance, action, frisson). Le public aura également l’occasion de rencontrer lors des séances des acteurs et des réalisateurs qui vont assister à plusieurs projections à travers le Maroc. Une initiative qui s’annonce particulièrement riche en émotions. Donc rendez-vous dans toutes les salles de cinémas pour profiter de ces prix exceptionnels. Des prix qui varient entre 5 et 15 dirhams selon les catégories A, B et C.
A la fin de cette conférence, le film Frida réalisé par Julie Taymor avec Salima Hayek, Alfred Molina et Antonio Banderas a été projeté en avant-première.

S.G

Lisez nos e-Papers