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L'Union maghrébine : une construction en dents de scie

A l'occasion du 14e anniversaire de la signature du traité de l'UMA, il n'est pas inutile de rappeler ici le cheminement laborieux de cette organisation sous-régionale, les facteurs structurels qui plaident pour un rapprochement maghrébin et les facteurs

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La question de ce qu'est le Maghreb pose inévitablement la problématique des contours de celui-ci. S'agit-il d'un Maghreb central et forcément restreint ou d'un Maghreb élargi ? Autrement dit, faut-il le circonscrire au seul Maghreb central ou faudrait-il y ajouter la Libye et la Mauritanie et même l'Egypte ? La question n'est pas anodine, car de cette délimitation spatiale dépend non seulement l'ambition de la construction maghrébine, mais aussi son diluement dans un large espace forcément hétérogène.

Le Maghreb à géométrie variable

Dessiner les contours d'une manière précise et univoque du Maghreb semble une entreprise difficile, tant le signifié varie selon les époques et les définitions officielles qui en ont été données. La sous-région « Maghreb » a connu et connaît encore différentes appellations. Les Arabes au VIIe siècle l'avaient appelé île du Couchant, « Jazirat Al Maghrib».
De même, avant le déclin de l'Empire ottoman et tout au long du Moyen-Age, ces pays étaient appelés en Occident chrétien pays « barbaresques » ou « Berbérie ». Et depuis la pénétration européenne, ils ont été désignés par leur appartenance à l'Afrique. On parla désormais « d'Afrique du Nord ». Cette appellation regroupait l'Algérie, le Maroc, la Tunisie et parfois la Libye, et renfermait « une certaine connotation coloniale puisqu'elle correspondait principalement aux possessions françaises en Afrique du Nord.
Mais, depuis les indépendances, élites et dirigeants maghrébins mettent en avant son arabité ; leur dernière tentative de groupement, ils l'ont intitulée « Union du Maghreb Arabe » incluant la Mauritanie et la Libye, pour la différencier à la fois du Machrek, considéré comme la partie orientale du monde arabe, mais aussi pour marquer implicitement la primauté de l'appartenance arabe sur tout autre, qu'elle soit africaine, méditerranéenne ou islamique.
Le choix d'un Maghreb élargi à la Libye davantage tournée vers le Machrek, si l'on prend en compte le nombre de traités de «fusion» avec le Machrek et les déclarations des responsables libyens et à la Mauritanie de par sa position géopolitique et sa réalité identitaire davantage orientée vers l'Afrique subsaharienne, fut le choix de la diversité géopolitique et permettait de sortir du face-à-face algéro-marocain. Le Maghreb central, lui, reste un espace pourvu d'une grande homogénéité.

Similarité des constantes

Appartenance à la civilisation berbèro/arabo-musulmane et influences françaises
Malgré environ cinq siècles d'occupation romaine et le passage des Vandales, des Byzantins, des Portugais et des Espagnols, c'est sans doute la conquête arabe amorcée à partir de 647 après J.C. et la colonisation française qui ont le plus durablement marqué et marquent encore les sociétés maghrébines sur le plan culturel, économique, politique...
Ainsi, le Maghreb, tout au long de l'Histoire, a subi de multiples occupations, plus ou moins longues et profondes, qui ont affecté inégalement son identité.
Avant l'ère chrétienne, les Phéniciens qui l'avaient conquis et avaient fondé Carthage en 814 av. J.C, ne tardèrent pas à être chassés par les Romains, coalisés avec le Royaume berbère de Massinissa.
Mais ces derniers, en s'accaparant les meilleures terres et en asservissant le plus grand nombre de la population vont provoquer sa révolte ; la plus connue étant celle de Jugurta, 109-105 avant J.C.
Ces révoltes berbères contre la domination romaine et l'arrivée des Vandales ont mis fin à leur occupation au Ve siècle et aux tentatives de christianisation du Maghreb.
A partir de 533 après J.C, c'est au tour des Byzantins d'occuper le Maghreb, de pratiquer l'esclavage et d'imposer lourdement les populations, créant ainsi les conditions de la révolte berbère et de la conquête des troupes arabes venues du Machrek, «Ce sont ces conditions sociales et culturelles qui expliquent, là comme ailleurs, la rapidité avec laquelle s'est donc propagée la religion nouvelle qui est l'Islam».
Cette identité berbéro/arabo-musulmane s'est même renforcée dans l'adversité des occupations européennes et s'est nourrie de la colonisation. En conséquence, l'exclusivité de l'élément berbéro/arabo-islamité comme seul constituant de la personnalité maghrébine ne peut cacher l'impact et l'influence de la civilisation occidentale (introduite par la colonisation) présente de plus en plus aujourd'hui jusque dans les foyers grâce aux satellites et aux paraboles prolongeant une influence déjà amorcée par l'école.

Homogénéité linguistique et culturelle

Si l'islamisation du Maghreb a apporté à la fois une croyance, des pratiques sociales nouvelles et une langue à savoir l'arabe dans une région où le berbère était l'idiome dominant, la colonisation va faciliter l'implantation dans le champ linguistique maghrébin de la langue française.
Ce dernier comporte actuellement le dialecte arabe, le berbère et deux langues à caractère international à savoir l'arabe littéral -langue officielle au Maroc, nationale et officielle en Tunisie et en Algérie- et le français qui, sans disposer de statut juridique, représente de facto la deuxième langue «protégée» au Maghreb.
Ainsi, le contexte culturel et identitaire maghrébin, comme l'a noté Ahmed Moatassime, semble le produit caractérisé de plusieurs influences « ....tour à tour ou simultanément par plusieurs dimensions culturelles dont la permanence semble se confirmer au-delà des disparités éducatives ; à savoir : la berbérité, l'arabité, l'islamité et l'occidentalité, quatre éléments constitutifs qui peuvent se compléter ou se contredire, toujours liés mais jamais superposables et dont aucun n'est marqueur exclusif d'identité».
Ces éléments pluriels qui fondent l'identité maghrébine constituent autant de référents pour le décideur maghrébin soit pour mobiliser «l'opinion» sur une question ciblée (le soutien à la question palestinienne se fera au nom de la solidarité arabe, la demande d'évacuation par l'ex-URSS de l'Afghanistan, s'est faite au nom de la solidarité islamique), pour établir ou rompre une relation diplomatique.
En plus de la similarité des constantes, on observe que les Etats maghrébins se trouvent devant une similarité des obstacles, comme l'identité culturelle à reconquérir, les difficultés économiques, le défi démographique où l'endettement chronique.

Dissimilitude des options

Cependant, disposer de constantes analogues n'est synonyme ni de mise en place de systèmes politiques, ni de stratégies développementistes, ni de politiques étrangères similaires, ni communes. Car une fois les indépendances acquises, les dirigeants maghrébins, jaloux de l'indépendance de leur pays et de la souveraineté de leur Etat, ont adopté des régimes politiques divergents et des politiques développementistes contrastées...
Et la politique étrangère qui n'est qu'un aspect de la politique en général ou un secteur de l'activité étatique obéira, elle aussi, à la logique de la divergence.

Opposition des régimes politiques

Dès l'indépendance, on peut observer en Algérie et en Tunisie, la mise en place de régimes politiques qui rompent avec ceux de la période précoloniale et coloniale par l'introduction, entre autres, de l'avènement de la République et la marginalisation des forces traditionnelles (certains notables et certains ouléma) dont le rôle au sein du mouvement de l'indépendance n'a pas toujours été actif.
Quant au Maroc, c'est la continuité monarchique qui a prévalu avec l'adoption de Constitutions qui sacralisent le pouvoir Royal et reconnaissent le multipartisme en rendant aux forces traditionnelles leurs prérogatives.
Le régime politique marocain est ainsi fondé sur l'hérédité, alors que celui de la Tunisie et de l'Algérie sont présidentiels à parti unique, même si Bourguiba a fini par être désigné à une présidence à vie. Il n'en demeure pas moins que le fonctionnement des systèmes politiques fait apparaître plus de similitudes que de différences.

Conflictualités et concurrences diplomatiques intermaghrébines

L'opposition des régimes politiques était déterminée par des visions proprement nationales et entitaires qui allaient rapidement provoquer les premières divergences focalisées autour de la nature du soutien à apporter à l'indépendance de l'Algérie. Ainsi, l'accueil des bases arrières de logistique de l'ALN en Tunisie et au Maroc et l'appui diplomatique furent jugés insuffisants par les dirigeants du FLN qui souhaitaient une implication directe des deux Etats (indépendants depuis 1956) dans la confrontation avec la France.
En effet, les gouvernements marocain et tunisien ont adopté une double démarche qui consistait à éviter tout conflit direct avec la France tout en soutenant diplomatiquement et sur le plan logistique la lutte algérienne. Ces divergences, pour ne pas dire rancœurs, se sont exprimées au lendemain des indépendances à l'occasion de différends territoriaux malgré les discours sur la construction maghrébine qui jouèrent un rôle tactique de mobilisateur contre la colonisation. Depuis, ils n'ont pu dévier des visions et des pratiques proprement nationalistes faisant osciller les relations intermaghrébines entre deux pôles : tantôt la coopération/intégration et tantôt la tension/confrontation.

Permanence des questions territoriales

Par conséquent, l'histoire des relations intermaghrébines post-coloniales sera, à juste titre, l'histoire d'une conflictualité «contrôlée» à base territoriale.
Avant même l'indépendance de l'Algérie, la question des frontières fut discutée entre les responsables maghrébins. Après une guerre en 1963 et de multiples interventions de l'ONU et de la Ligue Arabe, c'est grâce aux bons offices de l'OUA qu'une zone démilitarisée a été créée en avril 1964 ; S.M. Hassan II et Boumediène finirent par signer un accord dit «Traité d'Ifrane» le 15 janvier 1969 et le 27 mai 1970 un deuxième traité qui devait clore le chapitre des questions des frontières sur la base du statut quo territorial. Conformément à cet accord, les deux Etats devaient exploiter en commun le gisement de fer de Gara-Djebilet, la zone contestée, contre l'abandon des revendications marocaines sur Tindouf et Béchar.
Ce fut la position du statu quo et de l'uti-possidetis qui a été constamment défendue par la diplomatie algérienne. Autrement dit, les frontières de l'Algérie sous domination coloniale doivent rester celles de l'Algérie indépendante. Les Autorités marocaines, elles, ont mis en avant le principe de la récupération des territoires spoliés pendant la colonisation. Les deux positions paraissent dès lors inconciliables. Cependant, S.M. Hassan II appela les deux pays à adopter la négociation permanente pour le règlement des différends. La rencontre d'Agadir entre Hassan II, Ould Daddah, Boumediène, du 24 juillet 1973, vient aussi confirmer le soutien du chef d'Etat algérien aux positions marocaines : « ... Pour ce qui est du Sahara... le moment est venu de mettre en application la politique que nous avons définie à Nouadhibou [—-] solidarité totale dans la lutte qu'il mène pour rétablir[sa] souveraineté sur les territoires qui demeurent encore sous la domination coloniale».
Mais, très vite, cette position algérienne de solidarité (maghrébine) avec le Maroc a cédé la place à la position «de partie intéressée», car les responsables militaires algériens se sont inquiétés de voir le Maroc étendre sa façade atlantique et sa dimension saharienne et africaine. La position algérienne va rapidement évoluer en soutien actif militaire et diplomatique au «polisario» et en reconnaissance de la «rasd» déclarée le 27 janvier 1976, pendant que la position marocaine va se focaliser sur l'inviolabilité des territoires récupérés. Ces deux positions inconciliables vont être le centre d'une tension militaire et d'une confrontation diplomatique entre les deux Etats à partir de 1975.
N'oublions pas que cette course aux armements a failli entraîner un conflit militaire ouvert lorsque les deux armées s'étaient affrontées, le 27 janvier 1976, à Amghala à 180 Km à l'est de Bou Craâ et, lorsqu'au début de la même année, les autorités marocaines ont mis en garde l'armée algérienne contre toute escalade militaire quand un chasseur F5 de l'armée marocaine a été abattu par un missile SAM6 qui exige une haute technicité, pour son maniement, dont ne peuvent disposer les éléments du Polisario.
Si la question du Sahara reste centrale dans toute possibilité de construction maghrébine, la question des frontières a toujours jalonné les relations intermaghrébines. Citons les frictions algréo-tunisiennes sur la région d'El Borma et la borne 233. Ce n'est que le 18 décembre 1993 que furent achevées entre les deux pays les opérations de bornage de ces frontières.
Les Autorités algériennes, comme dans le cas marocain, opposèrent le principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. L'ambassade algérienne à Tunis va couper court à tout espoir des Autorités tunisiennes en précisant, dans un communiqué qui reprend une déclaration du ministre algérien des Affaires étrangères, «que l'Algérie est une et indivisible et que ses frontières sont celles qu'elle a héritées de la puissance coloniale au moment de la proclamation de son indépendance».
Même les relations maroco-tunisiennes, malgré la position géographique non frontalière des deux pays, l'origine de la première brouille diplomatique fut sur une question de frontière à savoir la revendication marocaine sur la Mauritanie.
Les autorités tunisiennes avaient appuyé l'indépendance de la Mauritanie, s'alignant objectivement sur la position française et celle du groupe de Monrovia (contrôlé par la France), privilégiant de la sorte la solidarité francophone à la solidarité maghrébine4. A n'en pas douter, cette position n'était pas du goût des Autorités marocaines qui ont rappelé leur ambassadeur. La «brouille» a duré cinq ans.

Versatilité des alliances

Si les relations entre les trois Etats maghrébins sont, comme nous l'avons analysé, ponctuées par des tensions et des ruptures, elles sont aussi rythmées par des rapprochements tantôt bilatéraux, tantôt multilatéraux.
Sur le plan économique, les échanges commerciaux se sont toujours situés en deçà des 4% de leur commerce extérieur.
Cependant, malgré la pléthore d'accords signés entre les Etats, même si elle marque une dynamique relationnelle élevée, n'a pas eu d'incidences sur l'interpénétration de leurs économies.
Effectivement, la plupart de ces accords ne concernent que les domaines étatisés de la coopération comme la culture, l'enseignement, etc. Par conséquent, leurs relations bilatérales, en dehors des périodes de tensions et de ruptures, restent marquées par l'insignifiance.
Aux divergences sur les questions de politique internationale, s'ajoutent des choix économiques divergents, qui interdisent toujours toute possibilité de relance horizontale des flux économiques et commerciaux.
A l'instar des différends territoriaux, les tentatives maghrébines de rapprochement datent de la période coloniale. Des structures communes ont été mises en place comme l'EMMENA (Association des étudiants musulmans nord-africains) créée à Paris en 1927, et qui rassemblait des étudiants des trois pays et le Comité de libération du Maghreb arabe créé au Caire le 6 janvier 1948 présidé par Abdelkrim Bourguiba en a assuré le Secrétariat général. Mais, ce comité qui devait coordonner les luttes pour l'indépendance, a rapidement succombé aux stratégies proprement nationales des dirigeants maghrébins ; l'indépendance du Maroc et de la Tunisie a mis fin à son existence. Suivra plus tard la conférence de Tanger (du 27 et 30 avril 1958) organisée par le FLN, le Néo-Destour et Istiqlal où l'on a insisté sur le rapprochement dans les domaines de la Défense et des politiques étrangères en créant pour cet objectif le Secrétariat permanent du Maghreb qui n'a jamais fonctionné.
Mais, la première tentative de rapprochement entre les Etats maghrébins post-coloniaux a été la constitution du CPCM (Comité permanent consultatif maghrébin)entre l'Algérie, la Libye, le Maroc et la Tunisie, le 11 février 1964 à Tunis.
Cette institution intergouvernementale qui s'était donnée pour objectif l'intégration des économies, a eu comme instance suprême le Conseil des ministres maghrébins de l'Economie dont émanent le Centre des études industrielles, l'Agence maghrébine de l'Alfa et 13 commissions spécialisées dans différents aspects de l'économie maghrébine (tourisme, développement de l'élevage, transport, commerce...) ainsi que quatre comités de transports, aérien, maritime, ferroviaire et terrestre. Tentatives d'unions et d'alliances au Maghreb
Mais, dès sa création, le CPCM s'est vu cantonné dans un rôle consultatif, sous tutelle du Conseil des ministres maghrébins, ne disposant d'aucun pouvoir décisionnel propre pouvant à terme harmoniser les positions maghrébines vis-à-vis de la CEE et coordonner les politiques économiques.
Mais, chaque Etat, tout en restant partie prenante de l'organisme, s'est doté d'un modèle de développement économique propre. Et pendant toute la période de son existence, les relations intermaghrébines sont restées confinées dans le bilatéralisme.
Entre 1964 et 1975, souligne Habib Malki, environ 90 % des accords sont restés bilatéraux. Alors qu'on a assisté à une pléthore de rencontres au niveau ministériel et des commissions du CPCM, nous avons dénombré, pour la même période, 76 rencontres intermaghrébines dont 7 conférences des ministres de l'Economie.
Cette première tentative fut stoppée «nette» à cause encore une fois des différends intermaghrébins. D'abord, Kadhafi plus tourné vers le Machrek que vers le Maghreb et plus désireux de fusions politiques que de coordinations des politiques économiques, ordonna le retrait de son pays du CPCM en 1970, arguant que la division du monde arabe en deux sous-régions, Maghreb et Machrek, reste artificielle : «Il n'existe ni Maghreb ni Machrek mais une nation arabe qui œuvre pour son unité complète de l'Atlantique au Golfe Persique». Ensuite, la question du Sahara, à partir du début des années soixante dix, a fait «éclater» les divergences maroco-algériennes et finira par enterrer en 1974 un CPCM déjà agonisant. La centralité de la question du Sahara dans le jeu diplomatique maghrébin a amené les diplomaties marocaine et algérienne à se livrer à un jeu d'alliances et de contre-alliances féconds au sein même du Maghreb.
Les deux diplomaties mettront tout leur savoir faire dans des stratégies de neutralisation réciproque et d'isolement l'un par rapport à l'autre. L'affaiblissement et la réduction de l'influence de l'autre ont été, pendant longtemps, la préoccupation majeure des deux diplomaties.
Ce jeu s'initie le 19 mars 1983 par le traité de fraternité et de concorde à travers lequel l'Algérie chercha à isoler le Maroc, et la Tunisie à neutraliser une éventuelle menace libyenne. La Mauritanie en tension avec le Maroc s'y était jointe le 13 décembre 1983.
Devant ce bloc à trois et le sentiment « d'encerclement », Hassan II saisit opportunément une offre de Kadhafi lui aussi exclu du traité tripartite, de mettre en place une union entre les deux Etats.
Elle sera signée le 13 août 1984 à Oujda. Le traité, quasi-identique à celui signé entre les trois autres Etats maghrébins, dans son article 12, prévoit entre autre, une coopération militaire entre les deux Etats : «Toute agression dont l'un des deux Etats serait l'objet, constituerait une agression envers l'autre».
L'Algérie prise en tenaille entre le Maroc et la Libye y voit une menace pour sa sécurité. Dès lors deux composantes du Maghreb vont se faire face jusqu'à la signature du traité de l'UMA, même si le Maroc avait rompu son accord avec la Libye en 1986.
Ainsi, après un rapprochement momentané algéro-marocain (à partir de 1983), le chemin d'un rapprochement maghrébin multilatéral était tout dessiné et le Traité d'Union du Maghreb Arabe fut finalement signé les 16 et 17 février 1989 à Marrakech.
Cependant, depuis la signature de traité de l'UMA, rien dans la nature des relations intermaghrébines n'a changé, elles restent jalonnées par les rapprochements et les tensions surtout algéro-marocaines. Celles-ci peuvent être caractérisées par la quasi-absence de relations économiques et de solidarités diplomatico-politiques.
Souvent leur recherche de la solidarité politique (des Etats africains, européens, arabes…) a eu comme base leurs propres conflits de frontières. Chaque Etat va tenter avec plus ou moins de succès d'instrumentaliser ses relations extérieures et ses alliances.

Les défis d'un monde qui se mondialise et la nécessité de l'intégration maghrébine

Une évaluation générale a posteriori des différentes approches et pratiques maghrébines de politique étrangère depuis les indépendances appellent deux observations principales : D'une part, le bilan mitigé de leurs pratiques d'autonomisation dans la mesure où elles obéissent à une interaction dans les deux espaces Nord et Sud, d'autre part ces pratiques n'ont réussi à s'insérer dans aucun espace solidaire qui conjuguerait la solidarité politique et l'échange économique.
Désormais, la politique étrangère des Etats maghrébins s'inscrit dans un environnement qui accentue les contraintes que la colonisation/décolonisation avait déjà amorcées : de nouveaux acteurs internationaux, une nouvelle donne des relations internationales, une Europe relancée, une Amérique de plus en plus hégémonique, tout concourt à relancer l'intégration maghrébine.
Même si, c'est encore la lecture des spécificités des trajectoires nationales, nourries par un discours nationaliste, qui fonde les relations intermaghrébines, et les relations de chaque Etat maghrébin avec l'extérieur.
Dans cette perspective, les divergences de leurs politiques étrangères s'alimenteront encore, pour longtemps, de leurs propres divergences, et de leurs propres différends tant que la perception de la menace reste une perception de mitoyenneté.
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