Menu
Search
Dimanche 28 Décembre 2025
S'abonner
close
Dimanche 28 Décembre 2025
Menu
Search

L’Obsession anti-américaine de Jean-François Revel. : l’Amérique n’est pas ce que vous pensez

Pourquoi l’Amérique est-elle la mal-aimée du monde entier, et particulièrement de ses plus sûrs alliés, les pays européens ? Comment expliquer cette tradition d’hostilité et ces controverses dont la politique américaine fait l’objet dans

No Image
On l’imagine : il s’agit pour lui de passer au crible les tenants et aboutissants de cette animosité dont est entouré ce pays depuis toujours et particulièrement depuis qu’il est devenu une «hyper-puissance» exclusive selon les termes d’Hubert Vedrine, l’ancien ministre des Affaires étrangères français ; et à l’occasion d’en déceler le fonctionnement, les causes et les inconséquences. Nous l’avons compris, Jean-François Revel prend le contre-pied de l’anti-américanisme ambiant en se faisant le défenseur d’une Amérique protectrice des libertés et de la démocratie face au totalitarisme, d’une Amérique libérale, industrieuse et créative, foyer de la civilisation moderne.

Né en 1924, enseignant en philosophie aux instituts français à Mexico, à Florence puis à Lille et à Paris, ancien directeur de «L’Express», Jean-François Revel n’en est pas à sa première sortie pour dénoncer «l’aveuglement» à l’égard de l’Amérique qu’il semble connaître pour s’y être rendu fréquemment depuis les années 50 et dont il s’est familiarisé au fil des ans. Son livre «Ni Marx ni Jésus» paru en 1970 a eu un succès retentissant autant par les critiques que par les louanges qu’il a suscités. «Au fil des années soixante –raconte-il- j’avais commencé à être envahi de doutes sur le bien-fondé de cet anti-américanisme mécanique, qui flétrissait pêle-mêle et en totalité à la fois la politique étrangère américaine, l’«impérialisme» -celui des Soviétiques n’était que de la philanthropie- et la société américaine dans son fonctionnement interne». C’est au cours d’un voyage aux Etats-Unis qu’il prend conscience de «la fausseté de ce qu’on raconte sur ce pays en Europe. Là où on me dépeignait une société conformiste, je trouvai une société agitée par l’effervescence de la «contestation» et la remise en cause de toutes les habitudes sociales et des bases de sa culture». Ce fut un choc qui lui inspira «Ni Marx ni Jésus».

En écrivant «L’Obsession anti-américaine» dans le contexte actuel de lutte contre le terrorisme-islamiste à la suite des attaques suicides contre le World Trade Center et le Pentagone, Revel entend confirmer sa position : le moteur de l’anti-américanisme est la haine du libéralisme et de la démocratie, et chez les terroristes intégristes, c’est la haine de la civilisation et de la modernité.
Si les Etats-Unis ont réussi à se hisser au rang de la première puissance c’est grâce à leur démocratie et à leur système libéral, mais surtout en raison de la baisse de puissance en Europe qui, au demeurant, a été à l’origine des «régimes les plus criminels de l’histoire» et le théâtre de deux guerres les plus meurtrières que l’humanité ait jamais connu.
L’anti-américanisme européen renvoie d’après Revel, à la propre histoire coloniale de l’Europe.

Ainsi tous les reproches faits à l’Amérique sont passées aux cribles : L’Amérique a-t-elle raison de faire la guerre au terrorisme hors de son territoire ? Oui, c’est un danger qui ne menace pas uniquement les Américains mais le monde entier. Les causes sociales ou économiques, ou la prétendue responsabilité de la mondialisation dans la violence, tant clamés par les anti-mondialistes et la gauche européenne sont irrecevables, le terrorisme n’a d’autre revendication que celle de détruire la civilisation.
L’Amérique est-elle unilatéraliste comme le prétendent les Européens ? Non, ce sont les inconséquences des politiques européennes qui font que l’Amérique se voit devoir agir seule.

De la politique extérieur au fonctionnement de la société américaine, Revel nous donne à voir un pays qui a peu à voir avec l’image communément admise au point de devenir une évidence. De l’absence de protection sociale, à la pauvreté, et de la mauvaise qualité de l’enseignement public à la criminalité dans les grandes villes, Revel fait un tour d’horizon de toutes les sujets qui reviennent constamment dans la presse et qui donnent une image peu réjouissante de la première puissance mondiale, en vue de rétablir la vérité. Y-a-t-il trop de criminalité en Amérique ? Pas plus qu’en France, d’ailleurs le terme «crime» utilisé en anglais intègre aussi bien les délits mineurs que les crimes proprement dit, c’est la raison pour laquelle leur nombre est élevé ; y’ a -t-il des Américains qui vivent au dessous du seuil de pauvreté ? Oui, mais le pauvre américain vivrait tel un nabab dans un pays africain, la notion de seuil de pauvreté est différente d’un pays à l’autre. Par ailleurs, il existe un régime de protection sociale en Amérique beaucoup plus efficace que celui en vigueur dans nombre de pays européens contrairement à ce que la presse prétend.

De la défense de l’Amérique, Revel se fait le plaidoyer de tout ce qui se rattache à ce pays. Au total le livre nous propose une réflexion à contre-courant sur les transformations qui ne cessent de secouer le monde et dans lesquelles les Etats-Unis par la force des choses se trouvent au cœur : la mondialisation, l’islamisme, le conflit israélo-palestinien, la politique européenne, etc.
Il n’est pas dit qu’à la lecture de ce livre on soit convaincu des analyses de Revel ni de ses prises de positions, il est certain par contre qu’il suscite en nous la curiosité et le désir de mieux connaître ce pays. Plus sûr encore est que les anti-américanistes se devraient d’aiguiser leurs griefs pour mieux asseoir leur sentiment.

L’Obsession anti-américaine de Jean-François Revel - Ed. Julliard Pocket, 320 pages.
Lisez nos e-Papers