L'illustre islamologue Tarik Ramadan éclaire sur la question de l'identité musulmane à l'ère de la globalisation. Les sources de l'Islam ne sont pas que le Coran et la Sunna, fait-il observer : «la réalité de notre environnement, al-waaki'e, est aussi une des constituantes de nos références islamiques. Notre religion, c'est l'intelligence du texte et du contexte dans lequel on vit». On peut être le plus grand âlem en matière de chariâ, si on ne connait pas l'économie, on est perdu, indique-t-il. « Embrasser shumuliat al-Islam, le caractère global de l'Islam, c'est avoir une connaissance pointue dans chacun des domaines de la vie quotidienne, des sciences ou de l'action sociale politique et économique. L'Islam interdit la superficialité et la connaissance relative ».
Pr Ramadan cite l'illustre penseur marocain Mahdi El Mandjra, pour qui « globalisation » n'est que l'autre nom de « occidentalisation ». Pr Ramadan analyse la réalité du concept, la manière effective dont il s'est concrétisé. Il explique que c'est un nouvel ordre international construit sur 3 axes (priorité de l'économie, communication massive transnationale, occidentalisation des cultures) qu'il développe.
La prééminence de l'activité économique ne respecte plus particulièrement les frontières du droit, des Etats-nations et des particularités nationales quelles soient d'ordre politique ou culturel. Priorité à la transaction économique, la bourse, le flux de la finance, (traversent le monde chaque jour des milliards de dollars, fixés par peu de lois et en tout cas peu de lois nationales). Le deuxième axe est celui de la communication : Autoroutes de l'information par internet, par les agences de presse, circulation massive de l'information. «Ces deux aspects de la globalisation sont le plus directement enracinés dans l'espace occidental, leurs dynamiques mises en branle sur le plan international sont occidentales de fait, même si tout le monde d'une certaine façon est entré dans le système, précise Pr Ramadan. C'est vrai sur le plan économique : ce sont les Etats-Unis, le Japon et l'Europe qui mènent cette danse et qui capitalisent tout le bénéfice de cette globlisation économique. Et en matière de communication c'est non moins évident dans la maîtrise des outils et de la circulation de l'information : 68% (3 sur 4) des informations mondiales passent par des agences occidentales».
La troisième caractéristique de la globalisation, poursuit-il, est l'expansion, de façon assez évidente, d'une certaine occidentalisation de la culture ou des cultures. «Toutes les capitales du Tiers-monde sont touchées par les modes musicales, vestimentaires et de la représention de ce qu'on appelle les critères physiques, qui proviennent du Nord. Lorsqu'on discute de libertés des cultures et qu'à coup de milliards de dollars ce qui est produit massivement c'est un certain type de culture, on peut intellectuellement défendre la diversité culturelle mais économiquement produire exactement le contraire».
Certains anti-mondialistes argumentent ces 3 aspects saillants pour clamer la négativité globale de la mondialisation. Mais Pr Ramadan, tout en reconnaissant le caractère négatif de ces aspects, affirme par ailleurs que cette globalisation comporte aussi des éléments positifs. « Tout d'abord, chiffres à l'appui, la pauvreté brute a diminué dans le monde, même si le rapport des pauvres à la richesse à augmenté. Le problème de la globalisation est donc un problème de distribution, de mauvaise répartition des ressources ».
En matière d'information les populations du Sud n'ont jamais eu accès à autant d'informations transnationales, nous rend-il à l'évidence. «En rapport à des revendications de droits, la conscience et la construction intellectuelle de beaucoup de populations du Sud a été augmentée par la diffusion de l'information. L'information sur les événements palestiniens peut être utilisée à notre avantage, de manière positive, dans la prise de conscience des pays du Sud... ».
Mais cet ordre international est produit sur une liberté qui délaisse l'éthique. «Toute notre vie quotidienne est liée à la globalisation, pas moyen d'être en dehors, rappelle Pr Ramadan. Evidemment, sur le poids de la balance, les 3 premières caractéristiques sont bien plus lourdes que ce que l'on voit comme degré de résistance. Il y a une capacité marginale à l'utilisation des instruments de la globalisation dans le Sud, et une capacité maximale à les utiliser par ailleurs. Chez nous les moyens d'information et internet sont utilisés avec force pour développer des politiques sécuritaires, l'information sur les individus ».
Une alternative
Face à tout cela se pose la question de l'alternative pour les sociétés musulmanes : que faire avec mes références islamiques ? «La pensée islamique a besoin d'une révolution intellectuelle pour fonder véritablement une alternative. Mais pour cela il faut revenir à notre connaissance de l'Islam. Ma thèse fondamentale est que l'Islam n'est pas une culture. L'Islam est un corps de principes universels qui va intégrer les cultures spécifiques : on intègre dans une culture tout ce qui ne s'oppose pas aux principes (Al-‘orf). Comprenez bien : En disant cela je ne pose pas la « culture islamique » à l'intérieur de la globalisation, mais je pose la référence islamique comme un corps de principes universels. «Oua mâ Arsalnaka illa rahmatan lilâlamîn : Nous ne T'avons envoyé que comme miséricorde pour les mondes». Et ce n'est pas pour l'Arabie, c'est pour « les mondes », et ce sont des références universelles. L'Islam se dit avec humilité dans la paix et la dignité. Ce n'est pas une armure qu'on présente chaque fois qu'on est agressé (verbalement, intellectuellement), c'est une lumière avec laquelle on vit tous les jours. Une façon d'être avec Dieu et avec les hommes». En Islam on est perdu si on perd l'axe fondamental : «Ne soyez pas comme ceux qui ont oublié Dieu Qui alors a fait en sorte qu'ils s'oublient eux-mêmes. Ça c'est le Tawhid : le principe universel : La ilâha illâ Allah», rappelle Pr Ramadan. Et aussi la notion de Wahdat al-woujoud d'Ibn Arabi : oublier Dieu c'est oublier soi-même, c'est oublier le meilleur de soi qui est en nous qui fait que nous sommes unis à Dieu, unis dans l'Unicité. « Cet axe-là si les Musulmans le quittent aujourd'hui, ils n'ont aucune alternative à la globalisation, reprend notre conférencier. Parce que c'est cet axe-là qui fait rayonner tout le reste en matière de valeur. Au-delà de tout ce que nous faisons, il y a le Créateur de tout ce que nous sommes. Et pourquoi aujourd'hui sortent toutes ces thèses sur le danger de l'Islam ? Parce que ce que nous sommes en train de définir ce n'est pas une culture périphérique, c'est une référence universelle : c'est un universel qui rencontre un autre universel. Nous sommes pour la paix quand il y a justice».
Pr Ramadan insite sur deux qualités du Musulman : résistant et réformateur. Résistant à tout ce qui est injuste et réformateur pour que ça devienne plus juste. « Résister et réformer, même quand tu es tout seul dans ta chambre : tu te regardes dans la glace et tu sais qu'il y a des choses auxquelles tu dois résister (tes mauvais penchants, agressivité, égoïsme…) et réformer ce qui est perfectible. Les principes universels sont fondés sur « Inna Allah yaemourou bil'adl » : Dieu commande la justice. Voilà ce que l'Islam nous dit en tant que corps de principes universels : je ne discute pas dans la globalisation comme une minorité par rapport à une majorité, je lui fais face de l'universel à l'universel». J'englobe la globalisation. Le Message que je porte est l'ultime. «C'est celui de Khatim Al-Anbiae Prière et Salut Divins sur lui. Le Prophète qui scelle le message, le plus parfait des Prophètes. Je porte ce Message qui est un corps de valeurs pour dire La Valeur. C'est une affirmation dans la dignité, pas une résistance dans la crainte».
Pr Ramadan nous fait remarquer que le monde musulman est malade, pas l'Islam, qui montre une santé extraordinaire : notre problème est un complexe d'infériorité par manque de connaissance, un manque de rapport à la dignité, aux valeurs. «Les valeurs universelles se révèlent déjà au travers du premier témoignage : la chahada. Et puis on suit une voie, celle du Prophète PSDsl : Etre (la chahada) et rester (la chari'a) ce que l'on est. La loi dans la voie : le but c'est aller vers Dieu. Tout est présenté en Islam sous forme de cheminement et de dynamisme. Nous allons vers la Lumière qui nous a mis sur Terre : un sens à notre vie : le sens de la fidélité que nous devons comprendre par la chariâ. La voie qui va vers la source et dont la prescription juridique n'est qu'un des éléments. Car sans lumière dans le cœur on ne voit pas les bords de la route. Halal ou haram, si tu n'as pas de lumière dans ton cœur tu vas te cogner». Et cette lumière dans le cœur c'est l'amour de Dieu.
Identité intégratrice
L'une de nos plus grandes forces par rapport à la globalisation, c'est donc le message spirituel de l'Islam, pour la construction de notre intelligence. «Si vous pensez que ce qui compte c'est la compétence intellectuelle et professionnelle, la performance financière la réussite dans l'entreprise, ou dans votre profession libérale tandis que votre cœur est rongé, alors vous avez perdu en pensant que vous avez gagné, met en garde Pr Ramadan. Si vous ne travaillez pas votre cœur qu'importe votre porte-monnaie, vous êtes perdus. « Souviens-toi de Dieu dans l'aisance. Il se souviendra de toi dans la difficulté ». Il y a des « Musulmans » ignorants de leur religion, occidentalisés jusqu'à la moelle, mais au moment où ça ne va ne va pas ils disent : au nom de Dieu. Allah Soubhanahou wa ta'âla n'est pas un nom qu'on dit par procuration. Dieu ne laisse jamais quelqu'un à son désespoir. La résistance passe par l'éducation. L'Islam est une référence qui dialogue avec le tout, nous sommes des réformateurs. Et je me définis Musulman par mes références, pas contre l'Occident. Le Musulman, c'est lui qui intègre, pas qui doit s'intégrer : j'intègre de la culture internationale tout ce qui ne s'oppose pas à l'Islam. Tout ce qui est occidental n'est pas mauvais mais tout ce qui est occidental n'est pas forcément bon : je sélectionne. C'est une identité intégratrice ». Comment doit-on être aujourd'hui dans le monde mondialisé ? Ce que ma conscience, ma présence, mon action devant Dieu doivent être : «être témoin du Message (dar al-chahada), litakounou chouhada ‘ala al-nâss. Autant en Orient qu'en Occident cette conscience doit développer une vraie connaissance.
Connaissance même de notre langue. Les Arabes ont été eux-mêmes les destructeurs de leur langue, par la défficience de leur pédagogie dans l'enseignement. Or l'arabe est un des champs de résistance, par sa richesse, son art, sa force esthétique. Nos pays doivent se réapproprier leur langue, mais maîtriser aussi les autres langues. Le jour du jugement dernier vos enfants auront des droits sur vous : qu'avez-vous fait pour notre éducation ?».
L'alternative, ce n'est pas singer les autres. Construire, par exemple des lobby, parce que d'autres l'ont fait avant nous. La propagande, ce n'est pas notre culture et nous n'en avons pas besoin. Notre conscience musulmane est suffisante. «L'autre grand problème des pays musulmans ce sont les peuples démissionnaires, indique Pr Ramadan. On bricole par des portes de sorties dans un monde hostile à nos principes. Chez nous le début d'une citoyenneté réelle est une spiritualité active. Plus la foi est profonde plus elle exige une intelligence au travail». Travaillons notre relation de cœur à Dieu, la connaissance de nos sources qui incluent notre environnement pour trouver cette alternative à l'ère de la globalisation.
Pr Ramadan cite l'illustre penseur marocain Mahdi El Mandjra, pour qui « globalisation » n'est que l'autre nom de « occidentalisation ». Pr Ramadan analyse la réalité du concept, la manière effective dont il s'est concrétisé. Il explique que c'est un nouvel ordre international construit sur 3 axes (priorité de l'économie, communication massive transnationale, occidentalisation des cultures) qu'il développe.
La prééminence de l'activité économique ne respecte plus particulièrement les frontières du droit, des Etats-nations et des particularités nationales quelles soient d'ordre politique ou culturel. Priorité à la transaction économique, la bourse, le flux de la finance, (traversent le monde chaque jour des milliards de dollars, fixés par peu de lois et en tout cas peu de lois nationales). Le deuxième axe est celui de la communication : Autoroutes de l'information par internet, par les agences de presse, circulation massive de l'information. «Ces deux aspects de la globalisation sont le plus directement enracinés dans l'espace occidental, leurs dynamiques mises en branle sur le plan international sont occidentales de fait, même si tout le monde d'une certaine façon est entré dans le système, précise Pr Ramadan. C'est vrai sur le plan économique : ce sont les Etats-Unis, le Japon et l'Europe qui mènent cette danse et qui capitalisent tout le bénéfice de cette globlisation économique. Et en matière de communication c'est non moins évident dans la maîtrise des outils et de la circulation de l'information : 68% (3 sur 4) des informations mondiales passent par des agences occidentales».
La troisième caractéristique de la globalisation, poursuit-il, est l'expansion, de façon assez évidente, d'une certaine occidentalisation de la culture ou des cultures. «Toutes les capitales du Tiers-monde sont touchées par les modes musicales, vestimentaires et de la représention de ce qu'on appelle les critères physiques, qui proviennent du Nord. Lorsqu'on discute de libertés des cultures et qu'à coup de milliards de dollars ce qui est produit massivement c'est un certain type de culture, on peut intellectuellement défendre la diversité culturelle mais économiquement produire exactement le contraire».
Certains anti-mondialistes argumentent ces 3 aspects saillants pour clamer la négativité globale de la mondialisation. Mais Pr Ramadan, tout en reconnaissant le caractère négatif de ces aspects, affirme par ailleurs que cette globalisation comporte aussi des éléments positifs. « Tout d'abord, chiffres à l'appui, la pauvreté brute a diminué dans le monde, même si le rapport des pauvres à la richesse à augmenté. Le problème de la globalisation est donc un problème de distribution, de mauvaise répartition des ressources ».
En matière d'information les populations du Sud n'ont jamais eu accès à autant d'informations transnationales, nous rend-il à l'évidence. «En rapport à des revendications de droits, la conscience et la construction intellectuelle de beaucoup de populations du Sud a été augmentée par la diffusion de l'information. L'information sur les événements palestiniens peut être utilisée à notre avantage, de manière positive, dans la prise de conscience des pays du Sud... ».
Mais cet ordre international est produit sur une liberté qui délaisse l'éthique. «Toute notre vie quotidienne est liée à la globalisation, pas moyen d'être en dehors, rappelle Pr Ramadan. Evidemment, sur le poids de la balance, les 3 premières caractéristiques sont bien plus lourdes que ce que l'on voit comme degré de résistance. Il y a une capacité marginale à l'utilisation des instruments de la globalisation dans le Sud, et une capacité maximale à les utiliser par ailleurs. Chez nous les moyens d'information et internet sont utilisés avec force pour développer des politiques sécuritaires, l'information sur les individus ».
Une alternative
Face à tout cela se pose la question de l'alternative pour les sociétés musulmanes : que faire avec mes références islamiques ? «La pensée islamique a besoin d'une révolution intellectuelle pour fonder véritablement une alternative. Mais pour cela il faut revenir à notre connaissance de l'Islam. Ma thèse fondamentale est que l'Islam n'est pas une culture. L'Islam est un corps de principes universels qui va intégrer les cultures spécifiques : on intègre dans une culture tout ce qui ne s'oppose pas aux principes (Al-‘orf). Comprenez bien : En disant cela je ne pose pas la « culture islamique » à l'intérieur de la globalisation, mais je pose la référence islamique comme un corps de principes universels. «Oua mâ Arsalnaka illa rahmatan lilâlamîn : Nous ne T'avons envoyé que comme miséricorde pour les mondes». Et ce n'est pas pour l'Arabie, c'est pour « les mondes », et ce sont des références universelles. L'Islam se dit avec humilité dans la paix et la dignité. Ce n'est pas une armure qu'on présente chaque fois qu'on est agressé (verbalement, intellectuellement), c'est une lumière avec laquelle on vit tous les jours. Une façon d'être avec Dieu et avec les hommes». En Islam on est perdu si on perd l'axe fondamental : «Ne soyez pas comme ceux qui ont oublié Dieu Qui alors a fait en sorte qu'ils s'oublient eux-mêmes. Ça c'est le Tawhid : le principe universel : La ilâha illâ Allah», rappelle Pr Ramadan. Et aussi la notion de Wahdat al-woujoud d'Ibn Arabi : oublier Dieu c'est oublier soi-même, c'est oublier le meilleur de soi qui est en nous qui fait que nous sommes unis à Dieu, unis dans l'Unicité. « Cet axe-là si les Musulmans le quittent aujourd'hui, ils n'ont aucune alternative à la globalisation, reprend notre conférencier. Parce que c'est cet axe-là qui fait rayonner tout le reste en matière de valeur. Au-delà de tout ce que nous faisons, il y a le Créateur de tout ce que nous sommes. Et pourquoi aujourd'hui sortent toutes ces thèses sur le danger de l'Islam ? Parce que ce que nous sommes en train de définir ce n'est pas une culture périphérique, c'est une référence universelle : c'est un universel qui rencontre un autre universel. Nous sommes pour la paix quand il y a justice».
Pr Ramadan insite sur deux qualités du Musulman : résistant et réformateur. Résistant à tout ce qui est injuste et réformateur pour que ça devienne plus juste. « Résister et réformer, même quand tu es tout seul dans ta chambre : tu te regardes dans la glace et tu sais qu'il y a des choses auxquelles tu dois résister (tes mauvais penchants, agressivité, égoïsme…) et réformer ce qui est perfectible. Les principes universels sont fondés sur « Inna Allah yaemourou bil'adl » : Dieu commande la justice. Voilà ce que l'Islam nous dit en tant que corps de principes universels : je ne discute pas dans la globalisation comme une minorité par rapport à une majorité, je lui fais face de l'universel à l'universel». J'englobe la globalisation. Le Message que je porte est l'ultime. «C'est celui de Khatim Al-Anbiae Prière et Salut Divins sur lui. Le Prophète qui scelle le message, le plus parfait des Prophètes. Je porte ce Message qui est un corps de valeurs pour dire La Valeur. C'est une affirmation dans la dignité, pas une résistance dans la crainte».
Pr Ramadan nous fait remarquer que le monde musulman est malade, pas l'Islam, qui montre une santé extraordinaire : notre problème est un complexe d'infériorité par manque de connaissance, un manque de rapport à la dignité, aux valeurs. «Les valeurs universelles se révèlent déjà au travers du premier témoignage : la chahada. Et puis on suit une voie, celle du Prophète PSDsl : Etre (la chahada) et rester (la chari'a) ce que l'on est. La loi dans la voie : le but c'est aller vers Dieu. Tout est présenté en Islam sous forme de cheminement et de dynamisme. Nous allons vers la Lumière qui nous a mis sur Terre : un sens à notre vie : le sens de la fidélité que nous devons comprendre par la chariâ. La voie qui va vers la source et dont la prescription juridique n'est qu'un des éléments. Car sans lumière dans le cœur on ne voit pas les bords de la route. Halal ou haram, si tu n'as pas de lumière dans ton cœur tu vas te cogner». Et cette lumière dans le cœur c'est l'amour de Dieu.
Identité intégratrice
L'une de nos plus grandes forces par rapport à la globalisation, c'est donc le message spirituel de l'Islam, pour la construction de notre intelligence. «Si vous pensez que ce qui compte c'est la compétence intellectuelle et professionnelle, la performance financière la réussite dans l'entreprise, ou dans votre profession libérale tandis que votre cœur est rongé, alors vous avez perdu en pensant que vous avez gagné, met en garde Pr Ramadan. Si vous ne travaillez pas votre cœur qu'importe votre porte-monnaie, vous êtes perdus. « Souviens-toi de Dieu dans l'aisance. Il se souviendra de toi dans la difficulté ». Il y a des « Musulmans » ignorants de leur religion, occidentalisés jusqu'à la moelle, mais au moment où ça ne va ne va pas ils disent : au nom de Dieu. Allah Soubhanahou wa ta'âla n'est pas un nom qu'on dit par procuration. Dieu ne laisse jamais quelqu'un à son désespoir. La résistance passe par l'éducation. L'Islam est une référence qui dialogue avec le tout, nous sommes des réformateurs. Et je me définis Musulman par mes références, pas contre l'Occident. Le Musulman, c'est lui qui intègre, pas qui doit s'intégrer : j'intègre de la culture internationale tout ce qui ne s'oppose pas à l'Islam. Tout ce qui est occidental n'est pas mauvais mais tout ce qui est occidental n'est pas forcément bon : je sélectionne. C'est une identité intégratrice ». Comment doit-on être aujourd'hui dans le monde mondialisé ? Ce que ma conscience, ma présence, mon action devant Dieu doivent être : «être témoin du Message (dar al-chahada), litakounou chouhada ‘ala al-nâss. Autant en Orient qu'en Occident cette conscience doit développer une vraie connaissance.
Connaissance même de notre langue. Les Arabes ont été eux-mêmes les destructeurs de leur langue, par la défficience de leur pédagogie dans l'enseignement. Or l'arabe est un des champs de résistance, par sa richesse, son art, sa force esthétique. Nos pays doivent se réapproprier leur langue, mais maîtriser aussi les autres langues. Le jour du jugement dernier vos enfants auront des droits sur vous : qu'avez-vous fait pour notre éducation ?».
L'alternative, ce n'est pas singer les autres. Construire, par exemple des lobby, parce que d'autres l'ont fait avant nous. La propagande, ce n'est pas notre culture et nous n'en avons pas besoin. Notre conscience musulmane est suffisante. «L'autre grand problème des pays musulmans ce sont les peuples démissionnaires, indique Pr Ramadan. On bricole par des portes de sorties dans un monde hostile à nos principes. Chez nous le début d'une citoyenneté réelle est une spiritualité active. Plus la foi est profonde plus elle exige une intelligence au travail». Travaillons notre relation de cœur à Dieu, la connaissance de nos sources qui incluent notre environnement pour trouver cette alternative à l'ère de la globalisation.
