Quand le signal fut donné, ils étaient bien plus de la quinzaine requise à se précipiter dans les couloirs. De chaque côté de l'orchestre, deux petits groupes furent installés.
Pendant ce joyeux manège, Farid Bensaïd, directeur de l'orchestre et violon solo, présentait chaque famille d'instruments : les cordes, les vents, les cuivres, les percussions. Une révision pour les enfants qui étaient déjà venus aux concerts pédagogiques, une découverte pour les autres. Objectif affiché par l'orchestre : suivre son jeune public, en lui apportant des connaissances musicales supplémentaires à chaque concert. Pour celui du Nouvel An, gros plan sur les flûtes, qui ont joué un air de Carmen, puis sur les percussions. Après avoir rappelé que le premier instrument, commun à tous, est la voix. Illustration sur une série de «bonjours» échangés entre Farid Bensaïd et les enfants. Ceux-ci visiblement enchantés d'exercer leurs cordes vocales en modulant du pianissimo au fortissimo, du timide au tonitruant. Les bambins étaient à la fête. Le plus sage devait avoir un an : tenant à peine sur ses petites jambes, il oscillait, hilare, les yeux autant écarquillés que les oreilles. Pour les autres, le spectacle avait commencé, le rythme était dansant, mais pas question de rester assis : ils écoutaient, regardaient et continuaient à circuler.
On aurait pu croire la musique renvoyée dans le décor. Point du tout : si l'immobilité de mise semblait renvoyée au placard des coutumes «pour adultes», tous les mouvements convergeaient vers la scène. C'était presque un mot d'ordre : «on va tous monter à tour de rôle». La meilleure place : au centre. Là où Jean-Charles Biondi, le chef d'orchestre présenté comme un «pilote», a posté deux petits privilégiés à ses pieds. Ne sachant trop s'ils devaient regarder devant ou derrière, ils restaient sages, tenus par l'évidence stratégique de leur perchoir.
Bons joueurs, les musiciens enchaînaient des pièces courtes extraites de leur programme viennois : La Pie Voleuse, un Paso Doble, une marche florentine... Entre deux morceaux, Farid Bensaïd -très pédagogue- reprenait son micro pour présenter chaque titre et l'esprit dans lequel ils allaient le jouer.
Activité rare et efficace pour un orchestre classique : instaurer un véritable dialogue avec son public. Et comme au guignol, Farid Bensaid de lancer : «vous en voulez encore ?» La plupart en redemandait.
Pour le dernier air, répertoire international, tous battaient des mains et des jambes. D'autant que c'était Justine, la petite qui était restée aux pieds du chef d'orchestre, qui, à présent, «orchestrait» les applaudissements. A la fin, elle fut chaudement félicitée. Et enviée : un petit garçon annonçant que lui aussi voulait devenir chef d'orchestre. Justine paraissait un peu sonnée : diriger près de 800 personnes à huit ans, c'est impressionnant. Pour Clémentine aussi c'était une première : élève de la classe du flûte de l'école de musique depuis six ans, son professeur lui avait proposé de jouer certains morceaux avec l'orchestre pour le concert du Nouvel An. Elle a suivi les répétitions, au rythme des professionnels. Elle n'était pas toute seule dans la cour des grands : d'autres élèves de l'école faisaient partie de l'aventure. Mais pour le concert du soir, ils se sont éclipsés.
En marche vers le Danube
20h30. C'était l'heure des adultes et des grands parents. Ils étaient presque aussi nombreux que les enfants, mais plus posés. «Musique viennoise, musique de fête», le mot n'est pas passé : le sérieux était de rigueur, presque trop.
L'orchestre était appliqué, concentré. Mais l'ensemble manquait de légèreté, de souplesse et restait trop timide dans les nuances. Les violons, couvrant les autres instruments, avaient l'archet un peu lourd. «Il s'agit de musique légère mais c'est un programme difficile et nous n'avons eu que deux mois pour le travailler» avait confié Farid Bensaid. A leur décharge aussi, l'acoustique de la salle, pourtant corrigée par des panneaux de bois spécialement installés.
Le programme annonçait : «Les compositeurs «légers» sont prolifiques, écrivent vite, ont un succès d'un jour, et tombent dans l'oubli. On ne les connaît même plus aujourd'hui. Une exception : les Strauss. (...)C'est sans conteste Johann II (Strauss) qui donnera à la valse ses lettres de noblesse, faisant de chacune de ces ouvertures un véritable petit poème symphonique». De Strauss en Strauss, les valses étaient un peu «pompières». Le «Paso Doble» de José Padilla a eu ses amateurs mais le moment de grâce échut au compositeur Iosif Ivanovici avec Les flots du Danube. Un air joli et enlevé, à la fois rythmé et doucement nostalgique, murmuré par l'orchestre comme une chanson au bord du fleuve. Cette petite originalité du programme fut aussi celle de la soirée.
Qui s'est achevée dans la bonne humeur : pas moins de trois rappels brodant sur des thèmes gais jusqu'à scander des voeux de bonne année sur le «French cancan». Comme tous les ans, l'orchestre a chanté «Sana Saida» ornementée de paroles écrites par un des choristes. Bonnes impressions dans le public : «Il y a deux femmes trompettistes» remarquait-on par ci. Par là, on trouvait Jean-Charles Biondi, le chef d'orchestre, «rigolo à sautiller comme ça». Comme dans l'après-midi, il orchestrait les applaudissements, menant à la baguette des spectateurs qui s'emballaient. Un jeu qui, manifestement, plaît à tout âge.
Pendant ce joyeux manège, Farid Bensaïd, directeur de l'orchestre et violon solo, présentait chaque famille d'instruments : les cordes, les vents, les cuivres, les percussions. Une révision pour les enfants qui étaient déjà venus aux concerts pédagogiques, une découverte pour les autres. Objectif affiché par l'orchestre : suivre son jeune public, en lui apportant des connaissances musicales supplémentaires à chaque concert. Pour celui du Nouvel An, gros plan sur les flûtes, qui ont joué un air de Carmen, puis sur les percussions. Après avoir rappelé que le premier instrument, commun à tous, est la voix. Illustration sur une série de «bonjours» échangés entre Farid Bensaïd et les enfants. Ceux-ci visiblement enchantés d'exercer leurs cordes vocales en modulant du pianissimo au fortissimo, du timide au tonitruant. Les bambins étaient à la fête. Le plus sage devait avoir un an : tenant à peine sur ses petites jambes, il oscillait, hilare, les yeux autant écarquillés que les oreilles. Pour les autres, le spectacle avait commencé, le rythme était dansant, mais pas question de rester assis : ils écoutaient, regardaient et continuaient à circuler.
On aurait pu croire la musique renvoyée dans le décor. Point du tout : si l'immobilité de mise semblait renvoyée au placard des coutumes «pour adultes», tous les mouvements convergeaient vers la scène. C'était presque un mot d'ordre : «on va tous monter à tour de rôle». La meilleure place : au centre. Là où Jean-Charles Biondi, le chef d'orchestre présenté comme un «pilote», a posté deux petits privilégiés à ses pieds. Ne sachant trop s'ils devaient regarder devant ou derrière, ils restaient sages, tenus par l'évidence stratégique de leur perchoir.
Bons joueurs, les musiciens enchaînaient des pièces courtes extraites de leur programme viennois : La Pie Voleuse, un Paso Doble, une marche florentine... Entre deux morceaux, Farid Bensaïd -très pédagogue- reprenait son micro pour présenter chaque titre et l'esprit dans lequel ils allaient le jouer.
Activité rare et efficace pour un orchestre classique : instaurer un véritable dialogue avec son public. Et comme au guignol, Farid Bensaid de lancer : «vous en voulez encore ?» La plupart en redemandait.
Pour le dernier air, répertoire international, tous battaient des mains et des jambes. D'autant que c'était Justine, la petite qui était restée aux pieds du chef d'orchestre, qui, à présent, «orchestrait» les applaudissements. A la fin, elle fut chaudement félicitée. Et enviée : un petit garçon annonçant que lui aussi voulait devenir chef d'orchestre. Justine paraissait un peu sonnée : diriger près de 800 personnes à huit ans, c'est impressionnant. Pour Clémentine aussi c'était une première : élève de la classe du flûte de l'école de musique depuis six ans, son professeur lui avait proposé de jouer certains morceaux avec l'orchestre pour le concert du Nouvel An. Elle a suivi les répétitions, au rythme des professionnels. Elle n'était pas toute seule dans la cour des grands : d'autres élèves de l'école faisaient partie de l'aventure. Mais pour le concert du soir, ils se sont éclipsés.
En marche vers le Danube
20h30. C'était l'heure des adultes et des grands parents. Ils étaient presque aussi nombreux que les enfants, mais plus posés. «Musique viennoise, musique de fête», le mot n'est pas passé : le sérieux était de rigueur, presque trop.
L'orchestre était appliqué, concentré. Mais l'ensemble manquait de légèreté, de souplesse et restait trop timide dans les nuances. Les violons, couvrant les autres instruments, avaient l'archet un peu lourd. «Il s'agit de musique légère mais c'est un programme difficile et nous n'avons eu que deux mois pour le travailler» avait confié Farid Bensaid. A leur décharge aussi, l'acoustique de la salle, pourtant corrigée par des panneaux de bois spécialement installés.
Le programme annonçait : «Les compositeurs «légers» sont prolifiques, écrivent vite, ont un succès d'un jour, et tombent dans l'oubli. On ne les connaît même plus aujourd'hui. Une exception : les Strauss. (...)C'est sans conteste Johann II (Strauss) qui donnera à la valse ses lettres de noblesse, faisant de chacune de ces ouvertures un véritable petit poème symphonique». De Strauss en Strauss, les valses étaient un peu «pompières». Le «Paso Doble» de José Padilla a eu ses amateurs mais le moment de grâce échut au compositeur Iosif Ivanovici avec Les flots du Danube. Un air joli et enlevé, à la fois rythmé et doucement nostalgique, murmuré par l'orchestre comme une chanson au bord du fleuve. Cette petite originalité du programme fut aussi celle de la soirée.
Qui s'est achevée dans la bonne humeur : pas moins de trois rappels brodant sur des thèmes gais jusqu'à scander des voeux de bonne année sur le «French cancan». Comme tous les ans, l'orchestre a chanté «Sana Saida» ornementée de paroles écrites par un des choristes. Bonnes impressions dans le public : «Il y a deux femmes trompettistes» remarquait-on par ci. Par là, on trouvait Jean-Charles Biondi, le chef d'orchestre, «rigolo à sautiller comme ça». Comme dans l'après-midi, il orchestrait les applaudissements, menant à la baguette des spectateurs qui s'emballaient. Un jeu qui, manifestement, plaît à tout âge.
