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La bataille de Bagdad, une aventure... risquée!

En route vers Bagdad, les troupes américaines et britanniques se préparent à y pénétrer de force, mais cette opération de prise de contrôle d'une métropole de plus de cinq millions d'habitants, centre du pouvoir en Irak, s'annonce comme une opération à ha

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La perception de ce qui peut attendre dans la capitale irakienne les troupes de la coalition américano-britannique, qui agissent sans mandat international spécifique, a radicalement changé depuis le début le 20 mars de l'opération "Liberté de l'Irak".
Les combats dans le sud du pays ont en effet marqué la volonté de résistance de structures liées au régime, comme les miliciens du parti Baas, mais aussi des tribus prêtes à défendre l'idée qu'elles se font de leur indépendance.
La neutralité des populations chiites, ordonnée par l'encadrement politique et religieux de cette communauté majoritaire sur laquelle Washington et Londres comptaient, a donné également la mesure de la méfiance avec laquelle les troupes étrangères sont accueillies en Irak.
La perspective d'un accueil enthousiaste des Bagdadis, applaudissant à l'arrivée des soldats américains venus les libérer de Saddam Hussein, qui aurait été lui même rapidement éliminé dans des bombardements ciblés, semble aujourd'hui évanouie.
La détermination des autorités irakiennes à ne pas céder sous la menace d'une fin violente semble entière après six jours de bombardements.
"La direction irakienne n'a pas été décapitée", a souligné lundi le vice-premier ministre Tarek Aziz. Et il a prévenu que les troupes américaines et britanniques seraient accueillies par les habitants de Bagdad "avec la meilleure musique et les meilleures fleurs de l'Irak", promettant ainsi une forte résistance.
La ville elle-même est parfaitement quadrillée par les miliciens du parti Baas, dont le nombre est difficile à évaluer mais qui sont omniprésents dans chaque rue et chaque pâté de maisons de la capitale irakienne.
Autour de Bagdad, le dispositif de défense de la ville est soumis depuis 48 heures à des bombardements intensifs, censés éroder la combativité des troupes d'élites chargées de protéger le régime.
L'impact de ce pilonnage est difficile à évaluer, mais les Irakiens ont surpris les experts, faisant preuve au sud d'une souplesse qui leur a permis de déjouer la puissance de feu américaine.
Il serait dès lors étonnant que l'armée et la Garde républicaine ait conservé sa tradition de lignes de défense statiques, de regroupements de chars à moitié enterrés, ou de campements à découvert, cibles parfaites pour les bombardiers américains.
Ce changement dans la stratégie irakienne avait été exprimé par des militaires irakiens avant le début des opérations: ils parlaient de la volonté d'"absorber le premier choc" et d'"aspirer" les troupes américaines vers les villes et en particulier Bagdad.
C'est ce défi qui se posera aux stratèges américains dans quelques jours. Ils seront confrontés au choix d'entrer dans Bagdad et risquer un affrontement périlleux sans garantie d'une neutralisation rapide de Saddam Hussein et de ses principaux lieutenants. Une telle bataille de rues s'accompagnerait de risques importants pour la population civile et risquerait de porter le coup de grâce à la vision d'une opération conduite au bénéfice des Irakiens.
Elle pourrait également révéler, comme l'ont fait les combats dans le sud, les éléments même hétérogènes d'une "résistance nationale", qui ferait apparaître l'opération américano-britannique comme une aventure de type colonial.
Une autre solution serait d'encercler la ville et d'éroder sa résistance par des bombardements, offrant alors le spectacle sans précédent dans l'histoire récente de deux nations occidentales assiégeant une capitale arabe pour en changer le régime.
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