Deux ans après sa mort, le commandant Ahmad Shah Massoud, figure emblématique de la lutte contre les talibans, est devenu «héros national» afghan, et demeure depuis lors intouchable. Le 9 septembre 2001, Massoud trouvait la mort dans un attentat suicide à l'explosif perpétré par deux faux journalistes et attribué à l'organisation al-Qaïda.
Entouré d'un imposant dispositif de sécurité, l'ensemble du gouvernement et le président Hamid Karzaï avaient pris place dans la tribune d'honneur, aux côtés des plus connus des leaders moudjahidines et anciens compagnons d'armes du commandant Massoud.
Les trois frères du leader de la résistance, ainsi que son jeune fils, Ahmad Massoud, la tête couverte du traditionnel pakol (chapeau afghan) dont ne séparait jamais son père, étaient également présents, devant un parterre de diplomates et d'officiels.
Le portrait du charismatique chef de la résistance à l'envahisseur soviétique est partout dans Kaboul, mais tous les Afghans ne se reconnaissent pas dans le «héros national afghan» et associent son image à la domination de ses anciens compagnons d'armes sur le nouveau pouvoir.
«L'image omniprésente de Massoud, c'est le symbole de la victoire de l'Alliance du Nord sur les talibans, l'ordre du vainqueur, le parti qui a pu s'emparer de la capitale à la faveur de l'offensive américaine», résume un observateur étranger.
Rares sont ceux à Kaboul qui osent publiquement critiquer le martyr. «L'homme est incontestablement une figure nationale, une personnalité hors du commun», note la même source. Mais de nombreux Kaboulis ont conservé le douloureux souvenir des bombardements et des exactions de ses moudjahidines pendant la guerre civile (1992-1996).
Presque deux ans après la chute du régime des talibans, le culte du commandant Massoud ne doit pas masquer, en particulier aux yeux des Occidentaux, une importante réalité politique.
A l'image du «monument Massoud», bloc de ciment inachevé érigé sur un des principaux rond-points de la capitale et dont les travaux ont été stoppés faute de crédits, le processus de reconstruction du nouvel Etat afghan marque le pas: la faute aux camarades d'»Amer Sahib» («Monsieur le directeur», un des noms de guerre de Massoud), n'hésitent plus à affirmer certains analystes.
Les frères d'armes de Massoud ont perdu leur aura et leur prestige de libérateurs. Dominant outrageusement le nouveau pouvoir, les hommes de l'Alliance du Nord font obstacle à la reconstruction de la nouvelle administration en refusant de céder de leur influence, estime dans son dernier rapport l'organisation International crisis Group (ICG).
Tous les ministères-clés - à l'exception notable des Finances -, l'armée, les services de renseignements et la police restent aux mains de ces hommes d'ethnie tadjike, originaires pour la plupart comme leur chef de la vallée du Panchir, au nord de Kaboul.
Un programme crucial de désarmement des milices, soutenu par l'ONU et prévu en juillet, a ainsi été reporté sine die, en attendant la mise en oeuvre d'une hypothétique réforme pour rééquilibrer ethniquement et politiquement le ministère de la Défense.
«Nous avons chassé l'envahisseur soviétique, défait la barbarie taliban, nous nous battons depuis plus de 20 ans pour l'Afghanistan et avons fait d'énormes sacrifices», se défend Massoud Khalili, un des plus fidèles collaborateurs du «Lion du Panchir».
«Nous avons accepté de partager le pouvoir, mais nous refusons que l'on nous prive de notre victoire», s'offusque-t-il, citant l'exemple du général Charles De Gaulle en France au lendemain de la Seconde guerre mondiale.
«Le ressentiment au sein de la majorité pachtoune fait courir un très sérieux risque au fragile processus de stabilisation en Afghanistan», prévient pour sa part ICG, qui s'inquiète de la «monopolisation» du pouvoir par les Panchiris.
Entouré d'un imposant dispositif de sécurité, l'ensemble du gouvernement et le président Hamid Karzaï avaient pris place dans la tribune d'honneur, aux côtés des plus connus des leaders moudjahidines et anciens compagnons d'armes du commandant Massoud.
Les trois frères du leader de la résistance, ainsi que son jeune fils, Ahmad Massoud, la tête couverte du traditionnel pakol (chapeau afghan) dont ne séparait jamais son père, étaient également présents, devant un parterre de diplomates et d'officiels.
Le portrait du charismatique chef de la résistance à l'envahisseur soviétique est partout dans Kaboul, mais tous les Afghans ne se reconnaissent pas dans le «héros national afghan» et associent son image à la domination de ses anciens compagnons d'armes sur le nouveau pouvoir.
«L'image omniprésente de Massoud, c'est le symbole de la victoire de l'Alliance du Nord sur les talibans, l'ordre du vainqueur, le parti qui a pu s'emparer de la capitale à la faveur de l'offensive américaine», résume un observateur étranger.
Rares sont ceux à Kaboul qui osent publiquement critiquer le martyr. «L'homme est incontestablement une figure nationale, une personnalité hors du commun», note la même source. Mais de nombreux Kaboulis ont conservé le douloureux souvenir des bombardements et des exactions de ses moudjahidines pendant la guerre civile (1992-1996).
Presque deux ans après la chute du régime des talibans, le culte du commandant Massoud ne doit pas masquer, en particulier aux yeux des Occidentaux, une importante réalité politique.
A l'image du «monument Massoud», bloc de ciment inachevé érigé sur un des principaux rond-points de la capitale et dont les travaux ont été stoppés faute de crédits, le processus de reconstruction du nouvel Etat afghan marque le pas: la faute aux camarades d'»Amer Sahib» («Monsieur le directeur», un des noms de guerre de Massoud), n'hésitent plus à affirmer certains analystes.
Les frères d'armes de Massoud ont perdu leur aura et leur prestige de libérateurs. Dominant outrageusement le nouveau pouvoir, les hommes de l'Alliance du Nord font obstacle à la reconstruction de la nouvelle administration en refusant de céder de leur influence, estime dans son dernier rapport l'organisation International crisis Group (ICG).
Tous les ministères-clés - à l'exception notable des Finances -, l'armée, les services de renseignements et la police restent aux mains de ces hommes d'ethnie tadjike, originaires pour la plupart comme leur chef de la vallée du Panchir, au nord de Kaboul.
Un programme crucial de désarmement des milices, soutenu par l'ONU et prévu en juillet, a ainsi été reporté sine die, en attendant la mise en oeuvre d'une hypothétique réforme pour rééquilibrer ethniquement et politiquement le ministère de la Défense.
«Nous avons chassé l'envahisseur soviétique, défait la barbarie taliban, nous nous battons depuis plus de 20 ans pour l'Afghanistan et avons fait d'énormes sacrifices», se défend Massoud Khalili, un des plus fidèles collaborateurs du «Lion du Panchir».
«Nous avons accepté de partager le pouvoir, mais nous refusons que l'on nous prive de notre victoire», s'offusque-t-il, citant l'exemple du général Charles De Gaulle en France au lendemain de la Seconde guerre mondiale.
«Le ressentiment au sein de la majorité pachtoune fait courir un très sérieux risque au fragile processus de stabilisation en Afghanistan», prévient pour sa part ICG, qui s'inquiète de la «monopolisation» du pouvoir par les Panchiris.
