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Le livre : les bijoux en or du Maroc

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L’écrivain Ahmed Sefrioui, en ancien directeur de notre patrimoine, a réfléchi sur la valeur symbolique des parures en or. Comme offrande, un bijou actualise un rapport d’amour entre celui qui le porte et celui qui l’a offert. Mais aussi “les bijoux représentent les richesses inconnues de l’inconscient. Ils sont énergie et lumière”.

Une manière plus concrète, inscrite dans notre cérémonie du mariage où l’image d’une famille est en jeu, en est la profusion : “La parure de la mariée, relève Sefrioui, lors de sa présentation quotidienne durant les sept jours de mariage se composait d’une telle quantité de bijoux que seules les familles très riches pouvaient l’offrir à l’épousée.

Aussi, les marieuses ou neggafas, à Fès en particulier, · louaient aux familles modestes, avec leurs services pour les cérémonies, les quantités de bijoux nécessaires à l’honneur de la famille”. En expert, Ahmed Sefrioui a situé la collection de Abderrahman Slaoui, qui constitue l’objet de ce livre catalogue, entre le XIXème et le début du XXème siècles, et qui en fait d’elle l’une des plus remarquables.

Il a pu conclure, satisfait : «Il était temps, dans une époque où il est question de mondialisation, de préserver pour les générations à venir les œuvres des maîtres-bijoutiers, témoins de la spécificité d’une époque et des aspirations d’un peuple. En avoir rassemblé les plus beaux exemples demeure le grand mérite du présent ouvrage».

Sur les techniques de la bijouterie marocaine, le texte de Houcine Kasri est d’une précision d’orfèvre. D’abord, rappelant les appellations nombreuses pour un métier de prestige : des Sakkaka, Sayyagha et Sawwagha qui avaient à leur tête un amine, il précise que dans les centres citadins leurs corporations étaient bien organisées.

Le martelage, le ciselage, l’emboutissage et le repoussage sont la somme des actes de l’artisan bijoutier pour donner forme au métal brut. Pour les outils, la liste est exhaustive, et nous sommes surpris de la diversité de ces éléments.

Elle nous rappelle que la bijouterie est un métier très complexe. Sur l’histoire de ce métier, Houcine Kasri confirme, après Mazel et Sefrioui, l’apport de l’héritage hispano-mauresque, et sa légion de maîtres-juifs. D’une manière ramassée, il conclut son étude dans ses termes : «Si nous devons tirer une conclusion de ce qui précède, ce sera celle de l’interculturalité des techniques et de l’esthétique dont les anciennes capitales telles que Fès, Meknès et Marrakech et des villes andalouses du nord marocain se font l’écho, tout en l’innovant, en terre marocaine».

Voici donc un livre qui réunit de très savants commentaires sur une collection rare et prestigieuse. Sera-t-il le catalogue de référence pour un futur musée spécialisé, et qui, dans une belle demeure, comblera plus d’un amateur d’art ? Nous manquons au Maroc de musées spécialisés, et cela est un manquement préjudiciable à la richesse de notre patrimoine. Cette collection bien étudiée - tous ses éléments sont légendés par le conservateur Houcine Kasri - n’a plus qu’à chercher une demeure à sa hauteur, pour toujours, l’or étant éternel, et la protéger ainsi d’un éparpillement éventuel.

Aux éditions «Malika»
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