Menu
Search
Jeudi 25 Décembre 2025
S'abonner
close
Jeudi 25 Décembre 2025
Menu
Search

Les "navetteurs" mènent un dur train de vie

Nombreux sont ceux qui travaillent à Casablanca et habitent Rabat. Nécessité oblige ! Ont-ils le temps de connaître la métropole ou bien le métier les « absorbe » sans se rendre compte ? Deux choses semblent, en fait, les préoccuper : le travail et le tra

No Image
Casablanca, grande métropole, ville portuaire et capitale économique du pays, est la direction préférée de tous ceux qui aspirent à trouver un travail. Instruits et moins instruits gardent un vif espoir de trouver une occasion de «gain-pain» dans une ville qui abrite 50 % de l'activité économique nationale. Mais si certains préfèrent s'installer sur place pour être près du lieu de leur travail, d'autres se disent contraints d'habiter dans une ville proche.
Le train reste le moyen le plus prisé par les «navetteurs» quoi qu'il soit plus cher que l'autocar ou le taxi. La majorité vient de la capitale du Royaume ou de Kénitra.
Les responsables de l'Office national des chemins de fer ont constaté cette mobilité. En effet, pas moins de 58 TNR par jour assurent la liaison entre Rabat et Casablanca. Les départs sont rythmés à intervalle fixe de 30 minutes, avec des horaires ronds et similaires dans les deux sens : Rabat ville-Casa port et retour. Ces horaires sont valables tous les jours de la semaine de 6h30 à 20h30. Il est vrai qu'ils sont adaptés quel que soit le système de travail, normal ou continu. Mais, là n'est pas la question pour des centaines de personnes qui, malgré eux, pensent jour et nuit à une seule chose : «ne pas rater le train». Ahmed, un R'bati de 43 ans, est cadre dans une grande multinationale. Chaque matin, il se réveille, au plus tard, à 6h du matin pour être au travail à 9h. Depuis cinq ans, il se retrouve à cheval entre son ancien mode de vie et ses nouvelles occupations. Pour lui, la priorité est d'arriver à passer du temps avec ses deux enfants. Quand il retourne à Rabat, c'est une autre existence qui commence. Il ne peut espérer trouver un travail similaire au sien à Rabat. «Casablanca est vraiment la capitale économique du Royaume. Il y a quelques années, je n'osais même pas penser trouver un poste similaire à celui que j'occupe aujourd'hui», annonce-t-il, l'air fier.
Est-il arrivé à connaître la ville où il travaille et passe des heures quotidiennement ?
Ahmed, comme bon nombre de personnes qui ont la même situation que lui, n'a le temps que pour travailler. «Cela fait maintenant cinq ans que je viens quotidiennement à Casablanca. Mais je ne peux prétendre la connaître puisque, quand je termine mon travail, je me hâte vers la gare Casa port pour rejoindre les miens», s'exclame-t-il sans grande conviction. Il n'est pas le seul à vivre le même train-train de vie. Nombreuses sont les contraintes de la vie, se disent les navetteurs. Quelles sont les causes qui les poussent à s'obstiner à ne pas s'installer dans la capitale économique?
Les raisons diffèrent selon les cas. Les mariés ayant des enfants, ne peuvent pas trouver un logement qui sied à leur situation financière en métropole où les lots de terrains se font de plus en plus rares, les appartements de plus en plus chers et le loyer doublement plus onéreux qu'ailleurs. Ils préfèrent, de ce fait, endurer la fatigue de la navette. D'autres, même s'ils sont célibataires, ne pensent absolument pas à résider dans une ville qui leur fait peur, il leur semble qu'ils vont se noyer au milieu des millions de ses habitants. Quelques-uns veulent, par ailleurs, échapper à la pollution qui ne favorise nullement le bien-être des asthmatiques.
Vraies discussions
Mounaïme, 52 ans, est Casablancais de souche. L'année dernière, il a dû quitter la ville pour s'installer à Rabat, mais il y revient chaque matin pour son travail. Raison ? « Je ne pouvais pas rester dans un milieu trop pollué. Ma femme est devenue brusquement asthmatique et ne supportait plus de vivre à Casablanca. Nous avons dû déménager. Heureusement, qu'elle ne travaille pas. Cette décision, quoiqu'un peu stressante pour moi, est bénéfique pour les enfants », dit-il sans le moindre regret.
Les vies de ceux qui sont appelés à faire la navette entre Rabat et Casablanca, malgré toutes les différences, ont bien des choses en commun. Parfois, ils ne se rendent pas compte de la vie qui passe et de l'environnement qui change de physionomie. Néanmoins, à l'intérieur du train, de vraies discussions se nouent, l'espace d'une heure. Pour égayer une ambiance d'attente, ils se créent spontanément de drôles de situations. Chaque matin, ils se dirigent, de Casa Port, vers leurs lieux de travail. Pendant une journée entière, ils se consacreront à leurs métiers. Le stress n'empêche pas la plupart d'entre eux d'accomplir leur devoir professionnel comme il se doit.
Lisez nos e-Papers