Historiquement, le parcours de cette exposition commence dans les années 1870, et s’étend jusqu’à l’aube du vingtième siècle. Plus précisément, de nombreuses photographies ici présentes ont été prises dans les années 1880, lorsque le Maroc s’ouvre au monde extérieur après la conférence de Madrid qui formalise la pénétration économique des grandes puissances européennes. Cette sélection de photographies concerne un moment historique précis, qui est important en ce sens qu’il précède l’annexion du pays par les appétits européens.
Pendant la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, la soif de découverte et de nouveauté était très importante dans le monde occidental. Il s’agissait de voir d’un oeil neuf, ou de voir pour la première fois, des pays, des peuples, des sites et des paysages... Grâce à la photographie, on pouvait non seulement voir mais surtout conserver pour le futur.
Ainsi, cette exposition se propose de faire découvrir –ou redécouvrir– à notre regard contemporain un Maroc autre, et pourtant ni si lointain ni si différent. Ce Maroc, vu avant tout à travers un filtre occidentalisant, fut pour ainsi dire théâtralisé par les photographes européens dont les images sont ici présentées : Léon Davin, Levy & Fils, Gabriel Veyre (français), A. Cavilla (espagnol), James Valentine (anglais), George Washington Wilson (écossais), J.P (dont nous n’avons aucune connaissance si ce n’est par son monogramme).
A la fin du dix-neuvième siècle, le Maroc est un des pays du Maghreb où les occidentaux sont allés le plus tardivement. Au cours de cette période, le pays est fermé sauf Tanger et sa région, dont Tétouan. Les photographies présentes dans cette exposition sont donc situées dans cette partie du pays. Dès leur arrivée, des photographes y installent leurs ateliers. Ils travaillent pour les rares touristes, les résidents occidentaux, et surtout pour les diplomates qui veulent joindre des images à leurs rapports. Beaucoup des ces premières photographies concernent le nord du Maroc, plus facile d’accès parce que proche de l’Espagne, et surtout parce que Tanger avait un statut particulier, une ville internationale, active, commerciale et ouverte (ce qui est toujours le cas aujourd’hui !), capitale des ambassades et des légations étrangères. Ainsi, différentes puissances européennes envoyaient au Maroc leurs diplomates, leurs militaires, principalement afin de voir quel parti ils pourraient tirer de ce pays inconnu mais plein de promesses. C’était le fruit de l’équilibre entre les intérêts européens auxquels la conférence de Madrid donna une plus grande liberté de manœuvre. Le secteur de la photographie, comme la majorité des activités commerciales de Tanger, était alors principalement aux mains de citoyens anglais.
Tanger et Tétouan
Au moment qui nous intéresse, le Maroc n’est pas encore pacifié, c’est une terre agitée de conflits internes, peu de voyageurs qui osent s’y aventurer. Par ailleurs il ne fait pas partie du Grand Tour, périple obligé de tout intellectuel, voyageur ou artiste qui se respecte, incluant Italie, Espagne, Grèce, Turquie, Egypte, Palestine, et Liban. Les richesses du Maroc ne pouvaient cependant rester plus longtemps ignorées.
De par sa position géographique –au croisement de deux mers et deux continents– Tanger est au carrefour de nombreuses influences, qu’elles soient culturelles, politiques ou religieuses. Son histoire a montré que ces influences ont été multiples, et qu’elles ont construit une mémoire très riche, prenant ses sources jusque dans les légendes et la mythologie : Hercule, par exemple, aurait séparé en deux la montagne reliant l’Espagne au Maroc. Tanger et Tétouan auront vu les Carthaginois, les Romains, auront connu la conquête islamique –élément fondateur–. De tous ces courants, Tanger ressortira comme une ville à vocation naturellement internationale.
La raison principale de la présence d’étrangers à Tanger, beaucoup plus qu’ailleurs dans le pays, repose sur la décision prise par le souverain marocain à la fin du dix-huitième siècle de concentrer dans cette ville les représentations diplomatiques étrangères. Grâce à cette décision, les européens pouvaient se rendre facilement à Tanger, alors que le reste du pays était un danger car totalement inconnu, ou presque.
Les photographes et leurs œuvres
Les œuvres présentées ici ont été réalisées par des photographes venant d’horizons très différents, ayant comme point commun d’être européens et de partir à la découverte de l’inconnu.
James Valentine (1815-1880) était un photographe, lithographe et éditeur anglais. Il apprit la technique du daguerreotype à Paris dans les années 1840, et photographiait les vues de Grande-Bretagne afin d’en faire des cartes postales. Il était de surcroît l’un des plus prolifiques photographes- éditeurs de cette période. Il voyagea au Maroc autour de l’année 1875, et neuf des photographies qu’il réalisa alors font partie de l’exposition.
George Washington Wilson (1823-1893), d’origine écossaise, photographia aussi la Grande-Bretagne de long en large ainsi que la famille royale dont il était le photographe officiel. Au début des années 1880, la compagnie qu’il avait fondée était devenue l’une des entreprises de photographie et d’imprimerie les plus connues au monde. Il voyagea dans le sud de l’Espagne et au Maroc, et onze des photographies prises à cette occasion, dont beaucoup de portraits, sont ici présentes.
Gabriel Veyre (1871-1936), auteur du portrait du Sultan Mouley Abd-el-Aziz (photographie n°3) travaillait à ses débuts pour les établissements des frères Lumière. C’est là qu’il fut initié à toutes les techniques photographiques de l’époque. Parcourant le continent sud-américain comme projectionniste itinérant, puis le Japon et l’Indochine, il arrive finalement au Maroc en 1901. Ici, il s’improvise professeur de photographie pour le Sultan pendant quatre ans. Lors de l’arrivée des français en 1907, Veyre se mettra à leur service, et ses reportages seront le premier ensemble en couleur de la documentation photographiques du Protectorat. Il passera le reste de sa vie au Maroc, devenant un important homme d’affaires. Il aura photographié et filmé le pays pendant plus de trente ans.
Nous n’avons pas à ce jour de documentation sur A. Cavilla, dont nous ne connaissons le prénom que par une initiale, et dont nous savons qu’il est de nationalité espagnole. Il est représenté dans cette exposition par douze photographies, des portraits de souverains et de la population marocaine, des paysages. Il fut l’un des premiers à installer son atelier au Maroc, à Tanger en 1885.
Les photographes Lévy & Fils voyagèrent au Maroc en 1889, et nous avons pour témoignage de leurs pérégrinations onze photographies. Nous n’avons aucun détail biographique à leur sujet. Il en est de même pour Léon Davin, qui installa son atelier à Tanger en 1880 (une photographie dans l’exposition), V. Holl et Cie (idem), ainsi que pour J.P (trois photographies), anonyme puisque nous ne connaissons que ses initiales.
Depuis les débuts de la photographie en 1802, les progrès techniques sont frappants. Il faut noter, à partir des années 1860, une industrialisation progressive de la technique photographique. Dès 1875, les tirages à l’albumine se standardisent, et la maîtrise de l’instantané se fait dans les années 1880, remplaçant peu à peu les tirages argentiques ou à l’albumine. A la fin des années soixante-dix et au début des années autre-vingt, se modifient non seulement les techniques et mécanismes photographiques, mais apparaît aussi un nouvel usage intellectuel et une nouvelle manière de voir la production photographique. Avec l’apparition des plaques sèches, les photographes gagnèrent une grande autonomie de mouvements. Ces quelques années sont une période-clé dans l’histoire de la photographie.
Il est important de noter que l’apparition de la photographie a été tardive au Maroc, par rapport aux pays voisins tels que l’Algérie ou la Tunisie. En effet, le Maroc était alors comme nous l’avons vu un endroit peu propice aux voyages. Les photographes- voyageurs étaient en général chargés d’une mission gouvernementale ou prêts à se lancer dans le commerce, comme par exemple James Valentine. Les photographes européens installés au Maroc possédaient souvent une structure d’édition pour diffuser des cartes postales. Leur regard «occidental» est surtout présent dans les portraits. En effet, la plupart de ces portraits ont été pris en atelier, avec des décorations, des costumes particuliers. Les portraits par ailleurs posent un autre problème à notre regard et à notre perception de ces photographies. En effet, l’interdit coranique de représenter figurativement l’être humain était pour le photographe présent en terre musulmane une difficulté à contourner. Ainsi, les modèles étaient-ils souvent des personnes de confession juive, pour lesquelles être pris en photo ne posait pas de problème ; parfois également des modèles féminins rémunérés, qui jouaient des rôles prédéterminés : suivante, courtisane, domestique, paysanne... Néanmoins, comme les personnages pris au vol dans les photographies de rues ou de marchés, ces sujets détournent souvent le regard.
Images et Témoignages
L’interêt des photographes se tourne aussi vers les édifices historiques, les scènes-types. L’exotisme, le pittoresque, mais parfois aussi le colonialisme, sont de mise. Aujourd’hui, ces photographies ont un puissant pouvoir évocateur de ce que pouvaient être à la fin du dix-neuvième siècle les rues, les marchés et souks, la population de Tanger et Tétouan. Il s’agit d’oeuvres d’art ayant en même temps une importance documentaire et historique.
Au dix-neuvième siècle, peinture et photographie ont beaucoup en commun en Orient, les thèmes choisis étant les mêmes. Nous retrouvons le même imaginaire chez les peintres Orientalistes et chez les photographes- voyageurs. Leur terrain d’études était l’Orient, mais leur esprit était tourné vers l’Occident. Ainsi, ces photographies de la fin du dix-neuvième siècle sont des documents très importants, montrant comment les photographes de l’époque appréhendaient ce sujet.
Ces photographies sont avant tout un témoignage du patrimoine tangérois, des preuves visuelles d’un passé à redécouvrir. Mais elles ont aussi aussi une valeur artistique, esthétique. La question de la photographie comme art visuel se posait au dix-neuvième siècle : Baudelaire dans ses critique d’art refusait de voir un art en la photographie, qui selon lui tuerait la peinture par sa volonté de représentation fidèle à la réalité. Or, cet ensemble de photographies est pourtant d’une grande beauté, et dépasse son rôle premier d’information, de documentation, de découverte.
* Historienne d’art
Programme de l’exposition
TANGER ET TETOUAN
LES DEBUTS DE LA PHOTOGRAPHIE
1870 - 1900
Du vendredi 20 juin au mercredi 30 août 2003
Galerie Delacroix
(entrée libre, tous les jours, sauf le lundi, de 10H à 13H et de 16H à 21H)
Livre catalogue de l’exposition 100 pages- 200DH.
Pendant la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, la soif de découverte et de nouveauté était très importante dans le monde occidental. Il s’agissait de voir d’un oeil neuf, ou de voir pour la première fois, des pays, des peuples, des sites et des paysages... Grâce à la photographie, on pouvait non seulement voir mais surtout conserver pour le futur.
Ainsi, cette exposition se propose de faire découvrir –ou redécouvrir– à notre regard contemporain un Maroc autre, et pourtant ni si lointain ni si différent. Ce Maroc, vu avant tout à travers un filtre occidentalisant, fut pour ainsi dire théâtralisé par les photographes européens dont les images sont ici présentées : Léon Davin, Levy & Fils, Gabriel Veyre (français), A. Cavilla (espagnol), James Valentine (anglais), George Washington Wilson (écossais), J.P (dont nous n’avons aucune connaissance si ce n’est par son monogramme).
A la fin du dix-neuvième siècle, le Maroc est un des pays du Maghreb où les occidentaux sont allés le plus tardivement. Au cours de cette période, le pays est fermé sauf Tanger et sa région, dont Tétouan. Les photographies présentes dans cette exposition sont donc situées dans cette partie du pays. Dès leur arrivée, des photographes y installent leurs ateliers. Ils travaillent pour les rares touristes, les résidents occidentaux, et surtout pour les diplomates qui veulent joindre des images à leurs rapports. Beaucoup des ces premières photographies concernent le nord du Maroc, plus facile d’accès parce que proche de l’Espagne, et surtout parce que Tanger avait un statut particulier, une ville internationale, active, commerciale et ouverte (ce qui est toujours le cas aujourd’hui !), capitale des ambassades et des légations étrangères. Ainsi, différentes puissances européennes envoyaient au Maroc leurs diplomates, leurs militaires, principalement afin de voir quel parti ils pourraient tirer de ce pays inconnu mais plein de promesses. C’était le fruit de l’équilibre entre les intérêts européens auxquels la conférence de Madrid donna une plus grande liberté de manœuvre. Le secteur de la photographie, comme la majorité des activités commerciales de Tanger, était alors principalement aux mains de citoyens anglais.
Tanger et Tétouan
Au moment qui nous intéresse, le Maroc n’est pas encore pacifié, c’est une terre agitée de conflits internes, peu de voyageurs qui osent s’y aventurer. Par ailleurs il ne fait pas partie du Grand Tour, périple obligé de tout intellectuel, voyageur ou artiste qui se respecte, incluant Italie, Espagne, Grèce, Turquie, Egypte, Palestine, et Liban. Les richesses du Maroc ne pouvaient cependant rester plus longtemps ignorées.
De par sa position géographique –au croisement de deux mers et deux continents– Tanger est au carrefour de nombreuses influences, qu’elles soient culturelles, politiques ou religieuses. Son histoire a montré que ces influences ont été multiples, et qu’elles ont construit une mémoire très riche, prenant ses sources jusque dans les légendes et la mythologie : Hercule, par exemple, aurait séparé en deux la montagne reliant l’Espagne au Maroc. Tanger et Tétouan auront vu les Carthaginois, les Romains, auront connu la conquête islamique –élément fondateur–. De tous ces courants, Tanger ressortira comme une ville à vocation naturellement internationale.
La raison principale de la présence d’étrangers à Tanger, beaucoup plus qu’ailleurs dans le pays, repose sur la décision prise par le souverain marocain à la fin du dix-huitième siècle de concentrer dans cette ville les représentations diplomatiques étrangères. Grâce à cette décision, les européens pouvaient se rendre facilement à Tanger, alors que le reste du pays était un danger car totalement inconnu, ou presque.
Les photographes et leurs œuvres
Les œuvres présentées ici ont été réalisées par des photographes venant d’horizons très différents, ayant comme point commun d’être européens et de partir à la découverte de l’inconnu.
James Valentine (1815-1880) était un photographe, lithographe et éditeur anglais. Il apprit la technique du daguerreotype à Paris dans les années 1840, et photographiait les vues de Grande-Bretagne afin d’en faire des cartes postales. Il était de surcroît l’un des plus prolifiques photographes- éditeurs de cette période. Il voyagea au Maroc autour de l’année 1875, et neuf des photographies qu’il réalisa alors font partie de l’exposition.
George Washington Wilson (1823-1893), d’origine écossaise, photographia aussi la Grande-Bretagne de long en large ainsi que la famille royale dont il était le photographe officiel. Au début des années 1880, la compagnie qu’il avait fondée était devenue l’une des entreprises de photographie et d’imprimerie les plus connues au monde. Il voyagea dans le sud de l’Espagne et au Maroc, et onze des photographies prises à cette occasion, dont beaucoup de portraits, sont ici présentes.
Gabriel Veyre (1871-1936), auteur du portrait du Sultan Mouley Abd-el-Aziz (photographie n°3) travaillait à ses débuts pour les établissements des frères Lumière. C’est là qu’il fut initié à toutes les techniques photographiques de l’époque. Parcourant le continent sud-américain comme projectionniste itinérant, puis le Japon et l’Indochine, il arrive finalement au Maroc en 1901. Ici, il s’improvise professeur de photographie pour le Sultan pendant quatre ans. Lors de l’arrivée des français en 1907, Veyre se mettra à leur service, et ses reportages seront le premier ensemble en couleur de la documentation photographiques du Protectorat. Il passera le reste de sa vie au Maroc, devenant un important homme d’affaires. Il aura photographié et filmé le pays pendant plus de trente ans.
Nous n’avons pas à ce jour de documentation sur A. Cavilla, dont nous ne connaissons le prénom que par une initiale, et dont nous savons qu’il est de nationalité espagnole. Il est représenté dans cette exposition par douze photographies, des portraits de souverains et de la population marocaine, des paysages. Il fut l’un des premiers à installer son atelier au Maroc, à Tanger en 1885.
Les photographes Lévy & Fils voyagèrent au Maroc en 1889, et nous avons pour témoignage de leurs pérégrinations onze photographies. Nous n’avons aucun détail biographique à leur sujet. Il en est de même pour Léon Davin, qui installa son atelier à Tanger en 1880 (une photographie dans l’exposition), V. Holl et Cie (idem), ainsi que pour J.P (trois photographies), anonyme puisque nous ne connaissons que ses initiales.
Depuis les débuts de la photographie en 1802, les progrès techniques sont frappants. Il faut noter, à partir des années 1860, une industrialisation progressive de la technique photographique. Dès 1875, les tirages à l’albumine se standardisent, et la maîtrise de l’instantané se fait dans les années 1880, remplaçant peu à peu les tirages argentiques ou à l’albumine. A la fin des années soixante-dix et au début des années autre-vingt, se modifient non seulement les techniques et mécanismes photographiques, mais apparaît aussi un nouvel usage intellectuel et une nouvelle manière de voir la production photographique. Avec l’apparition des plaques sèches, les photographes gagnèrent une grande autonomie de mouvements. Ces quelques années sont une période-clé dans l’histoire de la photographie.
Il est important de noter que l’apparition de la photographie a été tardive au Maroc, par rapport aux pays voisins tels que l’Algérie ou la Tunisie. En effet, le Maroc était alors comme nous l’avons vu un endroit peu propice aux voyages. Les photographes- voyageurs étaient en général chargés d’une mission gouvernementale ou prêts à se lancer dans le commerce, comme par exemple James Valentine. Les photographes européens installés au Maroc possédaient souvent une structure d’édition pour diffuser des cartes postales. Leur regard «occidental» est surtout présent dans les portraits. En effet, la plupart de ces portraits ont été pris en atelier, avec des décorations, des costumes particuliers. Les portraits par ailleurs posent un autre problème à notre regard et à notre perception de ces photographies. En effet, l’interdit coranique de représenter figurativement l’être humain était pour le photographe présent en terre musulmane une difficulté à contourner. Ainsi, les modèles étaient-ils souvent des personnes de confession juive, pour lesquelles être pris en photo ne posait pas de problème ; parfois également des modèles féminins rémunérés, qui jouaient des rôles prédéterminés : suivante, courtisane, domestique, paysanne... Néanmoins, comme les personnages pris au vol dans les photographies de rues ou de marchés, ces sujets détournent souvent le regard.
Images et Témoignages
L’interêt des photographes se tourne aussi vers les édifices historiques, les scènes-types. L’exotisme, le pittoresque, mais parfois aussi le colonialisme, sont de mise. Aujourd’hui, ces photographies ont un puissant pouvoir évocateur de ce que pouvaient être à la fin du dix-neuvième siècle les rues, les marchés et souks, la population de Tanger et Tétouan. Il s’agit d’oeuvres d’art ayant en même temps une importance documentaire et historique.
Au dix-neuvième siècle, peinture et photographie ont beaucoup en commun en Orient, les thèmes choisis étant les mêmes. Nous retrouvons le même imaginaire chez les peintres Orientalistes et chez les photographes- voyageurs. Leur terrain d’études était l’Orient, mais leur esprit était tourné vers l’Occident. Ainsi, ces photographies de la fin du dix-neuvième siècle sont des documents très importants, montrant comment les photographes de l’époque appréhendaient ce sujet.
Ces photographies sont avant tout un témoignage du patrimoine tangérois, des preuves visuelles d’un passé à redécouvrir. Mais elles ont aussi aussi une valeur artistique, esthétique. La question de la photographie comme art visuel se posait au dix-neuvième siècle : Baudelaire dans ses critique d’art refusait de voir un art en la photographie, qui selon lui tuerait la peinture par sa volonté de représentation fidèle à la réalité. Or, cet ensemble de photographies est pourtant d’une grande beauté, et dépasse son rôle premier d’information, de documentation, de découverte.
* Historienne d’art
Programme de l’exposition
TANGER ET TETOUAN
LES DEBUTS DE LA PHOTOGRAPHIE
1870 - 1900
Du vendredi 20 juin au mercredi 30 août 2003
Galerie Delacroix
(entrée libre, tous les jours, sauf le lundi, de 10H à 13H et de 16H à 21H)
Livre catalogue de l’exposition 100 pages- 200DH.
