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Les Ouled Belhaj, des éleveurs de slougui de père en fils

Les habitants du douar Ouled Belhaj, qui relève de la Commune rurale de Ras El Aïn (à 120 Km à l'est de Safi), s'adonnent à l'agriculture et à l'élevage des ovins mais sont passionnés du Slougui, un chien de race locale dont la renommée dépasse nos fronti

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Dans ce douar de 250 personnes environ, rares sont les foyers qui ne possèdent pas un Slougui ou une Slouguia (une levrette). L'élevage du lévrier, qui fut un des premiers compagnon de l'homme, est érigé à Oued El Haj en art. Le Slougui est ici un animal aussi noble que le cheval chez les autres tribus arabes de la région.
Ces éleveurs particuliers font partie de la Confrérie rurale des Abidat R'ma et la corporation des "Slayguia", dirigée par un Moqaddem qui, au fil du temps, est devenu le protecteur de la race et le dépositaire incontournable de cette tradition héritée de père en fils. La renommé du Slougui des Ouled Belhaj dépasse les frontières nationales. Des Européens viennent de temps en temps au douar pour contempler cette race canine, peut être unique au Maroc et au monde, et déboursent de grosses sommes d'argent pour se procurer un spécimen de cette race altière et simple en même temps.
Mohamed Fannan, la soixantaine, Moqaddem des Abidat R'ma, assure, dans une déclaration à la MAP, qu'il veille au grain et ne permet jamais à des étrangers de s'accaparer du Slougui "m'harr", un chien de race dressé pour la chasse. C'est un patrimoine nationale qu'il faut sauvegarder et préserver des appétits mercantiles qui risquent de dénaturer la race.
"J'ai toujours incité les "slayguia"du douar à bien entretenir leur animal comme ils font avec leurs vaches et leurs moutons", dit-t-il. La nourriture de ce chien unique est simple et ne nécessite pas des dépenses coûteuses. Elle est composée, selon le Moqaddem, de semoule mélangée à de l'huile d'olive. D'autres transgressent cette règle séculaire et nourrissent leurs chiens d'aliments achetés au Souk hebdomadaire. Un peu de viande et quelques pattes (kourîînes) d'ovins suffisent amplement à nourrir cet animal qui n'a pas besoin d'être dodu, car il perdra son charme et sa sveltesse, une condition indispensable pour rester rapide comme l'éclair.
L'animal peut vivre jusqu'à 15 ans s'il est vacciné régulièrement, bien nourri et protégé du froid et de la chaleur par son maître. La levrette des Ouled Belhaj, après une gestation qui dure 63 jours, met bas 3, 6 voire 8 chiots, dont certains seront vendus à d'autres éleveurs de la région, amoureux de cet animal. Selon le Moqqadem, la vraie race du Slougui est celle que l'on trouve dans son douar.
Le Moqqadem raconte qu'au début, cet animal fut adopté par les habitants pour protéger leur cheptel d'ovins du chacal et du renard. Avec le temps, cette fonction originelle de garde s'est quelque peu estompée. Le Slougui est devenu le compagnon et l'animal de chasse par excellence. Il est le roi des vastes espaces des tribus Lhamar. Rares sont les lièvres, renards ou chacals qui peuvent lui échapper.
Toutefois, souligne le Moqaddem, les Ouled Belhaj, ne sont pas des braconniers et sont conscients du rôle de la préservation de la faune locale. Ils ne s'adonnent pas, affirme-t-il, à la chasse systématique et illégale du lièvre. Le Slougui a, de nos jours, une mauvaise réputation auprès des services forestiers et, de ce fait, il est classé parmi les redoutables prédateurs susceptibles de porter atteinte à l'équilibre de la faune dans la région.
Le Slougui de robe jaune, noire (yamani) ou tachetée (khomri) est l'espèce la plus répandue et la plus cotée. Le lévrier de robe blanche ne répond pas aux critères exigés par la corporation. L'animal de race doit être longiligne, la tête et le museau allongés, les oreilles allongées et dressées, la poitrine fine et tirée vers l'avant, et être doté d'un arrière-train qui répond aux normes exigées.
L'Association des Eleveurs du Slougui de Lhamar, de création récente et regroupant des membres originaires de 10 communes rurales, déploie tous ses efforts pour revaloriser ce patrimoine locale, mais manque encore de moyens pour répondre à tous les besoins des éleveurs. Le Moqqadem déplore le "peu d'intérêt" accordé par le service vétérinaire aux animaux malades. "Pour soigner un Slougui, nous devons le transporter par nos propres moyens chez le vétérinaire de la localité de Chammaîa, ce qui nous coûte cher", ajoute-t-il.
"Nous demeurons attachés à cette tradition héritée de nos ancêtres" en dépit des difficultés qui se posent, poursuit Mohamed Fannan, fière des nombreux prix obtenus par les éleveurs d'Ouled Bel Haj aux différentes expositions canines organisées au Maroc, dont celle (internationale) qui a eu lieu à Settat en 1997.
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