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Malgré les photos des corps des fils de Saddam : les Baghdadis encore sceptiques

Les Baghdadis ont réagi avec un mélange de scepticisme, de suspicion et de soulagement à la diffusion jeudi par les autorités américaines des photos présumées des corps d’Oudaï et Qoussaï, les fils de Saddam Hussein.

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La publication des photos que les Irakiens ont pu voir sur les chaînes arabes de télévision n’ont pas convaincu l’homme de la rue que les forces américaines ont bien tué Oudaï et Qoussaï mardi dans un raid à Mossoul (nord).

«N’importe qui peut fabriquer» ces photos, dit Bassoum Shimary, 41 ans. «Je n’y crois pas, parce que les Américains agissent de façon inimaginable», ajoute-t-il en référence à l’assaut massif de la maison qui a conduit à la mort des deux fils de Saddam et non leur capture. Les 7 photos, quatre des corps mutilés, une radiographie de la jambe d’Oudaï avec une tige de fer, et deux photos d’identité, ont été données sur CD aux agences de presse.

A Mossoul, quelque dizaines d’Irakiens qui continuaient de se rassembler devant la maison en ruine, disaient aussi ne pas croire à la présence de Oudaï et Qoussaï. «Nous pensons que Oudaï et Qoussaï n’étaient pas dans la maison», dit Shabib Hassoussaom, 30 ans. «Il n’y a pas de preuves évidentes. Nous pensons qu’il y avait seulement des personnes innocentes», ajoute-t-il. A Bagdad, un employé de station service, Mahsen Mallah, 53 ans estime que l’état des corps et des visages ne permet pas de les identifier.
L’absence de journaux le vendredi, jour de prière, renforce le scepticisme dans un pays où le bouche à bouche joue un rôle vital dans la diffusion de l’information.

Un journal irakien, Al-Naba, a publié vendredi sur son site Internet deux des photos, mais la majorité des Irakiens n’ont pas accès à la télévision et à l’internet.
Quant aux empreintes dentaires que les Américains ont utilisées pour confirmer l’identité des corps, elles sont un concept presque inconnu en Irak. «Qoussaï et Oudaï, ce n’est pas eux», affirme Najim Aboud, 31 ans, un ancien employé du palais présidentiel de Saddam Hussein où est installé aujourd’hui le quartier général de la coalition américano-britannique. «Nous ne sommes pas convaincus, personne n’y croit en Irak», ajoute un autre au milieu d’un groupe en pleine discussion dans un marché de la capitale.

D’autres pensent tout de même le contraire. «Nous pensons que les photos sont vraies», dit Yassin Khader, 58 ans, alors que le débat se termine, «mais nous sommes mécontents qu’ils aient été tués». «C’est eux à cent pour cent», ajoute Hassan Fadr Al-Saadi, 60 ans, soulignant qu’il s’agit d’un événement important pour l’Irak. «Nous voulons la justice», ajoute-t-il.
Des Irakiens sont en effet déçus que les fils de Saddam, notamment Qoussaï, l’ancien chef de l’appareil de sécurité, ne soient pas jugés.

Dans un entretien publié vendredi par le quotidien arabe Al-Hayat, le secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, estime que les Etats-Unis ont fait «une bonne chose» en «se débarrassant» des fils du président irakien déchu. «Peut-être qu’ils possédaient des informations qui auraient pu être utiles, mais ils ont résisté (...) et nos soldats ont fait ce qu’ils étaient supposés faire et ont répliqué à leurs tirs», a répondu M. Powell, à qui l’on demandait s’il n’aurait pas été préférable de les arrêter.
«Ces deux hommes étaient responsables de la mort d’un grand nombre d’Irakiens innocents et de musulmans», a-t-il conclu.
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