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Mohamed M’Jid Président de la Fondation M.J.I.D : «Je suis un ancien jeune qui s’occupe des futurs vieux»

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Qui est Mohamed M’Jid ?
Mohamed M’Jid est un simple citoyen qui est au service de son pays.

Puisqu’on fait une interview décalée, est-ce que vous vous sentez décalé par rapport à la société d’aujourd’hui ?
Absolument pas. Je ne suis pas décalé et je ne suis pas plus calé que les autres. Ma formation est connue. Je m’en contente. J’essaie de l’utiliser au profit de la société, donc au profit des institutions, donc au profit du pays. Le sport, qui est pour moi une religion extraordinaire, m’a appris beaucoup. Le sport c’est l’éthique, l’humilité. C’est accepter d’être inférieur et que les autres vous soient supérieurs. Je ne parle pas de ma formation académique et politique. Elle n’intéresse pas les gens. Ce qui doit les intéresser, à mon avis, c’est ce qui se fait aujourd’hui pour demain pour préparer les jeunes générations. Ce qui s’est passé hier est une affaire des historiens. Il faut définir la gestion de ce pays. Il faut sortir de la gouvernance hors normes. C’est ce qui s’est passé malheureusement depuis 45 ans.

Ce n’est pas un peu pessimiste et injuste ?
Non. Je refuse d’ailleurs qu’on m’attribue le pessimisme. Ce n’est pas dans la culture d’un sportif. C’est quelqu’un qui va à la recherche de la performance en permanence. Je dirai toutefois que le scepticisme est nécessaire pour pouvoir mesurer les choses, cerner ce qui est mal fait pour mieux faire. Il faut avoir le courage de regarder les choses en face.

On vous dit empêcheur de tourner en rond et donneur de leçons. Vous assumez lequel de ces deux qualificatifs ?
Plutôt celui de donneur d’exemples. A qui je vais donner des leçons d’ailleur ? Je dénonce, je signale, je tire la sonnette d’alarme. Est-ce que c’est cela donner des leçons ? J’assume le deuxième qualificatif s’il s’agit d’empêcher de tourner en rond ceux qui tournent mal.

Il y en a beaucoup qui tournent mal ?
Malheureusement. Sinon on ne serait pas classés 125e dans le monde. Qu’on m’explique pourquoi il y a le chômage, les pateras, la corruption, la mauvaise gestion, le trafic par les partis politiques…

Vous comptez pourtant des amis au sein des partis politiques que vous n’hésitez pas à critiquer…
Mon devoir est de les critiquer et leur devoir est d’accepter mes critiques. Car je vois peut-être les problèmes sous un autre angle. Eux sont à l’intérieur d’un cadre qu’ils refusent de dépasser. Le périmètre est très limité. Moi, je vois les problèmes de façon plus large. Je n’ai pas attendu les événements du 16 mai pour aller faire la politique de proximité. Je n’ai pas attendu la réforme de la Moudaouana pour défendre la Femme. Aujourd’hui, tout cela est devenu une mode. Y compris la défense de l’Islam qui est une religion qui existe depuis 14 siècles. Des nouveaux " prophètes " sortent un peu de partout et de n’importe où aujourd’hui pour défendre l’Islam. Or, l’Islam n’a pas besoin d’eux.

Vous êtes resté un sportif de long cours ou alors vous vous êtes converti en sportif du dimanche ?
Je suis un sportif sorti du terrain. Et c’est pour cela que je donne une importance particulière à l’éducation par le sport.

Mais le sport est pour vous un engagement personnel ou une opération marketing ?
Je n’ai rien à vendre. Je ne suis pas non plus un article commercialisable. Mon ambition est de servir les jeunes et moins jeunes. Je m’intéresse au sport par devoir et sacerdoce. Voyez le nombre de sportifs dans le monde, le capital qui tourne lié au sport et l’intérêt qu’accordent les pays au sport. Aux informations de ce jour, l’équipe anglaise de Rugby qui gagne l’Australie domine le politique.

Quel est votre sport favori ?
Tous les sports en tant que pratiquant et dirigeant, mais le tennis en particulier. J’estime que le tennis n’est pas, comme on dit, un sport d’élites. C’est un sport populaire qui a produit des élites.

L’accès au club n’est tout de même pas à ce point démocratisé ?
Le club a des frais d’entretien. Mais dans d’autres pays, c’est la commune, le ministère, le gouvernement qui prennent en charge tous ces frais. Et à ce moment les clubs deviennent à la portée de tout le monde. Maintenant, dans beaucoup de clubs chez nous, il y a des jeunes qui ne paient pas de frais d’adhésion. Il y a des jeunes qui émergent.

Les habitations lancées par votre fondation pour les jeunes universitaires répondent-elles aussi à cet engagement au profit de la jeunesse du pays ?
C’est un engagement qui n’est pas uniquement le mien. Il s’agit d’un partenariat avec la Fondation Mohammed V pour la solidarité. Comme je l’ai déjà dit, nous ne voulons pas faire de ce centre d’hébergement pour les étudiants un dortoir. Nous voulons accompagner les jeunes dans la performance.

Vous donnez des pics partout, vous critiquez tout le monde... Il n’y a vraiment rien qui vous plaise ?
Non, au contraire. C’est parce que je pense que tout devrait être mieux. Mes pics servent à éveiller ces gens qui ne font pas grand chose. Celui qui voit les problèmes en dehors du prisme traditionnel a le devoir d’attirer l’attention des autres.

Vous vous engagez pour les jeunes. Vous êtes un éternel jeune ? Vous ne vivez pas le conflit des générations?
Pourquoi le conflit de générations.

C’est une réalité sociale de tous les temps…
Il faut que les générations se complètent. Comme je dis en plaisantant : " Je suis un ancien jeune qui s’occupe des futurs vieux ".
Nous avons tous commencé jeunes et nous finissons tous vieux. Chaque âge à ses devoirs, ses satisfactions et ses déconvenues.

Vous avez eu une vie très remplie et accompagné beaucoup de générations. Vous pensez un jour écrire vos mémoires ?
Non, je suis en train de réunir tous mes articles de presse.

Vous allez en faire un livre ?
Tout à fait.

Vous n’avez pas envie de témoigner de l’histoire du pays que vous avez accompagné ?
J’écris, j’essaie, sans prétention, de faire des petites conférences auprès des jeunes dans des quartiers ou personne ne va. Je vais dans les quartiers ou Cartier ne rentre pas.

Abderahmane Youssoufi est un homme que vous avez personnellement connu. Comment vous avez accueilli son retrait de la scène politique ?
Comme tout le monde, j’ai été surpris. Abderrahmane Youssoufi est un homme irréprochable sur le plan de l’éthique, de la formation, de l’honnêteté, mais n’avait pas la qualité de gestionnaire. L’Administration en a besoin. Sans compter que dans l’équipe gouvernementale qu’il dirigeait, il y avait des personnes ingérables.

Le fauteuil de ministre ne vous a jamais tenté ?
Non. Que voulez-vous que je fasse dans un gouvernement ? Ce sera le ver dans le fruit. Je vais me retrouver avec des gens qui ne tournent pas rond.

Vous aimez lire ou regarder la télé ?
Les deux, car il faut se tenir informé de ce qui se passe dans le monde.

Vous regardez uniquement les informations à la télé?
Les infos et les films policiers.


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