C'est à 10h 15mn, heure de New York (15h.15 GMT) que Hans Blix et Mohamed Al Baradei, chefs des inspecteurs du désarmement, ont entamé, hier, la séance de présentation du rapport sur les résultats de leurs inspections en Irak. La séance, présidée par Joschka Fischer, ministre allemand des Affaires étrangères, était publique et s'est déroulée en présence de neuf autres ministres des Affaires étrangères, dont cinq sont dotés du pouvoir d'opposer leur veto.
Les dix chefs de la diplomatie devaient prendre la parole à tour de rôle et, circonstance exceptionnelle, c'est Farouk Al-Charâa, ministre syrien des Affaires étrangères et seul représentant arabe à y participer,qui a ouvert les débats.Il devait être suivi par Dominique de Villepin et d'autres,Colin Powell étant le septième orateur. La réunion devait, événement sans précédent également, être suivie d'une séance de travail à huis clos entre les dix ministres des Affaires étrangères alors qu'habituellement c'est le pain quotidien des ambassadeurs,ces derniers ne reprenant le relais que samedi 15 février seulement.
Autant dire que c'était une journée «cruciale» pour l'Irak et pour le monde entier. De fait,elle a démarré au pas de charge. Cependant, moins de trois heures auparavant une nouvelle tombait sur les téléscripteurs des rédactions du monde entier,annonçant que le président Saddam Hussein avait «ordonné par décret l'interdiction de la production et de l'importation des armes de destruction massive «. Les commentaires qui ont accueilli cette décision balançaient entre le ton fielleux et l'expectative, ne manquant pas d'y voir l'un des ultimes gestes du président irakien pour convaincre Washington de sa bonne foi et «désarmer» les adeptes de l'intervention militaire.Il reste que la Maison Blanche, peu convaincue du bien-fondé du vote du Parlement irakien, a réagi du tac-au-tac vendredi matin en affirmant que «les lois irakiennes ne sont pas crédibles et que la décision de Saddam Hussein de bannir les armes de destruction survenait douze ans trop tard».
Hans Blix et Mohamed Al Baradei ont donc présenté leur rapport après une longue attente, ponctuée de déclarations et de contre-déclarations.D'emblée, les deux hommes, s'en tenant à une méthodologie de l'exposé scientifique,ont annoncé que «l'Irak dispose de missiles dont la portée est supérieure à celle autorisée par les résolutions des Nations unies «! C'était jeter de l'eau au moulin de Tony Blair et des partisans de la guerre,mais c'était aussi sans compter sur le sens de répartie du directeur de l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui a tout de suite affirmé,et c'est un point central,que «les inspecteurs n'ont pas découvert d'activité nucléaire en Irak. Nous n'avons à ce jour, a-t-il souligné solennellement, découvert aucune preuve d'activité nucléaire ou d'activité liée au nucléaire interdite en cours en Irak. L'expérience de l'AIEA en matière de vérification nucléaire prouve qu'il est possible, particulièrement avec un système intrusif de vérification, d'évaluer la présence ou l'absence d'un programme nucléaire, même sans la coopération totale des autorités du pays inspecté».
Comme un couperet, lourde de sens, la phrase est tombée. Elle corrobore aussi la phrase-clé de Hans Blix selon lequel «il n'y avait aucune preuve que le gouvernement irakien savait à l'avance où iraient les inspecteurs pour chercher les sites des armes de destruction «. Pour ceux qui mettaient en doute la bonne foi des autorités de Baghdad, ce fut-là plus qu'un camouflet, mais en tout cas un démenti cinglant. Avec conviction d'ailleurs, le même Hans Blix ajoutera pince-sans-rire qu'il n'y avait aucune preuve de l'existence de photos satellites de sites nucléaires en Irak, démentant ainsi Colin Powell et que «les inspections aident effectivement à combler le fossé en termes de connaissance( de l'armement irakien) dû à l'absence des inspections entre décembre 1998 et novembre 2002 «. Les inspections des Nations unies ne sont donc pas aussi «mauvaises» ou partiales comme bon nombre de détracteurs le laissent entendre.Leur efficacité ? Elle vient d'être démontrée, même partiellement, au Conseil de sécurité et les responsables irakiens - qui le matin même de vendredi en appelaient à l'objectivité des inspecteurs - ne peuvent pas ne pas se réjouir la main sur le cœur de cette aubaine que Hans Blix et Mohamed Al Baradei leur offrent. Abondant dans le même sens, la Russie, par la voix de son vice-ministre des affaires étrangères n'a-t-elle pas démandé le soir même la poursuite et le renforcement de la mission des inspecteurs ?
La séance du Conseil de sécurité, publique et télévisée, a donné le ton en direct des controverses passionnées qui se superposent comme les éléments d'une poupée russe.C'est pourtant Dominique de Villepin, ministre français des Affaires étrangères, diplomate rompu à la répartie, que revient la palme et les applaudissements nourris de cette séance extraordinaire. Encore une fois, soutenue par l'Allemagne qui présidait, la Chine et la Russie, qui sont tous deux membres permanents du Conseil de sécurité, donc en capacité d'opposer leur veto, la France a pris la défense de l'Irak et affirmé que «l'usage de la force ne se justifie pas aujourd'hui « ! Et d'ajouter dans une belle envolée «qu'il y a une alternative à la guerre : désarmer l'Irak par les inspections, car un recours prématuré à l'option militaire serait lourd de conséquences». Relevant le gant non sans un certain panache,il a pris la défense de la France, traitée de vieille nation par Donald Rumsfield la semaine dernière à Munich, en ces termes : «un vieux pays, la France, d'un vieux continent comme le mien, l'Europe (...) qui se tient debout face à l'histoire et devant les hommes». Dans l'affaire irakienne, des crises latérales, sédimentées par le temps et les rancœurs, ont donc éclaté et vu le jour.
Les dix chefs de la diplomatie devaient prendre la parole à tour de rôle et, circonstance exceptionnelle, c'est Farouk Al-Charâa, ministre syrien des Affaires étrangères et seul représentant arabe à y participer,qui a ouvert les débats.Il devait être suivi par Dominique de Villepin et d'autres,Colin Powell étant le septième orateur. La réunion devait, événement sans précédent également, être suivie d'une séance de travail à huis clos entre les dix ministres des Affaires étrangères alors qu'habituellement c'est le pain quotidien des ambassadeurs,ces derniers ne reprenant le relais que samedi 15 février seulement.
Autant dire que c'était une journée «cruciale» pour l'Irak et pour le monde entier. De fait,elle a démarré au pas de charge. Cependant, moins de trois heures auparavant une nouvelle tombait sur les téléscripteurs des rédactions du monde entier,annonçant que le président Saddam Hussein avait «ordonné par décret l'interdiction de la production et de l'importation des armes de destruction massive «. Les commentaires qui ont accueilli cette décision balançaient entre le ton fielleux et l'expectative, ne manquant pas d'y voir l'un des ultimes gestes du président irakien pour convaincre Washington de sa bonne foi et «désarmer» les adeptes de l'intervention militaire.Il reste que la Maison Blanche, peu convaincue du bien-fondé du vote du Parlement irakien, a réagi du tac-au-tac vendredi matin en affirmant que «les lois irakiennes ne sont pas crédibles et que la décision de Saddam Hussein de bannir les armes de destruction survenait douze ans trop tard».
Hans Blix et Mohamed Al Baradei ont donc présenté leur rapport après une longue attente, ponctuée de déclarations et de contre-déclarations.D'emblée, les deux hommes, s'en tenant à une méthodologie de l'exposé scientifique,ont annoncé que «l'Irak dispose de missiles dont la portée est supérieure à celle autorisée par les résolutions des Nations unies «! C'était jeter de l'eau au moulin de Tony Blair et des partisans de la guerre,mais c'était aussi sans compter sur le sens de répartie du directeur de l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui a tout de suite affirmé,et c'est un point central,que «les inspecteurs n'ont pas découvert d'activité nucléaire en Irak. Nous n'avons à ce jour, a-t-il souligné solennellement, découvert aucune preuve d'activité nucléaire ou d'activité liée au nucléaire interdite en cours en Irak. L'expérience de l'AIEA en matière de vérification nucléaire prouve qu'il est possible, particulièrement avec un système intrusif de vérification, d'évaluer la présence ou l'absence d'un programme nucléaire, même sans la coopération totale des autorités du pays inspecté».
Comme un couperet, lourde de sens, la phrase est tombée. Elle corrobore aussi la phrase-clé de Hans Blix selon lequel «il n'y avait aucune preuve que le gouvernement irakien savait à l'avance où iraient les inspecteurs pour chercher les sites des armes de destruction «. Pour ceux qui mettaient en doute la bonne foi des autorités de Baghdad, ce fut-là plus qu'un camouflet, mais en tout cas un démenti cinglant. Avec conviction d'ailleurs, le même Hans Blix ajoutera pince-sans-rire qu'il n'y avait aucune preuve de l'existence de photos satellites de sites nucléaires en Irak, démentant ainsi Colin Powell et que «les inspections aident effectivement à combler le fossé en termes de connaissance( de l'armement irakien) dû à l'absence des inspections entre décembre 1998 et novembre 2002 «. Les inspections des Nations unies ne sont donc pas aussi «mauvaises» ou partiales comme bon nombre de détracteurs le laissent entendre.Leur efficacité ? Elle vient d'être démontrée, même partiellement, au Conseil de sécurité et les responsables irakiens - qui le matin même de vendredi en appelaient à l'objectivité des inspecteurs - ne peuvent pas ne pas se réjouir la main sur le cœur de cette aubaine que Hans Blix et Mohamed Al Baradei leur offrent. Abondant dans le même sens, la Russie, par la voix de son vice-ministre des affaires étrangères n'a-t-elle pas démandé le soir même la poursuite et le renforcement de la mission des inspecteurs ?
La séance du Conseil de sécurité, publique et télévisée, a donné le ton en direct des controverses passionnées qui se superposent comme les éléments d'une poupée russe.C'est pourtant Dominique de Villepin, ministre français des Affaires étrangères, diplomate rompu à la répartie, que revient la palme et les applaudissements nourris de cette séance extraordinaire. Encore une fois, soutenue par l'Allemagne qui présidait, la Chine et la Russie, qui sont tous deux membres permanents du Conseil de sécurité, donc en capacité d'opposer leur veto, la France a pris la défense de l'Irak et affirmé que «l'usage de la force ne se justifie pas aujourd'hui « ! Et d'ajouter dans une belle envolée «qu'il y a une alternative à la guerre : désarmer l'Irak par les inspections, car un recours prématuré à l'option militaire serait lourd de conséquences». Relevant le gant non sans un certain panache,il a pris la défense de la France, traitée de vieille nation par Donald Rumsfield la semaine dernière à Munich, en ces termes : «un vieux pays, la France, d'un vieux continent comme le mien, l'Europe (...) qui se tient debout face à l'histoire et devant les hommes». Dans l'affaire irakienne, des crises latérales, sédimentées par le temps et les rancœurs, ont donc éclaté et vu le jour.
