Au plan de la programmation des films, longs et courts métrages, une grande et rigoureuse sélection est proposée et qui mettra en exergue les grands talents, les jeunes créations face à un jury sélectionné et reflétant tous les horizons culturels.
Il convient de souligner que le choix de Volker Schlöndorff pour présider le jury des longs métrages et de Jeremy Irons, celui des courts métrages, est judicieux.
D’autant plus que l’un et l’autre incarnent ce qu’on peut appeler la grandeur du cinéma. Figures emblématiques et cosmopolites, le premier est allemand et le second britannique, ils se distinguent par un parcours exceptionnel à maints égards. Volker Schlöndorff, né en 1939 à Wiesbaden (Allemagne) alors que la deuxième guerre mondiale se déclenchait, avait émigré en France dès son adolescence. Solides études, d’abord au lycée Henry IV, ensuite Science Pô, Philo et le célèbre IDHEC (Institut des hautes études de cinéma). A vingt-deux ans, en 1961, il fera ses premières armes avec Jean-Pierre Melville (Léon Morin, prêtre), Alain Resnais (L’année dernière à Marienbad), film fétiche en noir et blanc qui bouleversa toute une génération ployée sous le poids du sartrisme. Enfin en 1963, le jeune cinéaste allemand, francophile jusqu’aux ongles, assistera un vétéran, Louis Malle dans «Le Feu follet».
C’est en 1964 seulement que Volker Schlöndorff retourne en Allemagne, alors divisée en deux Etats. Deux ans plus tard, il réalise son premier long métrage Der junge Toerless (Désarroi de l’élève Toerless), tiré de l’œuvre de Robert Musil. Présenté au Festival de Cannes, il obtient le Prix de la critique. Avec son épouse, Margarethe von Trotta, il réalise en 1975 le chef-d’œuvre «Honneur perdu de Katharina Blum», qui suscite un véritable engouement en France et en Allemagne.
En 1979, il réalise le grand film qui le consacre comme l’un des plus grands réalisateurs : «Le Tambour», adapté du roman de Günther Grass et obtient la Palme d’or au Festival de Cannes.
Quant à Jeremy Irons, né à l’Ile de Wight (Angleterre) en 1948, il est l’acteur fétiche des années quatre-vingt-dix, grâce notamment à ses deux premiers tournages : Nijinski d’Herbert Ross et La Maîtresse du lieutenant français de Karel Reisz, adpaté du roman de John Fowles.
On le dit professionnel jusqu’au bout des ongles et très exigeant. Mélange de douceur et de romantisme - notamment dans Chinese box de Wayne Wangh avec Gong Li - , figure quasi angélique, il découvre une autre image de lui dans le grand film de Roland Joff, The Mission ( Mission) où il incarne le rôle, taillé sur mesure, d’un missionnaire jésuite du XVIIIème siècle.
En 1990, Jeremy Irons reçoit l’Oscar du meilleur acteur, pour son rôle sublime dans Le Mystère von Bulow de Barbet Schroeder où il incarne le célèbre et riche comte qui porte le même nom. Pendant des années, il passera d’un registre à un autre, prétant même sa voix dans le film Le Roi Lion (1994), dessin animé de Walt Disney qui eut un succès sans précédent. En 2002, il est placé face à Patricia Kaas dans And now Ladies and Gentlemen de Claude Lelouch, tourné sur les hauteurs de Lalla Chafia à Fès et en France notamment. Il joue ensuite dans Callas forever de Franco Zeffirelli avec Fanny Ardant.
L’acteur britannique le plus populaire ? C’est peu dire que Jeremy Irons est une sorte de modèle, visage émacié, regard perdu, démarche de jésuite en réalité, il incarne le cinéma mondial dans ses exigences contradictoires. Sa présence à Marrakech est le gage d’une rigueur dans le choix du jury. L’édition 2003, comme cela a été dit,a retenu 73 films sur quelque 1000 autres, dont 200 courts métrages. Ils seront placés en compétition, et soumis au verdict de deux jurys exceptionnels,composés chacun de personnalités du 7ème art et venues de divers horizons. Il reste que l’édition de cette année sera marquée par la présence de Nathalie Baye, actrice de talent du cinéma français mais dont les prouesses rafraîchissantes transcendent passablement les frontières de l’Hexagone pour ne pas attirer les regards séduits du public mondial.
Nathalie Baye la magique
Nathalie Baye, après Sophie Marceau et Jeanne Moreau, présidera donc la troisième édition du Festival du film de Marrakech. C’est en 1972, alors qu’elle n’avait que 21 ans, qu’elle commença sa carrière d’actrice dans Brève rencontre de Robert Wise avec Peter Fonda. Jusque-là, elle avait joué surtout au théâtre dans les Croulants se portent bien, après avoir suivi les cours au Conservatoire d’art dramatique. Son premier rôle, celui qui déterminera son profil,elle l’obtiendra en fait en 1973, grâce à François Truffaut, qui le lui offrira dans La Nuit américaine. Une longue traversée, marquée à la fois par des petits et grands rôles, au cinéma et à la télévision, lui donneront à la fois l’expérience et le poids. Mais en 1974, elle tourne avec son compagnon, Philippe Léotard, La Gueule ouverte de Maurice Pialat, ensuite L’homme qui aimait les femmes de François Truffaut (1977), La Chambre verte (1978) qui la projettera sur le Panthéon cinématographique et fera d’elle une actrice populaire.
Elle obtient en 1981 et les années suivantes, trois Césars consécutifs. Le premier pour le meilleur second rôle féminin au titre de Sauve qui peut de Jean Luc Godard et en 1982 pour Une étrange affaire de Pierre Granier-Deffer. En 1983, elle obtient enfin le César de la meilleure actrice pour La Balance de Bob Swain où elle incarne le rôle d’une prostituée,attachée à son compagnon, Philippe Léotard face au redoutable commissaire, Richard Berry et au truand...Maurice Ronet. Sa présence comme esthéticienne dans Vénus beauté (Institut) lui permet de décrocher une nomination supplémentaire aux Césars alors qu’elle reçoit la coupe Volpi de meilleure actrice au Festival de Venise en 1999 pour son film Une liaison pornographique.D’un succès à un hommage,elle est consacrée grande actrice, jouant dans des postures diverses.
La présence de Nathalie Baye, mais aussi celles d’Alain Delon, Ridley Scott, Oliver Stone et Yousra à cette troisième édition du film témoigne, à vrai dire, d’un choix qui s’impose de lui-même. Grande star ayant su conserver l’humilité et la prestance, elle est au cinéma français ce qu’est une Merryl Streep au cinéma anglo-saxon. Autrement dit, une douceur exquise, un engagement où l’émotion est la première qualité. S’il fallait résumer l’esprit de l’édition 2003, l’on dirait volontiers qu’elle atteint les crêtes de la qualité et de l’éclectisme.
Il convient de souligner que le choix de Volker Schlöndorff pour présider le jury des longs métrages et de Jeremy Irons, celui des courts métrages, est judicieux.
D’autant plus que l’un et l’autre incarnent ce qu’on peut appeler la grandeur du cinéma. Figures emblématiques et cosmopolites, le premier est allemand et le second britannique, ils se distinguent par un parcours exceptionnel à maints égards. Volker Schlöndorff, né en 1939 à Wiesbaden (Allemagne) alors que la deuxième guerre mondiale se déclenchait, avait émigré en France dès son adolescence. Solides études, d’abord au lycée Henry IV, ensuite Science Pô, Philo et le célèbre IDHEC (Institut des hautes études de cinéma). A vingt-deux ans, en 1961, il fera ses premières armes avec Jean-Pierre Melville (Léon Morin, prêtre), Alain Resnais (L’année dernière à Marienbad), film fétiche en noir et blanc qui bouleversa toute une génération ployée sous le poids du sartrisme. Enfin en 1963, le jeune cinéaste allemand, francophile jusqu’aux ongles, assistera un vétéran, Louis Malle dans «Le Feu follet».
C’est en 1964 seulement que Volker Schlöndorff retourne en Allemagne, alors divisée en deux Etats. Deux ans plus tard, il réalise son premier long métrage Der junge Toerless (Désarroi de l’élève Toerless), tiré de l’œuvre de Robert Musil. Présenté au Festival de Cannes, il obtient le Prix de la critique. Avec son épouse, Margarethe von Trotta, il réalise en 1975 le chef-d’œuvre «Honneur perdu de Katharina Blum», qui suscite un véritable engouement en France et en Allemagne.
En 1979, il réalise le grand film qui le consacre comme l’un des plus grands réalisateurs : «Le Tambour», adapté du roman de Günther Grass et obtient la Palme d’or au Festival de Cannes.
Quant à Jeremy Irons, né à l’Ile de Wight (Angleterre) en 1948, il est l’acteur fétiche des années quatre-vingt-dix, grâce notamment à ses deux premiers tournages : Nijinski d’Herbert Ross et La Maîtresse du lieutenant français de Karel Reisz, adpaté du roman de John Fowles.
On le dit professionnel jusqu’au bout des ongles et très exigeant. Mélange de douceur et de romantisme - notamment dans Chinese box de Wayne Wangh avec Gong Li - , figure quasi angélique, il découvre une autre image de lui dans le grand film de Roland Joff, The Mission ( Mission) où il incarne le rôle, taillé sur mesure, d’un missionnaire jésuite du XVIIIème siècle.
En 1990, Jeremy Irons reçoit l’Oscar du meilleur acteur, pour son rôle sublime dans Le Mystère von Bulow de Barbet Schroeder où il incarne le célèbre et riche comte qui porte le même nom. Pendant des années, il passera d’un registre à un autre, prétant même sa voix dans le film Le Roi Lion (1994), dessin animé de Walt Disney qui eut un succès sans précédent. En 2002, il est placé face à Patricia Kaas dans And now Ladies and Gentlemen de Claude Lelouch, tourné sur les hauteurs de Lalla Chafia à Fès et en France notamment. Il joue ensuite dans Callas forever de Franco Zeffirelli avec Fanny Ardant.
L’acteur britannique le plus populaire ? C’est peu dire que Jeremy Irons est une sorte de modèle, visage émacié, regard perdu, démarche de jésuite en réalité, il incarne le cinéma mondial dans ses exigences contradictoires. Sa présence à Marrakech est le gage d’une rigueur dans le choix du jury. L’édition 2003, comme cela a été dit,a retenu 73 films sur quelque 1000 autres, dont 200 courts métrages. Ils seront placés en compétition, et soumis au verdict de deux jurys exceptionnels,composés chacun de personnalités du 7ème art et venues de divers horizons. Il reste que l’édition de cette année sera marquée par la présence de Nathalie Baye, actrice de talent du cinéma français mais dont les prouesses rafraîchissantes transcendent passablement les frontières de l’Hexagone pour ne pas attirer les regards séduits du public mondial.
Nathalie Baye la magique
Nathalie Baye, après Sophie Marceau et Jeanne Moreau, présidera donc la troisième édition du Festival du film de Marrakech. C’est en 1972, alors qu’elle n’avait que 21 ans, qu’elle commença sa carrière d’actrice dans Brève rencontre de Robert Wise avec Peter Fonda. Jusque-là, elle avait joué surtout au théâtre dans les Croulants se portent bien, après avoir suivi les cours au Conservatoire d’art dramatique. Son premier rôle, celui qui déterminera son profil,elle l’obtiendra en fait en 1973, grâce à François Truffaut, qui le lui offrira dans La Nuit américaine. Une longue traversée, marquée à la fois par des petits et grands rôles, au cinéma et à la télévision, lui donneront à la fois l’expérience et le poids. Mais en 1974, elle tourne avec son compagnon, Philippe Léotard, La Gueule ouverte de Maurice Pialat, ensuite L’homme qui aimait les femmes de François Truffaut (1977), La Chambre verte (1978) qui la projettera sur le Panthéon cinématographique et fera d’elle une actrice populaire.
Elle obtient en 1981 et les années suivantes, trois Césars consécutifs. Le premier pour le meilleur second rôle féminin au titre de Sauve qui peut de Jean Luc Godard et en 1982 pour Une étrange affaire de Pierre Granier-Deffer. En 1983, elle obtient enfin le César de la meilleure actrice pour La Balance de Bob Swain où elle incarne le rôle d’une prostituée,attachée à son compagnon, Philippe Léotard face au redoutable commissaire, Richard Berry et au truand...Maurice Ronet. Sa présence comme esthéticienne dans Vénus beauté (Institut) lui permet de décrocher une nomination supplémentaire aux Césars alors qu’elle reçoit la coupe Volpi de meilleure actrice au Festival de Venise en 1999 pour son film Une liaison pornographique.D’un succès à un hommage,elle est consacrée grande actrice, jouant dans des postures diverses.
La présence de Nathalie Baye, mais aussi celles d’Alain Delon, Ridley Scott, Oliver Stone et Yousra à cette troisième édition du film témoigne, à vrai dire, d’un choix qui s’impose de lui-même. Grande star ayant su conserver l’humilité et la prestance, elle est au cinéma français ce qu’est une Merryl Streep au cinéma anglo-saxon. Autrement dit, une douceur exquise, un engagement où l’émotion est la première qualité. S’il fallait résumer l’esprit de l’édition 2003, l’on dirait volontiers qu’elle atteint les crêtes de la qualité et de l’éclectisme.
