Il avait à peine soufflé ses 20 bougies quand Abdenbi Bouaânani a décidé de créer un club de judo au «Douar». Le jeune homme était sociétaire de l'AS Salé. Il faisait quotidiennement le trajet Yacoub El Mansour - Salé, soit environ 10 km, à pied! Le judo, il le sentait jusqu'aux entrailles. En 1980, il créa le Hilal Judo Club.
Dès 1984, le Hilal allait afficher ses prétentions. Il remporta d'emblée 16 médailles dont 7 en or, et se classa premier. Un rang qu'il va conserver jalousement jusqu'à l'heure ... actuelle. Une hégémonie ininterrompue de ... 18 ans ! Au point qu'il a banalisé le championnat national individuel féminin. Le championnat national 2002 qui s’est déroulé dernièrement a été remporté (vous l’avez deviné) par les filles de l’USYM.
Quel serait le secret de ce succès ?
«Il n'y a pas de secret, expliqua t-il. Il y a l'amour de ce sport, la solidarité et le sérieux». Maître Bouaânani est diplômé des écoles de l'ex-RDA, de France et d'Espagne. Ce géant du judo marocain vit dans le dénuement total. D'ailleurs, on ne peut s'empêcher de s’étonner quand on visite les lieux, délabrés, au cœur du quartier Yacoub El Mansour au rez-de chaussée d’une maison économique, ou «bloc» comme on les appelle ici. Un mouchoir de poche, avec un dojo clairsemé de poutres de support de l’édifice.
Le tatami est en plastique, bricolé à la main. Les douches utilisées à tour de rôle, dégageant des nuages de vapeur sur le dojo. Le matériel pour la musculation est rangé au bord même du tatami, faute de place.
Elle est ainsi cette vieille marmite dans laquelle se prépare la meilleure soupe du pays. Elle secrète chaque année des virtuoses, conquérants des arènes nationales, arabes et continentales. Comment cela ?
«Nous travaillons selon des méthodes de haut niveau. Si la matière est universelle, la différence est dans la valeur ajoutée apportée par le Maître».
Sélection rigoureuse
Les judokas de l'USYM passent d'abord par l'école, installée dans le local même. Les enfants sont admis dès l'âge de 4 ans. Ils sont astreints à un enseignement pédagogique, technique et psychologique. La sélection est très rigoureuse, ce qui explique la maturité précoce des combattants.
Zahra Ouadi, par exemple, a été couronnée championne arabe et d'Afrique à l'âge de ... 16 ans! Lachahb Samira, avec ses 2 mètres et ses 90 kg, est de notoriété dans le monde arabo-africain au même titre que Tadmiri Nadia (72 kg), Tadmiri Hayat , Inb Taza M'Barka (62kg). Pourquoi les champions de l’USYM se conjuguent-ils au féminin ? «C’est le résultat d'une politique volontariste. Elle s’inscrit dans le cadre de la lutte en faveur de la femme pour qu’elle occupe la place qui lui revient dans la société.
Celle-ci a fini par gagner des sièges au gouvernement et au Parlement. Nos garçons ne sont pas en reste. Ils ont gagné près de 70 médailles en or, 60 en argent et 40 en bronze depuis 1984. Ils comptent des internationaux comme Ghoddane Ali et Treha Lahoucine».
Le mérite revient également à la grande volonté de ces filles qui suent chaque jour, ne serait - ce que pour récompenser ce Maître pas comme les autres, qu’elles considèrent comme un ... père. Confiance et respect mutuel, méthode pragmatique et scientifique, voilà en gros les ingrédients magiques mis dans la marmite délicieuse de ce club de Yacoub El Mansour.
Maître Bouaânani déplore cependant l’indifférence dont font l’objet ses champions.
«Nous nous considérons le représentant de la capitale. Nous sommes bourrés de médailles, avec à la clé une médaille d'or africaine des moins 72 kg gagnée par Samira Lachheb et qui est la première du genre gagnée par une Marocaine sur le sol marocain. Nous n'avons reçu la moindre lettre de félicitations de quiconque, y compris de notre Comité directeur et des autorités de tutelle».
Il ajouta : «Est-il normal qu'après chaque succès, nos combattantes regagnent le bercail dans la discrétion totale, sans écho médiatique et sans la moindre compensation matérielle ?». Désolant effectivement sachant que ces athlètes sont issus de familles modestes qui reposent leur espoir sur ces champions. On imagine leur frustration quand ils regagnent leur domicile avec une médaille sur le buste mais les mains .. vides.
Maitre Bouaanani n’a pas cédé au désespoir
Ils a réussi à passer une convention de partenariat avec un grand club français. Il a, par ailleurs, obtenu l’accord pour un tournoi international, sous la présidence d’honneur de Son Altesse Royale Lalla Meryame. Ce tournoi placé sous le thème de «La Femme face au défi du 3e millénaire», se déroulera au mois de juillet prochain. Y participeront plus d’une vingtaine de pays.
Comme quoi, Maître Bouaânani n’est pas prêt à déposer les … armes.
Dès 1984, le Hilal allait afficher ses prétentions. Il remporta d'emblée 16 médailles dont 7 en or, et se classa premier. Un rang qu'il va conserver jalousement jusqu'à l'heure ... actuelle. Une hégémonie ininterrompue de ... 18 ans ! Au point qu'il a banalisé le championnat national individuel féminin. Le championnat national 2002 qui s’est déroulé dernièrement a été remporté (vous l’avez deviné) par les filles de l’USYM.
Quel serait le secret de ce succès ?
«Il n'y a pas de secret, expliqua t-il. Il y a l'amour de ce sport, la solidarité et le sérieux». Maître Bouaânani est diplômé des écoles de l'ex-RDA, de France et d'Espagne. Ce géant du judo marocain vit dans le dénuement total. D'ailleurs, on ne peut s'empêcher de s’étonner quand on visite les lieux, délabrés, au cœur du quartier Yacoub El Mansour au rez-de chaussée d’une maison économique, ou «bloc» comme on les appelle ici. Un mouchoir de poche, avec un dojo clairsemé de poutres de support de l’édifice.
Le tatami est en plastique, bricolé à la main. Les douches utilisées à tour de rôle, dégageant des nuages de vapeur sur le dojo. Le matériel pour la musculation est rangé au bord même du tatami, faute de place.
Elle est ainsi cette vieille marmite dans laquelle se prépare la meilleure soupe du pays. Elle secrète chaque année des virtuoses, conquérants des arènes nationales, arabes et continentales. Comment cela ?
«Nous travaillons selon des méthodes de haut niveau. Si la matière est universelle, la différence est dans la valeur ajoutée apportée par le Maître».
Sélection rigoureuse
Les judokas de l'USYM passent d'abord par l'école, installée dans le local même. Les enfants sont admis dès l'âge de 4 ans. Ils sont astreints à un enseignement pédagogique, technique et psychologique. La sélection est très rigoureuse, ce qui explique la maturité précoce des combattants.
Zahra Ouadi, par exemple, a été couronnée championne arabe et d'Afrique à l'âge de ... 16 ans! Lachahb Samira, avec ses 2 mètres et ses 90 kg, est de notoriété dans le monde arabo-africain au même titre que Tadmiri Nadia (72 kg), Tadmiri Hayat , Inb Taza M'Barka (62kg). Pourquoi les champions de l’USYM se conjuguent-ils au féminin ? «C’est le résultat d'une politique volontariste. Elle s’inscrit dans le cadre de la lutte en faveur de la femme pour qu’elle occupe la place qui lui revient dans la société.
Celle-ci a fini par gagner des sièges au gouvernement et au Parlement. Nos garçons ne sont pas en reste. Ils ont gagné près de 70 médailles en or, 60 en argent et 40 en bronze depuis 1984. Ils comptent des internationaux comme Ghoddane Ali et Treha Lahoucine».
Le mérite revient également à la grande volonté de ces filles qui suent chaque jour, ne serait - ce que pour récompenser ce Maître pas comme les autres, qu’elles considèrent comme un ... père. Confiance et respect mutuel, méthode pragmatique et scientifique, voilà en gros les ingrédients magiques mis dans la marmite délicieuse de ce club de Yacoub El Mansour.
Maître Bouaânani déplore cependant l’indifférence dont font l’objet ses champions.
«Nous nous considérons le représentant de la capitale. Nous sommes bourrés de médailles, avec à la clé une médaille d'or africaine des moins 72 kg gagnée par Samira Lachheb et qui est la première du genre gagnée par une Marocaine sur le sol marocain. Nous n'avons reçu la moindre lettre de félicitations de quiconque, y compris de notre Comité directeur et des autorités de tutelle».
Il ajouta : «Est-il normal qu'après chaque succès, nos combattantes regagnent le bercail dans la discrétion totale, sans écho médiatique et sans la moindre compensation matérielle ?». Désolant effectivement sachant que ces athlètes sont issus de familles modestes qui reposent leur espoir sur ces champions. On imagine leur frustration quand ils regagnent leur domicile avec une médaille sur le buste mais les mains .. vides.
Maitre Bouaanani n’a pas cédé au désespoir
Ils a réussi à passer une convention de partenariat avec un grand club français. Il a, par ailleurs, obtenu l’accord pour un tournoi international, sous la présidence d’honneur de Son Altesse Royale Lalla Meryame. Ce tournoi placé sous le thème de «La Femme face au défi du 3e millénaire», se déroulera au mois de juillet prochain. Y participeront plus d’une vingtaine de pays.
Comme quoi, Maître Bouaânani n’est pas prêt à déposer les … armes.
