Tribulations classiques dans ce dessin animé familial qui, sans être révolutionnaire, compte quelques jolies séquences et des dialogues amusants.
Car Sinbad, la légende des sept mers est un film d'animation, soit un dessin animé, familial et plaisant au demeurant, produit par les studios Dreamworks (Chicken Run, Spirit, Shrek), avec le scénariste John Logan (Gladiator, Le Dernier Samourai) et les réalisateurs Tim Johnson (Fourmiz) et Patrick Gilmore aux manettes.
Derrière les traits dessinés des personnages, on devine cependant sans mal ceux des comédiens américains qui n'ont pas seulement « prêté leurs voix » mais aussi leurs visages, « jouant » pendant un « tournage » leurs rôles de cartoon devant des dessinateurs qui « croquaient » leurs mimiques.
Ainsi Sinbad flagorne et grimace comme Brad Pitt, Marina bat des paupières et tord le nez comme Catherine Zeta-Jones et la déesse Eris minaude et gronde comme Michelle Pfeiffer.
Ce qui donne un air familier à ces êtres pixélisés, du reste pas les plus esthétiques de l'histoire de l'animation. Dreamworks a beaucoup communiqué autour de la dimension inédite de cette nouvelle création en mettant en avant des expériences techniques novatrices.
En terme de décors, Sindbad ne surpasse pas vraiment de récents succès comme La Planète aux trésors (Walt Disney), Le Monde de Nemo (Pixar), ou un des derniers nés des studios Ghibli (Princesse Mononoké).
Mais il peut faire valoir des séquences étonnantes avec ses sirènes liquides mi-nageuses, mi-vagues, qui tentent d'emporter les marins, ou sa déesse Eris qui se métamorphose, glisse ou s'évapore en permanence, le corps en dessin fixe, les extrémités fondant en 3D. Les paysages intermédiaires restent assez classiques, mais la ville de Syracuse et l'univers de la déesse, sorte de grand planétarium ou mer de sable mouvants, valent le détour.
C'est plutôt du côté du scénario qu'il y aurait à redire.
Ce Sinbad s'inspire manifestement plus de l'Odyssée de Homère que des contes des Mille et une nuits.
La référence n'est pas aberrante en soi puisque que le baroudeur des mers a souvent été considéré comme un petit frère de Ulysse.
Reste qu'il perd ici une partie de son orientalisme au profit de la mythologie grecque. Rajouter à cela un soupçon de Jules Verne (l'attaque du bateau par le monstre marin) et la pauvre Shéhérazade peut déclarer forfait devant ce nouvel exemple de mythologies mondialisées qui cultive des aventures au parfum de déjà vu.
Scélérat ou héros ?
C'est Eris, déesse de la discorde qui s'empare du récit : pour faire sombrer la cité de Syracuse dans le chaos, elle s'assure que Sinbad, pirate sans scrupules, va dérober le Livre de la paix à son ami d'enfance, Proteus, futur roi de Syracuse. Pour cela, elle fait le pari de la scélératesse du jeune homme, censé être dépourvu de cœur et de sens de l'honneur. Elle l'attire ensuite jusque dans son royaume de Tartare pour lui faire subir l'ultime épreuve.
Les sept voyages de Sinbad se trouvent donc réunis en un seul où il affronte tour à tour les sirènes, un poisson-île, un oiseau-géant, autant de monstres excités par la déesse. Si la confrontation hommes-dieux n'est pas convaincante (qui des autres dieux par exemple ?) et que les personnages entourant les héros sont cantonnés à des rôles de figurants (pas bien crédible l'équipage de Sindbad, pirates doucereux lissés pour des enfants de trois ans), il faut reconnaître un effort des scénaristes au niveau du texte. En cherchant à « moderniser » Sinbad, il lui ont fait parler le langage d'un lascar très 21e siècle qui lance des phrases comme « tu devrais lui filer une prime de risque » ou « j'avoue que je commence à baliser » à qui mieux mieux.
Sans compter que le héros, certes navigateur et combattant hors pair est tout simplement vénal, égoïste, vantard, et inamical, soit un fanfaron anti-romantique a priori. Ses échanges avec Marina tranchent donc avec les dialogues rétro-sucrés ou les discours moralistes tellement en vogue dans les dessins animés. Sinbad est un héros nouvelle vague, de la famille de Shrek, mais en moins sympathique.
L'enjeu de cette aventure étant justement de le faire devenir le héros que ses amis voient en lui (et qu'il n'était pas, ou ne croyait pas être). C'était néanmoins audacieux de lui confier un « parler jeune », lequel ne fait jamais aussi faux que lorsqu'il est imité. La version française s'en sort bien en confrontant la charmante voix cassée de Patrick Bruel avec le petit accent chantant de Monica Bellucci. Sous les masques de Brad Pitt et Catherine Zeat-Jones, leurs répliques deviennent assez désopilantes. Pas de quoi chambouler le monde du film d'animation pour autant. Tim Johnson et Patrick Gilmore se sont vantés d'être les premiers à livrer une version animée des aventures de Sinbad. C'est ignorer celle de Karel Zeman, réalisateur tchèque qui s'est inspiré de miniatures persanes pour son Sinbad sorti en décembre 2001.
Sinbad - la légende des sept mers (Sinbad - legend of the seven seas) Film d'animation américain réalisé par Tim Johnson et Patrick Gilmore. Avec les voix de Patrick Bruel et Monica Bellucci (en français) et Brad Pitt, Michelle Pfeiffer et Catherine Zeta-Jones (en anglais).
Car Sinbad, la légende des sept mers est un film d'animation, soit un dessin animé, familial et plaisant au demeurant, produit par les studios Dreamworks (Chicken Run, Spirit, Shrek), avec le scénariste John Logan (Gladiator, Le Dernier Samourai) et les réalisateurs Tim Johnson (Fourmiz) et Patrick Gilmore aux manettes.
Derrière les traits dessinés des personnages, on devine cependant sans mal ceux des comédiens américains qui n'ont pas seulement « prêté leurs voix » mais aussi leurs visages, « jouant » pendant un « tournage » leurs rôles de cartoon devant des dessinateurs qui « croquaient » leurs mimiques.
Ainsi Sinbad flagorne et grimace comme Brad Pitt, Marina bat des paupières et tord le nez comme Catherine Zeta-Jones et la déesse Eris minaude et gronde comme Michelle Pfeiffer.
Ce qui donne un air familier à ces êtres pixélisés, du reste pas les plus esthétiques de l'histoire de l'animation. Dreamworks a beaucoup communiqué autour de la dimension inédite de cette nouvelle création en mettant en avant des expériences techniques novatrices.
En terme de décors, Sindbad ne surpasse pas vraiment de récents succès comme La Planète aux trésors (Walt Disney), Le Monde de Nemo (Pixar), ou un des derniers nés des studios Ghibli (Princesse Mononoké).
Mais il peut faire valoir des séquences étonnantes avec ses sirènes liquides mi-nageuses, mi-vagues, qui tentent d'emporter les marins, ou sa déesse Eris qui se métamorphose, glisse ou s'évapore en permanence, le corps en dessin fixe, les extrémités fondant en 3D. Les paysages intermédiaires restent assez classiques, mais la ville de Syracuse et l'univers de la déesse, sorte de grand planétarium ou mer de sable mouvants, valent le détour.
C'est plutôt du côté du scénario qu'il y aurait à redire.
Ce Sinbad s'inspire manifestement plus de l'Odyssée de Homère que des contes des Mille et une nuits.
La référence n'est pas aberrante en soi puisque que le baroudeur des mers a souvent été considéré comme un petit frère de Ulysse.
Reste qu'il perd ici une partie de son orientalisme au profit de la mythologie grecque. Rajouter à cela un soupçon de Jules Verne (l'attaque du bateau par le monstre marin) et la pauvre Shéhérazade peut déclarer forfait devant ce nouvel exemple de mythologies mondialisées qui cultive des aventures au parfum de déjà vu.
Scélérat ou héros ?
C'est Eris, déesse de la discorde qui s'empare du récit : pour faire sombrer la cité de Syracuse dans le chaos, elle s'assure que Sinbad, pirate sans scrupules, va dérober le Livre de la paix à son ami d'enfance, Proteus, futur roi de Syracuse. Pour cela, elle fait le pari de la scélératesse du jeune homme, censé être dépourvu de cœur et de sens de l'honneur. Elle l'attire ensuite jusque dans son royaume de Tartare pour lui faire subir l'ultime épreuve.
Les sept voyages de Sinbad se trouvent donc réunis en un seul où il affronte tour à tour les sirènes, un poisson-île, un oiseau-géant, autant de monstres excités par la déesse. Si la confrontation hommes-dieux n'est pas convaincante (qui des autres dieux par exemple ?) et que les personnages entourant les héros sont cantonnés à des rôles de figurants (pas bien crédible l'équipage de Sindbad, pirates doucereux lissés pour des enfants de trois ans), il faut reconnaître un effort des scénaristes au niveau du texte. En cherchant à « moderniser » Sinbad, il lui ont fait parler le langage d'un lascar très 21e siècle qui lance des phrases comme « tu devrais lui filer une prime de risque » ou « j'avoue que je commence à baliser » à qui mieux mieux.
Sans compter que le héros, certes navigateur et combattant hors pair est tout simplement vénal, égoïste, vantard, et inamical, soit un fanfaron anti-romantique a priori. Ses échanges avec Marina tranchent donc avec les dialogues rétro-sucrés ou les discours moralistes tellement en vogue dans les dessins animés. Sinbad est un héros nouvelle vague, de la famille de Shrek, mais en moins sympathique.
L'enjeu de cette aventure étant justement de le faire devenir le héros que ses amis voient en lui (et qu'il n'était pas, ou ne croyait pas être). C'était néanmoins audacieux de lui confier un « parler jeune », lequel ne fait jamais aussi faux que lorsqu'il est imité. La version française s'en sort bien en confrontant la charmante voix cassée de Patrick Bruel avec le petit accent chantant de Monica Bellucci. Sous les masques de Brad Pitt et Catherine Zeat-Jones, leurs répliques deviennent assez désopilantes. Pas de quoi chambouler le monde du film d'animation pour autant. Tim Johnson et Patrick Gilmore se sont vantés d'être les premiers à livrer une version animée des aventures de Sinbad. C'est ignorer celle de Karel Zeman, réalisateur tchèque qui s'est inspiré de miniatures persanes pour son Sinbad sorti en décembre 2001.
Sinbad - la légende des sept mers (Sinbad - legend of the seven seas) Film d'animation américain réalisé par Tim Johnson et Patrick Gilmore. Avec les voix de Patrick Bruel et Monica Bellucci (en français) et Brad Pitt, Michelle Pfeiffer et Catherine Zeta-Jones (en anglais).
