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Armes de destruction massive en Irak : profonde crise de confiance dans le renseignement américain

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Pris en défaut sur les armes de destruction massive (ADM) irakiennes, les services de renseignement américains sont plongés dans une profonde crise de confiance, qui devrait s'aggraver cette semaine avec la publication d'un nouveau rapport parlementaire.

«On n'arrête pas d'avoir ces auditions, à la commission du renseignement, où on se dit +oh mon Dieu+», regrette le président de cette commission sénatoriale, le républicain Pat Roberts, après l'audition mercredi de l'ancien chef du groupe d'inspecteurs américains à la recherche des ADM irakiennes, David Kay.
M. Roberts a déjà annoncé qu'il publierait jeudi prochain un rapport sur les lacunes du renseignement américain en Irak.

M. Kay, qui ne croit pas à la présence d'ADM en Irak, avait estimé devant des sénateurs que les services du renseignement ont «un problème fondamental pour comprendre ce qui s'est mal passé».

Bien qu'il se soit défendu de vouloir déclencher une «chasse aux sorcières», ces déclarations ont déclenché un vif débat sur les responsabilités et la nécessité de réformer tout le milieu américain du renseignement.

Les démocrates, qui espèrent pouvoir exploiter le dossier des ADM introuvables contre l'administration républicaine, en pleine année électorale, ont repris la proposition de M. Kay de lancer une enquête indépendante sur le renseignement.
«Le passé nous a bien appris que les organisations fermées et les sociétés secrètes, qu'elles soient religieuses ou gouvernementales, sont celles qui ont le plus de mal à se réformer devant l'échec si elles n'y sont pas aidées de l'extérieur», a déclaré M. Kay la semaine dernière.

Plusieurs responsables américains se sont appliqués à rappeler les plus gros échecs récents du renseignement, depuis le bombardement de l'ambassade chinoise à Belgrade pendant la guerre du Kosovo, aux attentats du 11 septembre 2001.

Pendant tout ce temps, les crédits alloués au renseignement ont augmenté, jusqu'à être évalués actuellement à une quarantaine de milliards de dollars par an.
Les responsables des services assurent qu'ils dépensent beaucoup pour former une nouvelle génération d'espions et d'analystes, tout en renforçant l'antiterrorisme.

Reste qu'aucun dirigeant du renseignement n'a été remplacé depuis le 11 septembre 2001, et selon certains experts les façons de procéder n'ont pas fondamentalement changé.

«Il n'y a sûrement pas eu de réforme radicale», déclare ainsi Richard Betts, un ancien membre du Conseil national de sécurité et de la commission sénatoriale du renseignement, travaillant actuellement au Council on Foreign Relations.

Le directeur de la CIA George Tenet, nommé par l'ancien président Bill Clinton, entretient apparemment de bonnes relations avec son successeur républicain George W. Bush, et il a survécu à toutes les crises.

M. Tenet a autorité sur une nébuleuse de divers services de renseignements, dépendant pour la plupart du Pentagone, pour partie de certains ministères, alors que la CIA relève du département d'Etat.

Nul ne sait encore précisément comment cet énorme réseau, le plus étendu et le plus sophistiqué du monde, a pu se tromper en Irak, et aujourd'hui certains parlementaires s'interrogent sur sa fiabilité, notamment concernant la Corée du Nord.

Pour une ancienne haute responsable du renseignement, l'échec irakien révèle «l'effondrement total, ces dix dernières années, des capacités analytiques du renseignement».

«Il y a un manque total de rigueur», estime-t-elle, «en général, les analystes qui travaillent sur un point chaud se contentent de réagir aux événements du jour».
«Par exemple en Irak, (...) est-ce que qui que ce soit a dit: +envisageons une hypothèse alternative, que Saddam Hussein essaie de faire croire qu'il a ces programmes pour faire croire aux Iraniens qu'il représente une menace+?», interroge-t-elle.
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