A la tête de la délégation, le Premier secrétaire de l'Union socialiste des forces populaires Mohamed El Yazghi, costume sombre et visage serein. A ses côtés, des membres du Bureau politique : Mohamed Karam, Abderrafia Jouhari, Mohamed Seddiki, Driss Lachgar. En plus d'être des proches du premier des usfpéistes, ils sont tous avocats. Signe particulier, ils ont tous une conscience vive de l'équité, la défense des principes des droits humains chevillée au corps.
On savait le moment important. L'annonce en avait été faite il y a plusieurs mois déjà par les dirigeants du parti de la Rose. Quatre dossiers - enlèvement de Mehdi Benbarka, assassinat de Omar Benjelloun, colis piégé reçu par Mohamed El Yazghi et mort sous la torture du militant de la jeunesse ittihadia Grina- allaient être remis par l'USFP à la commission en charge de faire la vérité sur ces années de plomb et de souffre.
Quelques journalistes étaient donc là pour couvrir « l'événement », même si Driss Benzekri, président de l'Instance Equité et Réconciliation, aurait préféré- au nom d'un traitement égalitaire de toutes les victimes qui peuplent les pages sombres de l'histoire des abus et des exactions- plus de discrétion, pas de micros ni de caméras, non plus. La télévision ne sera d'ailleurs pas autorisée à filmer à l'intérieur de l'instance. Pas plus les journalistes qui n'auront pas accès à la salle de réunion, une pièce que l'on imagine catharsis, où tous ceux et celles qui viennent déposer leurs dossiers n'en finissent pas de raconter ces années volées.
A la porte de l'immeuble, en cette fin d'après-midi du 12 février, Mohamed El Yazghi, celui-là même qui a vécu dans sa chair la douleur de l'injustice confirme. «Je suis là pour déposer dans les délais prescrits, et conformément à ce qui a été décidé par l'USFP, les trois dossiers. Le premier concerne l'affaire du martyr Mehdi Benbarka, qui a été enlevé à Paris le 29 octobre 1965. Nous voulons savoir ce qui s'est passé, connaître la vérité. Le deuxième dossier est celui de l'assassinat perpétré le 18 décembre 1975 de Omar Benjelloun. Cet assassinat était politique en une année déterminante, celle du congrès extraordinaire de l'USFP et de l'affaire du Sahara. Nous voulons ici encore connaître la vérité sur ce meurtre
Le troisième dossier est celui du colis piégé que j'avais reçu le 13 janvier 1973. La Jeunesse Ittihadia a également déposé le dossier concernant Grina, arrêté le jour de solidarité d peuple marocain avec le peuple palestinien. C'était à l'occasion de la journée de la Terre , le 30 avril 1979. Il a été torturé jusqu'à en mourir ».
Le leader socialiste le dit à voix fore. Le parti aux destinées duquel il préside fonde grands espoirs en cette commission Vérité. Il rappelle volontiers le discours royal d'Agadir à l'occasion de l'installation de l'instance Equité et Réconciliation . « Sa Majesté avait insisté sur le rôle de cette instance d'éclairer la vérité sur toute cette phase de notre histoire, relative aux atteintes aux droits de l'Homme.
Mon sentiment aujourd'hui est que la vérité doit être faite. C'est dans l'intérêt du pays, c'est dans l'intérêt de notre Etat, des forces politiques et des droits de l'Homme. Si le Maroc s'engage à construire un Etat de droit, il faut absolument qu'il lise la page de la phase la plus obscure et la plus sombre de son histoire », nous a déclaré M. El Yazghi.
Dans la salle de réunion, la délégation usfpéiste remettra les quatre dossiers, autant de mémorandum de 5 pages chacun, porteurs d'une seule et unique revendication : que la vérité soit faite. Commentaire du premier secrétaire de l'USFP, victime du colis piégé, au sortir de la réunion qui aura duré environ une heure: « Les responsables de l'Instance nous ont expliqué les perspectives et le cadre dans lequel ils vont travailler. Leur volonté est claire de vouloir accomplir leur mission et de faire jaillir la vérité ».
Salah Eddine El Ouadie, membre de l'Instance, a toujours les mots justes pour décrire et rendre compte, y compris de l'indicible. Normal, il est aussi poète. Cette réunion avec les dirigeants de l'USFP, venus remettre solennellement et officiellement leurs dossiers à la Commission, il l'a vécue comme un acte profondément symbolique.
« Cette rencontre est symbolique de l'importance qu'accorde le grand parti de la gauche qu'est l'USFP à l'Instance Equité et Réconciliation et aux résultats qui en sont attendus. Cela conforte la commission dans le rôle qui est le sien et qui n'est pas des moindres. Cela va à mon avis encourager plus encore l'Instance en sachant bien sûr que l'action de l'Instance ne pourra être optimalisée qu'avec le soutien et l'appui de toutes les forces vives ». L'ancien détenu politique en est convaincu : « Tout cela afin de pouvoir tisser une vraie toile de la réconciliation.
Voilà comment j'interprète personnellement ce qui s'est passé aujourd'hui : Nous avons eu bien sûr la confiance du Souverain ; ce qui est politiquement une chose très importante. Nous avons aujourd'hui la confirmation de la confiance d'un grand parti de la gauche. Nous avons la confiance de milliers de victimes qui ne cessent depuis la création de la commission de nous écrire et nous faire parvenir leurs doléances . C'est une dynamique et j'ai le sentiment que nous sommes confortés dans notre volonté d'aller de l'avant et d'éclaircir ces pages du passé. Et surtout d'essayer de participer à l'ébauche de l'avenir »
Il y eut la photo de groupe. Ceux de l'Instance Equité et Réconciliation et les dirigeants d'un parti dont les militants ont fait ce voyage au bout de la nuit noire, réunis dans une communion de dessein : le devoir de mémoire pour que la page soit lue avant d'être tournée…
On savait le moment important. L'annonce en avait été faite il y a plusieurs mois déjà par les dirigeants du parti de la Rose. Quatre dossiers - enlèvement de Mehdi Benbarka, assassinat de Omar Benjelloun, colis piégé reçu par Mohamed El Yazghi et mort sous la torture du militant de la jeunesse ittihadia Grina- allaient être remis par l'USFP à la commission en charge de faire la vérité sur ces années de plomb et de souffre.
Quelques journalistes étaient donc là pour couvrir « l'événement », même si Driss Benzekri, président de l'Instance Equité et Réconciliation, aurait préféré- au nom d'un traitement égalitaire de toutes les victimes qui peuplent les pages sombres de l'histoire des abus et des exactions- plus de discrétion, pas de micros ni de caméras, non plus. La télévision ne sera d'ailleurs pas autorisée à filmer à l'intérieur de l'instance. Pas plus les journalistes qui n'auront pas accès à la salle de réunion, une pièce que l'on imagine catharsis, où tous ceux et celles qui viennent déposer leurs dossiers n'en finissent pas de raconter ces années volées.
A la porte de l'immeuble, en cette fin d'après-midi du 12 février, Mohamed El Yazghi, celui-là même qui a vécu dans sa chair la douleur de l'injustice confirme. «Je suis là pour déposer dans les délais prescrits, et conformément à ce qui a été décidé par l'USFP, les trois dossiers. Le premier concerne l'affaire du martyr Mehdi Benbarka, qui a été enlevé à Paris le 29 octobre 1965. Nous voulons savoir ce qui s'est passé, connaître la vérité. Le deuxième dossier est celui de l'assassinat perpétré le 18 décembre 1975 de Omar Benjelloun. Cet assassinat était politique en une année déterminante, celle du congrès extraordinaire de l'USFP et de l'affaire du Sahara. Nous voulons ici encore connaître la vérité sur ce meurtre
Le troisième dossier est celui du colis piégé que j'avais reçu le 13 janvier 1973. La Jeunesse Ittihadia a également déposé le dossier concernant Grina, arrêté le jour de solidarité d peuple marocain avec le peuple palestinien. C'était à l'occasion de la journée de la Terre , le 30 avril 1979. Il a été torturé jusqu'à en mourir ».
Le leader socialiste le dit à voix fore. Le parti aux destinées duquel il préside fonde grands espoirs en cette commission Vérité. Il rappelle volontiers le discours royal d'Agadir à l'occasion de l'installation de l'instance Equité et Réconciliation . « Sa Majesté avait insisté sur le rôle de cette instance d'éclairer la vérité sur toute cette phase de notre histoire, relative aux atteintes aux droits de l'Homme.
Mon sentiment aujourd'hui est que la vérité doit être faite. C'est dans l'intérêt du pays, c'est dans l'intérêt de notre Etat, des forces politiques et des droits de l'Homme. Si le Maroc s'engage à construire un Etat de droit, il faut absolument qu'il lise la page de la phase la plus obscure et la plus sombre de son histoire », nous a déclaré M. El Yazghi.
Dans la salle de réunion, la délégation usfpéiste remettra les quatre dossiers, autant de mémorandum de 5 pages chacun, porteurs d'une seule et unique revendication : que la vérité soit faite. Commentaire du premier secrétaire de l'USFP, victime du colis piégé, au sortir de la réunion qui aura duré environ une heure: « Les responsables de l'Instance nous ont expliqué les perspectives et le cadre dans lequel ils vont travailler. Leur volonté est claire de vouloir accomplir leur mission et de faire jaillir la vérité ».
Salah Eddine El Ouadie, membre de l'Instance, a toujours les mots justes pour décrire et rendre compte, y compris de l'indicible. Normal, il est aussi poète. Cette réunion avec les dirigeants de l'USFP, venus remettre solennellement et officiellement leurs dossiers à la Commission, il l'a vécue comme un acte profondément symbolique.
« Cette rencontre est symbolique de l'importance qu'accorde le grand parti de la gauche qu'est l'USFP à l'Instance Equité et Réconciliation et aux résultats qui en sont attendus. Cela conforte la commission dans le rôle qui est le sien et qui n'est pas des moindres. Cela va à mon avis encourager plus encore l'Instance en sachant bien sûr que l'action de l'Instance ne pourra être optimalisée qu'avec le soutien et l'appui de toutes les forces vives ». L'ancien détenu politique en est convaincu : « Tout cela afin de pouvoir tisser une vraie toile de la réconciliation.
Voilà comment j'interprète personnellement ce qui s'est passé aujourd'hui : Nous avons eu bien sûr la confiance du Souverain ; ce qui est politiquement une chose très importante. Nous avons aujourd'hui la confirmation de la confiance d'un grand parti de la gauche. Nous avons la confiance de milliers de victimes qui ne cessent depuis la création de la commission de nous écrire et nous faire parvenir leurs doléances . C'est une dynamique et j'ai le sentiment que nous sommes confortés dans notre volonté d'aller de l'avant et d'éclaircir ces pages du passé. Et surtout d'essayer de participer à l'ébauche de l'avenir »
Il y eut la photo de groupe. Ceux de l'Instance Equité et Réconciliation et les dirigeants d'un parti dont les militants ont fait ce voyage au bout de la nuit noire, réunis dans une communion de dessein : le devoir de mémoire pour que la page soit lue avant d'être tournée…
