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Bakir Benaissa, ancien athlète, se souvient : «le manque de moyens nous a empêché de réaliser des miracles»

Les moyens actuels mis à disposition des athlètes (entraînement, médecine, alimentation etc...) sont autant de stimulants encourageant les bénéficiaires à réaliser les performances et à mieux représenter le Royaume dans les compétitions mondiales, a estim

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Dans les années 1950 et 1960, la rareté et le manque de ces moyens ont privé des générations d'athlètes de se hisser sur le toit de la discipline, a-t-il indiqué dans un entretien accordé à la MAP, rappelant le "gouffre" entre l'athlète de cette époque, qui n'a pas été suffisamment médiatisé et se préparait en solo dans des conditions difficiles, alors que les coureurs d'aujourd'hui sont bien choyés et cajolés en s'entraînant sous la supervision de spécialistes sur des pistes et dans des salles bien équipées et gagnent bien leur vie et plein d'argent. Rien ne leur manque.

Témoin d'une période assez difficile et sans suivre de formation spécifique, il était à la fois athlète, entraîneur, médecin et kinésithérapeute. Il "entretenait" son corps et ses muscles selon sa propre résistance physique. "Si nous avions bénéficié des mêmes conditions, nous aurions réalisé des miracles", a-t-il dit en substance.
"C'était en solo que s'endurcirent les athlètes en l'absence du minimum requis et nous avions couru pieds nus plusieurs fois et sans le moindre encouragement financier. Et en dépit de ces handicaps, nous étions de féroces concurrents aussi bien dans les compétitions de cross country, de piste qu'en courses sur route, et nous avons toujours honoré notre pays sur les scènes arabes, régionales et internationales", se rappelle ce coureur âgé de 67 ans.

Dans ce registre de comparaison, Benaissa établit une division binaire entre ces générations. L'athlète d'alors était plus complet, une sorte de "généraliste" qui s'engageait dans tous les genres de courses passant admirablement et avec la même rigueur et talents des hippodromes, aux pistes ou sur l'asphalte. Actuellement, la spécialisation est de mise avec des athlètes "branchés" uniquement sur une ou deux épreuves avec une carrière qui ne dure pas trop, quelques années seulement avant l'éclipse sauf quelques exceptions rares.
Bakir a écumé les pistes et terrains boueux plus de deux décades (21 ans), embrassant la course à pied en 1947 chez les cadets de l'Olympique Marocain jusqu'à 1968, année de sa retraite sportive. Un itinéraire jalonné de titres aussi bien sous les couleurs de la sélection française qu'avec l'équipe marocaine après l'indépendance.

Bakir ne s'est pas contenté à étaler les comparaisons mais, fort de son expérience, prodigue des conseils aux jeunes en les incitant au travail assidu et sérieux aux entraînements et en entretenant la condition physique tout en boudant tout ce qui peut détériorer leur santé particulièrement en repoussant les tentations du dopage.
"Ceux qui croient que les produits prohibés auront une conséquence directe et pousseront aux performances se trompent sur toute la ligne. Je ne connais aucun athlète qui, un jour, a établi une performance en absorbant des produits dopants, bien au contraire plusieurs athlètes dopés n'ont fait que mettre leur vie en danger".
Heureusement qu'à notre époque, l'athlétisme était "sain" et n'était pas encore envahi par ce fléau. "Nous étions des fous mordus de l'unique produit dopant en vogue à l'époque, le jus d'orange et de carottes, consommé sans modération".
Bakir, retraité de la gendarmerie royale, avait rejoint en 1952 le Racing Club français et remporté le championnat de cross country et du 10.000 m de l'Hexagone et a été sacré champion du monde avec la sélection française en 1955 et trois fois vice-champion (1954, 1957 et 1958). Il s'adjugea le titre de champion de France de cross country en 1957, année au cours de laquelle il défendra avec brio les couleurs marocaines aux jeux panarabes de Beyrouth en se coiffant de l'or des 5.000 et 10.000m.

Il avait envisagé un certain temps de prendre la nationalité française, mais était revenu sur sa décision en 1959. "Après ma participation sous le drapeau national dans la course des nations à Lisbonne, cette idée a germé dans ma tête mais l'insistance de feu Mohamed Benjelloun, qui m'a convaincu que le pays a besoin de mes services pour le représenter aux jeux méditerranéens de Beyrouth, m'a poussé à y renoncer sans hésitation" et, bien sûr, la médaille d'or du marathon ornera son cou.

Une couronne qu'il conservera en 1963 aux jeux de Naples après une huitième place aux 42,196 km des jeux olympiques de Rome (1960) et un douzième rang à Tokyo (1964). Sa carte de visite est bien fournie avec des participations aux quinze éditions de la course des nations et cinq sacres avec l'équipe des FAR aux mondiaux militaires.

Pour assurer une bonne continuité et une pérennité de résultats en athlétisme, les dirigeants particulièrement au niveau des clubs doivent être de fins connaisseurs de la pratique et plus compréhensifs des problèmes des athlètes et de leurs besoins.
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