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Mardi 21 Mai 2024
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Bensalem Himmich, membre de la commission administrative de l'USFP : « Il y a urgence à constituer un rassemblement de gauche non dogmatique »

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A la rencontre «Quel projet de gauche marocaine aujourd'hui ?» organisée par le PPS, vous avez longuement parlé du socialisme. Qu'est-ce que le socialisme aujourd'hui ?

Le socialisme n'est plus contenu dans les définitions qui ont eu cours au 19ème siècle du temps des grands mouvements ouvriers. Le socialisme actuellement se veut nouveau, toujours à visage humain. Nouveau dans le sens qu'il se veut au fait de ce grand événement qui est la mondialisation.

En plus des grandes missions du socialisme qui sont plus ou moins classiques et traditionnelles, et face à la déferlante de la mondialisation, on prend de plus en plus conscience des dérapages et des dérives que sa mise en œuvre est en train de produire.
Le mouvement Attack est là pour en témoigner ainsi que celui alter-mondialiste.

Pour moi, tout converge. Le socialisme à visage humain et ces mouvements contestataires ont les mêmes critiques. Ils ne disent pas qu'ils sont contre le principe de la mondialisation. Ils posent la question de savoir comment appliquer les grands principes, c'est à dire l'économie de marché, la compétitivité, l'assainissement des économies nationales, sans perdre de vue l'essentiel.

Et l'essentiel est que tout cela doit se faire au profit de l'homme. C'est ainsi que nous, socialistes, concevons l'économie : ce n'est pas une fin en soi, c'est un moyen au service de l'homme, des sociétés, des plus dépourvus, des laissés pour compte, etc. Le capitalisme pur et dur est un capitalisme qui ne peut pas être sensible aux souffrances des populations.

Comme disait Tocqueville, le capitalisme dans son essence n'a pas d'yeux. Les socialistes veulent avoir des yeux pour voir l'état de la société et poser la fameuse question de l'économiste indien, Prix Nobel, auteur de «L'économie, une science morale» qui disait en substance : «Ne me dites pas comment va l'économie et le taux de croissance, mais dites-moi comment vont les gens». C'est à mes yeux une question que les socialistes devraient s'approprier.

Il est question de la mise en place d'un pôle de gauche et de modernité. Croyez-vous à un peuple de gauche enfin réuni et œuvrant pour le même projet de société ?

Je crois qu'il y a urgence à constituer ce pôle. Nous sommes très conscients des dangers qui guettent notre société. Je pense notamment à la mouvance intégriste, à une droite qui n'en est pas une et qui n'a ni idéologie ni ligne politique véritablement mobilisatrice. Le temps est venu pour que toutes les variations de la gauche de l'extrême gauche à la gauche classique, puissent se fondre dans un grand rassemblement.

Cette gauche ne doit pas se recroqueviller sur des principes surannés ou contre-productifs. Elle doit être créatrice de valeurs ajoutées et faire montre qu'elle a connaissance de l'état du monde. Si on fait l'impasse sur ces périls, nous savons ce qui nous attend.

Est-ce que la volonté existe pour un tel rassemblement ? L'USFP qui pourrait servir de locomotive est-elle prête pour la mise en place de ce pôle ?

Je crois que cette volonté naîtra de la prise de conscience des dangers qui nous guettent. Qu'on le veuille ou non, il n'y a pas un troisième choix. Soit on laisse les choses en l'état ou on dit qu'il faut absolument tout changer, se revigorer et se régénérer. Pour cela il n'y a qu'une seule politique à suivre, celle volontariste qui vise le grand rassemblement.

Je pense pour ma part à un rassemblement souple et non dogmatique, pour que chacun puisse y trouver sa place naturelle. C'est un immense chantier. Tous doivent y travailler pour donner poids et consistance à un tel rassemblement: politiques, intellectuels, acteurs économiques, etc.

Quel rôle peuvent jouer les intellectuels pour la mise en place de ce rassemblement de gauche ? Les intellectuels de gauche ont-ils encore un rôle à jouer ?

En principe, dans tous les grands mouvements, les intellectuels ont toujours servi de noyau dur sinon de locomotive. Ce n'est pas parce qu'ils sont plus intelligents mais parce que leur conscience est beaucoup plus vive quant à la gravité de la situation, aux urgences … Ils ont le how-know , c'est-à-dire le savoir- faire. Ce sont là autant d'atouts, que s'ils sont bien utilisés, peuvent servir la gauche et ce qu'elle représente.
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