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Centre Lalla Meryem : on accueille 200 enfants abandonnés dont 30 handicapés

Situé dans la rue Sukarno, le Centre Lalla Meryem accueille environ deux cents enfants abandonnés. Il assure une prise en charge totale des enfants. Parmi ces derniers, trente sont handicapés. Innocents et dynamiques, les enfants du Centre Lalla Meryem jo

Centre Lalla Meryem : on accueille 200 enfants abandonnés dont 30 handicapés
Le sourire se dessine sur les visages angéliques de la plupart d'entre eux qui semblent ignorer totalement l'espace où ils se trouvent.
Ce qui les importe le plus c'est de jouer. Mais, leur bonheur actuel est le résultat d'un travail de longue haleine fourni par les nurses. Ces dernières essaient, autant que faire se peut, d'aider les nouveaux enfants à s'intégrer dans le groupe et surtout à aimer leur nouvelle vie au sein du centre.

Malika qui est en même temps nurse et jardinière pense que le plus important est l'accueil de l'enfant. La plupart des nouveaux sont agités et agressifs à cause de ce qu'ils ont déjà vécu auparavant et du changement du système de leur vie. Leur intégration nécessite donc parfois de longs mois. «On ne s'occupe pas d'un seul enfant. Mais, on considère l'enfant au sein du groupe.

C'est pour cette raison que nous avons le problème du blocage du langage. A l'âge de trois ans, l'enfant ne peut pas encore constituer une phrase», dit Malika. Quand un enfant parvient enfin à s'adapter avec son environnement, les éducateurs se félicitent vivement et sentent qu'ils ont pu au moins servir à bâtir, ne serait-ce que relativement, le début de l'avenir de l'enfant. «Ils deviennent comme nos enfants. Certains nous appellent même maman. Ils ont besoin de beaucoup d'affection. Ils n'ont commis aucun crime dans cette vie », s'exclame une autre nurse.


En fait, il s'avère difficile pour l'enfant de changer de maison ou de nurses. Docteur Gdira Nezha, pédiatre qui travaille à plein temps au Centre Lalla Meryem, affirme : « Avec les enfants, il n'y a que des problèmes. L'abandon est mal vécu par eux. Quand l'enfant change de nurse, il ne l'accepte pas. Il faut donc le suivre et essayer de l'aider ».
Les enfants les plus petits jusqu'à l'âge de deux ans vivent dans ce qu'on nomme les nids qui sont au nombre de cinq. Lorsqu'ils atteignent l'âge de deux ans, ils sont mis dans « les maisons » dont chacune abrite environ17 enfants du même âge. Ces derniers deviennent comme des frères et sœurs.

700 biberons par jour
Leurs relations, en fait, se tissent au fil des jours. Dans chaque nid ou maison, deux ou trois nourrisses se relaient. Une infirmière spécialisée prépare les biberons qui sont numérotés car quelques enfants ont besoin d'un lait spécifique. «Nous avons quelque 72 bébés qui ont besoin de six biberons par jour. On a presque 700 biberons par jour. Il y a aussi les couches qu'on change six fois par jour.», explique la directrice du centre. Quelques bénévoles viennent régulièrement au centre pour donner les biberons aux enfants ou jouer avec eux.

Pour certains visiteurs, impossible de venir une fois au centre et de ne pas y revenir pour participer au bonheur de ces enfants qui s'attachent à tous ceux qui viennent leur rendre visite.

Ils sont avides d'affection et de tendresse dont ils ont été cruellement privés. « On leur donne tout ce qu'ils veulent. En ce qui concerne la tendresse et l'affection, on essaie dans la mesure du possible de les leur faire sentir. On essaie d'éviter le pire : les traumatismes », dit Sœur Maria en souriant à un enfant. Il se nomme Chakib et ne cesse d'appeler Sœur Maria, maman. Ses yeux marron pétillent d'intelligence. Malheureusement, il souffre d'une anomalie de la colonne vertébrale qui nécessite une intervention chirurgicale sinon, il risque d'être nain. Il partira prochainement en Belgique pour faire cette opération financée par un bienfaiteur.

Selon Sœur Maria qui travaille depuis de longues années au centre, l'un des problèmes majeurs c'est la lourdeur de la procédure d'adoption des enfants. « Pour adopter un enfant, il faut être vraiment patient et attendre des mois pour cela ». Aussi, quelques enfants ont-ils beaucoup soufferts car ils se sont attachés aux personnes qui voulaient les adopter. Mais faute de patience, ces dernières ont fini par y renoncer. Et c'est l'enfant qui est la première victime de cet obstacle.

Heureusement que quelques-uns se patientent le temps qu'il faut pour adopter un enfant du centre. Les parents adoptifs peuvent avoir n'importe quelle nationalité mais ils doivent être musulmans. Une Russe convertie à l'Islam vient régulièrement au centre pour adopter un enfant. Elle a déjà une fille et un garçon qui paraissent ravis d'avoir un autre frère ou sœur.

Par ailleurs, une association italienne a construit un bâtiment au sein du centre pour les enfants handicapés. Lesquels ont besoin d'un traitement spécifique. Ils ont leurs propres réfectoires, une salle de soutien scolaire, une douche adaptée à leur handicap…Ils bénéficient de la kinésithérapie.

Ceux qui ont un handicap très grave et qui ne peuvent bouger sont lavés régulièrement dans des douches spéciales.
Le centre Lalla Meryem mérite, donc, une grande attention. A présent, sa capacité d'accueil a été dépassée. Il a besoin de beaucoup de moyens financiers pour pouvoir fonctionner à l'aise et pour aider d'autres enfants abandonnés qui n'ont commis aucun crime dans cette vie sauf que leurs parents sont irresponsables.

Le Centre Lalla Meryem en brefLe Centre Lalla Meryem a été fondé en 1914 par le Maréchal Lyautey. Il a été géré par les sœurs franciscaines jusqu'à l'indépendance où la Ligue marocaine pour la protection de l'enfance l'a repris. Elle a été déclarée association d'utilité publique. C'est elle qui s'est occupée de sa gérance.

Au sein de ce centre, les nouveau-nés bénéficient d'un examen clinique et d'un bilan sanguin systématique relatif à l'hépatite B et C, syphilis et sida. Les enfants de trois à six ans sont placés le jour dans la garderie annexe au centre. Vingt d'entre eux sont pris en charge dans des écoles privées. La crèche qui accueille les enfants de 0 à 2 ans va être prochainement reconstruite.

A l'heure actuelle, elle comprend des enfants du centre et d'autres de l'extérieur. Les parents de ces derniers paient une somme symbolique qui ne dépasse pas 150 dirhams.

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