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Les gens peuvent changer : ce n'est pas un cri mais un murmure que Olivier Assayas ose tout doucement dans Clean, pour ne pas sombrer dans le film à message ou dans le mélodrame sentimental. C'est juste une conviction, profonde, de celles qui portent et poussent un être à se redresser après une descente aux enfers. Comme de celles qui invitent quelques uns à lui poser une main sur l'épaule. Parce qu'ils veulent croire qu'il existe des alternatives, que rien n'est jamais figé.
Clean est le récit en trois temps d'une transfiguration lente. Premier acte sous héroïne à Hamilton. Junkie rock des années 80, Emily accompagne au Canada son compagnon musicien dans une tournée déplorable qui vire à la catastrophe. Lee meurt d'une overdose et Emily se retrouve en prison pour six mois. Deuxième acte sous méthadone à Paris. Emily tente de renouer avec ce qu'elle était avant de rencontrer Lee. Elle réalise qu'elle n'est plus rien pour personne et que les temps ont changé. Ses connaissances la rejettent, tout le monde l'humilie : elle paie ses mensonges de toxicomane.
Troisième acte : Emily se désintoxique. De la drogue, des utopies de jeunesse, du romantisme rock, de l'image qu'elle avait d'elle même et qu'elle avait des autres... Si elle veut revoir son petit garçon dont la garde a été confié aux grands parents paternels, elle n'a pas le choix, elle doit se reconstruire.
Clean est un films sur les lendemains de fêtes et les lendemains de drame. "On a eu beaucoup de plaisir mais on l'a payé très cher", explique Emily à son fils. Maintenant il lui faut inventer autre chose, la suite.
Elle a la tête lourde, le coeur au bord de la défaillance, mais d'être rescapée du naufrage lui donne une détermination que quelques uns perçoivent. Comme Sandrine (Laeticia Spigarelli), ancienne fan qui lui dit : "Vous avez pris des coups, vous en avez donnés, mais vous ne renoncez pas, et c'est pour cela que je vous respecte". Ou Elena (Béatrice Dalle), la seule amie qui lui reste à Paris, la seule personne aussi à ne pas avoir trahi ce qu'elle était. Et puis surtout Albrecht (Nick Nolte), père de la défunte rockstar et grand père du petit garçon.
Un homme simple et généreux qui ne veut pas rater avec Emily ce qu'il a raté avec son fils.
Pas un des personnages ne joue faux, pas un ne tire sur la corde. La plus grande prouesse de Oliver Assayas c'est d'avoir su trouver cet équilibre subtil entre le drame et l'espoir, la densité et la simplicité, la douleur et la joie, sans jamais verser dans une émotion archétypale ou un regard stéréotypé. Et c'est sur une gamme alternative que le réalisateur susurre sa chanson toute de tension rentrée. Portrait frêle, félin et puissant d'une écorchée que Maggie Cheung, nouvelle icône trilingue, rend inoubliable.
Né dans le rock, grandi dans le rock, Olivier Assayas, qui a récemment signé un excellent Dictionnaire du rock, s'est toujours servi de la musique comme boussole. Dans Clean, il casse le mythe du rock tout en lui donnant une réalité, assumant ses clichés, utilisant de vrais figures comme Emily Haines de Metric, James Johnston ou David Roback. Après les turbulences de Demonlover, les questions chorales de Fin août début septembre ou le classicisme Destinées sentimentales, Olivier Assayas précise sa trajectoire.
Pas de rupture ou de changement de cap : Clean retrouve l'esprit de ses premiers films pour repousser leur limite et tracer, dans la cohérence, une voie nouvelle, personnelle et vibrante. Dont la mélodie intime en fait profondément résonner d'autres.
Clean, film français de Olivier Assayas avec Maggie Cheung, Béatrice Dalle, Nick Nolte, Jeanne Balibar, Don Mc Kellar, Martha Henry, Remi Martin, Laeticia Spigarelli.
Clean est le récit en trois temps d'une transfiguration lente. Premier acte sous héroïne à Hamilton. Junkie rock des années 80, Emily accompagne au Canada son compagnon musicien dans une tournée déplorable qui vire à la catastrophe. Lee meurt d'une overdose et Emily se retrouve en prison pour six mois. Deuxième acte sous méthadone à Paris. Emily tente de renouer avec ce qu'elle était avant de rencontrer Lee. Elle réalise qu'elle n'est plus rien pour personne et que les temps ont changé. Ses connaissances la rejettent, tout le monde l'humilie : elle paie ses mensonges de toxicomane.
Troisième acte : Emily se désintoxique. De la drogue, des utopies de jeunesse, du romantisme rock, de l'image qu'elle avait d'elle même et qu'elle avait des autres... Si elle veut revoir son petit garçon dont la garde a été confié aux grands parents paternels, elle n'a pas le choix, elle doit se reconstruire.
Clean est un films sur les lendemains de fêtes et les lendemains de drame. "On a eu beaucoup de plaisir mais on l'a payé très cher", explique Emily à son fils. Maintenant il lui faut inventer autre chose, la suite.
Elle a la tête lourde, le coeur au bord de la défaillance, mais d'être rescapée du naufrage lui donne une détermination que quelques uns perçoivent. Comme Sandrine (Laeticia Spigarelli), ancienne fan qui lui dit : "Vous avez pris des coups, vous en avez donnés, mais vous ne renoncez pas, et c'est pour cela que je vous respecte". Ou Elena (Béatrice Dalle), la seule amie qui lui reste à Paris, la seule personne aussi à ne pas avoir trahi ce qu'elle était. Et puis surtout Albrecht (Nick Nolte), père de la défunte rockstar et grand père du petit garçon.
Un homme simple et généreux qui ne veut pas rater avec Emily ce qu'il a raté avec son fils.
Pas un des personnages ne joue faux, pas un ne tire sur la corde. La plus grande prouesse de Oliver Assayas c'est d'avoir su trouver cet équilibre subtil entre le drame et l'espoir, la densité et la simplicité, la douleur et la joie, sans jamais verser dans une émotion archétypale ou un regard stéréotypé. Et c'est sur une gamme alternative que le réalisateur susurre sa chanson toute de tension rentrée. Portrait frêle, félin et puissant d'une écorchée que Maggie Cheung, nouvelle icône trilingue, rend inoubliable.
Né dans le rock, grandi dans le rock, Olivier Assayas, qui a récemment signé un excellent Dictionnaire du rock, s'est toujours servi de la musique comme boussole. Dans Clean, il casse le mythe du rock tout en lui donnant une réalité, assumant ses clichés, utilisant de vrais figures comme Emily Haines de Metric, James Johnston ou David Roback. Après les turbulences de Demonlover, les questions chorales de Fin août début septembre ou le classicisme Destinées sentimentales, Olivier Assayas précise sa trajectoire.
Pas de rupture ou de changement de cap : Clean retrouve l'esprit de ses premiers films pour repousser leur limite et tracer, dans la cohérence, une voie nouvelle, personnelle et vibrante. Dont la mélodie intime en fait profondément résonner d'autres.
Clean, film français de Olivier Assayas avec Maggie Cheung, Béatrice Dalle, Nick Nolte, Jeanne Balibar, Don Mc Kellar, Martha Henry, Remi Martin, Laeticia Spigarelli.
