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Comédie musicale - Street Dancers de Christopher B. Stokes : la street danse version Los Angeles

Dans un quartier noir de Los Angeles, une formation de street danse essaie de devenir la meilleure de la ville pour gagner de quoi apaiser le caïd local et humilier la bande rivale. Scénario indigent mais époustouflant spectacle de danse, Street dancers e

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Etant donné l'engouement suscité au Maroc par la danse hip-hop dans ses versions rues (break danse et street danse) comme dans les salles de danse, Street dancers pourrait bien attirer cet été dans les cinémas autant de jeunes que sur les plages... D'autant que, si le scénario ne dépasse pas le niveau d'une série télévisée, la qualité des prestations sportives atteint, en revanche, d'incontestables hautes sphères.

Le film démarre sur un battle ébouriffant. Pour les profanes, un “ battle ” est un défi que relèvent deux compagnies de danse rivales. Une sorte d'affrontement sportif qui repose sur des règles de respect et de non violence. Sachant que les enjeux restent les mêmes que lors d'une bataille : les vainqueurs humilient les vaincus et peuvent empocher une coquette somme d'argent. Du moins c'est comme ça que ca se passe dans le quartier de Los Angeles dépeint par Street dancers. Un quartier à majorité noire où les lascars ne dansent plus dans la rue, royaume du basket-ball, mais s'entraînent dans des salles prévues à cet effet. Ils y inventent à longueur de journées des figures de plus en plus inouïes : pivot tournant en équilibre sur la tête, saut sur une seule main le corps à la verticale, etc….


Plus qu'un passe temps, plus qu'un sport, plus qu'une danse, le hip hop est devenu leur occupation principale, un mode d'expression, et une raison de vivre.
D'où quelques difficultés annexes : pour ouvrir le studio de danse de leurs rêves, et donner le change à leurs parents, Elgin et David, les deux héros du film, transfèrent irrégulièrement de l'argent pour le caïd local. Une des affaires tourne mal et l'un des deux se fait voler son chargement en l'absence de l'autre. Résultat : rupture entre les deux amis de toujours et menace pressante du chef patibulaire qu'il va falloir rembourser. Pour se tirer de ce mauvais pas la seule solution consiste à affronter en compétition la meilleure formation de hip hop de la ville, jusqu'au grand championnat s'il le faut. L'équipe de Elgin et David ayant implosé, elle n'est plus la “ number one ”. Et ces jeunes gens se révèlent moins inventifs dans la vie de tous les jours qu'en équilibre sur les mains.

Une charge d'exaltation inespérée

L'intrigue est maigre, mais peu importe presque, car chaque scène dansée diffuse une charge de suspens et d'exaltation inespérée. Difficile de ne pas se laisser gagner par l'énergie déployée, même si loyauté, sexisme et culture de la gagne se retrouvent touillés sans distinction dans un tourbillon rageur et juvénile. Les prestations ont été particulièrement chorégraphiées, ce qui n'est pas la caractéristique principale des battles, morceaux improvisés où celui qui gagne est bien souvent celui qui fait l'acrobatie la plus époustouflante. Et si la mise en scène est déficiente, la caméra se concentre, sans effets spéciaux, sur des exploits filmés quasi comme en direct. Il y a dans les scènes de danse de Street dancers une pulsion générale qui transforme le film en spectacle.

Dommage que le scénario se cantonne à diffuser de pauvres messages comme “ ce qui ne te tue pas te rend plus fort ”. C'est oublier la veine originelle du hip hop, mouvement contestataire qui, à sa naissance dans les années 80 aux Etats-Unis, reposait sur l'expression d'une révolte par le chant, la danse ou le graphisme. C'est aussi singer sans inspiration les films sur les ghettos noirs : ici, les lascars se baladent en survêtements pimpants, très “ cool attitude ”, ce qui fera bien rire les fans de films comme Menace II Society ou Boyz'n'the hood.

Il est regrettable qu'un film au public si ciblé n'en profite pas pour distribuer du grain à moudre aux jeunes cerveaux. Ici, de gentils loustics diffusent des messages “ peace and love ” sur les mouvements endiablés de cette danse contemporaine qui fait encore peur à certains. Comme si l'enjeu principal de Street Dancers consistait à montrer combien la street danse peut être inoffensive et joyeuse. Comme s'il fallait élargir encore la popularité de cette nouvelle mode jadis underground devenue très star-system : les membres de B2K, groupe de R&B produit par le réalisateur du film, ont travaillé avec Puff Daddy, R.Kelly et Lil'Bow Wow, et ont été formés par les chorégraphes Dave Scott et Shane Sparks.

Sans oublier la star du hip-hop Lil'Kim qui joue son propre rôle dans le film. Avec une bande originale du tonnerre, Street Dancers équivaut à de l'or en barre pour adolescents initiés par trop regardants sur le scénario. Et à une belle initiation pour les novices qui passeront peut-être les jours suivants à essayer de tenir sur la tête.

Street dancers (You got served), film américain de Christopher B. Stokes. Avec : Marques Houston, Omari Grandberry, Jennifer Freeman, Jarrell Houston.
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