L'association française « Un Regard, un Enfant » travaille sur le projet de création d'un foyer d'hébergement pour accueillir les enfants des rues dans le Sud marocain. Comment se présente votre programme d'insertion ?
Le Maroc et la France sont des pays amis, depuis bien longtemps, beaucoup de Français viennent en touriste, pour profiter du paysage, des plages, et de l'incomparable accueil marocain. Mais, comme dans beaucoup de pays, il y a aussi l'enfance des rues, qui est pour nous un terrible fléau, car un enfant est rarement à l'origine de son malheur, et comment s'épanouir dans la société, avoir une dignité, créer une famille ou trouver un travail sans avoir un toit, une éducation scolaire, une famille qui vous donne de l'amour et vous apprend les règles de la vie ? C'est pourquoi nous avons décidé d'agir, en créant un centre d'accueil pour environ une cinquantaine d'enfants âgés de 6 à 15 ans et qui vivent dans la rue.
Ils seront logés, nourris, médicalisés et auront l'obligation d'aller à l'école; un soutien scolaire leur sera donné, si besoin. Nous avons choisi d'installer le centre dans la région d'Agadir.
Le phénomène des enfants des rues a pris, ces dernières années, une grande ampleur et presque toutes les régions marocaines sont concernées. Pourquoi avoir choisi cette région plutôt que d'autres et quels sont vos principaux partenaires dans cette opération de solidarité ?
Après avoir réalisé une mission exploratoire dans le pays et rencontré les acteurs concernés par l'enfance des rues, nous avons constaté qu'il n'y avait que très peu d'associations qui s'occupaient de ce problème, dans le sud du pays. Les enfants des milieux ruraux viennent à Agadir pour chaparder quelques pièces et tombent dans l'enfer de la drogue et des cruelles règles de vie de la rue. Nous avons donc choisi de créer ce centre, à Ait-Melloul, à côté d'Inezgane, où les enfants, chassés d'Agadir viennent dormir. Nous travaillons en partenariat avec l'Entraide nationale, qui a tout fait, pour nous faciliter la tâche et nous aider.
Mais également avec les autorités judiciaires, car il n'est pas question d'accueillir des enfants, sans un suivi et un contrôle des autorités marocaines.
Il est important de travailler également avec les familles de ces enfants et de retisser des liens entre eux.
Par ailleurs, nous avons pu compter sur le soutien et la volonté déterminée d'aider ces jeunes en la personne du gouverneur de la région d'Inezgane Ait-Melloul, que je remercie chaleureusement.
L'observation de la dynamique des groupes d'enfants des rues est essentielle. Les centres d'accueil ne peuvent être attrayants que s'ils proposent un environnement aussi vivant que la rue, mais la violence en moins. Cette approche exige un investissement plus important qu'un programme conventionnel. Votre programme prend-il en considération cette variable ?
Cela nous a beaucoup préoccupés, car ce centre n'est pas une prison et les enfants seront libres d'y rester ou pas, il est donc de notre devoir de rendre ce lieu ludique et chaleureux, tout en conservant des règles de vie et une autorité, indispensable à l'apprentissage de la vie en société.
Des éducateurs spécialisés seront chargés de trouver cet équilibre et de faire participer les enfants à des activités à la fois éducatives et divertissantes. Le plus difficile est de faire comprendre à ces enfants que l'enjeu est leur vie et que la liberté illusoire qu'ils trouvent dans la rue n'est pas la bonne voie à suivre pour leur avenir. Nous n'avons pas le droit à l'échec sur ce point.
Si beaucoup d'enfants subissent la rue comme angoisse permanente, d'autres y trouvent un certain sentiment de liberté et d'affirmation de soi. Ces derniers sont devenus des petits « caïds » par absence d'alternative. Comment allez-vous procédez avec ces « durs»?
Nous ferons notre possible pour intégrer tous les enfants qui seront accueillis au centre, c'est toujours un échec de ne pas pouvoir sauver un enfant qui a des problèmes de comportement et nous travaillerons avec des partenaires médicaux, pour essayer de les aider ou de les orienter vers des structures spécialisées, car il faut hélas être réaliste et pour avoir travaillé dans une prison pour enfant, en ex-Union des Républiques socialistes soviétiques, je sais qu'il y a des cas totalement désespérés et détruits par l'enfer de ce qu'il ont vécu. Mais vous vous rendez compte de l'importance de l'enjeu, nous ne pouvons pas laisser un petit « caïd » mettre la pagaille et pourrir la vie de ceux qui veulent s'en sortir, nous n'en avons pas le droit.
Pour que la scolarisation de l'enfant ne soit pas un obstacle à la survie de la famille, vous allez mettre en place une bourse d'étude, qui fournira à la famille l'équivalent de ce que l'enfant ramène à la maison. Comment allez-vous répartir cet argent et y aura-t-il contrôle ?
Il serait parfaitement injuste que les enfants, qui travaillent ou qui font la mendicité pour aider leur famille, ne puissent pas trouver une place dans notre structure. En effet, nombre d'entre eux sont obligés de dormir dans la rue à cause d'un problème de pauvreté. Mais il est évident qu'ils n'accepteront pas d'aller à l'école la journée, ce qui est une obligation absolue pour être acceptés au centre, si la vie de leurs familles en dépend.
Il nous a donc semblé indispensable d'aider les familles de ces enfants. Mais je tiens à être très précis sur ce point, une enquête sera faite par nos éducateurs et assistantes sociales ainsi que par les autorités locales, nous voulons être sûr que la situation est bien réelle. Nous ne donnerons pas d'argent liquide, il sera calculé un « panier de la ménagère » sous forme de nourriture et de fournitures diverses et tout cela sera suivi et contrôlé.
A long terme, quel sera le statut de ce centre d'hébergement ? Et avez-vous des projets similaires dans d'autres régions marocaines ?
Nous espérons trouver les financements locaux et internationaux permettant au centre de pouvoir continuer à fonctionner, en toute indépendance, sur une période de trois à six ans et pouvoir en confier la gestion à une association marocaine.
C'est pourquoi je compte sur vous pour faire connaître notre action et espère que de futurs partenaires seront convaincus de l'énorme enjeu que ce premier foyer représente, car notre rêve est de sauver bien plus de 50 enfants et de créer d'autres centres de ce type, au Maroc. Soyez, en tout cas, persuadé de notre détermination infatigable pour y arriver.
Le Maroc et la France sont des pays amis, depuis bien longtemps, beaucoup de Français viennent en touriste, pour profiter du paysage, des plages, et de l'incomparable accueil marocain. Mais, comme dans beaucoup de pays, il y a aussi l'enfance des rues, qui est pour nous un terrible fléau, car un enfant est rarement à l'origine de son malheur, et comment s'épanouir dans la société, avoir une dignité, créer une famille ou trouver un travail sans avoir un toit, une éducation scolaire, une famille qui vous donne de l'amour et vous apprend les règles de la vie ? C'est pourquoi nous avons décidé d'agir, en créant un centre d'accueil pour environ une cinquantaine d'enfants âgés de 6 à 15 ans et qui vivent dans la rue.
Ils seront logés, nourris, médicalisés et auront l'obligation d'aller à l'école; un soutien scolaire leur sera donné, si besoin. Nous avons choisi d'installer le centre dans la région d'Agadir.
Le phénomène des enfants des rues a pris, ces dernières années, une grande ampleur et presque toutes les régions marocaines sont concernées. Pourquoi avoir choisi cette région plutôt que d'autres et quels sont vos principaux partenaires dans cette opération de solidarité ?
Après avoir réalisé une mission exploratoire dans le pays et rencontré les acteurs concernés par l'enfance des rues, nous avons constaté qu'il n'y avait que très peu d'associations qui s'occupaient de ce problème, dans le sud du pays. Les enfants des milieux ruraux viennent à Agadir pour chaparder quelques pièces et tombent dans l'enfer de la drogue et des cruelles règles de vie de la rue. Nous avons donc choisi de créer ce centre, à Ait-Melloul, à côté d'Inezgane, où les enfants, chassés d'Agadir viennent dormir. Nous travaillons en partenariat avec l'Entraide nationale, qui a tout fait, pour nous faciliter la tâche et nous aider.
Mais également avec les autorités judiciaires, car il n'est pas question d'accueillir des enfants, sans un suivi et un contrôle des autorités marocaines.
Il est important de travailler également avec les familles de ces enfants et de retisser des liens entre eux.
Par ailleurs, nous avons pu compter sur le soutien et la volonté déterminée d'aider ces jeunes en la personne du gouverneur de la région d'Inezgane Ait-Melloul, que je remercie chaleureusement.
L'observation de la dynamique des groupes d'enfants des rues est essentielle. Les centres d'accueil ne peuvent être attrayants que s'ils proposent un environnement aussi vivant que la rue, mais la violence en moins. Cette approche exige un investissement plus important qu'un programme conventionnel. Votre programme prend-il en considération cette variable ?
Cela nous a beaucoup préoccupés, car ce centre n'est pas une prison et les enfants seront libres d'y rester ou pas, il est donc de notre devoir de rendre ce lieu ludique et chaleureux, tout en conservant des règles de vie et une autorité, indispensable à l'apprentissage de la vie en société.
Des éducateurs spécialisés seront chargés de trouver cet équilibre et de faire participer les enfants à des activités à la fois éducatives et divertissantes. Le plus difficile est de faire comprendre à ces enfants que l'enjeu est leur vie et que la liberté illusoire qu'ils trouvent dans la rue n'est pas la bonne voie à suivre pour leur avenir. Nous n'avons pas le droit à l'échec sur ce point.
Si beaucoup d'enfants subissent la rue comme angoisse permanente, d'autres y trouvent un certain sentiment de liberté et d'affirmation de soi. Ces derniers sont devenus des petits « caïds » par absence d'alternative. Comment allez-vous procédez avec ces « durs»?
Nous ferons notre possible pour intégrer tous les enfants qui seront accueillis au centre, c'est toujours un échec de ne pas pouvoir sauver un enfant qui a des problèmes de comportement et nous travaillerons avec des partenaires médicaux, pour essayer de les aider ou de les orienter vers des structures spécialisées, car il faut hélas être réaliste et pour avoir travaillé dans une prison pour enfant, en ex-Union des Républiques socialistes soviétiques, je sais qu'il y a des cas totalement désespérés et détruits par l'enfer de ce qu'il ont vécu. Mais vous vous rendez compte de l'importance de l'enjeu, nous ne pouvons pas laisser un petit « caïd » mettre la pagaille et pourrir la vie de ceux qui veulent s'en sortir, nous n'en avons pas le droit.
Pour que la scolarisation de l'enfant ne soit pas un obstacle à la survie de la famille, vous allez mettre en place une bourse d'étude, qui fournira à la famille l'équivalent de ce que l'enfant ramène à la maison. Comment allez-vous répartir cet argent et y aura-t-il contrôle ?
Il serait parfaitement injuste que les enfants, qui travaillent ou qui font la mendicité pour aider leur famille, ne puissent pas trouver une place dans notre structure. En effet, nombre d'entre eux sont obligés de dormir dans la rue à cause d'un problème de pauvreté. Mais il est évident qu'ils n'accepteront pas d'aller à l'école la journée, ce qui est une obligation absolue pour être acceptés au centre, si la vie de leurs familles en dépend.
Il nous a donc semblé indispensable d'aider les familles de ces enfants. Mais je tiens à être très précis sur ce point, une enquête sera faite par nos éducateurs et assistantes sociales ainsi que par les autorités locales, nous voulons être sûr que la situation est bien réelle. Nous ne donnerons pas d'argent liquide, il sera calculé un « panier de la ménagère » sous forme de nourriture et de fournitures diverses et tout cela sera suivi et contrôlé.
A long terme, quel sera le statut de ce centre d'hébergement ? Et avez-vous des projets similaires dans d'autres régions marocaines ?
Nous espérons trouver les financements locaux et internationaux permettant au centre de pouvoir continuer à fonctionner, en toute indépendance, sur une période de trois à six ans et pouvoir en confier la gestion à une association marocaine.
C'est pourquoi je compte sur vous pour faire connaître notre action et espère que de futurs partenaires seront convaincus de l'énorme enjeu que ce premier foyer représente, car notre rêve est de sauver bien plus de 50 enfants et de créer d'autres centres de ce type, au Maroc. Soyez, en tout cas, persuadé de notre détermination infatigable pour y arriver.
