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D'énigmatiques hommes nains en Indonésie il y a 18.000 ans : L'espèce humaine n'a pas toujours été unique sur Terre

Une espèce inconnue d'humains de toute petite taille (un mètre) a vécu il y a 18.000 ans sur l'île indonésienne de Florès, en même temps que l'homme moderne qui peuplait déjà le reste du monde, annonce une équipe scientifique internationale, jeudi, dans l

D'énigmatiques hommes nains en Indonésie il y a 18.000 ans : L'espèce humaine n'a pas toujours été unique sur Terre
A en juger d'après les outils de pierre et les ossements animaux associés à ses propres restes, le cerveau de la taille de celui d'un chimpanzé suffisait à l'Homme de Florès pour tailler probablement la pierre et chasser des stégodons (éléphants préhistoriques). Il s'agit de l'hominidé «aux caractéristiques les plus extrêmes jamais découvert», s'enthousiasment Marta Mirazon Lahr et Robert Foley, de l'Université de Cambridge, dans un commentaire qui accompagne les deux communications.

L'Homme de Florès a été décrit à partir d'un squelette (crâne quasi intact, fémur, tibia, mains et pieds incomplets, bassin partiel, fragments de vertèbres...) et quelques restes d'un autre individu, mis au jour en septembre 2003 dans la grotte de Liang Bua. Cette cavité calcaire se trouve à 14 km au nord de Ruteng, capitale de la province de Manggarai (Florès occidental).

Pour les auteurs de l'étude principale, le paléoanthropologue australien Peter Brown, de l'Université de Nouvelle-Angleterre à Armidale (Nouvelle-Galles du Sud), et ses collègues indonésiens, le mélange de caractères primitifs et dérivés de l'Homme de Florès ne peuvent faire de lui qu'une espèce distincte.
«L'explication la plus vraisemblable de son existence, résument-ils, réside dans l'isolement, à long terme, d'une population ancestrale d'Homo erectus, qui a abouti au nanisme.

Mais Homo floresiensis montre surtout que, dans ses réponses adaptatives, le genre Homo (l'ensemble des espèces humaines du passé et du présent) est morphologiquement plus varié et plus souple qu'on ne le pensait». L'étude archéologique du site dirigée par Michael Morwood, de la même université australienne, a révélé la présence de nombreux outils, surtout en roche volcanique ou en silex noir. Ces instruments sont constitués essentiellement de simples éclats, mais comprennent aussi des nucléus avec des traces de coups portés de manière à obtenir des bifaces.


En outre, les restes d'un jeune stégodon, qui suggèrent que les hominidés de Florès chassaient des animaux juvéniles de cette espèce, étaient entourés d'autres outils dont des pointes, des perforateurs, des lames et des micro-lames.
Marta Mirazon Lahr et Robert Foley se demandent d'ailleurs si ces outils n'ont pas été fabriqués plutôt par l'homme moderne (arrivé dans le Sud-Est asiatique il y a 100.000 à 50.000 ans), avant d'être ramassés tout simplement par les petits habitants de Florès. De toute manière, l'identification de cette espèce énigmatiques inspire de nombreuses questions et laisse espérer des découvertes similaires dans d'autres zones isolées du monde. Seule certitude : au cours de la majeure partie des quelque 160.000 ans de notre propre histoire, nos ancêtres ont partagé la Terre avec d'autres représentants de la grande famille humaine, dont nous sommes aujourd'hui les héritiers uniques.


Les «cohabitations» de la préhistoire

Les petits hommes de Florès, dont les restes, vieux de 18.000 ans, ont été trouvés sur l'île indonésienne du même nom, viennent rappeler que, contrairement à ce que l'on pensait autrefois, l'espèce humaine n'a pas toujours été unique sur Terre.

Après la découverte des premiers fossiles de l'homme de Néandertal, en 1856, en Allemagne, puis de ceux du pithécanthrope (aujourd'hui appelé Homo erectus), en 1891, à Java, et du premier australopithèque en Afrique du Sud, en 1924, l'évolution de l'homme semblait linéaire, dans le sens inverse de la chronologie de ces trouvailles: l'australopithèque était censé avoir engendré le pithécantrope, ancêtre de l'homme de Néandertal, lui-même "père" de l'homme moderne.
Mais plus on déterrait de fossiles, plus les choses se compliquaient. Ainsi, les différents australopithèques ont fini par se retrouver plutôt sur une branche morte de l'arbre généalogique de l'humanité.

La célèbre Lucy, découverte il y a tout juste trente ans, en octobre 1974, en Ethiopie, et présentée pendant un certain temps comme la "mère" de nous tous, n'est plus qu'une tante éloignée. Ce qui est sûr, c'est qu'en sept millions d'années d'existence des êtres dont un a donné la naissance, il y a moins de 200.000 ans, à l'homme anatomiquement moderne, plusieurs espèces ont généralement cohabité. Les australopithèques n'ont disparu qu'il y a 1,2 million d'années, après avoir côtoyé pendant très longtemps les premiers représentants du genre Homo (homme proprement dit), apparus voici 2,5 millions d'années.

Les derniers Homo erectus, censés avoir disparu avant l'homme de Néandertal depuis 300.000 ans, ont vécu en Indonésie il y a encore 27.000 ans aux côtés d'hommes identiques à nous, lesquels cohabitaient, en Europe, avec le même Homme de Néandertal jusqu'à plus ou moins la même date. L'homme nain archaïque de Florès était là encore une petite dizaine de milliers d'années plus tard.
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