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Dans un climat de violence et d'insécurité persistantes : les Irakiens divisés sur les élections prévues en janvier

La tenue d'élections générales en janvier en Irak paraît de plus en plus incertaine, certains appelant à leur boycottage et d'autres à leur report au moment où la violence ne connaît pas de répit.

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"Nous appelons à une participation massive aux élections qui doivent être libres et honnêtes. Mais il est impossible de les organiser alors que nous assistons à une recrudescence de la violence", a affirmé à l'AFP Ayad al-Samarraï, porte-parole du Parti islamique (sunnite).

"C'est pour cette raison que nous voulons un report de six mois du scrutin afin d'évaluer la situation", a-t-il dit.
Le Parti islamique prend ainsi le contre-pied de nombreux partis et organisations sunnites qui ont carrément appelé au boycottage des élections qui renforceraient, selon eux, la mainmise américaine sur le pays.

"Nous appelons au boycottage des élections, qui ne répondent pas à la volonté du peuple irakien", ont affirmé cette semaine plus d'une quarantaine de responsables sunnites dans un communiqué.

"Des dangers guettent l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Irak", ont-il ajouté. Le Comité des oulémas, la plus importante organisation religieuse des sunnites d'Irak, a aussi appelé au boycottage des élections.
"Ces prétextes ne sont pas valables. C'est à travers les élections que nous avancerons vers l'indépendance", a estimé M. Samarraï. "Il faut que tous les Irakiens, toutes tendances confondues, travaillent à la réussite du scrutin".
Au moment où la majorité des sunnites refusent la tenue des élections, les chiites appellent quant à eux à une participation massive au scrutin, sans toutefois préciser de date.

Ainsi, plus de 18 partis politiques, arabes et kurdes, ont souligné vendredi la nécessité de la tenue d'élections, mais sans rappeler la date buttoir de janvier.
"Les partis réunis insistent sur la nécessité de la tenue d'élections pour donner de la légitimité aux autorités irakiennes et bâtir un Etat démocratique et de droits", ont-il affirmé dans un communiqué.

Cinquante-six partis et organisations ont pour le moment été autorisés par la commission électorale à participer au scrutin.
"De plus en plus d'hommes politiques irakiens ont conscience que l'organisation d'élections en janvier paraît impossible", a affirmé à l'AFP un analyste politique qui a requis l'anonymat.

"Nous sommes en présence désormais de deux camps, celui qui appelle au boycottage pur et simple et celui qui veut une participation massive mais ne se prononce pas sur une date définie", a-t-il ajouté.
Selon lui, "les autorités irakiennes sont dans l'impossibilité d'organiser des élections alors que la violence, les menaces, les désaccords et l'anarchie persistent".

"Comment voulez-vous organiser un scrutin à l'échelle nationale alors que certaines zones échappent au contrôle du gouvernement et que des menaces sont proférées contre les électeurs et les candidats", a demandé l'analyste, professeur de sciences politiques à l'Université de Bagdad.

Un groupe islamiste Ansar Al-Sunna, lié au réseau terroriste Al-Qaïda, a menacé jeudi d'attaquer les candidats et les bureaux de vote. Quelques heures plus tard, des assaillants ont attaqué et incendié à Mossoul (nord) des dépôts où des formulaires d'inscription étaient stockés.

Malgré la persistance des violences, le gouvernement intérimaire d'Iyad Allaoui veut organiser comme prévu ces élections avant fin janvier 2005 pour désigner une Assemblée nationale, un Parlement autonome pour le Kurdistan irakien et des conseils provinciaux.

"Vous ne pouvez pas convaincre les gens d'aller voter alors que les autorités sont dans l'incapacité de leur offrir la sécurité", a estimé l'analyste.

Renforts militaires U.S.

L'armée américaine prévoit d'étoffer ses effectifs en Irak de l'équivalent d'une brigade, soit environ 3.500 hommes, jusqu'aux élections de janvier, alors que Bagdad a connu samedi de violents combats entre rebelles et forces armées.
Dans le nord, la troisième ville du pays, Mossoul, se préparait au choc annoncé entre troupes américano-irakiennes et rebelles.

Au moins un policier a été tué et un autre a été blessé dans les échanges de tirs dans le quartier sunnite d'Azamiyah, à Bagdad, entre des rebelles et des soldats américains et des membres des forces de sécurité irakiennes, selon une source hospitalière.

Selon un habitant, les accrochages ont commencé vers 07h00 (04h00 GMT) quand des rebelles ont attaqué le principal poste de police du quartier. La zone a été totalement bouclée et était survolée par des hélicoptères américains alors que les habitants se terraient chez eux.

A Mossoul, où commandos irakiens et GI's se préparent depuis quelques jours à déloger la guérilla de ses positions, 15 rebelles ont été tués vendredi, selon des officiers américains.
Des centaines de membres des commandos irakiens ont pris position vendredi dans le vieux Mossoul, où ils ont mené dans la soirée des raids contre une mosquée et un café.

Aux Etats-Unis, le général Lance Smith, commandant adjoint du Commandement central de l'armée américaine, a déclaré vendredi que les élections prévues en Irak pourraient se tenir le 27 janvier et que, dans cette perspective, certaines unités pourraient voir leur mission prolongée de deux mois.
Le nombre de militaires nécessaires sur place d'ici là dépendra de la situation sur le terrain après l'assaut lancé pour reprendre Falloujah (50 km à l'ouest de Bagdad), a-t-il dit, évoquant la nécessité "sans doute de l'équivalent d'une brigade supplémentaire".

"Nous discutons principalement de l'option d'étendre (le déploiement) de certaines unités", a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse. "Nous procéderons de nouveau à une évaluation lorsque nous serons un peu plus près (de l'élection) et que nous aurons déterminé l'impact de Falloujah sur l'ensemble du pays", a-t-il ajouté.

"La question n'est d'ailleurs pas le nombre. Il s'agit d'avoir des militaires expérimentés pendant cette période où l'on peut s'attendre à des violences accrues", a-t-il souligné.

Le Pentagone avait annoncé en octobre son projet de retarder le retour des 3.500 hommes de la 2ème brigade de la 1ère division de cavalerie, ce qui devrait porter le nombre des militaires américains en Irak à 142.000 avant les élections.
L'offensive américaine lancée le 8 novembre contre Falloujah a suscité une vague d'attaques ailleurs dans la région sunnite de l'ouest de Bagdad, mais aussi dans le nord du pays, comme à Mossoul.

Sur le plan diplomatique, le secrétaire d'Etat adjoint américain, Richard Armitage, a attaqué vendredi le président français Jacques Chirac affirmant que celui-ci "craignait" que les Etats-Unis réussissent en Irak.
"Le président français n'engage que lui. Je pense qu'il a peur que nous réussissions", a dit M. Armitage, numéro deux du département d'Etat, sur la chaîne satellitaire qatariote Al-Jazira.
"Puisqu'il a pris la décision de ne pas s'engager en Irak, il pense peut-être que nous n'allons pas réussir. Je ne veux pas aller plus loin que cela. Mais il y a beaucoup de gens qui parient que nous allons réussir", a-t-il ajouté, répondant à M. Chirac qui avait estimé jeudi que, "au regard de la sécurité et du développement du terrorisme, pas seulement au Moyen-Orient, (... on ne peut) pas dire de façon crédible que la situation s'est améliorée".

Accord sur la dette irakienne

Enfin, le Club de Paris, qui rassemble les principaux pays créanciers de la planète, est parvenu à un accord pour effacer 80% de la dette irakienne, sans conditions, a indiqué samedi à Berlin un responsable d'un pays du groupe du G7, sous couvert de l'anonymat.
"Ils (au sein du Club de Paris) se sont mis d'accord pour effacer 80% de la dette irakienne sans conditions", a déclaré cette source à Berlin, en marge d'un sommet des vingt principales économies mondiales (G20) dans la capitale allemande.
Une annonce officielle doit être faite plus tard dans la journée par le Club lui-même, selon la même source.

Des négociations se déroulent en ce moment à Paris entre les 19 membres du Club de Paris au sujet d'un allègement de la gigantesque dette de l'Irak, d'un montant de 120 milliards de dollars. Les créanciers espéraient honorer la promesse du G8 de régler ce dossier avant la fin de l'année.
Ils sont parvenus à surmonter leurs divergences. Jusqu'ici, la France, la Russie et l'Allemagne s'étaient dites favorables à une réduction de moitié de la dette irakienne, alors que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne demandaient une réduction de 95%. Un compromis a finalement été trouvé à peu près à mi-chemin.
La dette publique irakienne est concentrée pour plus du tiers (environ 40 milliards USD) entre les mains des pays du Club de Paris, dont la France, l'Allemagne, la Russie et la Grande Bretagne.

L'Irak aurait par ailleurs contracté une dette d'environ 60 milliards de dollars auprès d'autres pays, en particulier ses voisins du Golfe et des pays de l'ancien bloc soviétique comme la Bulgarie ou la Roumanie.
Enfin, les 20 à 30 milliards de dollars restants seraient dus à des créanciers privés, notamment des banques et des fournisseurs d'infrastructures.
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