Menu
Search
Jeudi 25 Décembre 2025
S'abonner
close
Jeudi 25 Décembre 2025
Menu
Search

Débat international autour du projet du «Grand Moyen-Orient»

Depuis sa diffusion le 12 décembre dernier, le projet du «Grand Moyen-Orient» n'a pas cessé de faire couler de l'encre. Une aide américaine de 100 millions de dollars dans le cadre d'un partenariat avec la région. Ceci afin de soutenir la mise en œuvre de

Débat international autour du projet du «Grand Moyen-Orient»
L'initiative américaine au cœur de la tournée européenne de Moubarak
Pourtant, ces intentions plus que louables à première vue n'ont pas fini d'être sujet à d'âpres critiques.
Tout d'abord un soutien des réformes dans le monde arabe ne peut se faire sans une résolution du conflit israélo-palestinien. Ensuite, des réformes oui, mais à quelle vitesse et de quelle manière ?

A cela l'administration Bush répond tout d'abord que «ce projet n'est pas un substitut aux efforts fournis pour la résolution du conflit du Proche-Orient». Ensuite qu'il ne s'agit en aucun cas «d'imposer des réformes mais plutôt de soutenir celles émanant de la région en respectant le rythme et spécificité de chaque pays».

Rappelons que, pour mieux convaincre, une offensive diplomatique a été lancée par Washington dans ce cadre, avec l'envoi récemment du sous-secrétaire d'Etat aux Affaires politiques, Marc Grossman en tournée dans le monde arabe.

Sa première escale fut le Maroc où il avait été reçu à Al Hoceïma par Sa Majesté le Roi Mohammed VI la semaine dernière. Lors de cette visite, M. Grossman avait tenté de donner un aperçu, un temps soit peu rassurant, sur les intentions américaines concernant cette initiative. «Nous sommes conscients qu'il y a aujourd'hui un grand débat dans la région autour de ce projet. Les Etats-Unis ne peuvent pas et ne vont pas imposer des réformes de l'extérieur.

Les instructions que nous avons reçues de notre Président étaient de soutenir les réformes dans la région. Il a lui-même répété à plusieurs reprises que les réformes doivent émaner de la région», expliquait-il à la presse marocaine.

George W. Bush est d'ailleurs revenu sur la question lundi soir, rappelant qu'il veut faire de cette «Initiative pour le Grand Moyen-Orient» le clou du sommet du G8 (les pays les plus industrialisés) de Sea Island, dans l'Etat de Géorgie (sud-est des Etats-Unis) en juin.

Dans l'ébauche rendue publique fin de l'année dernière, les Etats-Unis donnent quelques exemples des projets et domaines de réformes qui vont être soutenus par l'initiative du Grand Moyen-Orient. On y cite l'enseignement, les réformes économiques et développement du secteur privé et enfin le renforcement de la société civile, avec entre autres, des fonds en faveur de la démocratie.

Le Président égyptien Hosni Moubarak avait estimé que le projet américain provoquerait un tourbillon de violence et d'anarchie, précisant que «la liberté et la démocratie instantanées peuvent avoir l'effet d'un séisme dans un pays».

L'Egypte était d'ailleurs la deuxième sur la liste des escales de Marc Grossman dans sa tournée arabe. Celle-ci devait ensuite le mener à Bahrayn, en Jordanie et en Turquie avant d'aller défendre le projet devant les Européens à Bruxelles. Washington souhaitait aussi associer l'Union européenne et l'Otan à cet effort.

Hosni Moubarak doit d'ailleurs inaugurer en Egypte une conférence d'ONG sur les réformes politiques, un mois avant sa visite prévue aux Etats-Unis qui sera axée sur le projet du «Grand Moyen-Orient».

Toutefois, une position arabe unie va probablement être adoptée lors du sommet de la Ligue arabe qui doit avoir bientôt lieu en Tunisie, qui affiche le projet à son ordre du jour. Des réformes dans la région, ne peuvent être discutés sans une résolution du conflit qui ravage les territoires palestiniens occupés. Mais les américains préfèrent faire un distinguo sans casser le lien.

«On ne peut pas réellement travailler sur des réformes dans le Moyen-Orient sans qu'il y est une paix dans la région. Donc résolution du conflit israélo-palestinien représente une très grande partie de nos efforts dans cette région», déclarait à ce propos Marc Grossman lors de son point de presse à Al Hoceima.

Sa Majesté le Roi a d'ailleurs insisté, lors de l'audience accordée au sous-secrétaire d'Etat, sur la nécessité de la résolution du conflit arabo-palestinien et du respect de la spécificité des pays de la région.

Les recommandations qui vont émaner de la conférence sur les réformes dans le monde arabe que compte inaugurer, vendredi, le Président Moubarak, ainsi que les travaux du sommet de la Ligue arabe sont aujourd'hui très attendus. Ceci afin d'annoncer la couleur sur la suite que veulent donner les pays arabes à ce projet américain. Mais surtout, sur le cadre dans lequel devraient être pensées ces réformes que les Etats-Unis semblent vouloir appuyer fermement aujourd'hui.

A la question : Est ce que ce projet qui vient d'être activé ne ferait pas partie d'une stratégie électorale de George W. Bush ? Marc Grossmna a répondu : «Ce projet n'est pas un effort de campagne. Le Président Bush a parlé depuis longtemps d'une stratégie future en matière de liberté et de politique étrangère.

Regardez les discours de Washington, de Londres, vous y trouverez ces thèmes : liberté, réformes émanant de cette région, un projet à long terme … ce projet est une reconnaissance du fait que dans cette région, et dans des pays comme le Maroc, il y a un désir pour plus de liberté, plus de démocratie, droits de l'Homme, nous sommes là pour accompagner avec tout notre appui».
Lisez nos e-Papers