Véritable témoignage du haut niveau d'ingéniosité des chercheurs arabes et musulmans et de leur souci de maîtriser et comptabiliser le temps, «la Magana Bouanania», cette horloge énigmatique a de tout temps suscité l'admiration des connaisseurs.
Elle fût l'objet de nombreuses recherches, mais malheureusement aucune personne n'a sût la remettre en marche jusqu'à ce jour.
Le grand savant Al Jazanaî dans son ouvrage «Zahrat Al Aas»(la fleur du myrte) a donné une ébauche sur sa description, soulignant qu'en face de la porte septentrionale de sa medersa nouvelle, Abou Inan Al Mérini a fait construire une «Magana» avec des coupes et des écuelles (timbres) de cuivre jaune, qu'il a fait élever au souk Al Ksar de Fès.
Pour marquer l'heure, un poids tombait dans l'une des coupes et une fenêtre s'ouvrait. Cet édifice fut érigé au cours des derniers jours de la construction de la medersa, le 14 joumada 1er de l'an 758 de l'hégire (6 mai 1357) par les soins du muwaqit du Roi, Abou El Hassan Ibn Ali Ahmed Tlemssani.
L'écrivain Français Roger Le tourneau a, pour sa part, indiqué dans son ouvrage intitulé «Fès avant le protectorat», que le sultan Abou Inan qui termina la série des medersas Mérinides a élevé la majestueuse medersa portant son nom dans le quartier Tal'aa, tout près de la Kasba almoravide et almohade de Bou Jloud. De l'autre côté de la rue, il fit bâtir une maison de l'horloge (Dar El Magana) avec ses 13 timbres de bronze sur des supports en bois sculpté, mais dont le mécanisme reste difficile à reconstituer.
Evoquant la beauté de cette horloge millénaire, des historiens ont fait savoir que le sultan Mérinide en visitant le complexe (medersa, minaret et horloge) une fois les travaux achevés se fit présenter le livre des comptes que les maîtres d'oeuvre lui remirent, non sans crainte peut être, tant était lourde la dépense.
Ce dernier fit alors un geste de grand seigneur : il déchira le livre et le jeta dans la rivière qui traversait la mosquée récitant des vers d'un poète arabe: «ce qui est beau n'est pas cher, tant grande en soit la somme, ni trop peu payer qui plait à l'homme».
Le visiteur de la capitale spirituelle en passant par l'historique Bab Boujloud et par la rue Talaa Kebira, ne peut qu'admirer les vestiges de cette horloge, située en face du complexe de la prestigieuse Medersa Bou Inania construite par le sultan Mérinide Abou Inan au milieu du XIVème. Les quelques éléments architecturaux encore visibles ne permettent pas de bien cerner le mécanisme de fonctionnement et les quelques traces encore existantes, dont des symboles en bois, 13 fenêtres surplombées d'arcs et 13 portes timbres permettent de privilégier l'hypothèse de fonctionnement de l'horloge selon le système des heures inégales.
Pour M. Fouad Serghini, directeur de l'agence de dédensification et de sauvegarde (ADER) de Fès, les heures inégales sont définies comme les intervalles de temps obtenus en divisant en 12 parts égales la journée et la nuit et en prenant comme base d'intervalle entre le lever et le coucher du soleil. A l'époque, il n'existait pas de montre précise avec des heures et des minutes, a-t-il dit.
M. Serghini a expliqué dans un entretien à la MAP que, le mécanisme de l'horloge aurait été actionné par une sorte de chariot courant sur des rails derrière une série de petites fenêtres. L'une de ses extrémités était rattachée à un flotteur en bois situé dans une citerne remplie d'eau et l'autre à un contrepoids. A mesure que l'eau s'égouttait de la citerne, par un tuyau d'échappement qui se trouvait en bas, le flotteur en bois descendait, actionnait le chariot au moyen de cordes et poulies en ouvrant les fenêtres.
Chacune de celles-ci libérait une boule de métal qui tombait en chute libre sur tympan en zinc, indiquant une heure de la journée.
Le soir l'horloger ou muaquit remet les boules métalliques à leur place et réglait l'horloge pour le lendemain.
C'est ainsi que derrière le mur de l'horloge, se trouvait toute une science, a signalé M. Serghini, précisant que le système de l'horloge Bouanania semble obéir à certains principes décrits par le grand savant Al-Jazari (13e siècle) dans son manuscrit «Kitab Al hyal»(livre des astuces).
Cet ouvrage traite de la régularité du débit et de la maîtrise de la pression de l'eau dans les horloges hydrauliques de l'époque à travers l'utilisation notamment d'un astrolabe pour régler la durée et d'un flotteur conique pour maîtriser le débit et la pression de l'écoulement de l'eau dans le cylindre, a poursuivi le directeur de l'ADER.
«Si nos ancêtres avaient été capables de créer et innover ce magnifique mécanisme, il nous revient de le restaurer et de le restituer», a affirmé M.
Fouad Serghini rendant un vibrant hommage à l'équipe allemande qui a restauré sous la direction du Dr Fouad Sizkine, directeur de l'institut des études de l'histoire des sciences islamiques de Francfort, l'horloge hydraulique de la Qaraouiyine, dont le système est moins complexe car il est à la base d'heures égales.
M. El Kebir Abed Ouadghiri, de l'association de sauvegarde du patrimoine et de l'authenticité a, de son côté, évoqué l'existence d'un autre manuscrit sur les clepsydres hydrauliques traitant d'un mécanisme hydraulique semblable à celui de la Bouanania.
L'horloge, a-t-il indiqué, aurait été délaissée à l'époque vers la fin du règne des Mérinides, soulignant que la partie la plus importante «Al Fara» (la broche) n'a jamais été retrouvée et qu'elle aurait été fabriquée en or massif. La simplicité du mécanisme de l'horloge fait également son énigme, a-t-il ajouté, confiant à la MAP que son association est entrain de réaliser une copie de la Magana Bouanania au sein de son siège situé au derb Moulay Abdelmalek au quartier Tal'aa qui fonctionnera au plus tard dans trois ans.
Les clepsydres ou horloges à eau auraient été inventées par les égyptiens et perfectionnées par les arabes aux XII et XIII siècles. Parmi les réalisations les plus connues, la clepsydre offerte par le calife de Bagdad à Charlemagne, en 807.
Elle fût l'objet de nombreuses recherches, mais malheureusement aucune personne n'a sût la remettre en marche jusqu'à ce jour.
Le grand savant Al Jazanaî dans son ouvrage «Zahrat Al Aas»(la fleur du myrte) a donné une ébauche sur sa description, soulignant qu'en face de la porte septentrionale de sa medersa nouvelle, Abou Inan Al Mérini a fait construire une «Magana» avec des coupes et des écuelles (timbres) de cuivre jaune, qu'il a fait élever au souk Al Ksar de Fès.
Pour marquer l'heure, un poids tombait dans l'une des coupes et une fenêtre s'ouvrait. Cet édifice fut érigé au cours des derniers jours de la construction de la medersa, le 14 joumada 1er de l'an 758 de l'hégire (6 mai 1357) par les soins du muwaqit du Roi, Abou El Hassan Ibn Ali Ahmed Tlemssani.
L'écrivain Français Roger Le tourneau a, pour sa part, indiqué dans son ouvrage intitulé «Fès avant le protectorat», que le sultan Abou Inan qui termina la série des medersas Mérinides a élevé la majestueuse medersa portant son nom dans le quartier Tal'aa, tout près de la Kasba almoravide et almohade de Bou Jloud. De l'autre côté de la rue, il fit bâtir une maison de l'horloge (Dar El Magana) avec ses 13 timbres de bronze sur des supports en bois sculpté, mais dont le mécanisme reste difficile à reconstituer.
Evoquant la beauté de cette horloge millénaire, des historiens ont fait savoir que le sultan Mérinide en visitant le complexe (medersa, minaret et horloge) une fois les travaux achevés se fit présenter le livre des comptes que les maîtres d'oeuvre lui remirent, non sans crainte peut être, tant était lourde la dépense.
Ce dernier fit alors un geste de grand seigneur : il déchira le livre et le jeta dans la rivière qui traversait la mosquée récitant des vers d'un poète arabe: «ce qui est beau n'est pas cher, tant grande en soit la somme, ni trop peu payer qui plait à l'homme».
Le visiteur de la capitale spirituelle en passant par l'historique Bab Boujloud et par la rue Talaa Kebira, ne peut qu'admirer les vestiges de cette horloge, située en face du complexe de la prestigieuse Medersa Bou Inania construite par le sultan Mérinide Abou Inan au milieu du XIVème. Les quelques éléments architecturaux encore visibles ne permettent pas de bien cerner le mécanisme de fonctionnement et les quelques traces encore existantes, dont des symboles en bois, 13 fenêtres surplombées d'arcs et 13 portes timbres permettent de privilégier l'hypothèse de fonctionnement de l'horloge selon le système des heures inégales.
Pour M. Fouad Serghini, directeur de l'agence de dédensification et de sauvegarde (ADER) de Fès, les heures inégales sont définies comme les intervalles de temps obtenus en divisant en 12 parts égales la journée et la nuit et en prenant comme base d'intervalle entre le lever et le coucher du soleil. A l'époque, il n'existait pas de montre précise avec des heures et des minutes, a-t-il dit.
M. Serghini a expliqué dans un entretien à la MAP que, le mécanisme de l'horloge aurait été actionné par une sorte de chariot courant sur des rails derrière une série de petites fenêtres. L'une de ses extrémités était rattachée à un flotteur en bois situé dans une citerne remplie d'eau et l'autre à un contrepoids. A mesure que l'eau s'égouttait de la citerne, par un tuyau d'échappement qui se trouvait en bas, le flotteur en bois descendait, actionnait le chariot au moyen de cordes et poulies en ouvrant les fenêtres.
Chacune de celles-ci libérait une boule de métal qui tombait en chute libre sur tympan en zinc, indiquant une heure de la journée.
Le soir l'horloger ou muaquit remet les boules métalliques à leur place et réglait l'horloge pour le lendemain.
C'est ainsi que derrière le mur de l'horloge, se trouvait toute une science, a signalé M. Serghini, précisant que le système de l'horloge Bouanania semble obéir à certains principes décrits par le grand savant Al-Jazari (13e siècle) dans son manuscrit «Kitab Al hyal»(livre des astuces).
Cet ouvrage traite de la régularité du débit et de la maîtrise de la pression de l'eau dans les horloges hydrauliques de l'époque à travers l'utilisation notamment d'un astrolabe pour régler la durée et d'un flotteur conique pour maîtriser le débit et la pression de l'écoulement de l'eau dans le cylindre, a poursuivi le directeur de l'ADER.
«Si nos ancêtres avaient été capables de créer et innover ce magnifique mécanisme, il nous revient de le restaurer et de le restituer», a affirmé M.
Fouad Serghini rendant un vibrant hommage à l'équipe allemande qui a restauré sous la direction du Dr Fouad Sizkine, directeur de l'institut des études de l'histoire des sciences islamiques de Francfort, l'horloge hydraulique de la Qaraouiyine, dont le système est moins complexe car il est à la base d'heures égales.
M. El Kebir Abed Ouadghiri, de l'association de sauvegarde du patrimoine et de l'authenticité a, de son côté, évoqué l'existence d'un autre manuscrit sur les clepsydres hydrauliques traitant d'un mécanisme hydraulique semblable à celui de la Bouanania.
L'horloge, a-t-il indiqué, aurait été délaissée à l'époque vers la fin du règne des Mérinides, soulignant que la partie la plus importante «Al Fara» (la broche) n'a jamais été retrouvée et qu'elle aurait été fabriquée en or massif. La simplicité du mécanisme de l'horloge fait également son énigme, a-t-il ajouté, confiant à la MAP que son association est entrain de réaliser une copie de la Magana Bouanania au sein de son siège situé au derb Moulay Abdelmalek au quartier Tal'aa qui fonctionnera au plus tard dans trois ans.
Les clepsydres ou horloges à eau auraient été inventées par les égyptiens et perfectionnées par les arabes aux XII et XIII siècles. Parmi les réalisations les plus connues, la clepsydre offerte par le calife de Bagdad à Charlemagne, en 807.