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Dur dur de quitter le cocon familial : les jeunes adultes vivent plus longtemps chez leurs parents

La jeunesse vit une situation difficile sur le plan social et économique. Le chômage frappe de plein fouet. La famille est le filet de sauvetage pour la majorité des jeunes. Ces derniers sont nombreux à vivre longtemps sous le toit familial.

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Fouzi, 19 ans, mécanicien, regrette le fait que : « A 18-19 ans, les jeunes ne sont pas intégrés dans la société civile. Ils ne sont pas libres, qu'ils viennent de n'importe quel milieu. Ils ne sont pas autonomes car le poids des familles est énorme. Ici, même après le mariage, les gens vivent avec leurs parents, ça ne pose pas de problème». En effet, de plus en plus de jeunes adultes habitent encore chez leurs parents et retardent leur départ du foyer familial.

Ils ont de plus en plus tendance à vivre plus longtemps chez leurs parents. Les sociologues parlent du phénomène des « squatters du nid familial». Trois raisons principales expliquent ce phénomène, à savoir la poursuite des études universitaires, le manque d'emplois bien payés et les difficultés économiques ou autres. On a également tendance à vivre plus nombreux au domicile familial des parents .

Une situation qui se prolonge parfois même au-delà du mariage. Dans la société marocaine, l'esprit de solidarité familiale est très fort. Cependant, ce n'est pas toujours de bon gré que les jeunes assistés sociaux habitent le foyer parental. La moitié d'entre eux songent sérieusement à quitter leurs parents pour s'installer en appartement : pour le faire, les filles attendent un conjoint, les garçons, un emploi. Les filles sont donc plus impatientes que les garçons de quitter la résidence familiale.

« Il y a, en fait, des facteurs très clairement liés au fait qu'un jeune dans la vingtaine reste ou non à la maison. Pour les garçons comme pour les filles, vivre en famille nombreuse les fait quitter plus vite... tout comme d'être en famille monoparentale. Chez les filles, n'avoir aucun diplôme, ou au contraire en avoir beaucoup !, est lié à un départ rapide de la maison. Mais terminer ses études ou occuper un emploi n'a pas d'impact déterminant. Chez les garçons, par contre, le scénario est très clair. Plus un jeune homme est scolarisé, plus il quitte rapidement le foyer», explique le sociologue Hassan Jamali.

La jeunesse comme âge de la vie s'est beaucoup transformée sous l'effet de mutations sociales et des choix collectifs opérés au cours des dernières années: les jeunes restent plus longtemps dépendants de leurs familles tout en acquérant une autonomie relative de manière plus précoce. Cette dissociation entre l'indépendance et l'autonomie serait d'ailleurs la caractéristique de cette période de la vie.

Actuellement, environ les deux tiers des jeunes entre 21 et 27 ans habitent encore chez leurs parents. Pour ce qui est des filles, par contre, le désir d'indépendance est nettement plus marqué. Mais elles aussi retardent davantage qu'autrefois le moment de quitter le toit familial. L'âge moyen de leur déménagement se situe aux alentours de 26 ans. Autant de difficultés liées aux mutations de la cellule familiale.

Célibat tardif, moins de mariages, plus de divorces et d'autres évolutions qui contribuent, malgré tout, à maintenir le lien avec le réseau familial : la cohabitation prolongée des jeunes couples avec leur famille du fait de la crise du logement ou du contexte économique défavorable ; l'influence des grands-parents dans l'éducation des enfants, en raison, notamment, de l'engagement de plus en plus fréquent des femmes dans la vie active, etc.

Chez les jeunes femmes, c'est la dimension familiale qui domine. Les filles resteront aux côtés de leur mère si celle-ci se sépare ou devient veuve, par exemple. Quitter « le cocon familial », où l'on est totalement pris en charge, pour s'immerger dans un monde où l'on ne peut s'en remettre qu'à soi-même, marque un tournant dans la vie des jeunes. La plupart du temps, les problèmes commencent avec la recherche d'un logement, sans compter qu'un appartement coûte cher et qu'il faut s'en occuper.

Certains sont revenus vivre à la maison familiale après un premier départ. Hassan, 34 ans, père de trois enfants vit chez sa mère. Il se justifie : «Ecoutez, les loyers qui sont très élevés font que bon nombre de couples choisissent de rester groupés dans la maison familiale et de ne pas aller chercher à habiter ailleurs.


D'autre part, les cycles de formation ou d'études durent aujourd'hui plus longtemps qu'autrefois. La situation actuelle plus que précaire sur le marché du travail fait que, bien souvent, la seule formation professionnelle ne suffit pas. Elle doit être souvent complétée par un cycle d'études ou de recyclage, ce qui retarde encore l'entrée dans la vie active ». Il résulte d'études ciblées dans ce domaine que les jeunes adultes entre 18 et 29 ans perçoivent régulièrement un soutien financier de leurs parents.
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