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Entretien avec Saïd Laghzaoui, directeur du Conservatoire national de musique et de danse à Rabat : «La plupart des formations musicales sont assurées par des lauréats du Conservatoire»

L'enseignement de la musique au Maroc a été marqué ces dernières années par l'introduction de la musique dans les Centres Professionnels Régionaux et par l'émergence d'écoles privées. Entretien avec Saïd Laghzaoui, directeur du Conservatoire national de m

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Le ministère de l'Education nationale a introduit, l'enseignement de la musique, dans les Centres Professionnels Régionaux (CPR). De même, le public assiste à l'émergence de nouvelles institutions, comme l'Ecole internationale de musique de Casablanca. Face à cette nouvelle donne, que devient le Conservatoire nationale de musique et de danse ?

Il est vrai que le ministère de l'Enseignement a créé, au Centre Professionnel Régional de Rabat, une nouvelle discipline relative à l'éducation musicale en vue de former des professeurs du collège. Comme la matière des arts plastiques, cette nouvelle discipline est destinée aux collégiens, au même titre que les autres matières, qui font partie du programme d'enseignement général.

Quant à l'école internationale de musique de Casablanca, elle est une institution privée destinée aux élèves qui ont les moyens de payer les frais de scolarité pour s'inscrire à cette école. Alors que le Conservatoire national de musique et de danse de Rabat est un organisme qui dépend du ministère de la Culture et celui-ci a entrepris une politique de vulgarisation de l'éducation musicale, destinée à l'ensemble des citoyens qui veulent s'y entrer moyennant des frais de scolarité symboliques, sans parler de la gratuité accordée aux handicapés, aux orphelins et aux personnes de modestes conditions.

Ainsi, 27 matières y sont enseignées : de la musique classique à la musique andalouse, en passant par le jazz, du chant à la chorale aux «Mowachahates orientales», du «Oud» à la guitare, du piano à la «cithare» arabe, autant de disciplines et d'instruments musicaux qui en font le plus important Conservatoire du Royaume.

Un grand nombre d'élèves des conservatoires n'arrivent pas à accéder aux classes supérieures. Cet abandon, à mi-chemin, s'explique notamment par la volonté de certains parents à vouloir imposer des études de musiques à leurs enfants ? Que faut-il donc faire pour éviter ce gâchis ?

Il faut rappeler que 80% de nos élèves sont des amateurs, qui viennent au Conservatoire, après l'école et à qui nous proposons une formation professionnelle. Souvent, et pour différentes raisons, les abondons interviennent quand les élèves atteignent le niveau du baccalauréat. La direction du Conservatoire ne peut interférer quant au choix des parents.

Parfois des élèves, issus de familles modestes, abandonnent leurs études musicales fautes de moyens. Comment encourager les prochains candidats à persévérer pour faire d'eux les grands musiciens de demain ?

Chez nous, il faut rappeler qu'en plus de la gratuité des études, le Conservatoire se propose également de prêter quelques instruments musicaux au cours de l'année scolaire aux élèves entrant dans la catégorie citée plus haut.

Ce qui est un investissement, puisque ces élèves sont disponibles et qu'ils donnent souvent d'excellents résultats. D'ailleurs, la plupart des formations musicales du pays sont aujourd'hui assurées par des lauréats du Conservatoire : Orchestre philharmonique du Maroc, orchestres de musique arabes, les ensembles de musique de chambre, ainsi que les solistes.

Plusieurs personnes n'ont pas pu entreprendre des études de musique pendant leur jeunesse. Aujourd'hui, elles se découvrent tardivement une vocation musicale. Y a-t-il au conservatoire un enseignement musical pour ce public ?

Nombre de personnes s'imaginent que le Conservatoire est capable de tout faire. Hélas, et compte tenu de la pression de la demande et des moyens dont il dispose, le Conservatoire de Rabat est obligé de respecter le règlement. L'enseignement musical est essentiellement destiné aux enfants. Mais comme chaque année, nous ouvrons des classes pour adultes, selon nos possibilités.

C'est ainsi que de nombreux parents en ont profité pour acquérir une connaissance du langage musical leur permettant de suivre les études musicales de leurs enfants.

La musique andalouse n'a pu survivre, que grâce à une forte tradition orale, depuis le 9e siècle, le temps de son créateur Ziryab et le 10e siècle, date de son avènement au Maroc. La musicologie marocaine a-t-elle entamé la codification de notre patrimoine musical ?

Mais depuis des années, le ministère de la Culture a entamé et terminé l'enregistrement sur CD de «L'Anthologie de la Musique Andalouse». En parallèle, plusieurs livres comprenant la notation de ce patrimoine, ont vu le jour. Des ouvrages qui sont sur le marché, mais pouvant aussi être consultés à la bibliothèque du Conservatoire.

La fête de la musique, qui est célébrée partout dans le monde, le 21 juin, est accompagnée, notamment dans les capitales européennes, d'un grand déferlement de joie, mais elle demeure cependant timide au Maroc. Comment inciter les musiciens à aller s'exposer devant le grand public ?

La fête de la musique est une fête française. En 1981, Jaques Lang, fraîchement nommé ministre de la Culture dans le président Mitterrand, avait dans un discours, émis le souhait, que le 1er jour de l'été soit consacré à jouer de la musique. C'est donc de là qu'est venue l'expression: «faites de la musique» entendez «Fête de la musique». C'est l'année suivante, que la fête de la musique sera célébrée, officiellement, en France.

En 1985, la classe de la guitare du conservatoire a célébré cette fête, avec le collaboration du centre culturel français de Rabat. Seulement quelques pays, notamment européens ou francophones, célèbrent aujourd'hui cette fête.
Elle n'a pas encore acquis le caractère universel. En revanche, il y a la journée mondiale de la musique, qui a été instaurée par l'Unesco au mois d'octobre.

Chez nous, on célèbre, le 7 mai, la journée nationale de la musique. Au conservatoire de Rabat et comme chaque année, nous organisons la fête de la musique à travers des «portes ouvertes» à l'occasion desquelles tous les élèves peuvent jouer de la musique au sein du conservatoire. C'est la fête de la musique.

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Festival des Cordes Pincées


C'est en mars 1993, à la faculté de musique de l'Université de Montréal que fut créée la série de concerts " les Cordes Pincées " avec la participation de 21 musiciens aux 11 concerts. Encouragé par les succès obtenus, son fondateur le guitariste marocain Saïd Laghzaoui décide d'en faire, en mars 1995, un festival : «Le Festival des Cordes Pincées» qui se veut un espace de rencontres et d'échanges pour musiciens appartenant à des pays différents et à la grande famille des cordes pincées. Ainsi 30 musiciens de 6 pays ont présenté leur art durant la première et la deuxième édition (1995 et 1996) qui se sont déroulées à Montréal.
A son retour au Maroc en 1997, Laghzaoui rapatrie le festival à Rabat, désormais parcours obligé du calendrier des mélomanes de la capitale.
Quant au menu du festival, il est composé notamment de la musique arabe, marocaine, andalouse, classique, renaissance, latino-américaine et jazz-blues.
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