J'ai voulu saisir ce moment historique où le mur était en train de surgir devant les gens avant qu'il ne soit trop tard. Je voulais montrer leurs sentiments et réactions sur le champ.
Comment est née l'idée d'un tel film ?
En juin 2002, j'ai vu le ministre de la Défense israélien au journal télévisé. C'était Benyamin Benyazir .
A l'époque où il était aux commandes, il annonçait qu'il avait la solution miracle au conflit israélo-palestinien et que la solution consistait en la construction d'un mur qui allait constituait la fin à tous les problèmes.
Pour moi, c'était inconcevable parce que ce n'est pas ainsi que l'on résout un problème aussi sérieux que celui-là. Ceci étant, l'idée du mur me déchirait complètement.
Je suis une Juive arabe, toute ma vie est un lieu de dialogue permanent ; penser à une telle séparation me coupait en deux.
La gravité de l'idée s'est agrandie lorsque je me suis rendue sur place et que j'ai vu le mur entrain de se construire et la manière avec laquelle il prenait de l'ampleur ; je me suis rendue compte que ce n'est pas d'une séparation qu'il s'agissait. Le mur tel qu'il est construit ne sépare pas Palestiniens et Israéliens, mais, Palestiniens et Palestiniens.
C'est une machine d'expropriation et de spoliation. Il est construit sur 95% de son tracé, profondément à l'intérieur de la Cisjordanie, ce qui veut dire que tous les territoires, qui se trouvent du côté israélien de ce mur sur toute la longueur, sont des champs, des oliviers et des villages entiers des fois. Il s'agit de territoires volés et pris de force.
Comment s'est passé le tournage ?
Tout le film a été quasiment tourné sur le chantier même. C'est un film très visuel où il n'y a ni commentaire ni explication ni carte. C'est un film où l'on voit. Et j'étais très sensible lors des premières visualisations lorsque des gens m'ont dit : «C'est étrange, on l'a vu à la télévision et on a lu des articles mais ce n'est qu'on regardant votre film qu'on s'est rendu compte de la gravité de la chose».
En tant que cinéaste, j'étais très sensible à ça. C'était le pari que je m'étais donné. Je pense que lorsqu'on prend le temps de voir réellement ce qu'un film vous permet, vu que lors d'un tournage on peut déposer sa caméra et rester jusqu'à ce que l'on obtienne l'objectif et le résultat recherchés. Il y a des plans très longs dans le film et je donne le temps suffisant. Je peux citer l'exemple d'un bloc de béton soulevé par une grue, il est vrai que c'est trop long mais je n'essaye pas de couper la séquence jusqu'au moment où elle est déposée et qu'elle cache le paysage d'en face.
Y a-t-il eu des problèmes lors du tournage ?
Il est certes très difficile de tourner un film, et dans les conditions actuelles il a été plus difficile de le faire. Mais c'est mon métier et ces difficultés en font partie, c'est à moi de les rendre accessoires d'autant plus qu'ils ne constituaient qu'une partie minime face à la tragédie que vit ce peuple. Nous avons fait notre possible pour les résoudre.
Le tournage a pris combien de temps ?
Le tournage réel a pris quatre semaines pleines et le travail entier a pris une année parce qu'il fallait tout mettre en place et étudier tous les détails, même les plus petits. Et lorsqu'on voit le résultat, on ne pense plus à rien. Car c'est ce qui compte le plus, c'est une naissance pour moi. C'est toujours très émouvant. Heureusement, le film a été très bien accueilli.
A votre avis, comment la culture peut–elle aider dans le rapprochement des civilisations ?
Vous me prenez dans un jour optimiste sinon je vous aurais dit strictement à rien. Quand on voit tous ces gens qui n'arrêtent pas d'écrire, de fournir des efforts pour produire des livres et qui se battent sans percevoir aucun changement, on est pris par le désespoir.
C'est important. Le fait de reconnaître des films et de les présenter dans des festivals est important et prouve que le cinéma a un rôle très important dans le monde.
Quelle est la prochaine étape de votre parcours ?
Mon prochain film est le portrait de France Fanon qui se tournera en partie en Algérie, en France et en Tunisie.
Comment est née l'idée d'un tel film ?
En juin 2002, j'ai vu le ministre de la Défense israélien au journal télévisé. C'était Benyamin Benyazir .
A l'époque où il était aux commandes, il annonçait qu'il avait la solution miracle au conflit israélo-palestinien et que la solution consistait en la construction d'un mur qui allait constituait la fin à tous les problèmes.
Pour moi, c'était inconcevable parce que ce n'est pas ainsi que l'on résout un problème aussi sérieux que celui-là. Ceci étant, l'idée du mur me déchirait complètement.
Je suis une Juive arabe, toute ma vie est un lieu de dialogue permanent ; penser à une telle séparation me coupait en deux.
La gravité de l'idée s'est agrandie lorsque je me suis rendue sur place et que j'ai vu le mur entrain de se construire et la manière avec laquelle il prenait de l'ampleur ; je me suis rendue compte que ce n'est pas d'une séparation qu'il s'agissait. Le mur tel qu'il est construit ne sépare pas Palestiniens et Israéliens, mais, Palestiniens et Palestiniens.
C'est une machine d'expropriation et de spoliation. Il est construit sur 95% de son tracé, profondément à l'intérieur de la Cisjordanie, ce qui veut dire que tous les territoires, qui se trouvent du côté israélien de ce mur sur toute la longueur, sont des champs, des oliviers et des villages entiers des fois. Il s'agit de territoires volés et pris de force.
Comment s'est passé le tournage ?
Tout le film a été quasiment tourné sur le chantier même. C'est un film très visuel où il n'y a ni commentaire ni explication ni carte. C'est un film où l'on voit. Et j'étais très sensible lors des premières visualisations lorsque des gens m'ont dit : «C'est étrange, on l'a vu à la télévision et on a lu des articles mais ce n'est qu'on regardant votre film qu'on s'est rendu compte de la gravité de la chose».
En tant que cinéaste, j'étais très sensible à ça. C'était le pari que je m'étais donné. Je pense que lorsqu'on prend le temps de voir réellement ce qu'un film vous permet, vu que lors d'un tournage on peut déposer sa caméra et rester jusqu'à ce que l'on obtienne l'objectif et le résultat recherchés. Il y a des plans très longs dans le film et je donne le temps suffisant. Je peux citer l'exemple d'un bloc de béton soulevé par une grue, il est vrai que c'est trop long mais je n'essaye pas de couper la séquence jusqu'au moment où elle est déposée et qu'elle cache le paysage d'en face.
Y a-t-il eu des problèmes lors du tournage ?
Il est certes très difficile de tourner un film, et dans les conditions actuelles il a été plus difficile de le faire. Mais c'est mon métier et ces difficultés en font partie, c'est à moi de les rendre accessoires d'autant plus qu'ils ne constituaient qu'une partie minime face à la tragédie que vit ce peuple. Nous avons fait notre possible pour les résoudre.
Le tournage a pris combien de temps ?
Le tournage réel a pris quatre semaines pleines et le travail entier a pris une année parce qu'il fallait tout mettre en place et étudier tous les détails, même les plus petits. Et lorsqu'on voit le résultat, on ne pense plus à rien. Car c'est ce qui compte le plus, c'est une naissance pour moi. C'est toujours très émouvant. Heureusement, le film a été très bien accueilli.
A votre avis, comment la culture peut–elle aider dans le rapprochement des civilisations ?
Vous me prenez dans un jour optimiste sinon je vous aurais dit strictement à rien. Quand on voit tous ces gens qui n'arrêtent pas d'écrire, de fournir des efforts pour produire des livres et qui se battent sans percevoir aucun changement, on est pris par le désespoir.
C'est important. Le fait de reconnaître des films et de les présenter dans des festivals est important et prouve que le cinéma a un rôle très important dans le monde.
Quelle est la prochaine étape de votre parcours ?
Mon prochain film est le portrait de France Fanon qui se tournera en partie en Algérie, en France et en Tunisie.
