Spécialiste du Moyen-Orient, Arabisant rompu à la culture et l'histoire arabo-islamique, Gilles Kepel a abondamment écrit sur le phénomène de l'Islam politique et des mouvements jihadistes qui dominent l'actualité depuis bientôt une vingtaine d'années. On lui doit une dizaine d'ouvrages sur la question dont : « Le Prophète et le Pharaon. Aux sources de l'islamisme contemporain » (1984) « Intellectuels et militants de l'Islam contemporain » (1990) sans oublier « Jihad. Expansion et déclin de l'islamisme » qui, dès son apparition en 2000, et surtout, au lendemain des attentats du 11 septembre, a suscité un grand débat sur la pertinence de la thèse dont Kepel se fait le défenseur ; celle du déclin imminent de l'islamisme et qu'il reprend d'ailleurs «Dans Chronique d'une guerre d'Orient» paru au début de 2001.
Dans « Fitna », Kepel revient à la charge plus que jamais convaincu de la justesse de son point de vue: Les attentats du 11 septembre, loin d'être un indice de l'expansion et de la puissance du mouvement islamiste, est au contraire la preuve de son échec à se faire le porte- parole du monde musulman et encore moins à faire fructifier son capital de sympathie au-delà du cercle étroit de ses affidés, d'où son isolement et son déclin.
Pire, la multiplication des mouvements jihadistes conjuguée à l'intervention armée des Etats-Unis et de sa coalition en Irak, en ouvrant la boite de Pandore dans le pays, risquent de plonger la région du Moyen-Orient toute entière dans une sédition religieuse ou fitna dont les perspectives sont incertaines. D'où ce qu'il appelle « la panne de projet social et politique mobilisateur ». « Ainsi le séisme du 11 septembre advient-il au croisement de deux logiques sous-jacentes, chacune porteuse d'un projet majeur de transformation radicale du Proche-Orient : les jihadistes d'un côté, les néoconservateurs de l'autre. Les premiers s'emploient à transformer leur essai, à accroître le nombre de leurs recrues directs (…). Les seconds «vendent » à l'occasion du 11 septembre, leur projet radical de redistribution des cartes au Moyen-Orient, à un gouvernement américain qui s'est laissé surprendre par les attentats, et qui, sous le choc, accepte d'infléchir les équilibres traditionnels de la politique des Etats-Unis dans la région en appliquant pour l'essentiel l'agenda néoconservateur.»
Jihad et néo-conservatisme
On connaît assez le projet islamiste dont certains médias ne tarissent pas de faire la publicité : renouer avec la tradition du salaf pour retrouver la puissance d'antan, avec son corollaire, application de la charia'a, la hakimia et bien sûr le jihad contre le monde entier. Pour les profanes en la matière, il n'y a pas mieux que la lecture de Kepel pour se familiariser avec cette littérature dont les origines se perdent dans la nuit des temps. Versé dans cette culture, il est tout indiqué pour vous faire une visite guidée dans les arcanes de la pensée théologique islamique depuis la grande sédition qui donna naissance aux Kharidjismes, au Chiïsme et autres Murji'a du 8e siècle. On en est pas sorti de ces débats encore aujourd'hui au Moyen-Orient dont l'Egypte, l'Irak et l'Arabie Saoudite.
De belles pages sont consacrées dans ce livre à l'évolution de ces idées dans ces pays d'où le mouvement islamiste a surgi à la suite de l'hybridation entre la pensée des Frères musulmans et des salafistes wahabites. Une sorte de bricolage théologico-idéologique qui n'en finit pas de faire montre de son usage explosif. A l'occasion, ces mêmes profanes ne tarderont pas à découvrir que les idées dont certains se targuent aujourd'hui chez nous par journaux interposés, et qu'ils tenaient à présenter pour des nouveautés intellectuels, fruit de leur imagination créative, ne sont en fait que du réchauffé, un pâle reflet d'une construction idéologique que made in Moyen-Orient, lui- même ne faisant que remettre au goût du jour, des idées ressasser depuis des siècles.
Il est intéressant à ce propos de lire le chapitre consacré à l'analyse des différents courants centrifuges qui agitent l'Arabie Saoudite et dont la virulence ne fait que s'accroître dans le contexte actuel marqué par la guerre en Irak et la pression des Américains qui au passage, ont apparemment apporté quelques retouches substantielles à leur politique traditionnelle dans la région où ils n'ont plus à craindre de concurrent après l'abandon par KO de l'Union Soviétique : « Alors que Washington s'efforçait jusque-là de tenir la balance égale entre les deux impératifs de la sécurité d'Israël et des approvisionnements en hydrocarbures, « la guerre contre la terreur» met le soutien à la politique de l'Etat hébreu au premier plan, relativisant les attaches avec l'Arabie Saoudite. »
Qu'est-ce qui a poussé les Etats-Unis à changer d'avis ? Les attentats du 11 septembre et le choc de se découvrir subitement vulnérables, ont été sûrement pour quelque chose, mais pas seulement. Pour Kepel, qui reprend à son compte la théorie de Richard Clarke, l'ancien coordinateur de la lutte anti-terroriste au Conseil national de sécurité américain, l'adoption de cette nouvelle stratégie témoigne du triomphe du courant néo-conservateur dans l'administration Bush, dont les prémisses remontent aux années 60 dans le contexte de la guerre froide. Les premiers à lancer ce qui allait devenir un courant néo-conservateur sont en fait d'anciens gauchistes antistaliniens désabusés tel Irving Kristol, Leo Strauss ou encore le mathématicien Albert Wohlstetter dont Richard Perle Dick Cheney et autre Paul Wolfowitz sont les disciples, tout autant que Fukuyama, l'auteur de « La Fin de l'histoire » ou encore Huntington auteur du «Choc des civilisations ».
Pour ce courant qui se place à l'opposé de la réalpolitik de Kissinger, «Les Etats –Unis doivent se doter d'une capacité militaire inégalée, consacrer au moins un quart du budget fédéral à la Défense, de manière à dissuader tout ennemi de les attaquer, et ainsi garantir non seulement la paix dans le monde où chacun craindrait le gros bâton américain, mais aussi les idéaux démocratiques en faisan pression sur les « dictateurs de droite et de gauche » (…)« Les nations civilisées se rangent sous son égide, pour leur bien et celui de l'humanité ; les autres ne sont que des voyous qui doivent s'attendre un jour ou l'autre à encourir la foudre s'ils ne se repentent ni se rachètent ».
Il est évident que dans cette vision messianique dans le contexte du Moyen-Orient, Israël, considéré comme étant le seul pays démocratique et donc le seul à faire partie des « nations civilisées », la paix avec ses voisins arabes passe d'abord par la démocratisation de toute la région. C'est la seule façon de mettre fin à la guerre, étant donné que l'expérience a montré que les démocraties ne se font pas la guerre. On comprend dès lors pourquoi les Américains soutiennent sans réserve la politique de Charon dans les territoires occupés, pourquoi Bush a livré la guerre à Saddam et pourquoi la pression est soutenues contre la Syrie, l'Iran et de manière plus subtile sur l'Arabie. Pour Kepel, on ne peut rien comprendre à la politique américaine si on ne prend pas en compte deux facteurs: la sécurité de l ‘Etat d'Israël et l'approvisionnement sécurisé du pétrole.
L'histoire qui ruse
Inspiré de la période de la guerre froide, cette stratégie risque selon Kepel de se heurter à des réalités autrement plus complexes que du temps de l'URSS. A la complexité de la réalité politique, sociale et religieuse dans la région, s'ajoutent la nature informelle et diffuse de l'ennemi : le terrorisme islamiste. Le tout risque de rompre l'équilibre instable qui prévaut dans la région pour la faire sombrer dans l'abîme de la fitna.
C'est ce qu'il appelle « la panne de projet social et politique mobilisateur qui affecte désormais le Moyen-Orient » dont on a déjà les primeurs en Irak.
Comment débloquer la situation et parer à la fitna ?
En Européen convaincu (ou plutôt Français), Gilles Keppel met son espoir dans l'Islam de l'immigration. C'est là en Europe que, d'après lui, se joue la bataille pour l'évolution de l'Islam tiraillé entre la régression communautaire et la fusion avec la modernité : « L'Islam d'Europe est aujourd'hui à l'avant-garde de ce combat, le modèle sur lequel ont les yeux fixés les musulmans du monde qui aspirent à vivre libérés des régimes autoritaires comme des fantasmes sanglants des jihadistes » .
Au-delà de cette envolée lyrique, force est de constater que malheureusement, ce n'est pas ce que la réalité au quotidien nous révèle. Les théoriciens du jihad les plus extrémistes tiennent leurs quartiers à Londres transformé à l'occasion en « Londonistan » ; les prêcheurs les plus rétrogrades qui préconisent de violenter femmes et enfants nichent à Paris et un peu partout en France.
Si espoir il y a, il ne peut venir que des pays musulmans eux-même.
Personne ne peut faire le travail de questionnement et de remise en cause à leur place. Et quoiqu'on dise, les sociétés arabes sont travaillées de l'intérieur par ce mouvement, paradoxalement en raison de la montée de l'extrémisme. Il est évident que l'Islam a mal à ses musulmans, l'explosion de la violence qui en est la conséquence, a fini par avoir raison de l'indolence, de l'aveuglement et de l'immobilisme complaisant des sociétés musulmanes. La libération de la parole, la conscience de plus en plus aiguë de la nécessité de démocratisation de la vie politique, les débats sur la place de la religion dans la société, sur le statut de la femme et les droits de l'homme, sont autant d'indices qui entrouvrent les portes aux changements. Il est certain que le chemin vers la sérénité soit tortueux, escarpé. Des retournements plus ou moins surprenants, plus ou moins douloureux sont à attendre. C'est l'histoire qui ruse avant de livrer ses secrets.
«Fitna- Guerre au cœur de l'Islam»
de Gilles Kepel, Ed. Gallimard, 388 pages.
Dans « Fitna », Kepel revient à la charge plus que jamais convaincu de la justesse de son point de vue: Les attentats du 11 septembre, loin d'être un indice de l'expansion et de la puissance du mouvement islamiste, est au contraire la preuve de son échec à se faire le porte- parole du monde musulman et encore moins à faire fructifier son capital de sympathie au-delà du cercle étroit de ses affidés, d'où son isolement et son déclin.
Pire, la multiplication des mouvements jihadistes conjuguée à l'intervention armée des Etats-Unis et de sa coalition en Irak, en ouvrant la boite de Pandore dans le pays, risquent de plonger la région du Moyen-Orient toute entière dans une sédition religieuse ou fitna dont les perspectives sont incertaines. D'où ce qu'il appelle « la panne de projet social et politique mobilisateur ». « Ainsi le séisme du 11 septembre advient-il au croisement de deux logiques sous-jacentes, chacune porteuse d'un projet majeur de transformation radicale du Proche-Orient : les jihadistes d'un côté, les néoconservateurs de l'autre. Les premiers s'emploient à transformer leur essai, à accroître le nombre de leurs recrues directs (…). Les seconds «vendent » à l'occasion du 11 septembre, leur projet radical de redistribution des cartes au Moyen-Orient, à un gouvernement américain qui s'est laissé surprendre par les attentats, et qui, sous le choc, accepte d'infléchir les équilibres traditionnels de la politique des Etats-Unis dans la région en appliquant pour l'essentiel l'agenda néoconservateur.»
Jihad et néo-conservatisme
On connaît assez le projet islamiste dont certains médias ne tarissent pas de faire la publicité : renouer avec la tradition du salaf pour retrouver la puissance d'antan, avec son corollaire, application de la charia'a, la hakimia et bien sûr le jihad contre le monde entier. Pour les profanes en la matière, il n'y a pas mieux que la lecture de Kepel pour se familiariser avec cette littérature dont les origines se perdent dans la nuit des temps. Versé dans cette culture, il est tout indiqué pour vous faire une visite guidée dans les arcanes de la pensée théologique islamique depuis la grande sédition qui donna naissance aux Kharidjismes, au Chiïsme et autres Murji'a du 8e siècle. On en est pas sorti de ces débats encore aujourd'hui au Moyen-Orient dont l'Egypte, l'Irak et l'Arabie Saoudite.
De belles pages sont consacrées dans ce livre à l'évolution de ces idées dans ces pays d'où le mouvement islamiste a surgi à la suite de l'hybridation entre la pensée des Frères musulmans et des salafistes wahabites. Une sorte de bricolage théologico-idéologique qui n'en finit pas de faire montre de son usage explosif. A l'occasion, ces mêmes profanes ne tarderont pas à découvrir que les idées dont certains se targuent aujourd'hui chez nous par journaux interposés, et qu'ils tenaient à présenter pour des nouveautés intellectuels, fruit de leur imagination créative, ne sont en fait que du réchauffé, un pâle reflet d'une construction idéologique que made in Moyen-Orient, lui- même ne faisant que remettre au goût du jour, des idées ressasser depuis des siècles.
Il est intéressant à ce propos de lire le chapitre consacré à l'analyse des différents courants centrifuges qui agitent l'Arabie Saoudite et dont la virulence ne fait que s'accroître dans le contexte actuel marqué par la guerre en Irak et la pression des Américains qui au passage, ont apparemment apporté quelques retouches substantielles à leur politique traditionnelle dans la région où ils n'ont plus à craindre de concurrent après l'abandon par KO de l'Union Soviétique : « Alors que Washington s'efforçait jusque-là de tenir la balance égale entre les deux impératifs de la sécurité d'Israël et des approvisionnements en hydrocarbures, « la guerre contre la terreur» met le soutien à la politique de l'Etat hébreu au premier plan, relativisant les attaches avec l'Arabie Saoudite. »
Qu'est-ce qui a poussé les Etats-Unis à changer d'avis ? Les attentats du 11 septembre et le choc de se découvrir subitement vulnérables, ont été sûrement pour quelque chose, mais pas seulement. Pour Kepel, qui reprend à son compte la théorie de Richard Clarke, l'ancien coordinateur de la lutte anti-terroriste au Conseil national de sécurité américain, l'adoption de cette nouvelle stratégie témoigne du triomphe du courant néo-conservateur dans l'administration Bush, dont les prémisses remontent aux années 60 dans le contexte de la guerre froide. Les premiers à lancer ce qui allait devenir un courant néo-conservateur sont en fait d'anciens gauchistes antistaliniens désabusés tel Irving Kristol, Leo Strauss ou encore le mathématicien Albert Wohlstetter dont Richard Perle Dick Cheney et autre Paul Wolfowitz sont les disciples, tout autant que Fukuyama, l'auteur de « La Fin de l'histoire » ou encore Huntington auteur du «Choc des civilisations ».
Pour ce courant qui se place à l'opposé de la réalpolitik de Kissinger, «Les Etats –Unis doivent se doter d'une capacité militaire inégalée, consacrer au moins un quart du budget fédéral à la Défense, de manière à dissuader tout ennemi de les attaquer, et ainsi garantir non seulement la paix dans le monde où chacun craindrait le gros bâton américain, mais aussi les idéaux démocratiques en faisan pression sur les « dictateurs de droite et de gauche » (…)« Les nations civilisées se rangent sous son égide, pour leur bien et celui de l'humanité ; les autres ne sont que des voyous qui doivent s'attendre un jour ou l'autre à encourir la foudre s'ils ne se repentent ni se rachètent ».
Il est évident que dans cette vision messianique dans le contexte du Moyen-Orient, Israël, considéré comme étant le seul pays démocratique et donc le seul à faire partie des « nations civilisées », la paix avec ses voisins arabes passe d'abord par la démocratisation de toute la région. C'est la seule façon de mettre fin à la guerre, étant donné que l'expérience a montré que les démocraties ne se font pas la guerre. On comprend dès lors pourquoi les Américains soutiennent sans réserve la politique de Charon dans les territoires occupés, pourquoi Bush a livré la guerre à Saddam et pourquoi la pression est soutenues contre la Syrie, l'Iran et de manière plus subtile sur l'Arabie. Pour Kepel, on ne peut rien comprendre à la politique américaine si on ne prend pas en compte deux facteurs: la sécurité de l ‘Etat d'Israël et l'approvisionnement sécurisé du pétrole.
L'histoire qui ruse
Inspiré de la période de la guerre froide, cette stratégie risque selon Kepel de se heurter à des réalités autrement plus complexes que du temps de l'URSS. A la complexité de la réalité politique, sociale et religieuse dans la région, s'ajoutent la nature informelle et diffuse de l'ennemi : le terrorisme islamiste. Le tout risque de rompre l'équilibre instable qui prévaut dans la région pour la faire sombrer dans l'abîme de la fitna.
C'est ce qu'il appelle « la panne de projet social et politique mobilisateur qui affecte désormais le Moyen-Orient » dont on a déjà les primeurs en Irak.
Comment débloquer la situation et parer à la fitna ?
En Européen convaincu (ou plutôt Français), Gilles Keppel met son espoir dans l'Islam de l'immigration. C'est là en Europe que, d'après lui, se joue la bataille pour l'évolution de l'Islam tiraillé entre la régression communautaire et la fusion avec la modernité : « L'Islam d'Europe est aujourd'hui à l'avant-garde de ce combat, le modèle sur lequel ont les yeux fixés les musulmans du monde qui aspirent à vivre libérés des régimes autoritaires comme des fantasmes sanglants des jihadistes » .
Au-delà de cette envolée lyrique, force est de constater que malheureusement, ce n'est pas ce que la réalité au quotidien nous révèle. Les théoriciens du jihad les plus extrémistes tiennent leurs quartiers à Londres transformé à l'occasion en « Londonistan » ; les prêcheurs les plus rétrogrades qui préconisent de violenter femmes et enfants nichent à Paris et un peu partout en France.
Si espoir il y a, il ne peut venir que des pays musulmans eux-même.
Personne ne peut faire le travail de questionnement et de remise en cause à leur place. Et quoiqu'on dise, les sociétés arabes sont travaillées de l'intérieur par ce mouvement, paradoxalement en raison de la montée de l'extrémisme. Il est évident que l'Islam a mal à ses musulmans, l'explosion de la violence qui en est la conséquence, a fini par avoir raison de l'indolence, de l'aveuglement et de l'immobilisme complaisant des sociétés musulmanes. La libération de la parole, la conscience de plus en plus aiguë de la nécessité de démocratisation de la vie politique, les débats sur la place de la religion dans la société, sur le statut de la femme et les droits de l'homme, sont autant d'indices qui entrouvrent les portes aux changements. Il est certain que le chemin vers la sérénité soit tortueux, escarpé. Des retournements plus ou moins surprenants, plus ou moins douloureux sont à attendre. C'est l'histoire qui ruse avant de livrer ses secrets.
«Fitna- Guerre au cœur de l'Islam»
de Gilles Kepel, Ed. Gallimard, 388 pages.
