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Jacques Higelin à cœur ouvert : «Le public marocain est merveilleux… »

Jacques Higelin, a donné un concert gratuit et unique à Casablanca en marge de la semaine de la France au Maroc, France expo 2004. Autour d'un café, Higelin nous a parlé de ses débuts, de sa carrière, de ses albums et surtout du public marocain qu'il tro

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Parlez- nous un peu de vos débuts ?

Le plus naturellement possible. Depuis tout petit, j'aimais chanter et faire de la musique. Cela m'a toujours paru comme une chose naturelle et attendue. Mon père jouait du piano, ma grand-mère chantait. Au fait, on était une grande famille unie. Tout le monde vivait sous le même toit.

En regardant mon père jouer, je voulais faire la même chose. Après j'ai rencontré d'autres personnes qui ont accepté de m'initier à l'art. J'ai toujours adorer la musique je dirais même que j'en suis amoureux. Quand j'étais petit je dessinais beaucoup et je m'intéressais de prés au théâtre. Au fait tout ce qui est en relation avec l'art.

Quand je me pose la question sur ce que je fais ou pourquoi j'ai choisi l'art, je ne trouve pas de réponse, car pour moi c'est une chose normale et qui devait avoir lieu.
Il est vrai que ma carrière a été marquée par des hauts et des bas comme tout le monde mais avec beaucoup de joie et de satisfaction.

Cela fait combien de temps que vous chantez ?

Trop longtemps. J'ai commencé à chanter avec ma grand mère. Le soir, je me rappelle elle chantait des chansons moi je l'accompagnais. Professionnellement, j'ai commencé à m'y mettre, à écrire des chansons et à en vivre quand j'avais 25 ans. Donc, il y a 35 ans.

Quels ont été les points forts de votre carrière ?

J'ai fait beaucoup de choses dans ma carrière. La première étape a été l'adolescence jusqu'à l'armée où j'étais soldat pendant deux ans et demi pendant la guerre d'Algérie. Mon frère y est allé en premier et moi je suis allé d'abord en Allemagne et puis en Algérie pour fêter la libération des Algériens, ce fut une période très forte parce que je me suis rendu compte au milieu de tout ce que je vivais qu'il était trop superficiel de choisir d'être comédien. Mais avant, entre 15 et 20 ans, j'ai fait du théâtre et un peu de cinéma et parallèlement je continuais à chanter.

Quelque part, je n'y croyais pas trop. Moi, je voulais être comédien mais je n'arrivais pas à me détacher de la musique et même pendant mes cours de comédie, je continuais à chanter surtout par plaisir. Après l'armée je ne voulais plus être comédien. J'ai commencé à travailler la guitare, à écrire et j'ai accompagné les gens dans les spectacles, sur les grandes scènes.

J'ai commencé comme accompagnateur musicien ça me permettait d'une part d'observer ces gens et leur manière de travailler et d'autre part, de gagner ma vie.

Je suis passé au café théâtre au café de la gare avec Coluche, Depardieu, Brigitte Lafontaine…On étaient tous jeunes et on travaillait énormément. J'ai commencé à travailler comme conteur et c'est vers 26 ans que je suis venue au Maroc pour la première fois.
Vers trente ans j'ai commencé à enregistrer mes disques.

Quel souvenir gardez vous du Maroc ?

J'étais jeune et j'ai fait un voyage avec un ami, Areski Blekacem, musicien algérien pour nous promener un peu. Mais ça a été un voyage remarquable. J'ai fait une excellente rencontre à la place Jemâa EL fena à Marrakech avec un conteur public. il s'appelle M'Barek. Il était tellement extraordinaire que j'ai passé trois semaines à le regarder et à suivre de prés ce qu'il faisait. C'est un conteur inspiré et j'ai appris énormément de choses avec lui. Et quand je suis revenu en France, j'ai fait un spectacle d'improvisation et c'était cet homme ma source d'inspiration.

Si vous n'aviez pas été artiste, quel autre métier auriez vous choisi ?

Au fait, jamais je ne m'étais vu exerçant un autre métier. Si mon rêve n'avait pas été réalisé, j'aurais choisi de soigner les gens. Quelque part c'est ce que je fais à travers ma musique, mes paroles, je sens que ça aide les gens à apaiser leurs souffrances. Mais, si je n'étais pas artiste j'aurais choisi de devenir médecin ou infirmier

J'ai toujours aimé la musique, très jeune j'écrivais des chansons. D'ailleurs, j'ai quitté l'école très tôt. Au certificat d'études primaires. Autrement dit, le minimum pour aller travailler. Apres je me suis débrouillé pour travailler et en même temps faire ce que j'aime. Mettre en œuvre mes passions.

Comment pourriez vous nous décrire votre carrière. Y a t-il un moment que vous aimeriez effacer ?

Ma carrière est une longue trajectoire, pleine de bonnes et de mauvaises choses. Il est vrai qu'il y a dans la vie de chacun d'entre nous des moments qu'on aimerait effacer mais je ne regrette rien et comme dirait Piaf, rien de rien, même la douleur et la souffrance sont des fois obligatoires dans une vie ; c'est un apprentissage. Comment peut on parler aux gens si on n'a pas connu la joie, la souffrance, la tristesse ? c'est impossible de créer sans se douter, se demander si on est sur la bonne voie ou pas. Je me dis toujours que pour atteindre ses objectifs, il est impératif de vivre de tels moments.
D'autant plus que même si on le voulait, on ne pourrait pas le faire.

L'album qui vous a le plus marqué ?

Tout album que j'ai créé a sa petite histoire. Certains ont été plus magiques que d'autres. Il y en a qui ont été ratés. Par contre il n'y a aucune chanson que je regrette.

Quatre ans après, comment a été votre rencontre avec le public marocain ?

J'ai joué deux fois au Maroc. A Casablanca et Rabat et c'était merveilleux.
Mes relations avec le Maroc se sont tissées lors de mon premier voyage.
C'est vrai je n'avais pas chanté à l'époque mais j'ai vécu plein de bonnes choses qui m'ont beaucoup marqué et m'ont été d'un enrichissement énorme. Quand je suis revenu j'étais séduit par ce pays, l'élégance spirituelle de ses habitants, la culture du pays.

J'avais aussi rencontré beaucoup d'enfants avec lesquels je suis devenu ami. D'ailleurs, tout de suite après j'avais écris une chanson qui s'appelle « la croisade des enfants».
Après ce voyage qui m'a beaucoup marqué, j'ai toujours eu des rapports superbes avec les Marocains.

Avant le concert, j'avais le trac parce que je me posais la question sur les personnes qui allaient suivre mon concert.
Mais j'ai eu un public merveilleux. Vous avez cette chance au Maroc, le public marocain sait admirer la musique et vivre à ses sons et rythmes.
Voir plus de 4000 personnes suivre le rythme et la musique est rassurant. Je crois aussi que dés que le public sent que vous êtes sincère, il vous encourage et essaye de vous mettre à l'aise.

Quel est l'instant que vous aimez le plus lors d'un concert?

C'est cet échange sincère. J'aime beaucoup être entouré. Une fois sur scène je me suis retrouvé face à un large public de tous bords. Des jeunes et des moins jeunes.

Il y a tous les regards. Lors du concert j'ai repéré pleins de gens aussi différents les uns des autres et tous ces regards jouent un grand rôle. Certains vous soutiennent d'autres, vous influencent. Le plus important à mon avis est le fait d'être devant un public vivant et réactif.

Parlez-nous un peu de cette fusion entre différents instruments de musique ?
Je joue de l'accordéon, le piano, la guitare électrique et des fois la clarinette.
Le fait d'utiliser plusieurs instruments me permets de vivre dans différents univers et de passer de l'un à l'autre par le biais de la musique.

L'accordéon me lie à mes racines. Quand j'étais petit je voyais des gens qui gagnaient leurs vie en jouant des partitions dans la rue, à la sortie des marchés ou dans des cafés. Et ça a été le premier souvenir que j'ai gardé de la musique populaire.

L'accordéon est une émotion particulière.
La guitare électrique et acoustique c'est plus vivant, l'émotion forte. La vie.
Le piano, c'est plus romantique et dynamique car avec les dix doigts on peut avoir différents accords. Je dirais que c'est une autre forme d'émotion.
Chaque instrument vous emporte dans un monde magique différent l'un de l'autre.

Comment peut-on parler de la vie d'un artiste ?

Chaque rencontre avec le public est un voyage. Un artiste est à mon sens un voyageur immobile.
Il y a des moments où c'est facile d'autres c'est plus compliqué.
Je suis un grand rêveur. Quand j'écris je voyage dans ma tête car pour moi écrire c'est appeler des images, des pensées et des réflexions qu'il faut noter très vite pour ne pas les oublier. C'est s'évader. C'est aussi des visions très fortes qui ne se ressemblent pas.
L'inspiration est une origine divine, des fois on ne sait pas pourquoi on est inspiré.

Quel est le point de départ pour la composition de vos chansons ?

Croyez moi, moi-même je n'ai jamais compris. Dans ma vie composer des chansons m'a toujours paru comme une évidence. Je crois que cela a commencé par mon admiration pour les autres et ça continu.

J'ai toujours aimé le chant et la vie humaine. Je me rappelle d'une période de ma vie où je passais des heures à écouter Oum Keltoum sans jamais comprendre ce qu'elle disait mais sa musique m'enchantait, me faisait rêver. Cette femme m'emmenait loin avec une voix magnifique et le jour où elle est morte j'ai compris la douleur et la tristesse de tous les Arabes.

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Jacques Higelin en quelques mots


« Je suis tout d'abord un être humain qui chante ». Autrement dit, un artiste. C'est ainsi que Jacques Higelin se définit.
Né en 1940, élevé dans une famille modeste. Une famille où la musique et l'art avaient leur place. Il sera initié dés son plus jeune age à la musique et le chant.
Au début des années 60, il s'inscrit aux cours d'art dramatique de rené Simon, élève brillant, il reçoit le prix François Perrier. En 1961, J.Higelin, fait son service militaire, Après l'Allemagne il se forme au piano jazz garce à des groupes locaux.
A son retour en 63, il reprend le cinéma. Et depuis il enchaînera albums, succès et concerts qui feront de lui une idole et un artiste sans pareil.
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