Le fléau des accidents de la route continue de faire des ravages de par le monde. Chaque année, il coûte la vie à 1,2 million d'hommes, de femmes et d'enfants. Des centaines de milliers d'autres gens sont blessés, certains d'entre eux seront atteints d'handicaps permanents. Au Maroc, nos routes tuent plusde 3700 et blessent plus de 80.000 personnes… la réalité dépasse les pronostics de l'imagination la plus sombre.
C'est l'équivalent d'un village qui se trouve rayé de la carte chaque année et d'une ville qui ne serait peuplé que d'infirmes. La route marocaine a la triste réputation d'être l'une des plus meurtrières au monde, malgré le parc automobile relativement modeste.
Une véritable hécatombe. La majorité des accidents sont essentiellement déclenchés par les usagers vulnérables : des piétons, des cyclistes, des motocyclistes et des usagers des transports publics, lesquels pour la plupart n'auraient jamais les moyens de posséder un véhicule. En général, cette catégorie de personnes ignore le code de la route, croyant qu'il ne doit être respecté que par les automobilistes. Les piétons sont à la tête des victimes de la route et sont par la même occasion, les responsables d'un nombre conséquent d'accidents.
Autre indication non moins importante : 48,6% des véhicules impliqués dans des accidents ont un âge supérieur à dix ans et 32,7 ont 15 ans et plus. Certes on a beau incriminer l'état mécanique des véhicules et les piétons mais les facteurs humains et le non respect du code de la route ( faute, prise de risques, surestimation des moyens ) restent la cause majeure.
Seule une information plus large encore, une meilleure prise de conscience et un enseignement de la prévention pourront réduire le nombre des accidents.
De ce fait, une bonne stratégie de sécurité routière exige une grande mobilisation de toutes les personnes concernées, y compris les usagers eux-mêmes et des efforts entretenus de tous.
Dans ce sens, le gouvernement, a élaboré en 2002, avec le soutien de l'agence suédoise de développement international, une stratégie intégrée de sécurité routière pour remédier à l'approche sectorielle suivie jusqu'à présent.
Selon le ministère de la santé «à l'avenir, les campagnes de sensibilisation et d'information seront axées sur cette frange de la population qui a grandement besoin d'être consciente du danger qu'elle encourt sur la voie publique».
En effet, les responsables du comité national de prévention des accidents de circulation précisent que tous les acteurs impliqués dans la stratégie passeront à la vitesse supérieur en organisant des campagnes de sensibilisation et d'information tout au long de l'année avec des messages qui dramatisent la situation et qui reflète la réalité à travers des images chocs.
Agir sur plusieurs fronts est le moyen le plus sûr pour combattre sérieusement ce fléau afin de prévenir les décès et les infirmités inutiles et souffrances immenses qu'entraînent les accidents de circulation. Il existe de nombreux programmes pour prévenir les accidents de la route. Il s'agit notamment de stratégies portant sur les limitations de vitesse, en particulier dans les villes, la promotion des conducteurs de deux roues à porter systématiquement un casque, l'amélioration de la conception des infrastructures routières, l'éducation des conducteurs pour les inciter à toujours boucler leur ceinture de sécurité, la consommation d'alcool, et d'autres mesures de protection, et sur la plus grande visibilité des piétons et des cyclistes.
Enfin l'efficacité du système de secours repose sur les délais d'alerte et d'intervention, et sur la coordination des intervenants et la qualité de prise en charge.
«Protéger, alerter, secourir» sont les maîtres mots pour sauver des vie. Protéger, c'est prévenir et éviter l'aggravation. Alerter ou faire alerter les secours compétents, le plus rapidement possible, est une obligation pour chaque témoin d'un accident.
Secourir, c'est apporter une assistance en fonction de ses connaissances, de son savoir, c'est effectuer les premiers gestes qui sauvent face aux urgences qui menacent la vie. Si tout le monde s'attèle aujourd'hui à combattre sérieusement ce fléau on verra certainement moins de morts sur nos routes.
‘‘ En vérité, toutes les routes de notre vaste planète n'en forment qu'une seule et chacun d'entre nous est responsable d'un tronçon. Les décisions que nous prenons en matière de sécurité routière peuvent, au bout du compte, avoir des conséquences sur la vie de chaque être humain, partout dans le monde.
Ce monde est indivisible et il n'a qu'une seule route. ''
Rochelle Sobel, Présidente de Association
for Safe International Road Travel
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Les principaux objectifs sont axés autour de l'amélioration :
- du système d'alerte ;
- de la coordination ;
- de la prise en charge pré-hospitalière et hospitalière des victimes.
Activités réalisées, en cours de réalisation et projetées
Concernant les actions réalisées et en cours de réalisation, le ministère de la Santé a entrepris des efforts importants pour renforcer les structures de soins, ce qui se traduit par:
- La mobilisation d'une importante enveloppe budgétaire, pour la modernisation des équipements et l'acquisition d'une dotation complémentaire en médicaments d'urgence au profit des services des urgences (2002, 2003 et 2004);
- Le renforcement des compétences du personnel des services des urgences par l'organisation de formations en urgentologie et en médecine des catastrophes (certificat d'urgentologie depuis 1999, journées des urgences, congrès national des urgences). Ces formations concernent les médecins et les infirmiers;
- La création d'une spécialité en médecine d'urgence et de catastrophe. La première promotion est en cours de formation à Casablanca ;
- L'amélioration des compétences des chauffeurs ambulanciers aux techniques de ramassage, de brancardage, de secourisme et de conduite sécurisante des ambulances (Convention de partenariat avec l'Ordre de Malte et avec le Croissant rouge marocain)
- L'organisation depuis 1999 de plusieurs séminaires de planification et d'élaboration de Plans d'urgences hospitaliers, au profit du personnel de santé avec implication intersectorielle (Protection civile, croissant rouge marocain, gendarmerie Royale, inspection des services de santé militaire) ;
- L'élaboration d'un projet de réglementation du transport sanitaire (en cours d'étude) ;
- La participation aux campagnes printanières de sensibilisation de la population organisées par le Centre National de Prévention des accidents de la circulation (CNPAC) dans le domaine de la sécurité routière.
Les actions programmées et projetées sont:
- Organisation prochaine de journées nationales sur la politique et la stratégie de gestion des urgences et des catastrophes ;
- La mise en place du projet national d'un système d'assistance médicale urgente (SAMU) à l'échelle nationale avec mise en œuvre du processus dans un premier temps à Casablanca et à Rabat puis extension du modèle de SAMU adapté à d'autres sites ;
- L'instauration de la régulation médicale visant à prendre en charge et à transporter les victimes des accidents de la circulation routière aux structures médicales les plus adaptées, abstraction faite du découpage administratif
- La mise en place d'un dispositif de télécommunication pour la mise en œuvre du système d'assistance médicale urgente. Pour cela, des études techniques et économiques sont programmées en 2004 pour le développement d'un réseau de télécommunication;
- Organisation d'un cours national d'Entraînement à la gestion des urgences majeures et des catastrophes.
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Le 14 avril 2004, l'Assemblée générale des Nations Unies se réunira en session plénière afin de traiter, pour la première fois, de la sécurité routière. La résolution, en cours de rédaction pour cette session, se félicite du Rapport mondial sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la circulation et fait des propositions pour appliquer plusieurs des recommandations du rapport et faire progresser la question de la sécurité routière au niveau international.
Le Département de l'information des Nations Unies collabore avec la Mission d'Oman auprès des Nations Unies, le Groupe d'étude pour la survie et le développement de l'enfant et d'autres organisations pour organiser le 15 avril 2004, parallèlement à cette séance plénière, une séance d'information sur la crise mondiale de la sécurité routière.
En mai 2004, lors de la Cinquante- Septième Assemblée mondiale de la Santé, les ministres de la santé étudieront le projet de résolution «Sécurité routière et santé», approuvé par le Conseil exécutif en janvier 2004. Si elle l'adopte, les Etats Membres et l'OMS auront un mandat clair et sans équivoque et disposeront d'un ensemble de stratégie pour résoudre le problème des traumatismes dus aux accidents de la circulation.
Du 6 au 9 juin 2004, l'institut autrichien travaillant sur la sécurité dans les habitations et pendant les loisirs organisera à Vienne la Septième conférence mondiale sur la Prévention des traumatismes et la promotion de la sécurité, coparrainée par l'OMS.
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Trois questions au Professeur Abdelkrim Largab, chirurgien orthopédiste et traumatologue au CHU Ibn Rochd :
Quelles sont les traumatismes causés en général par les accidents de la route ? Et quelles sont leurs conséquences à moyen et à long termes?
Cette catastrophe nationale permanente génère, en plus des décès sur le lieu de l'accident, des traumatismes graves et souvent multiples intéressant toutes les parties du corps : les traumatismes des membres, des ceintures (épaule et bassin) et du rachis représentent la majorité des traumatismes, ils sont isolés ou associés à d'autres traumatismes dans 4 cas sur 5.
Ce sont les traumatismes qui, statistiquement parlant, causent la majorité des handicaps , si ce n'est des paralysies persistantes, ce sont des raideurs articulaires, des difformités des membres ou des troubles trophiques graves qui persistent malgré tous les efforts des équipes soignantes en urgence et durant des mois ou parfois des années après ; ces séquelles laissent des accidentés inaptes sur le plan professionnel perdant jusqu'à leur autonomie et devenant alors totalement à la charge de la société avec tout le prix que cela coûtera .
Les traumatismes cranio-faciaux pouvant causer la mort rapidement si les lésions sont graves, les traumatismes thoraco-abdominaux pouvant également être mortels par des problèmes respiratoires graves ou une hémorragie interne si les secours n'arrivent pas à temps.
Les soins d'urgence sont capitaux dans la prise en charge des accidentés de la route ; ils conditionnent en effet toute l'évolution ultérieure. Ils doivent être de qualité, prodigués par des équipes spécialisées, et débutés sur le lieu de l'accident. Je vous donne trois exemples : le plus évident c'est celui de la détresse vitale qu'elle soit due à une hémorragie interne grave ou à une détresse respiratoire où tout retard ou geste inapproprié aboutit à la mort.
Le second est celui de la fracture de la colonne vertébrale qui est initialement sans complication neurologique et le moindre déplacement intempestif du blessé peut entraîner des lésions de la moelle épinière et des paralysies définitives ; par contre si les soins sont faits selon les règles médicales de l'urgence, le malade arrive sans aggravation de son état à l'hôpital où la chaîne des soins se continue dans de bonnes conditions.
Le troisième c'est celui de la fracture ouverte (c'est-à-dire avec une plaie mettant en communication la fracture avec le milieu extérieur septique) : si des précautions de couverture de la plaie avec un pansement stérile protecteur dès le lieu de l'accident ne sont pas prises, il peut en résulter une catastrophe pour l'évolution de l'état du membre fracturé à savoir l'évolution vers une ostéite ou une pseudarthrose septique qui sont très difficiles à traiter même en milieux spécialisés ; et quand on arrive à les traiter c'est souvent avec des séquelles graves au niveau du membre.
Pourquoi les soins d'urgence sont-t-ils importants ?
Avant de répondre à votre question, je voudrais souligner la pertinence du choix du ministère de la Santé cette année de mettre la journée mondiale de la santé , qui est sous l'égide de l'O.M.S, sous le thème de la sécurité routière et sous le slogan «Un accident n'est pas une fatalité».
Effectivement il était temps que le ministère qui prend en charge, au niveau de ses services d'urgence chirurgicale et de réanimation, les dégâts causés par les accidents de la circulation s'implique dans la sensibilisation à la gravité de leurs conséquences. Car ce sont les professionnels de la santé qui voient la réalité des dégâts causés par la guerre de la route, car c'en est une, au-delà des chiffres que les responsables de la prévention routière prennent tout le soin à communiquer pour sensibiliser la population marocaine.
Les structures sanitaires de Casablanca sont-elles bien équipées pour prendre en charge les accidentés de la voie publique ?
Les équipes médicales sont compétentes et disposent d'un plateau technique diagnostique et thérapeutique de qualité. Mais ces structures ne peuvent suivre l'augmentation vertigineuse du nombre des accidents de la circulation et alors du grand nombre de blessés qui en résultent. En effet si on prend comme référence les années 1998 et 2002 on voit que le nombre de blessés est passés de 62222 qui était déjà un malheureux record en 1998 à 81365 soit, une augmentation de 30% en quatre ans. Sans parler des morts qui sont passés de 3242 à 3761.
Où va-t-on à ce rythme ?
Il faut que toutes les forces vives du pays conjuguent leurs efforts pour pacifier la route sinon nous resterons dans un état de «guerre» permanente.
C'est l'équivalent d'un village qui se trouve rayé de la carte chaque année et d'une ville qui ne serait peuplé que d'infirmes. La route marocaine a la triste réputation d'être l'une des plus meurtrières au monde, malgré le parc automobile relativement modeste.
Une véritable hécatombe. La majorité des accidents sont essentiellement déclenchés par les usagers vulnérables : des piétons, des cyclistes, des motocyclistes et des usagers des transports publics, lesquels pour la plupart n'auraient jamais les moyens de posséder un véhicule. En général, cette catégorie de personnes ignore le code de la route, croyant qu'il ne doit être respecté que par les automobilistes. Les piétons sont à la tête des victimes de la route et sont par la même occasion, les responsables d'un nombre conséquent d'accidents.
Autre indication non moins importante : 48,6% des véhicules impliqués dans des accidents ont un âge supérieur à dix ans et 32,7 ont 15 ans et plus. Certes on a beau incriminer l'état mécanique des véhicules et les piétons mais les facteurs humains et le non respect du code de la route ( faute, prise de risques, surestimation des moyens ) restent la cause majeure.
Seule une information plus large encore, une meilleure prise de conscience et un enseignement de la prévention pourront réduire le nombre des accidents.
De ce fait, une bonne stratégie de sécurité routière exige une grande mobilisation de toutes les personnes concernées, y compris les usagers eux-mêmes et des efforts entretenus de tous.
Dans ce sens, le gouvernement, a élaboré en 2002, avec le soutien de l'agence suédoise de développement international, une stratégie intégrée de sécurité routière pour remédier à l'approche sectorielle suivie jusqu'à présent.
Selon le ministère de la santé «à l'avenir, les campagnes de sensibilisation et d'information seront axées sur cette frange de la population qui a grandement besoin d'être consciente du danger qu'elle encourt sur la voie publique».
En effet, les responsables du comité national de prévention des accidents de circulation précisent que tous les acteurs impliqués dans la stratégie passeront à la vitesse supérieur en organisant des campagnes de sensibilisation et d'information tout au long de l'année avec des messages qui dramatisent la situation et qui reflète la réalité à travers des images chocs.
Agir sur plusieurs fronts est le moyen le plus sûr pour combattre sérieusement ce fléau afin de prévenir les décès et les infirmités inutiles et souffrances immenses qu'entraînent les accidents de circulation. Il existe de nombreux programmes pour prévenir les accidents de la route. Il s'agit notamment de stratégies portant sur les limitations de vitesse, en particulier dans les villes, la promotion des conducteurs de deux roues à porter systématiquement un casque, l'amélioration de la conception des infrastructures routières, l'éducation des conducteurs pour les inciter à toujours boucler leur ceinture de sécurité, la consommation d'alcool, et d'autres mesures de protection, et sur la plus grande visibilité des piétons et des cyclistes.
Enfin l'efficacité du système de secours repose sur les délais d'alerte et d'intervention, et sur la coordination des intervenants et la qualité de prise en charge.
«Protéger, alerter, secourir» sont les maîtres mots pour sauver des vie. Protéger, c'est prévenir et éviter l'aggravation. Alerter ou faire alerter les secours compétents, le plus rapidement possible, est une obligation pour chaque témoin d'un accident.
Secourir, c'est apporter une assistance en fonction de ses connaissances, de son savoir, c'est effectuer les premiers gestes qui sauvent face aux urgences qui menacent la vie. Si tout le monde s'attèle aujourd'hui à combattre sérieusement ce fléau on verra certainement moins de morts sur nos routes.
‘‘ En vérité, toutes les routes de notre vaste planète n'en forment qu'une seule et chacun d'entre nous est responsable d'un tronçon. Les décisions que nous prenons en matière de sécurité routière peuvent, au bout du compte, avoir des conséquences sur la vie de chaque être humain, partout dans le monde.
Ce monde est indivisible et il n'a qu'une seule route. ''
Rochelle Sobel, Présidente de Association
for Safe International Road Travel
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La stratégie nationale
Les principaux objectifs sont axés autour de l'amélioration :
- du système d'alerte ;
- de la coordination ;
- de la prise en charge pré-hospitalière et hospitalière des victimes.
Activités réalisées, en cours de réalisation et projetées
Concernant les actions réalisées et en cours de réalisation, le ministère de la Santé a entrepris des efforts importants pour renforcer les structures de soins, ce qui se traduit par:
- La mobilisation d'une importante enveloppe budgétaire, pour la modernisation des équipements et l'acquisition d'une dotation complémentaire en médicaments d'urgence au profit des services des urgences (2002, 2003 et 2004);
- Le renforcement des compétences du personnel des services des urgences par l'organisation de formations en urgentologie et en médecine des catastrophes (certificat d'urgentologie depuis 1999, journées des urgences, congrès national des urgences). Ces formations concernent les médecins et les infirmiers;
- La création d'une spécialité en médecine d'urgence et de catastrophe. La première promotion est en cours de formation à Casablanca ;
- L'amélioration des compétences des chauffeurs ambulanciers aux techniques de ramassage, de brancardage, de secourisme et de conduite sécurisante des ambulances (Convention de partenariat avec l'Ordre de Malte et avec le Croissant rouge marocain)
- L'organisation depuis 1999 de plusieurs séminaires de planification et d'élaboration de Plans d'urgences hospitaliers, au profit du personnel de santé avec implication intersectorielle (Protection civile, croissant rouge marocain, gendarmerie Royale, inspection des services de santé militaire) ;
- L'élaboration d'un projet de réglementation du transport sanitaire (en cours d'étude) ;
- La participation aux campagnes printanières de sensibilisation de la population organisées par le Centre National de Prévention des accidents de la circulation (CNPAC) dans le domaine de la sécurité routière.
Les actions programmées et projetées sont:
- Organisation prochaine de journées nationales sur la politique et la stratégie de gestion des urgences et des catastrophes ;
- La mise en place du projet national d'un système d'assistance médicale urgente (SAMU) à l'échelle nationale avec mise en œuvre du processus dans un premier temps à Casablanca et à Rabat puis extension du modèle de SAMU adapté à d'autres sites ;
- L'instauration de la régulation médicale visant à prendre en charge et à transporter les victimes des accidents de la circulation routière aux structures médicales les plus adaptées, abstraction faite du découpage administratif
- La mise en place d'un dispositif de télécommunication pour la mise en œuvre du système d'assistance médicale urgente. Pour cela, des études techniques et économiques sont programmées en 2004 pour le développement d'un réseau de télécommunication;
- Organisation d'un cours national d'Entraînement à la gestion des urgences majeures et des catastrophes.
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Mobilisation mondiale
Le 14 avril 2004, l'Assemblée générale des Nations Unies se réunira en session plénière afin de traiter, pour la première fois, de la sécurité routière. La résolution, en cours de rédaction pour cette session, se félicite du Rapport mondial sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la circulation et fait des propositions pour appliquer plusieurs des recommandations du rapport et faire progresser la question de la sécurité routière au niveau international.
Le Département de l'information des Nations Unies collabore avec la Mission d'Oman auprès des Nations Unies, le Groupe d'étude pour la survie et le développement de l'enfant et d'autres organisations pour organiser le 15 avril 2004, parallèlement à cette séance plénière, une séance d'information sur la crise mondiale de la sécurité routière.
En mai 2004, lors de la Cinquante- Septième Assemblée mondiale de la Santé, les ministres de la santé étudieront le projet de résolution «Sécurité routière et santé», approuvé par le Conseil exécutif en janvier 2004. Si elle l'adopte, les Etats Membres et l'OMS auront un mandat clair et sans équivoque et disposeront d'un ensemble de stratégie pour résoudre le problème des traumatismes dus aux accidents de la circulation.
Du 6 au 9 juin 2004, l'institut autrichien travaillant sur la sécurité dans les habitations et pendant les loisirs organisera à Vienne la Septième conférence mondiale sur la Prévention des traumatismes et la promotion de la sécurité, coparrainée par l'OMS.
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Trois questions au Professeur Abdelkrim Largab, chirurgien orthopédiste et traumatologue au CHU Ibn Rochd :
«Les dégâts causés par les accidents sont énormes»
Quelles sont les traumatismes causés en général par les accidents de la route ? Et quelles sont leurs conséquences à moyen et à long termes?
Cette catastrophe nationale permanente génère, en plus des décès sur le lieu de l'accident, des traumatismes graves et souvent multiples intéressant toutes les parties du corps : les traumatismes des membres, des ceintures (épaule et bassin) et du rachis représentent la majorité des traumatismes, ils sont isolés ou associés à d'autres traumatismes dans 4 cas sur 5.
Ce sont les traumatismes qui, statistiquement parlant, causent la majorité des handicaps , si ce n'est des paralysies persistantes, ce sont des raideurs articulaires, des difformités des membres ou des troubles trophiques graves qui persistent malgré tous les efforts des équipes soignantes en urgence et durant des mois ou parfois des années après ; ces séquelles laissent des accidentés inaptes sur le plan professionnel perdant jusqu'à leur autonomie et devenant alors totalement à la charge de la société avec tout le prix que cela coûtera .
Les traumatismes cranio-faciaux pouvant causer la mort rapidement si les lésions sont graves, les traumatismes thoraco-abdominaux pouvant également être mortels par des problèmes respiratoires graves ou une hémorragie interne si les secours n'arrivent pas à temps.
Les soins d'urgence sont capitaux dans la prise en charge des accidentés de la route ; ils conditionnent en effet toute l'évolution ultérieure. Ils doivent être de qualité, prodigués par des équipes spécialisées, et débutés sur le lieu de l'accident. Je vous donne trois exemples : le plus évident c'est celui de la détresse vitale qu'elle soit due à une hémorragie interne grave ou à une détresse respiratoire où tout retard ou geste inapproprié aboutit à la mort.
Le second est celui de la fracture de la colonne vertébrale qui est initialement sans complication neurologique et le moindre déplacement intempestif du blessé peut entraîner des lésions de la moelle épinière et des paralysies définitives ; par contre si les soins sont faits selon les règles médicales de l'urgence, le malade arrive sans aggravation de son état à l'hôpital où la chaîne des soins se continue dans de bonnes conditions.
Le troisième c'est celui de la fracture ouverte (c'est-à-dire avec une plaie mettant en communication la fracture avec le milieu extérieur septique) : si des précautions de couverture de la plaie avec un pansement stérile protecteur dès le lieu de l'accident ne sont pas prises, il peut en résulter une catastrophe pour l'évolution de l'état du membre fracturé à savoir l'évolution vers une ostéite ou une pseudarthrose septique qui sont très difficiles à traiter même en milieux spécialisés ; et quand on arrive à les traiter c'est souvent avec des séquelles graves au niveau du membre.
Pourquoi les soins d'urgence sont-t-ils importants ?
Avant de répondre à votre question, je voudrais souligner la pertinence du choix du ministère de la Santé cette année de mettre la journée mondiale de la santé , qui est sous l'égide de l'O.M.S, sous le thème de la sécurité routière et sous le slogan «Un accident n'est pas une fatalité».
Effectivement il était temps que le ministère qui prend en charge, au niveau de ses services d'urgence chirurgicale et de réanimation, les dégâts causés par les accidents de la circulation s'implique dans la sensibilisation à la gravité de leurs conséquences. Car ce sont les professionnels de la santé qui voient la réalité des dégâts causés par la guerre de la route, car c'en est une, au-delà des chiffres que les responsables de la prévention routière prennent tout le soin à communiquer pour sensibiliser la population marocaine.
Les structures sanitaires de Casablanca sont-elles bien équipées pour prendre en charge les accidentés de la voie publique ?
Les équipes médicales sont compétentes et disposent d'un plateau technique diagnostique et thérapeutique de qualité. Mais ces structures ne peuvent suivre l'augmentation vertigineuse du nombre des accidents de la circulation et alors du grand nombre de blessés qui en résultent. En effet si on prend comme référence les années 1998 et 2002 on voit que le nombre de blessés est passés de 62222 qui était déjà un malheureux record en 1998 à 81365 soit, une augmentation de 30% en quatre ans. Sans parler des morts qui sont passés de 3242 à 3761.
Où va-t-on à ce rythme ?
Il faut que toutes les forces vives du pays conjuguent leurs efforts pour pacifier la route sinon nous resterons dans un état de «guerre» permanente.
