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L’avenir des formations de musique populaire en question : le décès de Moulay Cherif Lamrani relance le débat sur le statut des artistes

Il ne serait pas exagéré d'affirmer que le phénomène des formations musicales populaires né avec Nass Al Ghiwane a joué un rôle fondamental dans la sauvegarde et surtout l'enrichissement de notre patrimonie national. Nass Al Ghiwane et les autres groupes

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Pour le poète Hassan Nejmi, ce genre musical qui avait un ton «contestataire», a le mérite d'avoir puisé dans le patrimoine populaire marocain et d'en faire découvrir au public toutes les subtilités et les variétés.
Et le président de l'Union des écrivains du Maroc de souligner le rôle novateur apporté par cette musique de fusion au répertoire national.

Mais aujourd'hui, une question lancinante préoccupe les esprits: quel avenir pour ces formations au vu des disparitions en série de leurs membres, à commencer par Boujemiâ, Mohamed et Larbi Batma et cette semaine Moulay Cherif Lamrani ?
Le défunt, membre fondateur de la troupe Lamchaheb, nous a quitté mercredi 20 octobre à Rabat, à l'âge de 55 ans foudroyé par une maladie incurable.

Musicien doué, cet artiste avait mis au point un instrument de musique original, une combinaison entre un instrument indien et le luth. Cet instrument dont il ne s'est jamais séparé 35 ans durant, était à l'origine du cachet musical de la troupe Lamchaheb qui a fait sa notoriété ici et au-delà des frontières durant les années 70 aux côtés de Nass El Ghiwane et Jil Jilala.

Et comme tant d'autres artistes décédés ou encore vivants, Moulay Cherif Lamrani avait beaucoup de peine à joindre les deux bouts et vivre dignement si ce n'était les amis auprès desquels il trouvait de temps à autre le gîte et le couvert.
Une situation déplorable et révoltante que les artistes continuent toujours à en pâtir. Pour Hassan Naffali, président du Syndicat national des professionnels de théâtre, il est urgent que le ministère de tutelle pense sérieusement à revaloriser le statut et les conditions de vie des artistes marocains pour les mettre à l'abri de la précarité et donc leur assurer un environnement propice à la création.

Dans une déclaration à la MAP à l'issue des obsèques de Moulay Cherif Lamrani au cimetière Achouhada à Casablanca, M. Naffali pense qu'une telle revalorisation serait d'un grand secours pour les artistes et permettrait, plus encore, aux jeunes artistes d'assurer la relève.

Relevant les immenses contributions des formations musicales engagées comme Nass Al Ghiwane et Lamchaheb et l'audace dont elles ont toujours fait montre en traitant dans leurs chansons des questions aussi sensibles que les droits de l'Homme, l'immigration clandestine et la cause palestinienne, M. Naffali s'est dit rassuré quant à la continuité de ce genre musical, et ce, en dépit même des contraintes et des incertitudes. Un optimisme également partagé par M. Mohamed Bakhti, le dirigeant de la troupe ''Lamchaheb'', qui dit que les pionniers disparus de ce mouvement musical peuvent reposer en paix puisque la relève sera assurée au vu de l'immense talent des jeunes artistes d'aujourd'hui.

Né à Boudenib dans la région d'Oujda, feu Moulay Cherif Lamrani est issu d'un père marocain et d'une mère algérienne. Dès sa prime enfance, il a plongé dans l'univers enchanteur de la musique aidé en cela par son père qui était le chef de l'orchestre d'Oran en Algérie. Pour perfectionner son talent, il a suivi des cours de musique au Conservatoire de la capitale de l'oriental.

En 1973, il forme avec feu Mohamed Batma, Mohamed Bakhti et Mohamed Boulemane, la troupe «Lamchaheb». Le défunt avait plus d'une corde dans son arc puisqu'il était aussi passionné par la recherche dans le patrimoine populaire et les arts plastiques.
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