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La «bataille de Najaf » continue de faire rage : l'aventure américaine semble tourner au cauchemar

Mal engagée dès le départ, l'aventure américaine en Irak est en train de tourner au cauchemar pour l'armée U.S. et, surtout, pour le peuple irakien. Basée à l'origine sur de fausses données (l'existence présumée d'Armes de destruction massives ADM et l'im

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Or, un an et demi environ après la prise de Baghdad et la chute du Baâth, l'Irak est toujours plongé dans le chaos, la violence continue de faire des dizaines de victimes chaque jours, la résistance à l'occupant, autant qu'aux autorités irakiennes elles-mêmes, est à son paroxysme, la démocratie tarde toujours à pointer à l'horizon, l'économie du pays est à genous et le peuple irakien n'en finit pas de souffrir.

Hier, c'était Baghdad, puis Falloujah, aujourd'hui c'est Najaf et demain, probablement Kirkouk ou quelque autre bastion kurde.
Sunnites, chiïtes ou Kurdes, dans un avenir prévisible, les Irakiens disent ainsi haut et fort, chaque jour que Dieu fait, aux Américains qu'ils auraient préféré s'accommoder encore de la dictature d'un sanguinaire de la trempe de Saddam – mais de l'un des leurs tout de même – que de supporter celle d'une puissance étrangère, fût-elle animée par de nobles intentions et n'ayant d'autres objectifs que de les «libérer» et de les réconcilier avec une démocratie dont ils avaient oublié, depuis longtemps, jusqu'à la signification.

La «bataille de Najaf» qui dure depuis quelques jours déjà avec une violence et une atrocité inouïes apparaît ainsi non seulement comme un autre épisode macabre de cette guerre qui, au départ, ne devait durer que quelques semaines ou mois au plus. Mais comme le prélude à un échec, lamentable de la politique irakienne de l'administration Bush et le signe annonciateur de l'effondrement de l'ensemble du processus de normalisation et de stabilisation de l'Irak, et au-delà, de toute la région du P.O.

Qui plus est, la détermination féroce de l'armée U.S. à en finir avec Moqtada Sadr et ses milices, quitte à profaner l'un des sanctuaires les plus vénérés du chiisme, ne peut qu'exacerber les sentiments anti-américains des chiites et des musulmans en général dans le monde, conforter les conservateurs d'Iran (à très forte majorité chiite) et donner des idées aux partisans de Ben Laden et consorts.

Et même profiter a contrario au candidat Bush lors des élections de novembre prochain qui, malgré l'échec de ses troupes à rétablir l'ordre en Irak et à offrir aux Irakiens le pays de cocagne qu'il avait promis au monde entier, pourrait se voir accorder un « sursis» qui lui permette d'«achever le travail» commencé, il y a bientôt dix-huit mois. Car l'électorat américain (généralement peu au fait de sa propre histoire et guère soucieux des enseignements du passé) ne tolérera jamais que les « boys» rentrent à la maison bredouilles et a horreur du travail inachevé ou fait à moitié. Comme dans les compétitions sportives, l'Américain moyen ne se contente guère de moins que la victoire. Totale et sans appel.

Et c'est là, peut-être, la plus grande erreur du jeune et inexpérimenté Moqtada Sadr et de son «armée du Mehdi», en s'engageant dans d'aussi massifs et «spectaculaires»(l'Américain aime aussi beaucoup le spectacle) bras de fer avec l'armée U.S., à deux mois et demi seulement des présidentielles américaines : celle de donner à l'actuel hôte de la Maison blanche et néanmoins responsable de la tragédie irakienne un argument imparable pour solliciter un nouveau mandat et des raisons supplémentaires aux électeurs (surtout les indécis) de le lui accorder.

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