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La campagne électorale U.S. entre dans sa phase décisive : Comme sur un ring… la manière en moins

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Ne pas laisser une attaque sans répliquer du tac au tac est la priorité des équipes de campagne électorale de George W. Bush et John Kerry avec, jusqu'à présent, un net avantage au premier, plus réactif.

Chaque minute compte dans cette course à la Maison Blanche qui se joue en direct sur les écrans de télévision ou sur les sites internet.
Dans les quartiers-généraux des deux états-majors, à Washington pour John Kerry et Arlington (Virginie) pour George W. Bush, des équipes suivent à la trace l'autre camp, disséquant les discours du candidat, les prises de parole de ses militants et les nouveaux spots télévisés.
L'objectif étant de réagir "au quart de tour", selon une porte-parole de l'équipe Bush.

A ce jeu, le camp du président a paru longtemps plus discipliné et offensif. Débordés cet été, les démocrates ont musclé leur dispositif sous l'influence d'anciens conseillers expérimentés du président Bill Clinton, ce qui leur permet d'être plus incisifs depuis quelques semaines.
Le discours-programme de John Kerry sur le terrorisme le 24 septembre illustre la course-poursuite que se livrent les deux équipes.

S'exprimant à Philadelphie (est), le sénateur n'a même pas terminé son allocution, dont le texte a été donné à l'avance à la presse, que l'équipe de Bush réagit avec force. Les journalistes reçoivent des courriers électroniques accusant Kerry de copier la politique du président et de la dénaturer.
A la même heure, le président reçoit, à la Maison Blanche, des enfants ayant survécu à la prise d'otages sanglante dans l'école russe de Beslan, rappelant ainsi que le terrorisme est un mal international.

Dans les heures qui suivent, les deux camps font monter au créneau leurs spécialistes de la sécurité nationale, comme le sénateur démocrate Joseph Biden.
Les républicains avaient lancé l'offensive dès la convention démocrate de Boston, à la fin juillet, en installant, à proximité, une équipe d'experts chargés de réfuter, auprès de la presse, toute critique contre M. Bush.

Tous les moyens sont bons

Les démocrates ont agi de même un mois plus tard en créant une "salle de guerre" pour la convention républicaine. "Nous allons examiner chaque mot que les républicains vont prononcer et y répondre immédiatement", explique alors Terry MCAuliffe, le président du parti démocrate.

Tous les moyens sont bons pour faire passer le message: courriers électroniques, conférences de presse hâtivement organisées par téléphone, entretiens... La généralisation des courriers électroniques est bénie par les état-majors même si les journalistes se plaignent du débordement de leur "boîte aux lettres".
La lenteur peut peser lourd. John Kerry s'en est rendu compte, à ses dépens, en ne réagissant pas, pendant une dizaine de jours en août, à un spot l'accusant d'avoir enjolivé ses états de service durant la guerre au Vietnam.

Il a ainsi laissé la polémique prendre de l'ampleur et le doute s'insinuer au sein de l'électorat. Le candidat démocrate a ainsi perdu plusieurs points dans les sondages.
A contrario, le camp Bush a contre-attaqué immédiatement après la présentation, le 8 septembre par CBS, de documents mettant en cause le service militaire du président. La chaîne de télévision a reçu de nombreux messages de protestation, selon ses responsables, et l'authenticité des documents a été mise en cause.
La polémique a ainsi tourné autour de la presse plutôt que sur la réalité du service de M. Bush et, une dizaine de jours plus tard, CBS et son journaliste vedette Dan Rather présentaient leurs excuses.

Les Américains ne savent plus où donner de la tête face à l'amoncellement de livres et de films louant ou vouant aux gémonies George W. Bush, dont la candidature à un nouveau mandat déclenche les passions.
"Cette campagne a produit plus de livres et de films qu'aucune autre jusqu'à présent", avance Bruce Cain, professeur de sciences politiques à l'université de Berkeley (Californie).

Les experts doutent cependant que cette avalanche sans précédent réussira à influencer, comme le souhaiteraient de nombreux auteurs, le résultat de l'élection du 2 novembre.
Le feu aux poudres a été déclenché, selon le professeur Cain, par le documentaire anti-Bush de Michael Moore, "Fahrenheit 9/11", sorti au début de l'été.
"Les critiques s'étaient faits discrètes après les attentats du 11 septembre 2001 mais, avec Fahrenheit 9/11, la gauche s'est réellement mise à attaquer de front Bush", explique-t-il.
Le brûlot de Michael Moore, virulent contre la guerre en Irak, a déjà amassé près de 120 millions de dollars en Amérique du Nord, devenant le documentaire le plus rentable de l'histoire avant même sa sortie en DVD, le 5 octobre.

Pamphlets en tous genres

Depuis, plusieurs autres films sont sortis, sur un nombre réduit d'écrans, pour dénoncer telle ou telle facette de l'administration Bush. Est encore attendu, le 28 septembre, le documentaire "Bush Family Fortunes: The Best Democracy Money Can Buy" de l'Américain Greg Palast, consacré aux liens présumés entre la famille Bush et celle d'Oussama ben Laden, chef d'Al-Qaïda.
Les pro-Bush ont tenté de contre-attaquer avec notamment "George W. Bush: Faith and the White House" ("La foi et la Maison Blanche", sorti au début du mois pour répliquer à "Fahrenheit".

A l'approche du scrutin, Michael Moore revient avec deux ouvrages, l'un reprenant les thèmes de Fahrenheit, l'autre publiant des lettres de soldats déployés en Irak.
Ils rejoindront sur les présentoirs submergés des librairies "The family", l'histoire controversée de la famille Bush par la biographe à succès de Kitty Kelley ou "What we have lost" ("Ce que nous avons perdu") par le rédacteur en chef de la célèbre revue Vanity Fair, Graydon Carter. Sans oublier des recueils des gaffes du président ou de ses "mensonges" présumés.
George W. Bush a répondu par l'humour à ce déferlement: "A ceux qui disent que je n'ai pas assez fait pour l'économie, regardez ce que j'ai fait pour l'industrie du livre".

Ses partisans participent d'ailleurs à la flambée, comme en témoigne le succès de "Unfit for command" ("Inapte au commandement"), qui dénonce l'attitude du candidat démocrate John Kerry durant la guerre du Vietnam. Egalement bien placé dans les ventes, le nouveau pamphlet d'Ann Coulter, égérie des conservateurs, "How to Talk to a Liberal -If You Must-" (Comment parler à quelqu'un de gauche, si vous le devez).

Mais ces films et livres engagés sont-ils vus et lus par les électeurs indécis, les plus courtisés par les deux camps?
"Ce ne sont pas ces électeurs qui regardent les émissions ou lisent les livres politiques. Ils préfèrent les films d'actions et les talk-shows d'Oprah" (émission populaire très prisée aux Etats-Unis), estime le professeur Cain.
Il souligne toutefois que des films comme "Fahrenheit 9/11" ou des livres comme "Unfit for command" contribuent à mobiliser la base électorale des deux candidats.
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