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La construction d'un hammam au service du développement : Sahrij Gnaoua s'offre un bain de jouvence

Le fait de construire un hammam dans un quartier périphérique de Fès, comme cette "cité dortoir" de Sahrij Gnaoua, peut-il être comme un réel moyen de développement socio-économique pour les habitants de cette zone ? A cette question, la Fondation interna

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L'idée du projet qui consiste à construire un hammam dans un quartier périphérique de Fès, considéré comme une expérience pilote pouvant être généralisée aux autres villes du Maroc, a d'abord paru saugrenu aux yeux des observateurs et ce, pour plusieurs raisons : le lieu de son implantation, la mentalité des habitants, les difficultés à trouver les sources de financement et les objectifs modernistes fixés.

Adhérant à cette conception moderniste, l'Espagne et les Pays Bas ont fourni une contribution financière, permettant le coup d'envoi des travaux de l'édifice social.
Par la suite, l'interruption de cette source de financement pour des raisons inexpliquées a retardé sa concrétisation, plongeant, durant quelques années, l'ambitieux projet dans l'oubli.

En 2002, l'optimisme gagne la société civile locale. Le projet renaît.
C'est au tour de la Suisse, par le biais de son agence de coopération (DDC), de s'y intéresser. Séduite, la Suisse coopère financièrement, prenant en charge la reprise des travaux interrompus qui ont nécessité un investissement global évalué à quatre millions de dirhams.

Récemment, une visite des locaux permet de constater que l'idée n'était pas si saugrenue qu'elle en avait l'air. C'est un véritable complexe social au sein duquel trône un hammam aux toits en coupoles, chauffé à l'énergie solaire et comprenant les trois salles traditionnelles : froide, tiède et chaude. Le tout, conçu dans un style architectural moderne, se prolonge par des espaces destinés aux prestations socio-éducatives, sanitaires et de planification familiale pour les femmes du quartier, ainsi que par une pharmacie et d'autres commerces dont l'exploitation permettra la subvention des actions de proximité du complexe.

Cependant, la prochaine étape sera la plus délicate. «Edifier les murs de cette bâtisse fut facile mais ce qui suivra sera la tâche la plus complexe pour les associations qui devront réfléchir à une méthode pédagogique des plus adéquates pour réussir la pleine participation des habitants au projet d'éducation sociale et de développement communautaire», estime M. Daniel Von Muralt, ambassadeur de Suisse au Maroc.

La tâche doit être accomplie par plusieurs associations, notamment l'association marocaine de planification familiale, partenaire privilégié du projet - et qui est une organisation non gouvernementale nationale dont l'expérience dans les domaines de la sensibilisation et de l'éducation sociale et sanitaire est reconnue sur le plan international et au niveau du tissu associatif d'Espod-Fès (espace point de départ) ainsi que par l'association marocaine de solidarité sans frontières et la fondation Zakoura (spécialisées du micro-crédit).

Une fois achevé, le projet améliorerait les conditions de vie des habitants de Sahrij Gnaoua et l'on pourrait alors affirmer qu'il est un moyen de développement socio-économique, une véritable expérience pilote.

Ce hammam, souligne pour sa part la vice-présidente nationale de l'association marocaine de planification familiale, a pour but d'assurer des prestations de service pour la santé reproductive, l'amélioration des conditions des femmes et des jeunes filles, la restructuration et l'éducation des jeunes, l'exécution du projet de développement communautaire ainsi que d'autres activités identifiées, planifiées, exécutées et suivies avec la participation des habitants de Sahrij Gnaoua.

De ce fait, il aidera un groupe social fragilisé à maîtriser ses propres besoins essentiels de développement. Pour être durable, explique le directeur du projet, Salim Benlemlih, «il doit s'autogérer et engendrer ses propres ressources».
Dans ce sens, poursuit-il, «des équipements annexes seront loués, à savoir la pharmacie et les commerces, pour financer l'action du centre de dynamisation sociale et économique et de ce fait garantir une meilleure solidarité sociale à Sahrij Gnaoua».

Le quartier en question s'étend sur environ 300 hectares et abrite une population constituée de 70 % d'analphabètes. La moitié de la population masculine en âge de travailler est au chômage. C'est une population très pauvre où seuls quelque 13 % ont un revenu fixe.

Sahrij Gnaoua est aussi des hectares de cimetières, de terrains nus et de constructions rudimentaires où se sont implantées, durant les années de sécheresse, des personnes originaires des régions de Lahyana, Cherraga et Jbala, en quête de lendemains meilleurs.

Les associations envisagent de former les femmes aux activités du hammam et à la sensibilisation et l'initiation aux différentes méthodes de planification des naissances, à l'information sur les maladies transmissibles et contagieuses, à la lutte contre la mortalité maternelle et à la prévention contre les grossesses à risque. Elles doivent ainsi dispenser des cours d'éducation formelle et d'artisanat féminin et auront à entreprendre, au préalable, une étude de faisabilité sociologique et à établir des modes d'intervention judicieux et conformes à la réalité des besoins locaux pour garantir la réussite de l'entreprise ambitieuse.
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