Menu
Search
Lundi 22 Décembre 2025
S'abonner
close
Lundi 22 Décembre 2025
Menu
Search

Le moussem du saint homme est célébré en novembre : sur les traces de Sidi Ali Boughaleb

Sidi Ali Boughaleb n'était ni un érudit, ni un homme de culture. C'était un homme ordinaire, un Hajjam (barbier) et un Jerrah (chirurgien) que l'imagination populaire fassie a élevé, à partir du 9e siècle de l'hégire, au rang de grand saint dont le sanctu

No Image
L'écrivain Mohamed Ben Jaafar El Kettani a souligné dans son ouvrage «Salwat Al Anfas wa Mohadatat El Akyas biman Okbir min El Olama wa's solaha bi Fès» (lithographié à Fès en 3 volumes en 1316 de l'Hégire), que Abou Al Hassan Ali Ben Abi Ghaleb Cherif Idrissi Al hassani Serioui, connu sous le nom de Boughaleb, était un Hajjam et un guérisseur qui avait atteint de son vivant une renommée grâce à son don de guérir les malades.

Les succès de ses intercessions et son pouvoir de guérisseur de certaines maladies supposées «incurables» ont fait la notoriété de Sidi Ali Boughaleb et, à sa mort, ses disciples l'ont enterré dans sa maison devenue un sanctuaire. Selon El Kettani, ce saint dont le mausolée est situé au quartier bab Ftouh était un chérif descendant de Moulay Idriss, fondateur de la capitale spirituelle.

Orphelin de père, sa mère l'avait placé dès son jeune âge pour apprendre le métier de Hajjam (barbier) auprès de grands maîtres dépositaires de ce savoir.
C'est ainsi que les gens sollicitant ses bienfaits, allaient chez lui le vendredi soir et partageaient son dîner. Ils passaient la nuit chez lui en s'adonnant notamment au Dikr et au Sama'a.

Si les dates de sa naissance et de son décès ne sont pas précises, les historiens s'accordent à souligner que le saint patron s'est éteint avant la fin du 8ème siècle de l'hégire et que la coupole du mausolée a été construite en 1090.
Le sanctuaire fût restauré sous le règne du sultan Moulay Slimane qui avait édifié à côté du mausolée une mosquée, des maisons pour malades et handicapés et une deuxième fontaine.

L'opération de circoncision des enfants dans ce lieu saint se déroule en novembre, comme le veut la tradition, par les barbiers mais sous la supervision des médecins et des professionnels afin de réunir toutes les conditions d'hygiène nécessaires.
Les barbiers ou coiffeurs (Hajjama) ont de tout temps formé comme tous les autres corps de métiers à Fès, une corporation dirigée par un Amin et avaient chacun auprès de lui un à trois apprentis. Le métier, qui exige savoir-faire et dextérité, se transmettait généralement de père en fils.

Le Hajjam opérait particulièrement à domicile. Son art ne se limitait pas à l'apprêt des cheveux et de la barbe, mais s'étendait parfois à d'autres opérations qu'il ne pouvait pas accomplir dans la boutique. Il posait des ventouses, faisait des scarifications, pratiquait des saignées, arrachait les dents, connaissait quelques remèdes empiriques et savait faire parfois certaines «opérations chirurgicales». Il était également ordonnateur de fêtes.

Les Hajjama organisaient un mercredi d'automne, leur fête corporative au mausolée de Sidi Ali Boughaleb, leur saint vénéré et protecteur.
Les principaux patrons qui fixaient la date de la fête, la faisait annoncer par un crieur public, pour toucher le plus de monde possible, y compris les gens venus des campagnes avoisinantes.

La veille de l'opération, chaque patron apportait un plat de sa confection ou de l'argent pour préparer la fête qu'animent des musiciens et des déclamateurs de «Dalail Al Khayrate», recueil de panégyriques à l'honneur du prophète composé par Imam Jazouli. Le jour de l'opération, ils s'installent dans la cour du mausolée et pratiquent les circoncisions sur tous les enfants présents sans distinction aucune. Les patrons n'acceptaient aucune rétribution, les ouvriers et les apprentis pouvaient recevoir un petit cadeau de circonstance (halawa).

Un fois la tâche terminée, les barbiers consacrent l'après midi aux soins des enfants circoncis. Actuellement, ce rite populaire est tombé en désuétude. Il fut remplacé toutefois par l'élan de solidarité quasi général des associations caritatives locales qui perpétuent la tradition en organisant tout au long de l'année dans le sanctuaire des campagnes de circoncision au profit des enfants des familles démunies.
Lisez nos e-Papers