Glorieux dans le succès et courageux dans l'adversité, El Haj Thami El Mezouari El Glaoui a souvent suscité l'excès dans l'adulation comme dans le dénigrement et l'opprobre. Personnage complexe, il a vécu en des moments troubles de notre histoire. Plus précisément à un de ces tournants décisifs où l'agonie d'une ère et la maturation d'une autre se côtoient dans la douleur et le sang . Fidèle serviteur du Makhzen, il a aussi servi la France avec constance et loyalisme, en se servant au passage et en confortant sa position chaque jour davantage.
Et ce, auprès du Sultan et, surtout, à Paris où son lobby n'a cessé de se développer. A telle enseigne que d'aucuns ont, parlé, à son propos, de « Tribu Glaoua de l'Oued Seine ». Habile manœuvrier, il a su user de tous ces atouts pour demeurer ce qu'il a toujours voulu être. Jouant les uns contre les autres, tout en faisant montre de déférence à l'endroit de chacun, il a su merveilleusement bien su, renforcer ses positions et étendre son pouvoir.
Un pouvoir dont l'assise économique est extrêmement forte. Les informations touchant à la vie de tous les jours rapportées par Abdessadeq El Glaoui le démontrent aisément. Elles laissent même pantois tous ceux qui ne savent pas comment les anciennes maisons des notables du Makhzen fonctionnaient. En voici quelques unes. « A la mort de mon père en 1956, écrit l'auteur, il y avait encore dans la maison une bonne centaine de femmes ».
En l'occurrence, les portières, les soubrettes, les servantes, les cuisinières, les préposées aux travaux ménagers, etc. Pour nourrir tout ce beau monde, «quotidiennement, au levez du jour, arrivaient les fournitures journalières de produits frais… certains autres besoins étaient directement satisfaits par les produits de la propriété du Glaoui …(et).. pour donner une idée approximative de la consommation de la maison, on utilisait 1.500 quintaux de farine chaque mois ».
Tout ceci en des temps où la disette sévissait. Qu'importe ! L'Histoire retiendra qu'El Haj Thami savait bien recevoir. Il savait également faire montre de générosité tant à l'endroit des indigents que de ses riches obligés. Lire la relation que son fils en fait est instructif à plus d'un titre. Elle permet de se faire une idée non seulement sur l'opulence de certains auxiliaires du Makhzen, mais aussi sur les traditions ancestrales et leur raffinement. Pour le reste, mieux vaut ne pas trop se faire d'illusions. Cinquante ans après la mort de son père, Abdessadeq El Glaoui ne livre nulle révélation fracassante.
Tout au plus essaie-t-il, avec élégance et savoir-faire, de nous livrer quelques souvenirs et documents qui «pourront compléter, simplifier et, peut être, rectifier l'image que les polémiques de ces dernières décades ont pu laisser dans les esprits relativement à l'homme, à son rôle et à son destin, il faut bien le dire, hors du commun ». Une position certes inconfortable, mais que l'auteur assume avec franchise et humilité. Il l'avoue d'ailleurs dès l'avant-propos. Et ce, en précisant qu'il n'a « aucune prétention à réduire les passions » que son illustre père « a pu susciter dans la haine plus ou moins ignorante, la crainte ou l'adulation excessive ». Il ne s'agit pas non plus, pour lui « de répondre à l'abondante diffamation qui avait proliféré de son vivant comme après sa mort, qu'elle ait été le fait de la malveillance ou de l'opportunisme ou encore simplement du sordide intérêt ». Abdessadeq en a un et il n'est pas sordide, mais plutôt noble : répondre à l'histoire ou plutôt l'égrener telle qu'elle s'est déroulée devant ses yeux..
Avec une seule idée maîtresse comme fil conducteur : El Glaoui a été un fidèle serviteur du Sultan jusqu'au jour où il a été manipulé par les autorités coloniales. La rupture du Pacha de Marrakech avec S.M. Mohammed V, il la date du 20 décembre 1950. Précisément de la fête du Mouloud de l'année 1369 de l'Hégire. Au lendemain de celle-ci et suite à l'audience houleuse que le Souverain a accordée au Pacha, un incident extrêmement grave s'est produit.
Ni ce dernier, ni les délégations des tribus qui lui sont confiées n'ont assisté à la cérémonie de la Hdia. Pis. De Juin à Guillaume en passant par leurs successeurs, il aurait été manipulé et utilisé dans l'objectif de déposer le Sultan légitime.
L'auteur résume tout cela de manière joliment écrite. C'est-à-dire en laissant parler son cœur. El Haj Thami El Glaoui, note-t-il, « aura consommé avec passion toute sa vie au service d'une conception de son pays qui a disparu avec lui. …
Entraîné à se détourner, pour un temps, de son allégeance sacrée à son Commandeur, Dieu a permis au croyant qu'il était toujours resté de ne répondre à son appel qu'après que sa conscience eut retrouvé le repos, ayant mis sa dernière énergie et constaté son dernier souffle à demander et à obtenir son pardon.... En présence de son créateur, l'homme est désormais hors d'atteinte de l'humaine justice comme de l'humaine injustice ».
Et ce, auprès du Sultan et, surtout, à Paris où son lobby n'a cessé de se développer. A telle enseigne que d'aucuns ont, parlé, à son propos, de « Tribu Glaoua de l'Oued Seine ». Habile manœuvrier, il a su user de tous ces atouts pour demeurer ce qu'il a toujours voulu être. Jouant les uns contre les autres, tout en faisant montre de déférence à l'endroit de chacun, il a su merveilleusement bien su, renforcer ses positions et étendre son pouvoir.
Un pouvoir dont l'assise économique est extrêmement forte. Les informations touchant à la vie de tous les jours rapportées par Abdessadeq El Glaoui le démontrent aisément. Elles laissent même pantois tous ceux qui ne savent pas comment les anciennes maisons des notables du Makhzen fonctionnaient. En voici quelques unes. « A la mort de mon père en 1956, écrit l'auteur, il y avait encore dans la maison une bonne centaine de femmes ».
En l'occurrence, les portières, les soubrettes, les servantes, les cuisinières, les préposées aux travaux ménagers, etc. Pour nourrir tout ce beau monde, «quotidiennement, au levez du jour, arrivaient les fournitures journalières de produits frais… certains autres besoins étaient directement satisfaits par les produits de la propriété du Glaoui …(et).. pour donner une idée approximative de la consommation de la maison, on utilisait 1.500 quintaux de farine chaque mois ».
Tout ceci en des temps où la disette sévissait. Qu'importe ! L'Histoire retiendra qu'El Haj Thami savait bien recevoir. Il savait également faire montre de générosité tant à l'endroit des indigents que de ses riches obligés. Lire la relation que son fils en fait est instructif à plus d'un titre. Elle permet de se faire une idée non seulement sur l'opulence de certains auxiliaires du Makhzen, mais aussi sur les traditions ancestrales et leur raffinement. Pour le reste, mieux vaut ne pas trop se faire d'illusions. Cinquante ans après la mort de son père, Abdessadeq El Glaoui ne livre nulle révélation fracassante.
Tout au plus essaie-t-il, avec élégance et savoir-faire, de nous livrer quelques souvenirs et documents qui «pourront compléter, simplifier et, peut être, rectifier l'image que les polémiques de ces dernières décades ont pu laisser dans les esprits relativement à l'homme, à son rôle et à son destin, il faut bien le dire, hors du commun ». Une position certes inconfortable, mais que l'auteur assume avec franchise et humilité. Il l'avoue d'ailleurs dès l'avant-propos. Et ce, en précisant qu'il n'a « aucune prétention à réduire les passions » que son illustre père « a pu susciter dans la haine plus ou moins ignorante, la crainte ou l'adulation excessive ». Il ne s'agit pas non plus, pour lui « de répondre à l'abondante diffamation qui avait proliféré de son vivant comme après sa mort, qu'elle ait été le fait de la malveillance ou de l'opportunisme ou encore simplement du sordide intérêt ». Abdessadeq en a un et il n'est pas sordide, mais plutôt noble : répondre à l'histoire ou plutôt l'égrener telle qu'elle s'est déroulée devant ses yeux..
Avec une seule idée maîtresse comme fil conducteur : El Glaoui a été un fidèle serviteur du Sultan jusqu'au jour où il a été manipulé par les autorités coloniales. La rupture du Pacha de Marrakech avec S.M. Mohammed V, il la date du 20 décembre 1950. Précisément de la fête du Mouloud de l'année 1369 de l'Hégire. Au lendemain de celle-ci et suite à l'audience houleuse que le Souverain a accordée au Pacha, un incident extrêmement grave s'est produit.
Ni ce dernier, ni les délégations des tribus qui lui sont confiées n'ont assisté à la cérémonie de la Hdia. Pis. De Juin à Guillaume en passant par leurs successeurs, il aurait été manipulé et utilisé dans l'objectif de déposer le Sultan légitime.
L'auteur résume tout cela de manière joliment écrite. C'est-à-dire en laissant parler son cœur. El Haj Thami El Glaoui, note-t-il, « aura consommé avec passion toute sa vie au service d'une conception de son pays qui a disparu avec lui. …
Entraîné à se détourner, pour un temps, de son allégeance sacrée à son Commandeur, Dieu a permis au croyant qu'il était toujours resté de ne répondre à son appel qu'après que sa conscience eut retrouvé le repos, ayant mis sa dernière énergie et constaté son dernier souffle à demander et à obtenir son pardon.... En présence de son créateur, l'homme est désormais hors d'atteinte de l'humaine justice comme de l'humaine injustice ».
